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vendredi 1 juillet 2011

Le blog sans les images partie 2



SCÈNE MATINALE DE COMÉDIE

"Je pense que tu devrais insister davantage sur le personnage de Léa, plus porteur que celui de Pierre qui rase un peu, une femme c'est toujours littérairement ce qui fait un texte, regarde Katherine Mansfield, "La servante", les Goncourt,"Emilie Lacerteux" ou Flaubert dans "L'éducation sentimentale", tout tourne autour des héroïnes et de la sexualité, les bonnes, décalage entre le "monde" et les serviteurs, l'adolescent pauvre pour Frédéric Moreau fasciné par la femme d'un gros bourge, sans elles, il n'y a même pas d'histoire..".. "Mais tu es une gauchiste et moi je fais plutôt dans le roman rural, ça se vend mieux..".. "Rien n'empêche, ça élargirait ton public et.." .. Et soudain, ce fut comme une apparition là aussi, mais on n'est pas chez Flaubert et ce n'est pas la belle Madame Arnoux :
-"Madame Larrivé, pour la porte, je vous préviens qu'il vous faut absolument... car sinon mon avocat a dit que.." 
Non, ce n'est pas la jolie créole qui éblouit Frédéric Moreau, c'est le voisin.

Vendredi 2 juillet, le réseau citoyen

Réunion hier. Ils ont changé. Toujours un peu élitiste-calé mais plus ouverts et on y apprend beaucoup. Ils informent mais ne s'engagent pas, c'est leur truc... cependant, avec l'info, d'autres le peuvent. Ça fait toujours très conférence pédagogique genre aimable mais où les absents sont tout de même tancés. On se sent près de devoir donner un billet d'excuse... Seulement voilà, triple zut, il y avait un autre écriteau annonçant une réunion sur l'eau (bigre!) pour le 8... et tout le monde s'y est trompé, nous les premiers... jusqu'à ce que je sois allée vérifier. Encore les gens du troquet d'à côté m'ont-ils rappelée pour me crier "non, c'est pas aujourd'hui, c'est le 8, regardez, c'est écrit"... même après que je sois revenue leur dire qu'il ne s'agissait pas la même réunion. J'ai eu du mal à les convaincre. Magie des affiches et du pouvoir : c'est écrit par la Mairie donc c'est vrai. N'empêche, la plupart sont restés rencognés devant leur demi à râler sur le prix de l'eau, inacceptable etc... mais sans lever leur cul et traverser. "Mais venez, c'est en face!" Sans succès. Ils "savent" et n'ont nul besoin de s'entendre dire que ça fait cher pour le bas peuple. Soit. Mais ils n'ont même pas l'idée pour certains qu'ils pourraient changer les choses, EUX. Ce n'est pas leur faute mais celle des militants qui n'ont pas su les brancher. 
Un échec -relatif- donc pour ce rézo, il faudrait être moins élitiste calé, plus marrant, plus proche des gens.. quoique pour en décrocher certains de leur querencia, c'est peut-être mission impossible ou alors il faudrait  carrément un strip tease. Des réunions dehors par exemple, quasi à l'impro, comme à Londres dans Times square, ce serait plus porteur. Mais ça ne se fait pas. Le ferais-je un jour? peut-être. 
Le public : très sympas, instructifs. Apparemment des chemins saccagés il y en a plein, certains réagissent,  passent tout de même comme moi, malgré insultes et/ou menaces, d'autres s'en retournent, on ne va pas se balader comme on va au combat. Ça coupe tout de la magie des lieux. Quoique c'est exactement ce que je faisais... j'allais à la Roque comme on monte au feu, au début du moins, sans trop d'émotion certes, j'ai un passé! mais... invraisemblable, dans mon bled et chez "moi" particulièrement, dans la nature. Ces réunions devraient se doubler d'autres ensuite entre des gens spécifiquement intéressés par une question, en prévision d'actions collectives, ne serait-ce que passer sur un chemin accaparé, mazette quel geste héroïque. Ce rézo est un tampon indispensable. C'est ce qu'il y a de mieux pour s'informer, base nécessaire à tout acte. L'eau intéresse tout le monde et l'affaire de ma facture a porté, surprenant, certains ignoraient l'histoire ou pensaient qu'elle était réglée depuis longtemps, il y a des gens qui même d'ici, s'absentent régulièrement et longtemps et après tout on les comprend.
Un monsieur, professionnel des compteurs pointu, nous assure qu'un compteur peut délirer au bout de 15 ans, tourner n'importe comment, à la hausse, à l'envers, s'arrêter etc... Il est intarissable sur les compteurs, c'est son truc.  Un matheux du compteur. Il faudra qu'on aille le voir.
Pas de nouvelles de Michel.. Bonnes nouvelles dit Robin. Je suis plus circonspecte. On verra. Je mange en prévision, quoique peut-être n'est-ce pas une chose à faire, il vaut mieux y aller progressivement si on veut tenir. Cris et Frank viennent tous les jours ! "Alors le chemin?" c'est devenu le cri de ralliement le "Delida carthago est". Ici ça donne "alors le chemin?" et après tout la restauration de ce chemin vaut mieux que la destruction de Carthage, ô Cicéron.
"JE LE DIS ET A TOUS, LA PROF DE
PHILO EST UNE ENCULÉE"

Un petit happening tout à l'heure, identique -en moindre- à celui de la dame aux 500 Euros pour vivre, femme de mineur de fond pourtant et qui exigeait que les gendarmes m'embarquassent (!) moi qui étais riche etc.. Une conseillère municipale -"beaucoup de bruit pour rien" ô Shakespeare- est venu clasher alors que j'étais au troquet en train de bosser, avec menaces etc...
La même aurait dit de moi que personne ne me prenait au sérieux, ne m'aidait ni ne me soutenait sous-entendu elle peut toujours crever dans sa voiture, car j'étais seule, sous-entendu sans mec-... en fait évidemment ce n'est pas de cela qu'il s'agit comme toujours. L'aurait-on aiguillonnée en lui pointant un passage de ce blog comme un foulard rouge à un toro, je vois fort bien lequel après coup et du reste l'avais shunté de moi-même au nettoyage car il n'a pas d'intérêt tel que-... ô les politiques de tout niveau qu'ils soient, qu'ils sont trognons..- Résultat prévu: faena. En un sens sa réaction est excellente si on l'analyse à plat : briefée -pour tout autre chose que ces propos- elle s'est sentie ulcérée, soit de les avoir tenus, soit de les avoir sous-entendus, on est sur le fil du rasoir, soit qu'on le croie ou que je le croie, soit tout simplement de les voir écrits car dire est une chose, l'écrire ou la voir écrite, une toute autre. Il est toutefois possible que l'écriture modifie légèrement, il suffit parfois d'une virgule et je ne suis pas un magnétophone. Cela montre au moins qu'elle en a saisi la portée. 

A ce sujet, une chose amusante, est que les certains parfois ne saisissent pas le second degré, la nuance ou l'understatement, dévoilant ainsi une candide cruauté. Par exemple lorsque j'écrivais avec à la fois une certaine pertinence.. et impertinence que j'étais seule -exact, mais je ne suis pas une héroïne des Misérables- celle-ci a aussitôt sauté sur le créneau pour se conforter dans l'idée que l'on pouvait donc impunément m'attaquer sans que je ne pusse faire face, une erreur. Je le peux tout de même, plus difficilement il est vrai et par d'autres moyens, au fond plus honorables. Évidemment si j'avais eu recours par mari interposé à l'argument "cric de manivelle" que nous allons voir plus loin, il n'y aurait pas eu d'affaire du tout et ça m'aurait économisé, outre 4000 Euros, deux ans de travail. C'est pourquoi il faut que cette histoire soit sue, une jurisprudence idéologique en somme.

Les mots ! Ça m'a rappelé cet élève qui m'avait insultée en termes... disons virils, à qui j'avais tendu un papier et dit "écris-le", il se vantait de le "dire devant n'importe qui, même devant moi et le prouvait !"... "puisque tu assures pouvoir le dire à tous, écris-le, c'est le seul moyen." Ce caïd s'était montré soudain tout chose, ça ne marchait pas comme prévu. "ÉCRIS-LE !" Un silence de plomb. Les autres attendaient, c'était comique, il ne pouvait reculer sans perdre la face et avait pris son stylo, commencé "la prof de philo est une en..." puis l'avait lâché en colère et jeté au sol. Il n'y arrivait littéralement pas. J'avais alors moi-même écrit au tableau ses paroles, sous les rires déchaînés de tous -il avait tourné la tête, fort gêné-. "Lorsqu'on dit quelque chose à quelqu'un, il faut toujours pouvoir l'écrire ou le voir écrit, sinon c'est une ânerie et on est un peu minable". Puis j'avais effacé, rien n'avait été dit par conséquent. Happy end.
Pour certains, le discours a une simple fonction de clôture, de défoulement et ne porte pas. Mais lorsqu'il est relaté publiquement, et par exemple écrit, soudain, ce que l'on a dit apparaît d'un bloc... et on peut en avoir honte, que les paroles aient été prononcées ou seulement sous-entendues, voire pas dites du tout, ça ne change rien sauf de mériter des excuses. C'est pour cela que les journalistes, les écrivains ou les intellos en général sont parfois haïs, et que ce blog cependant régulièrement balayé inquiète. 

L'ARGUMENT "CRIC DE MANIVELLE"


Il y a ici des cas célèbres pagnolesques où un gus -petit entrepreneur, bourreau de travail, et pas un intello, ça c'est sûr- a montré qu'il avait des arguments extrêmement dissuasifs pour que justice lui soit rendue, et encore, "justice" ce n'est pas certain. C'est donc l'argument "cric de manivelle", ça le fait aussi bien qu'un blog ou un procès, ça use moins et prend moins de temps. Mais je suis une femme et de toutes manières, cet argument, je n'en veux pas, et je n'ai pas moi une nombreuse fratrie prête à en découdre en rang serrés au cas où. Et Robin n'est pas du genre. Vae Victis si l'on veut. Si on ne devient pas parano avec ça, on ne le deviendra jamais. Laissons tomber.

Mais le pire est que ça a marché. Je suis partie et j'ai craqué, juste 5 minutes mais je me croyais plus forte, je suis fragilisée comme jamais et surtout j'ai perdu l'habitude d'être insultée depuis que je ne suis plus en banlieue, c'est à dire depuis 20 ans tout de même, le lycée Carnot, ce n'était pas du boulot mais de la détente. Je suis devenue chochotte ; autrefois, à Vitry, je ne me serais même pas interrompue de mon ordinateur. Merde. Il faut me reprendre.

Ce sont souvent les gens les plus mal en point socialement -je m'inclus malgré tout, de part mon inaptitude à certaines choses, même si elle est compensée par une aptitude pour d'autres- qui parfois sont les pires -je ne m'inclus pas- par défaut de réflexion. Les gens se battent pour leur esclavage comme s'il s'agissait de leur liberté, redite, les femmes surtout. On l'appelle à présent le syndrome de Stockholm.

EXCISION

Souvenir de combats sur l'excision, de cette conférence à Martigues sur les droits de l'homme où on m'avait invitée pour "Noces kurdes" et du bottage en touche de cette belle femme noire, ministre de la santé et médecin, arrogante, qui refusa de donner sa position sur la "question" -j'étais blanche et spécialiste (!) de la question kurde, je débordais du sujet, de mon sujet-... pour gloser, elle, presque une heure sur l'injustice impensable qu'il y avait à ne pas considérer l'Ecole Normale Supérieure de Bamako au même titre que celle de la rue d'Ulm ou même de Cachan voire Fontenay, pur scandale etc... Une vague envie de lui répondre que s'il n'y avait pas d'équivalence, c'était parce qu'elles n'étaient effectivement pas équivalentes, mais là, j'aurais aggravé mon cas. N'empêche, lorsque je suis partie en colère, des femmes noires m'ont suivie discrètement et sont venues dénoncer l'excision et parler de leurs luttes à mon stand : aucune pourtant n'avait osé répondre à la place de leur ministre qui résolument refusait même de me voir, moi la toubab contestataire. Les "politiques", toutes couleurs confondues de Bamako à Saint-Ambroix, se ressemblent. Excisées, elles l'étaient, ces femmes, comme leur ministre sans doute, comme 90 % des femmes maliennes, mais motus. Plus de plaisir, des accouchements mortels très souvent, les tissus trop rigides, des bébés morts au passage de temps en temps etc... mais motus. Ici, le peu de pouvoir qu'on a concédé à "beaucoup-de-bruit-pour-rien" la met au rang de la belle ministre africaine qui défendait ceux-là même qui l'avaient excisée.

Le hic est -mais peut-être est-ce encore une illusion funeste- que Manu semble gêné à présent avec moi, c'était sans doute le but. Le problème est là : lorsqu'il y a dérangement ou même agression -là, verbale, mais c'était limite- l'agressé est souvent responsabilisé dans l'affaire au même titre que l'agresseur. Le terme consacré, "celui qui cause des histoires"... est révélateur, on ne cherche pas ce que sont ces histoires et si par hasard il n'en est pas victime... si bien que l'on peut en arriver à mettre à l'écart l'agressé autant voire plus que l'agresseur. Les gens n'aiment pas se trouver dans une tourmente qui risque de les contraindre à prendre parti. Surtout lorsqu'on est commerçant. Son salut me semble à présent moins cordial, peut-être est-il simplement harassé de travail. Tant pis. Lorsque je m'assois pour bosser, il doit sans doute comme moi redouter que "beaucoup-de-bruit" ne surgisse et ne clashe à nouveau. Peut-être me fais-je des idées.

Trois heures, vendredi 2 juillet

Un copain récent, Frédéric, car cette histoire m'a reliée à pas mal de gens nouveaux, parfois plus efficaces pour l'affaire que les amis de toujours, emmerdés jusqu'à l'os entre le copinage, les menus services rendus ou offerts, la famille... et la même chose pour des gens de l'équipe... ou encore l'intérêt trivial, rarement.. Frédéric donc survient à la terrasse, on devise aimablement comme si de rien n'était... puis je lui relate sans insister la sortie de "beaucoup-de-bruit"... que je viens d'analyser comme positive. Apparemment pas la seule sortie, mais je n'ai pas croisé l'info. 

Et c'est la chute. "Qu'attendre d'une arabe ?" Malaise. Il y a des jours comme ça. Me voilà contrainte de défendre par principe celle qui m'a agonie il y a une heure et ne rêve que de me faire raquer ce que je ne dois pas en le sachant fort bien -pour se payer une prof de philo, ou peut-être se dit-elle que j'ai les moyens? Jalousie de femme qui sait ça arrive.- Tout est embrouillé. Je n'ai même pas eu le réflexe de lui répondre que Robin était sépharade donc mes enfants idem à demi. 

Mais c'est sûr, comme Frank, il m'aurait répondu que "lui, ce n'était pas pareil." Pourquoi ? Parce qu'il est cultivé et faisait partie des classes ultra favorisées de son pays. A un certain niveau social et même dans la déconfiture complète -la guerre- on n'est plus arabe ni même juif. On est comme "tout le monde" comme dit Coluche. Il faut donc à un arabe, à un juif ou à un noir beaucoup plus de prestance sociale, d'études, de beauté, d'intelligence, de générosité ... pour arriver au niveau normal d'un franco français pur jus depuis des générations 100% garanti NF estampillé d'ici en plus, le top. Je deviens odieuse... par amour aussi mais pas seulement. Ce ne sont pas les arabes ou les juifs qu'ils haïssent, mais les pauvres dont ils sont donc eux-mêmes. Fanon l'a magistralement analysé  dans "Peau noire". 

Michel appelle. Réunion du Conseil Municipal (non, du bureau -?-) lundi à mon sujet. Bigre... Finalement, si dure fût-elle, la grève de la faim m'avait mise à l'abri -plus ou moins- de ces scories. Tout compte en effet : Manu est parti tout de suite après le petit happening. Sans intérêt évidemment. Il semble que certains qui ont le "pouvoir" savent parfaitement signifier sans les mots ce qu'il faut être et où. Banal. C'est sans doute pour cela que je ne veux pas vraiment être commerçante même si la galerie, les gens, faire plaisir, les écouter, et parfois aussi gagner un peu d'argent est plaisant... je ne pourrais jamais vendre mon âme au diable. En fait tous ne le font pas, Guy ne l'a jamais vendue et il a fort bien réussi, mais c'était un être d'exception.   

Régis va venir. On va pouvoir peut-être parler de Stendhal et de la sexualité de Julien Sorel car j'ai mon idée là dessus. Ça va mettre un peu d'air. Pour une fois, je voudrais qu'il mette ses décorations dont j'ai honte la plupart du temps, je deviens de plus en plus conne.

Je voulais aller à la Mairie voir "cette-facture-devra-être-payée-un point-c'est-tout". Robin me l'a déconseillé. Lui, peut-être dit-il, mais là c'est moi qui n'ai pas voulu. Elle pourrait croire affirme-t-il à une allégeance et comme elle m'a menacée et qu'elle a le pouvoir et moi pas, les relations sont faussées à présent. Et puis sa façon de dire d'une femme "je suis allée la chercher, je te l'ai amenée, la voici"...  On ne parle pas des gens ainsi. Les gens défavorisés par l'existence ayant acquis un minime pouvoir, parfois, se comportent avec une arrogance plus outrée encore que les princes qu'ils ne sont pas et qu'ils taclent comme pour compenser. Ils vilipendent et copient à la hausse. Même Laurence et Mamita n'auraient jamais osé parler ainsi de quelqu'un et pourtant ! J'hésite tout de même, il me semble que je le dois après la sortie de Frédéric. Restons concret. Il faut revoir la plomberie avec Robin. Chiant mais nécessaire.

Note après coup : des passages de ce blog ont été revus a minima, censure si l'on veut, auto-censure en fait, inutile de mettre de l'huile sur le feu et d'en faire porter les conséquences à des gens qui n'y sont pour rien -et qui parfois m'ont aidée-. Je ne fais pas exception par certaines postures qu'il m'arrive d'adopter aussi en partie, au consensus que je critique par ailleurs. Primo non nocere. (D'abord ne pas nuire.) Il arrive cependant que la longanimité soit perçue comme faiblesse, attiger ou passer pour une pomme, ce sont deux écueils difficiles où il faut se glisser..

Il est trop tard. Nos histoires de plomberie -tout est bouché par le chantier, les écoulements sont pleins de ciment, ça coule de partout, on ne sait où et cloque dramatiquement les murs en bas impeccables hélas! m'ont retardée. Pas simple de déboucher, quasi impossible car je ne veux pas utiliser de toxiques, la Cèze est déjà assez polluée. Même Pat n'a pas pu. Il va falloir refaire des canalisations, percer la voûte, le merdier absolu. Soit. Mais on pourra peut-être se doucher normalement, enfin, quand on aura l'eau. Tant pis. Les canalisations avant tout. 
 
Samedi 3 juillet

16 heures. On a gratté, gratté le plafond abîmé. Un peu de repos. On est à la terrasse de Manu, on a mangé comme des couillons chacun sur le net. Je n'ai pas trouvé le site du cabinet d'urbanisme diligenté par la mairie qui s'occupe de St-Ambroix pour 90 000 Euros ou plus, Sylvie, du rézocitoyen ne savait pas précisément le coût, sans doute supérieur... ce rapport dont un des scoops est qu'il faut "restituer la magie des lieux", certes certes... Touchée, le terme, même s'il n'a rien d'original, est de moi dans le blog sur le chemin. OK mais pour 90 000 euros? c'est cher, moi je l'ai fait gratos. Impossible de trouver leur projet noir sur blanc sur le site de la Mairie qu'on nous a indiqué, c'est très planqué il faut croire, 1 heure en vain, je n'avais jamais autant merdé. Et cependant c'est avec notre argent. 
Vu enfin Sylvie sur le boulevard. Le site est "mairie overblog". On va voir. Robin est tout à fait en phase avec elle, elle est politique, posée,  informée -et jolie- bref elle assure, rassure et convainc me dit-il, épaté. Moi, je fais plutôt activiste ultra etc... Soit. Mais il en faut des comme moi, comme on dit des gendarmes lorsqu'on ne les aime pas. Et je n'ai pas le choix. Je serai parfaite après. Querelle, légère. Tu as honte de moi ma parole. Non tu es super mais... et c'est reparti mon kiki comme en 14..

11 heures, samedi 3 juillet

Grâce à elle, on a enfin pu voir l'étude d'urbanisme diligenté par la mairie de ce fameux cabinet Nicaya, assez peu signalé sur le net dois-je dire, qui sont-ils vraiment ? Deux ou trois gus apparemment et tha's all, il me semble que pour 90 000 euros, on aurait pu avoir de plus jolies pointures... Ce ne fut pas facile à trouver, c'est en bout de blog dans les archives, et pourtant ça ne date que d'un mois, après un article pas du tout sur le sujet qu'il faut ouvrir avant, qui y songerait?... c'est comme si on n'avait pas voulu qu'elle soit lue. 
Et ce n'est pas tout, au bout d'une heure d'efforts, je n'ai jamais autant bataillé, c'était ultra protégé, j'ai enfin pu l'uploader dans un blog où on peut accéder d'un clic. http://nicaia.blogspot.com. Je vous la laisse savourer. 
 Note après coup: attention, toutes mes manip un peu sioux m'ont par la même occase collé un virus, dont je me débarrasserai ensuite sans trop de mal mais gaffe !
On y apprend que le village n'est pas à la mesure de son potentiel, qu'il faut dynamiser des quartiers et l'événementiel, moderniser nos équipements sportifs, aménager la circulation en fonction des horaires scolaires ! (on n'y aurait pas pensé tellement on est cons il faut croire, éviter par conséquent de prévoir une visite au moment de la sortie des classes), "restaurer la magie des lieux" donc et de notre patrimoine -ça, OK, commençons par le chemin- et identifier nos richesses -sans précision-... De la période  mithriaque probable au Dugas dont parle -gratos- Rodier dans sa thèse, 15 siècles avant les romains, exceptionnelle s'il a raison, nulle mention. Il paraît aussi que 70 personnes (qui?) auraient été consultées. Pas moi en tout cas. J'ai envie de hurler.
Le paradigme de la gestion technocratique est là : nous faire raquer 90 000 Euros pour s'entendre préconiser de "restaurer la magie des lieux" et ne plus avoir ensuite les moyens d'en payer 2000 pour suivre ces injonctions, restaurer par exemple un chemin conduisant précisément à un paysage superbe et poétique... ça rappelle le gus qui vend son râtelier pour pouvoir manger mais qui alors ne peut plus rien avaler parce qu'il n'a plus de dents. Et ils me pompent 4000 Euros pour de l'eau que je n'ai pas consommée. Ça m'a requinquée.

Dimanche 4 juillet 

Le compte à rebours. Moins peur que lors de la première grève, je sais ce qu'il faut faire à présent, boire boire boire et surtout de l'eau minérale + un café sucré par jour et on peut tenir au moins 3 jours sans trop de vertiges, après je ne sais pas, ça doit dépendre de l'état physique et psychique.. et puis les gens connaissent aussi l'affaire, je n'ai plus besoin de répondre à chaque fois aux mêmes questions. Tous ne lisent pas.


NICAYA

Robin a lu le rapport Nicaya et s'est même endormi dessus, au moins a-t-il des vertus soporifiques, moins dangereux que le gardénal certes mais beaucoup plus cher. Lui n'est pas si offusqué par la somme exigée, habitué aux budgets pharamineux des télécom et des télé-opérateurs. Il ne se rend pas compte, on est à St-Ambroix, pas à Montpar et il ne s'agit pas de contrats avec SFR ou Free... Le style technico administratif cuistre, vide et pompeux m'insupporte, même si au milieu de ce fatras répétitif-roboratif qui énonce souvent des évidences, il a parfois une perle. Au fond, le coût représente à peu près 20 couillons comme moi  à qui on a escompté 4000 Euros indus, et ils doivent bien y être sans doute dans le village (90000/4000)... d'où mon ire.
Le Seigneur du Dugas -un type qui habite haut perché- m'a dit qu'il se prépare de grandes choses (?) il n'a pas voulu préciser... un personnage étonnant, un peu procédurier, après tout il a raison, être "cool" ne paie pas, j'en suis un vivant exemple... autrefois en bisbille avec l'ancienne mairie, lesquels avaient tout bêtement accaparé un terrain sien au Dugas, "tu t'endors, tu es mort" alors qu'il était loin... Il avait certes eu gain de cause... et en avait profité pour me lâcher illico, "il y a des choses possibles et d'autres qui ne le sont pas"... mais ô stupeur, avait signé la pétition, j'avais hésité à lui proposer mon tract, c'est lui qui était venu le prendre sans hésitation. Sans doute doit-il avoir une fuite ou quelque chose du genre. Un homme de poids cependant, à tout point de vue, intelligent, tenace, presque retors sous ses dehors bonasses, il se bat exclusivement pour lui certes, mais aussi, contre l'arbitraire et peut faire jurisprudence. Personnage à ne pas négliger et qui ne parle jamais en vain, pour ce que j'en ai vu. Que mijote-t-il ? Que se passe-t-il dont il veut avoir la primeur ? Suspense. 
Suite au prochain épisode...
Note après coup, il devait s'agir du procès diligenté par une administrée contre la Mairie en raison de l'augmentation excessive du prix de l'eau, apparemment décidée en quelques jours sans aucune concertation ni au sein de l'équipe ni évidemment avec le bas peuple, qu'ils ont perdu, les gens ont été remboursés du trop perçu.
Jour J. demain. Cris est passé comme d'hab : "alors le chemin". J'ai eu le tort de lui répondre qu'à mon avis, ils cherchaient à pinailler pour  me/nous le faire "oublier"... et en ce cas ce n'est même pas la peine qu'ils s'emmerdent dans des négociations foireuses car je n'arrêterai pas. Il semble découragé. Comme Robin. Il a même eu l'idée d'un truc oiseux de réunion des propriétaires qui à présent n'ont plus accès à leur terrain, je vois ça comme une affaire sans fin, ça va encore fatiguer la bête pour rien... Les propriétaires, Cris et Jo, soit, mais aller chercher Mme Andieu (80 ans), Mme Salèle (idem) ou son fils, Mr Attier (ou son frère), Mr Laneau (injoignable) et les réunir, ça va prendre un an et d'ici là le chemin sera fichu. Et puis, pourquoi les proprios ? les autres n'auraient-ils pas le droit d'aller se promener à St-Victor?
Ce chemin est évidemment plus important que ces 4000 Euros que je ne dois pas. C'est pour tous, pour, comme ils disent dans le rapport à 90000 Euros, préserver notre patrimoine et sa magie etc... 4000 Euros, ce n'est que 4000 Euros que j'eusse pu gagner autrement. Mais c'est une question de justice. Le reste aussi d'ailleurs outre que la promesse nous en a été faite. "Alors, le chemin?" Il me contraint x fois à répéter répéter répéter. Il doit avoir peur que je ne me sacrifie, ce n'est pas le cas, ce serait si je ne fais rien que je me sacrifierais. 
 Lundi, jour J. Il paraît que c'est pour ce soir. Robin a enfin changé, j'ai raison, il ne faut pas baisser les bras. Nuit quasi normale et tout est différent en somme, c'est comme le croissant. Un croissant et la déprime cesse illico, on se sent comme tout le monde soudain. Modestie, nous ne sommes qu'un mixte de phéromones, atomes, hormones et de liaisons moléculaires, ce que nous croyons le logos, l'entendement, l'idée n'est que le résultat de ces réactions aléatoires parfois déficientes, surtout si on ne mange pas, s'il fait trop chaud, si on ne peut pas se laver correctement -toujours pas d'écoulement et évidemment un simple filet d'eau froide-, si le moral est bas, cercle vicieux. Se laver est sportif, on se "douche" au dessus des WC, ma foi ça marche mais il faut de l'équilibre -que je n'ai pas-. Robin rigole et me dit que si je me casse la gueule, il les attaquera. Je préfère ne pas me la casser, j'ai un peu trop tiré sur la corde en ce moment. Ou on va au Ranquet qui semble le luxe absolu en comparaison. Mais il en est qui font 15 km pour trouver de l'eau même pas potable en Afrique, à côté, ils seraient au paradis, même avec un robinet peine à jouir, à bas les chochottes. Le confort du reste est culpabilisant, ça doit être la raison de mon pseudo-stoïcisme, pseudo car sans le net je suis perdue. 
Cris a tenté de déboucher. Une manière sans doute de m'aider et de se faire pardonner son vague à l'âme d'hier. Ça a l'air de marcher faiblement, mais il en est sûr, il n'y a pas de ciment dans les tuyaux, ouf. Le maçon a fait du bon boulot sur ce coup. Ce ne sont que des débris organiques. Son produit soi-disant bio pique drôlement la gorge, bio, ma foi, avec des enzymes et les enzymes, ce n'est pas forcément excellent pour les poissons. Va pour les enzymes. Gloutons.
A la relecture, je rectifie, c'est hélas du ciment et le maçon a bel et bien TOUT  bouché, on s'est simplement trompés de tuyau.

SYLVETTE

Toujours rien du Palais. Les nerfs. Ça doit causer. Heureusement il y a eu Sylvette Elle me dit sa solidarité... et ici, elle compte beaucoup, sa gentillesse, son courage au travail, son humour et sa bonne humeur l'ont fait apprécier de tous, surtout des messieurs dois-je dire. Elle détonne un peu, mais c'est accepté, c'est une des quelques personnes avec laquelle on peut parler normalement, sans sous-entendus, sans se censurer et même en rigolant. Elle connaît tout des tenants et aboutissants mais ne m'en dit pas plus, d'autant que je ne le lui demande pas et ne veux pas le savoir, les histoires parallèles pourraient obérer mon jugement, je reste sur ma position, facture indue et chemin dû. Point. Les dessous de ça, je ne veux rien en savoir.
Car il semble que j'aie soulevé des lièvres que j'ignore moi-même, comme une caméra branchée un peu partout qui filme sans aucun parti pris... D'autres ensuite en visionnant comprennent et se marrent. Pourquoi ? Comment ? je m'en fous. Je "filme". D'où mon obsessionnalité du détail. Mais rectifie si besoin est au fur et à mesure. 
Il est sans doute inéluctable que dans un village tout soit intriqué, que tel personnage soit aussi le tonton de celui qui a fait le chantier de tel autre et le cousin d'un troisième qui lui doit de l'argent etc... Pas moyen d'y échapper... c'est ainsi que l'outsider isolé, même du bled comme moi, peut devenir chasse ouverte, surtout s'il l'ouvre trop, s'il est seul etc... Je me demande comment font les vrais outsiders, à moins de s'écraser ou de se relier fissa à une coterie à tout prix. Ce doit être cela que j'ai raté, pas seulement par idéologie, par naïveté surtout, je me suis crue chez moi en somme, j'ai cru à la justice toute simple. On m'a fait des propositions cependant -les ex- que j'ai déclinées, pas uniquement par scrupule mais parce que je redoutais que cela ne m'entrainât trop loin. Ça doit être banal et explique que les gens se montrent parfois un peu pusillanimes. Je dérange.
Certes je fais  faisais devrais-je dire, exemple le chemin, tout ce que je peux pour aider, la gauche, pensez il fallait se retrousser les manches, mais c'est sans doute justement pour cela que je gêne. Tout ce qui n'est pas dans la stricte conformité, si funeste fût-elle, dérange. Sauf que la stricte conformité, ça n'existe pas et notamment, est ici comme ailleurs elle est à géométrie variable. Selon des critères pas toujours perceptibles : ce que l'on tolère de l'un avec un sourire indulgent, par exemple vagabondage sexuel, filouteries, pression sur des subordonnés etc.. est pour un autre, même si ses débordements sont infiniment plus modestes, durement stigmatisé. Il suffit d'être au bon endroit ou de savoir s'y placer.

Par définition, ceux que l'on aide n'ont parfois pas le pouvoir ni même l'idée de se défendre eux-mêmes et a fortiori les autres, y compris ceux qui les ont tirés d'affaire -du reste ce n'est même pas la peine de le leur demander-... mais en revanche, ceux contre lesquels il a fallu ferrailler ne ratent pas l'occasion de pousser l'adversaire dans le ravin lorsqu'il le frôle. Il y a bien sûr de multiples exceptions à cette théorie générale. 
Le pire est que, si ça vaut pour les gens en détresse - là c'est normal, banal-... ça vaut dans certains cas aussi pour les élus et à cela on ne s'attendait pas. Sur le chemin enfin défriché, "on voit que la mairie a changé" a-t-on entendu plusieurs fois de la part de promeneurs qui au départ m'ont crue diligentée.. Mais le panneau d'interdiction ensuite a tout foutu en l'air.. avec, pour tout parachever, la justification lamentable d'un élu : "c'est qu'il y a des œuvres de prix qui pourraient être volées !"... ou "ça valorise la village"... 

Navrant : qui valorise le village ? Un syndicaliste paysan qui va en Afrique greffer des oliviers ? Un viticulteur qui fait renaître des plans anciens résistants au phylloxéra ? Un auteur-défricheur-tronçonneur-blogueur? Oui. Et le portent partout, sans qu'il soit question d'intérêt perso. Mais ceux qui fondent à interdire un chemin et qui persuadent des persuadables qu'ils les promeuvent quand ils les écrasent, eux, le coulent. Honteux que ces persuadables soient nos élus.
 Regardez le net, c'est un flic redoutable. Un clic, merde !

La colonisation qui prétend apporter la "civilisation" aux indigènes et en fait leur vole leur pétrole ou leurs terres, c'est banal, mais le trouver chez soi, ça interpelle. C'est drôle aussi, d'entendre une désespérée me dire : "Mais pourquoi es-tu revenue ? On ne t'avait jamais vue avant et on était bien tranquilles.." Et oui. Immigrée en somme, je gagnais ma vie ailleurs puisque ici ce n'était pas possible et puis quoi ? La gauche est passée, avec des écolos calés en poste non ?... la nature, notre patrimoine qui doivent être préservés etc... Là je me gourais, si j'ose, mais bon... Naïveté de ceux qui pourtant nous représentent.
Comme disait Nadine : "T'avais qu'à te présenter et faire en sorte de passer un point c'est tout." Mea culpa ? Bertrand est horrifié, plus anar y a pas. Son maximalisme m'agace. De toutes manières il n'est pas sûr que je plaise, quoique ça se pourrait par défaut, pas d'illusion... Jacques ne me disait-il pas au sujet des "Les lettres à Lydie": tu comprends, sur le Puits de Célas, ON N'A PAS AUTRE CHOSE (!)

Et puis il y a aussi et surtout le hasard, ce foutu hasard qui a fait s'effondrer ma maison.
On est allés à la Roque hier. Stupeur, le panneau d'interdiction était remis certes en biais, mais remis tout de même... et des travaux dans la propriété que le chemin longe se préparent, clim peut-être? dépassant donc sur la voie publique, c'est reparti, dès qu'on a le dos tourné... Cris et Jo n'y étaient pas allés depuis une semaine, par ma faute aussi, ils ne peuvent être partout et voilà. Des câbles bizarres descendent sur le mur et des espèces de grosses boîtes moches dépassant semblent prévues. Plusieurs, électriques, non branchés, du moins faut-il l'espérer, courent sur le chemin. Une gaine blanche jusqu'au sol. Empiètement de la voie publique, c'est clair. Qui s'en soucie ? En la circonstance cela semble une provocation. Et go, ils vont encore dire que c'est dangereux, et ça le sera, forcément, puisqu'ils l'ont rendu tel dans l'indifférence de tous. Rien de mieux qu'un câble électrique qui se balade au sol pour décourager les gens, je m'en serais retournée en d'autres circonstances. Voilà selon nos édiles des gens culture (!) et ceux qui ont peiné à restaurer "la magie des lieux", des suspects. "Ils" font venir des touristes de temps en temps? J'ai par curiosité demandé aux restaurateurs, commerçants et troquets du bled l'an dernier s'ils avaient noté une augmentation de fréquentation depuis la fameuse expo. Réponse de tous "c'est quoi?" J'explique. R.A.S. Pas d'augmentation de chiffre. Il est possible toutefois que les chalands aient été dans d'autres restau ailleurs plus chics... mais on a plutôt l'impression qu'il n'y a pas de mélange avec l'aborigène sauf un ou deux pour faire genre malgré une amabilité superficielle pendant l'expo, là, tout le monde est parfaitement aimable même ceux qui vous ont agoni juste avant pendant que vous piochiez, business oblige...  Je joue -presque- le jeu. A quoi bon? 

Il faudrait une étude rapport/coût, en comptant les subventions. Mais de toutes manières, comme disait une femme lors de la réunion du rézocitoyen, nous devons nous soucier de nous qui demeurons ici en premier et non des touristes si "porteurs" soient-ils... Et consentir à fermer un chemin communal pour complaire à quelques uns sous prétexte qu'ils font venir des chalands est une forme de prostitution, de plus mal avisée, on se vend pour des pin's en risquant le sida.  

De surcroît, une terre en bout du chemin était le jardin de l'hôpital, où autrefois les vieux allaient chercher les légumes le soir. J'ai honte.

UN PEU DE BUSINESS A PRÉSENT

De fait, le prix du terrain a dramatiquement baissé, c'est donc une mauvaise politique. A Gordes où la nature a été respectée, il est du double ou plus: le pays est intact, magnifique, si on met un kairon sur son mur, on va en taule ou quasiment... Ici, je verrai pendant ma grève plusieurs personnes désireuses de s'installer, d'acheter, des gens dont la profession leur permet de vivre où ils veulent, attirés par les prix assez bas... et malgré tout repartir ensuite. Nous avons bradé notre seule richesse, notre nature et en crevons.
Souvenir de Gordes, merci Vincent, où les piscines doivent être invisibles, les maisons, les murs des chemins, en pierres sèches, la forêt, intacte, et de ces gardes municipaux, des femmes, à cheval patrouillant tout le temps pour vérifier, et ils n'ont pas choisi les plus moches, c'est poétique le matin lorsqu'on se réveille de voir ces belles amazones qui mis à part leur chemisier marqué au dos "police municipale" ont l'air de princesses faisant une chevauchée dans les bois pour se faire admirer du peuple. Pas de pub de supermarché, pas de câbles qui passent sur les maisons, tout est restauré au fur et à mesure, et surveillé car ces amazones souriantes sont aussi impitoyables, même si on s'appelle Mitterand.
Ici, tout est saccagé dans l'indifférence des édiles sauf à Barjac, cas exceptionnel "ça fait marcher le commerce"! non ou à très court terme... la route d'Alès avec ces maisons qui ont poussé tout le long, la plupart hideuses, les zones industrielles... Et tout près de chez nous, ce chemin... 
Il faut se battre au cas par cas, rien ne sert comme Bertrand de faire de grands tracts généraux, il faut monter au feu, ce n'est pas difficile si on s'y prend au début. Mais ensuite, lorsque le pli est pris, quel boulot... Car plus les gens sont dans l'illégalité, et plus ils s'accrochent, c'est normal, aux prérogatives qu'ils se sont octroyées : celui qui a eu le culot de fermer un chemin commun aura aussi celui de menacer qui le réouvre. Il n'y a rien de plus légalistes que ceux qui sont dans l'illégalité, rien de plus formaliste que les petits loubards de banlieue -toi tu as le droit de.... toi pas, le chef l'a dit, si tu renâcles, on te met la tête au carré.- De même, en plus soft, un qui a eu le toupet de mettre un panneau de pub plus ou moins sur la voie publique aura aussi celui de tancer qui a fait une fresque purement déco dans une rue adjacente peu fréquentée. J'en ai marre. Dire que le Canard ne peut pas, en principe, venir dans nos contrées... Il va falloir insister, à ça je suis prête. Après tout il y a le soleil, faute d'autre chose et cela ne peut être usucapté. Les journalistes aiment bien ces cieux ensoleillés.  Mais évidemment ils préfèrent Gordes.

Une énorme fuite d'eau sur la rue, ça coule comme un petit ruisseau sur la terrasse de Manu. Dommage. Mais ça fait frais. Ils vont sans doute venir réparer, urgent. J'attends. Il fait si chaud que j'ai envie de me vautrer sur le sol.  
Un détail : Sylvette me dit en rigolant qu'elle est "bien" avec "cette-facture-sera-payée-un-point-c'est-tout", très sympa en réalité, je hausse le sourcil... et elle ajoute toujours en riant qu'il vaut mieux être bien avec elle que pas bien. Ça, j'ai vu. Et bien tant pis, je ne le suis pas. On a l'impression qu'il règne ici, surtout parmi les gens fragiles, une ambiance bizarre, délétère et autocratique, inquiétante, une sorte de loi du plus fort ou du qui-crie-plus-fort. Tout s'y mêle, amis, amis d'amis, ennemis, ennemis d'amis, jalousies, rivalités, rétorsions, allégeance... bon je ne m'en soucierais pas si au bout du compte ça ne générait de telles injustices, quasi tolérées, on en parle comme de la météo, "et oui c'est comme ça, on fait pas toujours ce qu'on veut dans la vie"... soudain pointées par tous au delà même de ce qu'on pensait lorsqu'on a donné le premier coup de pioche ou d'envoi sur le clavier. Tout est là : dans le premier coup de pioche ou "publier le message" sur l'ordi. Mais qu'il est dur, ce premier coup de pioche. Reste qu'il est donné et que si je repars pour un tour, c'est une bonne chose de faite. 


SCRUPULES 

Un peu culpabilisée par moment, brefs, fugaces... une Mairie de gauche que l'on attendait depuis si longtemps. J'avais tant regretté la mort de Lydie ce jour-là particulièrement. Ils n'auront pas fait florès et l'histoire ne les retiendra pas... ou les retiendra peut-être, mais pas comme on aurait voulu. Gênant pour tous. Et puis, comme dirait Lénine "seule la vérité est révolutionnaire" et à cela je crois. Tant pis. Être de gauche finalement ne veut pas dire grand chose. Mais la vérité, si.
Car Mme Sautet m'a dit quelque chose d'important qui depuis m'interpelle: elle aide tout le monde bénévolement depuis des années, bibliothèque, elle a même mes livres, a tenu à les acheter, et, plus rare, je crois bien qu'elle les a lus... Et lorsque je lui ai demandé pourquoi elle était de droite, elle m'a répondu en substance que c'était justement pour cela -qu'elle aidait les autres-. Autrement dit, elle était de droite pour les raisons qui font que je suis de gauche. Soit. A l'inverse, Mme Sormiou qui décidément ne vieillit pas, belle, toujours élégante, me regardait avec une certaine commisération lors de la fête pour les élections. Devant elle, j'ai toujours l'impression d'avoir marché sur une merde de chien. Elle m'a un peu traitée d'andouille et au fond elle a tout à fait raison. 

POLITIQUEMENT PAS CORRECT ? A VOIR

Note après-coup. Je l'aime bien car elle m'a tirée d'affaire autrefois, à 16 ans, pendant un voyage au cours duquel son mari, excellent homme mais un peu candide, avait suggéré, comme j'étais en surnombre, de me faire dormir avec une personne étonnante sur laquelle je ne m'étendrais pas car me dit-il, il ne pouvait "décemment pas me mettre avec les garçons de 14 ans". "Si si, ça ne fait rien!!" avais-je rétorqué un peu trop fort et trop vite. Avec un demi-sourire vers moi, elle avait coupé : "elle aura une chambre à elle." Sans commentaires.

Une question ici m'a toujours troublée, le conformisme le plus navrant s'associe parfois chez des gens au dessus de tout soupçon -Lydie en faisait partie- à une tolérance ou un aveuglement saisissant envers quelques traits de comportements hors-normes (soit) mais assez peu conformes à ce qui est exigé de l'éthique d'un enseignant ou enseignante, ici on était dans un cas intéressant qui apparemment n'interpellait personne, pas plus Mr Sormiou que Lydie -ensuite, si, dit-on, mais au bout de combien de temps.-
Cela corrobore, mais ici pas pour le meilleur, que chez les cévenols -et peut-être ailleurs- pour tout ce qui est grave, on se tait, les "bavardages" même un peu méchants, n'ont trait qu'à du futile. On respecte ce qui est important, grave, toujours, et parfois à tort. Les mêmes qui gloseront sur la couleur d'un vêtement ou d'une voiture se tairont en 40 sur des juifs cachés par Yvette, fort bien... mais ici sur des attitudes qu'il eût tout de même fallu pointer. St-Ambroix, un mixte de l'Angoulême de Balzac ou de Mauriac.. et du Marais en un sens. Étonnant.  

LA DROITE DE GAUCHE, UN MIXTE PEU BANAL

Revenons à nos moutons. Mme Sautet veut-elle dire que lorsqu'on a "réussi", à la mesure de St-Ambroix, il faut être parfait envers ceux qui n'ont pas eu cette chance ? Une sorte de conscience malheureuse, droite et gauche confondues ? Soit. Ça fait un peu "charité" mais elle l'appelle solidarité, ce qui change tout. Elle est de gauche sans le savoir à mon sens. Sans doute dirait-elle de moi que je suis une femme de droite qui s'ignore. Ici, même les mots changent de sens.
Lorsque par exemple des gens de gauche se comportent en exploiteurs et d'autres de droite s'échinent pour tous, les valeurs sont un peu bousculées. On ne sait plus. Mieux vaut alors ceux de droite. Je crois qu'ils n'ont pas compris tout à fait... ou c'est moi. Ou c'est l'idéologie qui fausse tout. Exemple, certains militants purs et durs n'osent pas venir me voir et des gens de droite grand teint me manifestent leur sympathie sans aucune arrière-pensée... A analyser plus tard. Simple question de gueule peut-être. Pourquoi aime-t-on les gens ou les hait-on ? Pour les mêmes raisons souvent. Pour des choses inconnues de nous-mêmes. Frustration ? Inélégance ?
Et puis, j'écris à plat ce que tous disent. A voix basse. Malpolie en somme, je dérange -et j'arrange à la fois, l'un entraînant l'autre-; dans les familles, et le village est une grande famille, ceci se tait si on est nickel : silence et discrétion, c'est bien cloisonné. C'est ce qui a fait dire à mon voisin "je fais ce que je veux chez moi"... et s'étouffer de stupéfaction rageuse lorsque je lui ai répondu "non !" Lorsqu'on est dans un navire et qu'on a loué sa cabine, on n'a pas pour autant le droit de percer la coque juste de son côté. Fatiguée.  

JEANINE

Janine est passée, short et chemisier moulant, jambes bronzées de star elle le sait et en joue, toujours le sourire, un seul mot -elle travaille, elle est pressée- mais scandé : "ça va  mar-cher"... et elle file. Ça suffit à me faire rire. Cette vamp a une tête bien faite et sait se faire respecter, on peut regarder, admirer, éventuellement "en" parler mais pas plus. Marrante, elle met de la couleur. Elle lit aussi, on s'est connues par la "bibliothèque" que j'avais installée dans le couloir et qui a tant offusqué mon voisin. Hélas, elle va partir, elle s'ennuie trop. "Même pas de mecs intéressants ici" dit-elle, dépitée "et question boulot, j'en trouverai ailleurs mieux payé". Chacun ses critères. Zut et triple zut. Ne pourrait-on retenir de gens comme elle, un peu hors-norme mais pour le meilleur, créatifs, cultivés et bosseurs -belle en plus- ? St-Ambroix semble sécréter de la morosité à tous points de vues, même sexuel en le cas. Avant elle, je n'y avais jamais pensé.
Une idée: que des gamins, bien encadrés évidemment, refassent le chemin. Une sorte de groupe. Il y a eu pas mal de cambriolages. La nouvelle pizzaïola s'est fait piquer sa voiture. Le travail physique, ça détend aussi. Ça me manque. Ces baignades le soir avec les chiens. 
Dommage, ce staphylo  (note: j'ai attrapé un staphylo en allant me baigner à la Roque, situé à une endroit extrêmement peu visité de ma personne mais enfin..) La restriction de nourriture (?) l'a fait diminuer encore; il n'est plus que du volume d'un demi œuf de caille. Peut-être l'exérèse ne sera pas nécessaire. Mal placé cependant, juste à l'aine, l'endroit le plus embêtant si je me souviens de ce que disait Claude sur la saphène interne ou les ganglions  lymphatiques, une grosse veine, peut-être la plus importante, pas sûr, la blessure mortelle classique des matadors, mais bon... C'est un peu de ma faute aussi, je ne me suis pas douchée immédiatement malgré la petite douleur ; j'en ai "profité" pour élaguer encore et encore ce foutu chemin, les ronces poussent à toute vitesse.. Décidément, il m'aura valu une forme olympique, puis une sciatique, et à présent, ce truc. Et le soir, c'était sans doute trop tard. Ça piquait de plus en plus... fièvre et un œuf carrément, de poule, aussi dur, avait "poussé"... je l'ai exprimé : du sang rouge vif, une bonne quantité, et ensuite des peaux blanchâtres, pas mal de liquide séreux clair et... ? des filaments noirs, comme des cheveux... le "trou"  en cône, assez profond, pas trop engageant... Soulagement immédiat, plus de fièvre, j'allais continuer lorsque j'ai regardé sur le net... où il est dit que c'est la chose à ne pas faire -oyez oyez- parce qu'on peut envoyer le staphylo dans le sang. J'ai arrêté -sinon je l'aurais tout eu- et il est resté cette petite boule enkystée. Peut-être va-t-elle se résorber si je recommence la grève.  
Toujours rien du Palais. Ils doivent causer. Ou ne pas causer et s'en ficher, ne rêvons pas. Je ne suis qu'un atome, 70000 signalements ou pas comme dit Michel J... Quoique... Eli eli labat sabat'ahni !!!  Pas de parano. 
Chose imprévue, Wanda et Maï-Linh s'enquièrent de moi. Touchée. Je ne savais pas qu'elle savait -Maï-Linh- et ne le voulais pas. Sans doute Fred a-t-il cafté. Wanda un peu abrupte est la meilleure finalement de mes belles-sœurs. Touchée je suis : je pensais qu'elle m'avait oubliée depuis 10 ans. En fait, c'est celle qui a un engagement politique le plus constant et le plus sincère, sans aucun doute la tête de bélier de la famille. Robin préfère toujours la "petite" Monique douce, brillante et un peu inconsistante. Il a tort. En fait, toutes ont leurs prégnances, mais c'est dans une situation comme celle-ci que l'on mesure lesquelles sont les plus importantes. E cosi. 

UN MACHIAVEL A L’ŒUVRE ?

19 heures 31 Toujours rien. L'affaire est entendue; à moins que ça ne discute et discute encore à l'infini. J'imagine la position de Dany une amie (ex amie devrais-je dire). J'aime mieux être à ma place qu'à la sienne. Une question tout de même : si vraiment cette saisie à ce moment précis est une erreur (OK) alors pourquoi ces réticences, c'est le moins que l'on puisse dire, à la réparer? Là, Michel, Robin, désolée, je marque un point. Il me semble que si j'avais fait une telle boulette, je l'aurais rectifiée illico avec des excuses. Autre anomalie: le maire dit que la saisie a suivi son cours sans son avis -est-ce un adjoint qui aurait confirmé l'ordre sans qu'il ne le sache?- Soit. Mais que par ailleurs il ne peut prendre sur lui d'annuler. Là, ça devient louf. On peut donc saisir un compte sans qu'il ne soit même au courant (OK)... mais il ne peut a contrario prendre la décision inverse sans en référer à tous ? Y a comme un défaut dans le raisonnement.  -3 en philo à l'oral du bac.
Deux poids, deux mesures ? Un adjoint, mettons Yago, décide comme ça, en se levant le matin, de me faire saisir... juste un ordre, pardon, une "mainlevée" puisque la procédure est déjà en cours du fait des "anciens" mais bloquée, les mots ne sont peut-être pas ceux convenus mais l'idée y est... le maire n'est pas au courant, une broutille, soit, on ne va pas l'embêter pour si peu. Et soudain, mis devant l'affaire, gênante tout de même, à ce moment là surtout, il aurait les mains liées pour rectifier? Ce n'est pas dans l'esprit de hiérarchie. Autre hypothèse plus subtile qui m'a été soufflée: quelqu'un -un/e adjoint/e ambitieux et/ou mécontent de sa minable position ça se peut- aurait volontairement envoyé l'ordre... pour générer le clash prévisible et disqualifier le maire ? L'ambition si futile soit-elle, parfois fait faire des choses un peu limites. Les prochaines élections... Juste une idée. Mais même et surtout en ce cas, on prend ses distances avec le Machiavel et on rectifie. Et si c'est un fusible, on le fait sauter. Possible du reste que certains, qui sait, "cette-facture-sera-payée-un-point-c'est-tout" en joue le rôle, le milieu est rien moins que féministe et les femmes, sans aucun poids dans une équipe de mecs bien homogène, endossent souvent en ces petits rôles d'utilité peu enviables et peu glorieux. Petit mystère, sans intérêt réel si ce n'est romanesque -et l'info n'est pas certaine- mais l'idée m'intéresse. 
Minuit. Je me prépare. Rien évidemment, je me suis fait avoir, ils voulaient que j'arrête cette grève qui faisait trop désordre sous prétexte de concertation entre eux histoire de gagner du temps.. avant la fameuse réunion sur l'eau... mais par contre des gendarmes devant la mairie, des voitures et des voitures. Que s'est-il passé ? Bizarre. Et les municipaux qui tournent devant chez moi... Plus de batterie. Je dois lâcher. Il se passe quoi ? Je n'ose imaginer qu'ils ont peur de moi tout de même. Mais si c'est le cas, j'en suis flattée. Qu'on se rassure ici, ma seule arme est ce clavier, je suis non violente en principe et c'est justement l'origine de mes ennuis car si j'avais dès le départ sorti mon cric de camion pour "me" rétablir l'eau à la Mimile -"viens me couper coco, Killer et moi on t'attend de patte ferme"- tout baignerait, c'est le cas de le dire -pour moi-.

Mardi 6 juillet
MAIN LEVÉE ET MAIN BASSE


  Rien n'a filtré mais je saurai bien dans un moment. Aux impôts, j'ai cette fois un son sensiblement différent. Un ordre de saisie donné  peut être exécuté bien plus tard, il y a des relances, re re lances etc... sans que la Mairie qui pourtant a lancé l'affaire n'y soit pour rien. Tiens tiens... mais ça change tout.. Sauf que, admet la guichetière à regret, il peut y avoir "empêchement" à cet ordre de saisie puis "levée de l'empêchement", mainlevée qu'on dit (!) ô que c'est beau, que c'est chou, en somme, c'est exactement ce qui m'avait été dit mais exprimé d'une autre manière. Quand je pense qu'on prétend que les philosophes et les toubibs jargonnent abscons pour entortiller le chaland. L'administration et ses délices sophistiques, un vrai régal pour le Canard enchaîné. Pour leurrer les gens, il n'y a pas mieux, il faut au moins une licence de philo pour s'y retrouver et encore. Même Robin au départ n'a pas pigé.
L'article sur les "Chants philosophiques" est paru. Lisette s'est surpassée. C'est de loin le meilleur qu'elle ait fait, sur moi en tout cas. En fait, malgré elle, elle est plus philosophe que littéraire, comme moi. Elle devrait tourner carrément sa veste. Sauf qu'il n'y a pas beaucoup de livres de philo régionaux, un mixte assez improbable qu'elle dit réussi. Joie. Je l'avoue, je redoutais le pire -qu'elle s'endorme ferme sur le bouquin sans pouvoir jamais se réveiller.- Elle m'étonnera toujours.

Et surtout, coup de fil de Bertrand Brémont lui-même, en phase, avec moi. En fait, et c'est là le truc intéressant et stimulant, tout le monde est en phase, même ici, pour des raisons qui ne me sont pas toujours dites, que je devine, et qui me touchent infiniment. Mais je ne le sentais pas aussi clairement avant cette grève.

LES MESSIEURS DE L’HÔPITAL

On part du quotidien, du minime, c'est à dire presque de l'un, et au bout du chemin, on atteint l'idée de déconstruction et du sentiment collectif de préservation de la nature et de nous-même, de notre dignité sans laquelle rien ne se peut. On va du microcosme au macrocosme, c'est comme une autopsie in vivo. Les gens parlent, glissent, je ne suis qu'une caméra qui restitue, parfois je ne saisis pas tout ou pas tout à fait, c'est ce qui est bien dans l'affaire. Ce blog dépassant donc à présent le cadre purement saint ambroisien, il me faut souligner ce que ici tous savent : le chemin qui a été massacré conduit entre autre à une terre très fertile, facilement irrigable, qui était autrefois le JARDIN de l'hôpital-hospice dit de charité, les bonnes sœurs qui le dirigeaient ayant nourri leurs pensionnaires avec ses produits durant des années. Les "vieux" encore valides passaient et repassaient avec des brouettes le soir pour aller chercher les légumes frais de la soupe, une activité saine et agréable à laquelle ils ne renâclaient pas, escortés par des aides soignantes ou des religieuses. 
Il y en a une, la première à avoir signé la première pétition, qui s'en souvenait encore avec émotion. Une femme extraordinaire, qui adorait son métier -depuis toujours d'ici-, qui semblait avoir 40 ans et qui devait forcément en avoir... beaucoup plus. A l'époque, les "vieux" étaient des paysans qui, ne pouvant plus assumer le travail éreintant de leur terre, l'avaient vendue ou laissée à leurs enfants, et s'étaient retrouvés là, soit par souci d'indépendance -il y avait le confort moderne-, soit déposés comme des encombrants. Mais certains étaient encore très valides, plus que bien des jeunes de nos jours, et la campagne leur manquait terriblement; ils ne demandaient qu'à travailler encore modérément, mais modérément, pour eux, c'était déjà beaucoup. 
Marguerite engageait l'après-midi "des messieurs de l'hôpital" disait-elle, pour qu'ils lui coupent du bois, sous la tonnelle, ce dont ils s'acquittaient parfaitement, elle faisait le café au lait avec quelques gâteaux, îles flottantes.. dont elle avait le secret -elle avait été restauratrice- et attablés, ils bavardaient toute l'après-midi jusqu'à l'heure où ils devaient rentrer pour le repas du soir. Le bois était "avancé", bien rangé, ils avaient papoté du bon vieux temps, rigolé, chaleur humaine et solidarité qui devait leur manquer dans l'établissement plus confort mais un peu triste où ils étaient relégués, gagné quelqu'argent, tout le monde était content, moi aussi. Ça l'occupait aussi. "Qu'est-ce que je vais faire à mes papés?" se demandait-elle le matin car le quatre-heures pour elle comme pour tous les paysans, ce n'était pas de la rigolade. Et on les attendait avec impatience, plus pour la compagnie que pour le bois dont Guy ou mon père lorsqu'ils venaient auraient pu se charger. Mais elle répugnait à réclamer et ses papés étaient son indépendance comme elle était un peu la leur. Souvenir..   
L'absurdité est là : on est en quasi pénurie alimentaire et on laisse s'abourir des terres parce qu'un gus tente d'empêcher leur accès. Abattant au passage des arbres qui tiennent la sienne -et celle d'autres- transformant un verger en pelouse et se targuant ensuite de la gêne -on "voit" en effet à présent chez lui- pour prétendre "interdire" le chemin etc... Société du spectacle où l'inessentiel et le funeste priment sur l'essentiel et le vital. Nostalgie, j'ai du vague à l'âme soudain, lorsque je pense aux "messieurs" de Marguerite, son platonique harem, que sont-ils devenus? Ceux qui vivent à présent à l'hôpital ont-ils quelque dérivement pour rompre la monotonie d'une existence où ils se sentent inutiles?
Marre d'attendre. Je vais devant la Mairie. J'ai fait mon panneau, cette fois très bien. C'est un coup à prendre en somme. La chaleur ! Un peu de spleen, ça va passer, c'est le premier moment qui est le plus dur, comme le premier coup de pioche. Après, tout va... 

Mercredi 7 juillet
Juste pour que Robin se rende compte

Robin a téléphoné à la Mairie. Rien évidemment. Je le savais. Mais c'est excellent tout de même qu'il l'ait "vu" comme on dit, de ses propres yeux. Ça m'a rappelé le mur de la maison, les atermoiements successifs épuisants-angoissants lorsque je suppliais littéralement le démolisseur de reconstruire ou au moins de le consolider, le danger étant maximum... tout ce que j'obtenais étant, "la semaine prochaine, je dois avant voir X"... "je ne l'ai pas vu, il est en vacances"... "dans un mois au maximum"... "dans trois mois, quand je vais pouvoir construire, tout sera réglé"... et pour finir, la phrase historique juste avant l'effondrement de mes trois sols voûte comprise : "ne vous en faites pas Madame Larrivé, le mur, il a pris sa place (!) il risque plus rien"... à laquelle je n'ai évidemment pas cru une seconde, l'expert ayant averti du drame imminent. Et pendant ce temps, des gens -j'ignorais que ce fût moi ou pire, Fred en premier- risquaient leur vie, bricolant tranquillement leur bagnole à l'ombre du mur, place très courue le mardi... User la bête, toujours... et ce pauvre voisin à bout qui n'en dormait plus, aussi terrorisé par le mur que par celui qui l'avait fait se décrocher, des deux écueils, il ne savait lequel était le plus inquiétant pour sa santé et ses affaires, sa maison qui foutait le camp ou se coltiner un si gros personnage, et ça coûte en plus etc...

Donc si devant un danger majeur, attesté par experts -était-il besoin d'experts pour prévoir que ce mur allait s'abattre, encore se sont-ils trompés puisqu'il ne s'est pas abattu comme prévu sur le parking, mais sur moi, le coquin..- certains atermoient sans souci de la vie des gens, comment s'étonner que devant un autre bien moindre, le même processus se mette en œuvre? Reste, Michel et Robin, c'est à vous que je m'adresse ici (!) que cela apporte de l'eau à mon moulin, bons militants qui aviez réellement cru au coup du hasard et de la nécessité et m'en aviez presque convaincue, puisque des gens aussi calés le pensaient, ça devait être vrai, deux contre un, je m'incline, même si une petite voix au fond de moi renâclait. Isn'it? la philo, quoi, je me laisse facilement convaincre, en fait persuader, par le logos. Et puis c'est toujours plus confortable d'agonir le hasard que des copains ou amis et y en a, plus exactement y en avait dans cette équipe. Qu'est-ce qu'elle disait la parano, mes choux?

BEYROUTH

Bon ça veut dire qu'il faut que je m'y re colle, à présent, il y a trop de choses en jeu, dussais-je y laisser des plumes. J'en laisserais moins que si je lâchais et partait avec Robin à Beyrouth, projet récent, Ham'ra, le rue de phénicie, le vieux druze sur la montagne, biblique avec sa gandoura, qui nous a conduit chez lui alors que nous nous étions perdus -des coups de feu nous avaient déviés-... la peur aussi, légère, il avait une sublime tête de berger de l'ancien testament certes, mais... il y avait aussi la voiture au nom de Misrahi -autant dire Dreyfus-... et on était bien paumés dans la montagne, quoi de plus simple de nous kidnapper et rançonner, ça se voyait tous les jours et des juifs, ça n'aurait pas fait un entrefilet dans l' "Orient le jour"... Robin m'avait dit "il n'y a pas de risque, c'est un druze"... et, le scoop si longtemps après, c'est qu'il m'a avoué hier qu'il avait eu peur lui aussi, druze ou pas druze, sans rien me montrer. Des as de la dissimulation, les libanais, et après tout c'est confortable aussi... 
 On a eu tort d'avoir peur, mais en temps de guerre, comment savoir ce qui s'abrite derrière la tête la plus photogénique? Cette réception improvisée dans la pièce blanchie à la chaux, aux banquettes tendues de tissus rayé rouge et noir, cette ferme pauvre et belle et ce couple isolé agréablement surpris de voir débouler des "parisiens" avec une petite-fille qui avait dévoré abricots sur abricots, la honte quand on avait vu le petit tas de noyaux à ses côtés... Que sont-ils devenus ? La femme, non voilée, parfaitement belle, je crois qu'elle était même légèrement maquillée, semblait beaucoup plus jeune que le mari. Elle vit sans doute encore si la guerre l'a épargnée. Ce sera pour plus tard, toujours plus tard..

DEVOIR DE VACANCES
 
Rigolo, il parait que le conseil doit lire mon blog avant toute décision. Des devoirs de vacances ? Du coup, il me faut reprendre question orthographe, pas question de laisser des coquilles, noblesse oblige, zut triple zut... Je n'ai pas sur le net mon garde-fou, Huguette qui trouve des fautes comme un chien des truffes, ni hélas Lydie, moins pointue mais plus rapide.
Rebelote à la Mairie. Le jeune employé aux cas difficiles qu'on appellera ED, employé cas difficile, a fait son rapport, dans lequel il a omis de mentionner que d'après l'employé releveur des compteurs qu'on appellera RC, les factures étaient bien payées par "Mr Ruche" le compagnon de Maguy. Finalement, Mr Ruche n'est plus sûr... et l'adjoint l'Est qui était présent lors de la déclaration fatidique ne se souvient plus très bien... bigre, ça date de la veille pourtant, "faï pas buon s'es faïre vieil" puis ça lui revient doucemanette mais il affirme finalement qu'en fait, RC voulait parler... de la rue des Cigales (?!!) et rebelote... sauf que ça se passait rue Désiré et que c'était bien sûr de cet appartement-là dont il était question. RC confirmera d'ailleurs peu après à Robin, ouf, lui se souvient et est clair. Sa théorie la plus évidente est que le compteur dysfonctionne comme beaucoup. Soit. Finalement ED est d'accord pour marquer -c'est à dire rajouter- dans son rapport les propos de RC, bien qu'il affirme que ça n'ait aucune importance... sauf de corroborer mes dires. Il semble de bonne foi. RC aussi, surtout.
Il me dit aussi que j'écris bien mais qu'il faut que je me méfie car on reconnait les gens sur le blog. OK mais ça, c'est mon job et toiletter, je sais faire, au fur et à mesure, parfois le jour d'après. Des faits seulement, au fil des jours. Des coïncidences aussi, enfin toute la vie d'un village qui me dépasse de beaucoup. Une autopsie in vivo filmée sans commentaires souvent. Mais analysée, ça oui, parfois. Cela voulait-il dire que sans le blog ça s'arrangerait mieux et plus vite? Je n'ose l'imaginer. Toiletter donc encore, primo non nocere, comme toujours.

Essayé de discuter avec "cette-facture-sera-payée...", une erreur, sa rage semble hors de portée. Finalement, devant certains, il vaut mieux garder son quant-à-soi. Mais elle s'occupe du "social", et ça, zut... Ca explique certains propos, certaines attitudes "je te fais ça à toi..." Elle parle comme si elle tenait la place divine à elle seule, distributrice de la manne, peu habituée de fait aux rapports d'égalité semble-t-il. Le social ou la charité est une activité suspecte parfois qui requiert un talent tare. Il est malsain de la mêler au pouvoir.

TOTOPHE

Hypothèse, et si au fond je lui faisais concurrence? Les fringues pour certains, les remontage de moral le soir pendant que je faisais la fresque?.. quelques articles aussi? Une réminiscence déplaisante soudain: un certain X du secours populaire qui, après l'article sur Totophe, m'avait giflée dans la rue. L'article ne l'incriminait pas, il relatait simplement dans la veine soft très Midi-Libre, l'aventure de Totophe, SDF gentil mais alcoolo depuis toujours, quatre ans d'âge mental, un soir où il gelait à pierre fendre, qui, en chemise, complètement bourré, était venu s'effondrer devant mon portail, seul endroit éclairé sans doute à 10 heures à Anduze, par cette nuit d'hiver glacée..  
...Puis la suite, comique, je le rentre laborieusement, on se casse la figure dans le jardin, il s'effondre sur le lit dans la pièce de la chaudière et ronfle aussitôt, bien couvert.. Et go, mes appels successifs, 10 ? 20 ? je ne sais plus, au terme desquels tout le monde m'envoie bouler, le secours populaire sur répondeur, renvoi à un autre numéro, identiquement sur répondeur, le curé gâteux, le pasteur sur répondeur aussi, un autre pasteur mais sourd comme un pot qui me renvoie à un troisième, absent, le SAMU, l'hôpital, la police, etc... Seuls, les gendarmes sont venus, mais pas tout de suite, il avait fallu passer par Nîmes, pas trop contents pour l'un d'être tiré du lit à 11 h par ce temps. "S'il a un malaise, vous êtes responsable." Soit, mais dehors, il serait mort. La loi est bizarre sur ce point : si je le laisse, il meurt et bien sûr c'est de la non assistance à personne en danger, mais si je le rentre, alors plus personne n'en veut car il ne cause plus de trouble à l'ordre public, mais j'en suis responsable, au cas où il lui arrive un truc, que faire? S'en foutre... 
J'ai donc gardé Totophe un an, pas de problème certes, sa passion étant de ramasser les feuilles une à une -il les guettait du fond du jardin, assis sur sa chaise, me faisant part de ses prises lorsqu'elles valaient le coup, ajoutant parfois "qu'est-ce que tu ferais sans moi, hein?" à quoi je répondais invariablement "ça c'est vrai, tu es bien brave", ça ne me perturbait pas, c'était comme un disque... et le jardin n'avait jamais été aussi nickel. Il m'a manqué lorsqu'il fut enfin admis dans un HP adapté... dont il s'est échappé plusieurs fois pour revenir chez moi, il aimait mieux être libre évidemment.
Mais voilà, l'article de Thierry Dubourg avait eu un succès mahousse et tout le monde venait apporter des objets divers à la galerie, c'était le must, on venait voir Totophe comme au zoo un animal rare avec des croûtes, des couvertures -nul besoin à présent mais bon- télé, neuve! frigo, tapis, vêtements, Anduze et ses environs sont riches et les gens généreux... En somme, par culpabilité d'avoir failli le laisser périr, les gens rivalisaient de cadeaux parfois inappropriés et dans l'appentis de la chaudière, clair, ensoleillé, avec son entrée séparée sur le jardin aux bambous, il était logé plus confortablement que moi. Ça s'était donc "arrangé".. sauf que dans le village pourtant civilisé, j'avais croisé quelques jours après un quidam... qui m'avait mis une baffe sans prévenir -"salope"-. J'ai compris ensuite, le responsable d'Emaüs m'avait expliqué, "vous lui avez "volé" un pauvre, vous l'avez mis en cause indirectement et de cela il ne se remettra pas, vous avez pointé une défaillance chez un parfait, il pense avoir raté sa carrière etc... On a souvent le cas." Fais-je de même ici? Est-ce que je "vole" des pauvres à qui de droit? 
Le social est affaire ambiguë: le meilleur et le pire. Qui est mieux de Mme Batty femme de notable par ailleurs impliqué dans quelques affaires pas très claires -ou plutôt, si, assez claires- ou de celle-ci ? Si j'étais dans la misère, je crois que je préfèrerai la bourgeoise retenue à une ex consœur de pauvreté qui m'engueule et "va" me chercher en gueulant comme si j'étais un chien etc... 
Conclusion : mieux vaut ne jamais avoir affaire à ces services et à ces gens-là quels qu'ils soient. Je dois sentir le chien: Vôtan inquiet, exhalant une odeur assez pénible, malgré la chaleur, se colle à moi dès que j'arrive. Je lui manque. Du coup, dans la rue, les cabots me reniflent avec intérêt. De fait, "cette-facture-sera-payée" a affecté tout le temps que je lui parlais de partir dans les pommes, s'éventant vigoureusement, l'attitude de certains jeunes de banlieue... à l'instar de Christine H. autrefois -elle est devenue maire de V. au fait... je crains le pire, c'était une des plus perverses de tous les élèves que j'aie jamais eus.- Un peu d'excès sans doute ici mais sur une base réelle. Il faudrait que je tonde Vôtan... Quand on n'a rien à dire des gens, on dit qu'ils puent. Ou qu'ils sont fous. L'olfaction est le plus labile de nos sens, et la santé mentale est difficile à apprécier, c'est facile. Là, j'ai eu les deux. C'est ce que font les racistes. Et aussi les racisés. -Mais dans mon cas c'est peut-être vrai. Tess et ses oreilles purulentes, aussi.- Tant pis, je ne la ferai pas piquer pour ça. 

LE SOCIAL, CA PAIE BIEN

Je croise l'info une fois de plus. C'est fait, des clashes, il y en a eu au moins deux autres. Bon boulot de journaliste. "Ne te vante pas, voyons, tu n'es qu'un cas. Ne deviens pas mégalomaniaque" m'a dit Gilberte en riant. Rire fait du bien. Honte à moi, je n'aurais pas aimé être la seule à subir ça et cependant ç'aurait été mieux pour tous. Soit. J'ai encore dû voler des pauvres à qui de droit. Qu'est-ce qu'on devient si tout le monde est solidaire ? Les pro du social, profession pas inintéressante et assez valorisée, n'ont qu'à aller se rhabiller. La Rochefoucauld, le salaud, n'a pas tort. Toutes nos motivations sont égoïsme. Ça vaut pour moi, évidemment. 
Et je le dis ici clairement, Totophe m'a beaucoup apporté, quelques ennuis évidemment -dont la baffe- mais dans l'ensemble, la "charité" paie bien ; le nombre de gens qui me disaient "vous êtes formidable" à qui je répondais invariablement "pas du tout, il était devant ma porte -je travaille la nuit- je ne pouvais pas ne pas le voir, c'est juste le hasard..." et qui ajoutaient parfois "et en plus vous êtes modeste", on n'en sort pas. Une bonne affaire, "Le petit garçon derrière un taxi" a flambé 70% à cause du talent de Suzanne, 30% de l'affaire Totophe, et les feuilles, corvée quotidienne n'avaient qu'à bien se tenir. 
Cet hiver-là, sa présence silencieuse derrière la galerie, dans sa querencia où il regardait le foot à la télé me plaisait -je me sentais moins seule-... Moins les réveils à six heures -car c'était un matinal- "t'as pas un café dis ?" mais cela aussi n'était pas si mal car je n'avais pas de réveil. Il le buvait avec moi, je me mettais au travail et lui s'en retournait guetter les feuilles, inquiet d'en avoir laissé passer car c'était un consciencieux. Il me manque un peu.
Robin, lui, veut attaquer en justice. Cette grève de la faim lui fout la trouille, il sait ma détermination et s'en désole. Ça le rend presqu'agressif par moments. Il dit que le délai de forclusion dans le domaine civil est de 4 ans. Je le croyais de beaucoup moins. Ça se peut donc. Il s'y colle. Moi, je n'ai pas la force, du moins de démarrer. Trois procès en deux ans, déclinaison en fait de la même histoire car celui du milieu n'est que scorie, ça fait beaucoup. Mais les deux ne sont pas incompatibles. J'y retourne. La fraîcheur ici... ca va mieux. Ouf.  
Pendant ce temps, Robin a fait une lettre à la fois claire et désopilante qui résume assez bien les faits...

Robin Eddi à Monsieur le Maire de Saint-Ambroix,
Depuis 2007 nous contestons la facture d'eau de 4000 Euros du 2 rue D où nous n'avons jamais habité, sans résultat. Ma femme dont le compte a été saisi, excédée, s'est finalement résolue à faire une grève de la faim devant la Mairie pour attirer l'attention sur l'injustice commise. Vous avez proposé à Michel Pernet journaliste à la Marseillaise de servir de médiateur.. Elle a accepté de faire une pause dans sa grève en attendant le résultat des négociations, preuve de sa bonne volonté. Résultat ? Néant. Elle est donc décidée à la reprendre ce jour le 8 juillet 2010.
Lors de l'entrevue du lundi 28 Juin 2010, vous avez déclaré que vous n'aviez pas de preuve que c'était Mme A. qui payait l'eau au titre de locataire et que le compteur était au nom de ma femme.
1/ Nous vous avons fourni une attestation de sa part confirmant qu'elle payait bien l'eau et une facture en son nom.
Vous avez rejeté ces preuves en disant que celle-ci concernait sans doute la rue des c (!) où réside son ex-compagnon. Et surtout disiez-vous, la facture ne comportait pas la part assainissement en vigueur dans le centre ville -où se trouve la rue D-.
Le lendemain, j'ai apporté à M B, employé au service des eaux une facture avec assainissement (214) au nom de Mme A. rue D. Un point important selon ses dires qui devait aider fortement à la solution du problème. Puisque nous savons maintenant au nom de qui était le compteur et à qui les factures étaient envoyées, le problème est réglé. Non.
Car vous avez alors soulevé un nouvel argument :
Une fuite d'eau éventuelle se serait produite entre février 2005 et 2007.
Impossible car Mme A. est partie suite au danger de l'affaissement du mur mitoyen avec M P, mur dont nous sommes allés souvent vérifier l'état nous-mêmes et avec des maçons. Si c'était le cas nous l'aurions constatée -elle aurait été très importante.-
Vous avez néanmoins voulu vérifier. Nous nous sommes rendu avec M. B et M. K, adjoint, à la maison pour vérifier qu'il n'y avait pas de fuite qui pouvait expliquer cette facture exorbitante, une piscine olympique: le rapport établi montre clairement qu'il n'y en a pas
M. B a alors voulu s'assurer que le compteur respectait le règlement c'est à dire était en état de fonctionnement. Vérification pertinente car il est apparu qu'il était en panne. Depuis quand ? Nul ne sait.
Au cours de cette enquête nous avons recueilli les déclarations de M. B. -releveur des compteurs- assurant que le paiement de l'eau de Mme A -donc de la rue D- était effectué par M. E. son  compagnon, confirmant ainsi les déclarations de celle-ci, de ma femme, et les factures produites.
 Tout est donc réglé ? pas encore.
Vous avez d'autre part reconnu que depuis le départ de Mme A., confirmé par la CAF en octobre 2005, la maison n'a pas été habitée. Il est vrai que ce point, vous l'avez admis sans preuve écrite. Le problème est réglé ? toujours pas.
Quelles explications peuvent être avancées ?
– La gestion de la société des eaux à cette époque.
– Le dysfonctionnement du compteur.*
Vous avez demandé un contrôle du compteur par un laboratoire, indépendant, à nos frais, bien que dans toutes ces hypothèses, nous soyions hors de cause. Mais au labo, on nous affirme  que tout ce qui pourra être démontré, c'est que le compteur ne marche pas, et qu'en aucun cas on ne pourra  savoir ce qu'il a bien pu faire pendant son arrêt, le coquin. Inutile donc de payer 100 euros pour qu'on nous réaffirme ce que nous savons. Mais M. B a une autre idée : il propose de le faire contrôler par son fabriquant lui-même, ce qui nous semble spécieux.
De plus, le règlement de la compagnie des eaux précise :
Article 7 L'abonné ne doit payer que la quantité réellement consommée. Ma femme n'étant pas présente et ne pouvant l'être, elle n'a rien consommé.
Par ailleurs le règlement précise qu'en cas de panne de compteur la consommation qui doit servir de référence est celle de la période antérieure similaire (article X).
Pour évaluer la consommation de février à octobre 2005, la période de référence doit être 2003-2005. Or la facture de cette époque où Mme A. vivait rue D avec ses enfants est très faible, puisque pour 10 mois, du 15/6/2003 au 27/4/2004 elle accuse seulement 50 m3 tout ronds, soient 74,96 euros, ce qui fait 7,50 euros/mois... ce qui appliqué de février à octobre 2005 (9 mois) donne 60,5 Euros.
Ensuite, seule la location du compteur doit être prise en compte... encore qu'on peut se poser légitimement la question du montant de l'abonnement d'un compteur de plus de 30 ans donc largement amorti... et de plus hors d'état de service ou plus exactement qui vous rend des services de de type dont on se passerait bien. 
Depuis octobre 2008 (date du début de la saisie du compte) jusqu'à ce jour, 2337 E ont déjà été prélevés que nous vous demandons de nous rembourser au plus tôt. Veuillez agréer, Monsieur...                             Robin Eddi
*Bien que l'on puisse s'étonner d'un compteur -en quelque sorte en multipropriété- dont la consommation, très faible du reste, surtout pour une famille de 9 personnes, a été payée, à un moment par M. Larrivé alors âgé et récemment veuf puis par M E. compagnon de la locataire et dont à présent on exige le "solde" (4000 euros)... à ma femme parce qu'il serait resté en son nom tout ce temps. 

Rencontre avec une conseillère municipale P.C. de Roanne, et son mari, on a parlé, ils ont évidemment signé. Intéressante : des histoires comme ça il n'y en a pas chez eux. Le PC est-il particulièrement vertueux ? Ou l'ignore-t-elle ?

Jeudi 8 juillet 3 heures

Robin a enfin eu le laboratoire indépendant où on lui a répondu que toute expertise ne pourrait que confirmer que le compteur était arrêté sans plus de précision. Inutile donc de payer 100 Euros ou davantage pour s'entendre dire qu'il est cuit. Sympas, ils auraient pu nous faire l'article. Il est allé apporter la lettre avec ce rajout, de taille. Perso je n'aurais même pas tenté le coup, subodorant qu'on nous amusait encore, le dernier round peut-être mais... c'est bien tout de même qu'il l'ait fait. Cercle bouclé. On a les factures de Maguy avec le 224 fatidique, l'assertion de l'employé assurant que son compagnon payait, le compteur naze qui surfacture durant une période où il n'y a personne et où il ne peut y avoir personne puisque la maison est en péril... ça doit aller. C'est un roman politiquement incorrect anti administration, anti bureaucratie et technocratie, anti gestion aléatoire et si on est de mauvaise foi, anti gauche mais bon...
18 heures 
L'ORAL DU BAC 
Réunion sur "l'eau"
On sent qu'ils se préparent comme à un oral de bac, fébriles, têtes un peu fermées, soucieuses, en rangs serrés. Houleux, à la manière de St-Ambroix. Question parité, toujours pas terrible: il y a le maire, son second, le jeune employé aux cas difficiles, ED, et un autre personnage-clef comme nous le verrons qui s'agite et fera passer le micro. Quant aux femmes, elles sont sagement assises, groupées, immobiles, tout en bas à droite de l'estrade et aucune ne l'ouvrira, les yeux baissés, les genoux serrés, comme dans la chanson..
D'abord, on a une suite de diapo peu lisibles sur un grand écran et ED aux côtés du maire qu'il semble ne plus quitter de lire ce qui est écrit au fur et à mesure, des chiffres, des chiffres, toujours plus désespérants les uns que les autres... et les exigences de la DDASS, la station d'épuration à replâtrer avant casse, la nouvelle qui ne sera pas écolo comme on voulait, ça sera plus cher en fonctionnement, tant pis -ça a été refusé... par qui?- le prix du terrain exorbitant.. etc 
Le Maire semble aussi enjoué qu'un conducteur de bus de la ligne Vitry-Balzac... le forage qui a raté, rien ne va plus, je décroche un peu mais j'ai l'impression qu'ils ont sorti autre chose de pas prévu, de l'eau minérale ? des truffes ? une tombe pharaonique? Ça peut être intéressant aussi. Pourquoi pas ? l'eau pure de vos cellules, ça le fait bien, bon, mais ça ne colle pas. Ça dure un peu beaucoup, on a l'impression que tout ça est fait pour retarder l'orgasme. Mais ça va venir, je le sens bien. 
"Ils nous embrouillent avec leurs chiffres" dit une dame à mes côtés. C'est ce exactement que je pense.  
Donc on apprend ou re apprend que St-Ambroix a peu de réserves en eau, il va falloir re forer, des canalisations "fuyardes", le terme est joli, qui font perdre 65% de l'eau pompée, à croire que c'est les shadoks... qu'au centre ville il faut séparer les eaux du tout-à-l'égout de celles du pluvial ce que n'ont pas fait les anciens... bien qu'ayant découvert les canalisations pour de menus travaux, le genre de coup par coup dont parait-il ils étaient coutumiers, j'ouvre, je bricole, je rebouche, je réouvre, je re bricole, je rebouche etc... ce qui contribue à la saturation de la station d'épuration qui dégorge dans la Cèze -d'où sans doute mon staphylo- station qui n'est plus conforme depuis 2005... Le maire annonce qu'à présent on sera dans la légalité mais ce sera cher. Il fallait trouver un terrain inondable, le mas C. était le seul disponible, cela génèrera des dépenses d'investissement énormes d'où le prix de l'eau augmenté: 1,67 Euros le m3, là, je ne suis plus, ces chiffres me donnent le tournis.

On découvre ou re découvre aussi que les canalisations en plomb sont à remplacer sur toute la commune d'ici 3 ans, très "fuyardes" donc -toxiques aussi, ce qui n'est pas dit-, elles perdent + de 6 m3 d'eau à l'heure. 3,8 Euros le m3 ? La moyenne étant de 3,40 Euros, on serait en dessous, en Europe ou je ne sais où, elle serait encore plus chère parce que blabla.. quelqu'un s'exclame qu'elle s'en fout. Il a le nez dans ses papiers, récite, bref c'est aussi folâtre qu'un compte d'exploitation, je décroche. 
On dirait qu'il s'agit de préliminaires pour occuper la place afin d'éviter quelque suite fâcheuse. Un lapsus intéressant du placeur de micro, un collègue mais du privé, celui qui donnera la parole au bas-peuple : "on va vous concerter sur ce qui a été décidé", j'éclate de rire tant c'est chou. 
Bon, et puis il faut y aller tout de même. Les questions. J'ai une vague idée qu'il y en a qu'ils redoutent. Moi. 
Ça commence, des factures qui bondissent comme des cabris surexcités, doublent ou triplent, un gus qui se voit comme moi -mais au moins lui habite-t-il au lieu dit- taxé d'un monument, 5000 Euros ou plus, je ne me souviens pas, il subodore qu'on aurait mélangé les tuyaux  lors de travaux de voirie importants près de chez lui, il a l'air d'avoir bon caractère et le prend bien... il faut dire que moi aussi au début, j'avais même ri de bon cœur, et pour lui c'est le premier round, mais on ne sait pas dans quel état il sera dans un an si comme moi on le saisit impromptu... Plusieurs femmes surtout que l'on sent énervées-désespérées disent qu'elles n'ont pas prévu une telle dépense et ne pourront l'assumer, le "placeur du micro" qui arpente la salle comme Dieu distribuant la manne -la parole- lui assure, rassurant, qu'il est prévu avec les impôts un étalement sans relance ni frais si elle se manifeste -aïe, les leçons de morale en prime, je crains le pire, et étalement jusqu'à quand ?- Il s'étend un peu beaucoup sur cet "avantage"... "Soit -rétorquera un autre- mais il faudra tout de même payer et les gens qui n'en ont pas les moyens ne le pourront pas davantage d'ici un mois, deux ou trois".. Une évidence. 
Une dame ensuite à l'accent étranger demande ironiquement des éclaircissements sur sa facture qu'elle cherche en vain à comprendre, il y a d'abord l'abonnement + l'assainissement... et ensuite une autre facture avec la consommation plus, rebelote, l'assainissement.
Note après coup. Intéressant pourtant car on m'avait assuré que les factures de Maguy où n'était indiqué que l'abonnement, les 222 ne pouvaient concerner la rue D qui bénéficie de l'assainissement et on a perdu pas mal de temps à trouver les fameuses 224 qui correspondaient à l'eau+assainissement! En fait, les deux séries étaient valables.
Les explications semblent embrouillées. On nous propose aussi la mensualisation en option sur 10 mois. Horreur ! Le technicien parle ensuite de télé relève des compteurs individuels... qui sera en option en nov déc 2010. Impossible qu'ils tombent en panne ceux-là qu'il dit, tu parles si j'y crois.
Puis un scoop, un monsieur pointu parle de certains compteurs à hélice (?) qui parfois avec le vent auraient tendance à s'emballer, le technicien en convient. Bigre, des éoliennes ? Le nôtre était-il du genre envolée lyrique avec le vent d'autant ? 
Note après coup : c'est sans doute le cas et personne ne nous l'avait signalé.
Une autre déplore une énorme fuite régulière coule route d'Uzès, gros comme un bras assurent les riverains... 
Il y a aussi une assoc fondée par une petite femme énergique et jolie qui a attaqué ni plus ni moins la Mairie au tribunal administratif pour sa hâte à avoir pris cette décision d'augmentation si impopulaire -apparemment 2 ou 3 jours ?- sans en référer au conseil municipal voire aux payeurs, les vaches à eau. Au passage le maire annonce qu'à présent les employés du service des eaux payent leurs factures comme tout le monde. En jetant un regard sur moi comme si c'avait été une de mes revendications.
Note après coup. J'ai sans doute été utilisée sans m'en douter.
Je demande alors à parler et le meneur de jeu me dit qu'il l'a vu mais que ça doit se faire dans l'ordre, OK. Arrive mon tour, il me tend le micro "invitus" -mais pas "invitam"- semble-t-il en me disant à mi-voix, ses gros yeux fixés sur moi comme en confidence (!) "succinct!"... ça met tout de suite à l'aise.. Pendant que je parle, il s'assied juste en face de moi, carrément retourné vers moi comme si je ne m'adressais qu'à lui, mains tendues vers le micro pour le reprendre, attendant comme Tess son sucre pendant que je fais le café, attitude qu'il n'a eue avec aucun autre intervenant... bref, il me déconcentre, me gêne ostensiblement, fait un geste avec la main comme pour dire "allez allez on n'a pas le temps", ça me rappelle Vitry où certains élèves, se plaçant exprès tout devant l'estrade, affectaient pour troubler le prof agacement, ennui profond, exaspération, ricanements. De fait, je bafouille lamentablement, je le sens ce qui me fait cafouiller encore plus, cercle vicieux... et là il s'y croit puisqu'il a aussitôt le geste de me demander de booster, pensant le poisson frit, mauvaise pioche... mais "on ne se fait pas putain comme on se fait nonne" comme chante Brassens, le toro n'était pas estourbi, la colère me fait immédiatement me reprendre, je me lève, me retourne vers les gens et je peux enfin m'exprimer normalement. Quelques mots sur mon affaire soudain clairs, bien articulés, sonnant normalement. Je mets les deux équipes dos à dos. Pas de fine politique certes, mais c'est ainsi. On applaudit. Parano ? Non, là il était clair, il voulait m'empêcher de parler. Ça s'est finalement retourné contre lui et les gens ont ri.
A nouveau la litanie de ceux qui ne peuvent pas ou très difficilement payer puis quelqu'une, Madeleine, une collègue de collège, proteste vigoureusement parce qu'elle ne pourra pas être raccordée à la station d'épuration bien qu'elle soit juste à côté et ait prévu tuyaux et canalisations ad hoc. Silence un peu gêné, puis propos vagues et rassurants ensuite. 
Note à la relecture : elle sera remboursée de ses travaux.
Ensuite, c'est la prestation d'une belle jeune femme énervée, tout au fond qui attaque très fort, elle a une entreprise, ou deux, je ne suis pas, elle paie son eau, le coût est exorbitant... et ajoute-t-elle, cette augmentation de 100% va forcément générer des impayés... -elle a raison, c'est obligé-... mais la voilà qui finit en beauté sa sortie par "et moi je ne veux pas payer pour la racaille." Mouvements divers. Le malheur est qu'elle est applaudie. Je hurle littéralement "le mot racaille est de trop"... et ma voisine me dit gentiment "mais ce n'est pour vous, voyons" (!)
Et sur ces paroles définitives, la belle jeune femme en rage contre la "racaille" quitte la salle... et on la voit sur le seuil discuter avec une souriante "cette-facture-sera-payée-un-point-c'est-tout", celle qui en charge la noble tâche d'aider les pauvres devisant copine avec "Je-veux-pas-payer-pour-la-racaille", tout baigne...
Salvator me répondra, docte -j'ai essayé de dire tout le mal que je pensais des services socieux, je laisse la faute de frappe, qui parfois briefent les petits bourgeois besogneux ou dégourdis contre les  pauvres, ou pire, les pauvres les uns contre les autres -la "racaille" comme dit cette jeune femme-, il faut qu'on se serre les coudes et ne pas se laisser aller à  nous entre déchirer, Salvator donc me répondra en ponctuant simplement une formule qui doit lui plaire: "c'est une réalité économique". Je réitère que le mot "racaille qui désigne souvent des immigrés pauvres -mais oui- est odieux et que de la réalité économique, je m'en fiche." Affligeant, "Peau noire, masque blanc" in situ, on recule d'un demi-siècle. Des ex immigrés pauvres mis-en-cause soutenant la belle dame-qui-veut-pas-payer-pour-la-racaille copine de "cette-facture-sera-payée-un-point-c'est-tout" en charge du social, ça baigne aussi. Les gens se haïssent-ils, eux ou leur lignée, à ce point ? Oui. Comme Nicole en somme, peut-on en demander plus à Salvador? Non.

CEUX QUI SE PRENNENT POUR LA VIERGE MARIE

Ça finit par la prestation claire et écolo d'un spécialiste de l'hydrologie, on va devoir pomper sous peu, vers Meyrannes peut-être, puisque le premier forage a raté mais il faudrait penser à économiser l'eau et à réparer les fuites d'abord -et il y aura des subventions-. A quoi Sylvie répond que si on consomme moins, comme les investissements sont de toutes manières les mêmes, l'eau qui tient en compte ces coûts va en fait augmenter. -Robin n'est pas d'accord avec cette théorie qu'il trouve simpliste mais il ne dit rien, dommage.- Exemple, la station étant prévue de grande capacité, il faudra donc beaucoup chier pour l'amortir, et comme, malgré tout notre sens civique, on fait ce qu'on peut, il faudra trouver ailleurs de la merde pour la nourrir. Une idée géniale : le nettoyage des fosses septiques, le "grattage" dit-on et l'envoi dans la station de la "chose" obtenue, à nos frais of course. Totalement inutile ce grattage mais ça nourrit les bêtes d'une station surdimensionnée et ça nous fait encore raquer. On n'en sort pas. Vache à eau, vache à merde.
Les gens s'en vont, devisent... et nous nous avançons vers l'hydro géologue, on veut lui parler de l'eau de la Cèze à la Roque qui apparemment semble dangereuse, du coup, un vieux monsieur me dit au passage qu'il prenait souvent le chemin de St Victor pour aller se baigner, il faudra le contacter...
Mais voilà, lorsque je m'approche du spécialiste, il m'annonce d'emblée qu'il ne peut pas prendre parti pour mon affaire.. ce que je n'avais jamais eu la moindre intention de lui demander. L'eau de la Roque n'est pas bonne répond-il, étant donné l'emplacement, du moins tant que la station à indigestion sera en fonction. Un merci sec et je file. Il en est, sans aucune malice pourtant, qui n'ont parfois pas même l'idée que l'on puisse se battre pour autre chose que son pré carré et/ou qui se surestiment légèrement, exemple le spécialiste sympa qui me voyant arriver vers lui, me dit d'emblée -en substance- qu'il ne peut rien pour moi comme si j'allais lui demander un Euro... l'adjoint qui affirme qu'on a défriché le chemin pour valoriser notre terrain etc. Ils me donnent parfois l'impression d'être une mendiante. A cela aussi il faut résister. Robin s'est marré de ma réaction volontairement impolie, partir -merci- sans saluer, immédiatement après l'aimable réponse, mais pour une fois, il l'a comprise. 

RETENEZ MOI OU JE FAIS UN MALHEUR

Gilles ? pas un mot. Timidité de ce militant hors-pair ? En privé cependant, sur le Portalet, qu'est-ce qu'il se lâche! Pas dans la ligne? Une amie à lui qui s'enquiert de ma santé et du soutien des gens a... refusé de signer, le cas jusqu'à présent est unique (note après-coup, et le demeurera)... Les politiques, quels qu'ils soient, je crois que je ne les regarderai plus jamais de la même manière. Tonitruants à vide parfois, plus maximaliste, tu meurs, et devant un parti à prendre, même minime, la fuite ; ou alors sincèrement (?) indignés devant une injustice... qu'ils renforcent une fois élus comme si c'était tout naturel. Essayant d'empêcher les gens de parler aussi... 

Vendredi  9 juillet

Coup de blues, et pourtant tout va bien. Le fait de recommencer est plus dur que je ne pensais. Car j'avais attaqué avec une certaine inconscience, je ne savais pas où j'allais... et à présent je le sais. Me faire arrêter sous prétexte de négociations n'était pas si mal calculé  finalement. Je rentre au Ranquet me laver. Sonia m'a dit son soutien -elle ne s'était pas manifestée jusqu'alors et j'avais cru à une sorte de désaveu... en fait elle était tout simplement malade, je suis tellement "dans" cette histoire que je m'imagine que tout tourne autour.- La plus belle fille de Clé, blonde et fine, que nous admirions tant, nous les "petites" à nattes ! Elle le demeure pour moi, quarante ans après. Blues blues pourtant...
Un bon génie pourtant veille, Gérald m'appelle, coup de bol de me trouver puisque je ne suis jamais au Ranquet. Il va venir, joie. Il a déjà gagné pour Colonna, sacré Gérald, il n'a plus qu'à faire un troisième best-seller qui s'appellera "L'affaire Larrivé". Ce blog bien relooké-toiletté-mixé-clean afin qu'on n'y comprenne rien, replacé à Meaux version thriller réaliste France profonde, ça peut le faire... encore une chance que j'aie tout noté au fur et à mesure, on oublie si vite lorsque ça se bouscule. Il m'a remis la pèche, quoique ces histoires ne l'intéressent que par moi c'est à dire très peu.. Inattendue, après une vie de militance héroïque et de souffrances, cette embellie. Talent et humour pour une fois ont payé, à 60 ans. Et Michel J. qui disait et répétait qu'au delà de 40 ans on ne pouvait jamais percer littérairement, faux, Gérald le démontre ici magistralement. Peut-être est-ce exact en littérature classique ou pour des romances, mais pas dans le domaine essai politique. Il me tarde de le voir, Michel J. aussi. Toujours le blues pourtant, par moment. Souvarine, en somme.  
Le coup de blues est passé mais j'ai perdu la journée. Je me demande si je ne suis pas un peu droguée au café. Il faudrait une grève avec café et ça irait au poil. Après tout, why not? Il faut innover. 

DES CHIFFRES, L'ANGOISSE

Les chiffres qu'a calculés Robin m'ont accablée. Ils m'ont déjà pompée de 2337 E. Ce n'est que de l'argent mais aussi le symbole de.. je ne sais pas, de quelque chose en tout cas. J'y retourne requinquée mais cette journée qui est perdue l'est... 
Samedi 10 juillet

DJAMIL ET MONTE CASSINO

 
L'affaire commence à se connaitre bien, on m'aborde dans la rue pour me demander où ça en est... Et comme d'hab, d'autres histoires, poignantes ou drôles. Un monsieur dont la facture a doublé bien qu'il n'ait rien fait de particulier... et qui par ailleurs tente depuis 20 ans d'obtenir la nationalité française, en vain, il y a toujours un papier qui manque ou qui, à force de traîner dans des tiroirs, est périmé, ça fait comme les yaourts. Son père est cependant ancien combattant de 40 couvert de décorations, de ces soldats du corps expéditionnaire de Leclerc qui ont vaincu Monte-Cassino auquel les amerlocks avaient renoncé, considérant la forteresse comme inexpugnable... et ainsi fait sauter le verrou alpin pour libérer ensuite Rome en deux ou trois marches, on en parle si peu... Un exploit, lorsqu'on voit les lieux, monter chargé sur la falaise presqu'à pic, sous le feu des tours, tenter l'abordage.. tant de fois en vain, jusqu'au moment où enfin la défense fut percée... Le nombre de morts fut effarant et lorsqu'on lit leurs noms, ce sont presque tous des tirailleurs kabyles marocains habitués aux escalades de l'Atlas. 

LE GRAND PRIX DE LA CONNERIE


Il y a quelque temps, dans un troquet, devant des propos de comptoir anti arabes pénibles, j'avais fini par lever la truffe de mon manus et avais mentionné -sans agressivité- le sacrifice de ces soldats marocains qui a accéléré la fin du fascisme et en partie évité les bombardements dont les amerlocks étaient fans et ils arrosaient large. Silence gêné, puis une réflexion d'un gus emmerdé qui fera date dans l'histoire de la connerie:
-- Bon... oui, d'accord mais c'est pas d'eux qu'on parle puisqu'ils sont morts !"
Il ne faut pas en faire un cas général certes mais ça porte un coup tout de même.
Bref, Djamil, qui vit en France depuis 40 ans, qui y a travaillé tout le temps, élevé ses enfants qui tous ont fait des études n'arrive toujours pas à obtenir la nationalité française. Un article à faire tant c'est burlesque. C'est son but, il y tient, le racisme qui le touche de plein fouet le révolte mais sans colère pourtant. Cette nationalité, il y a droit et la veut. 
Il insiste sur l'impeccabilité de son cursus, celui de sa famille et de ses enfants ensuite, ce qui ne change rien pour les fonctionnaires zélés de la sous préf. Si on en demandait autant à bien des français, peu mériteraient de l'être.

MÉDIATEUR? NUL BESOIN, TOUT BAIGNE

Il propose qu'il y ait à la Mairie un médiateur avec des permanences régulières, il en connait un excellent qui autrefois l'a tiré d'affaire pour une histoire d'emprunt bancaire à taux variable -augmentant  bien sûr- qu'il avait signé sans lire car il ne lit pas très bien le français. C'est un ancien de la CGT. Il s'est proposé autrefois à St-Ambroix et a été blackboulé par les anciens. Un médiateur ? Ce n'est pas utile voyons, ici, tout baigne, c'est connu. On lui avait proposé, on l'a appris ensuite, une minuscule pièce sous la verrière -de la grandeur de mes chiottes- et il avait évidemment refusé.   
Note après coup : il sera également blackboulé par la nouvelle équipe. Redite, tout baigne, pas besoin.
Au restaurant, on parlait de moi tout à l'heure, j'ai cru à des moqueries, ce n'était pas le cas. Au contraire. 
Midi-Libre a fait paraître une excellente photo où on voit parfaitement l'adjoint tenter de me perturber pendant que je parle. Il est à 50 cm de moi, tourné vers moi et semble attendre impatiemment son tour comme à la poste. La distance cependant semble plus grande, fâcheux effet de perspective, dommage, en fait il est à me toucher. Demain l'article, parleront-il de la grogne ? De moi ? On verra.
Note après coup. Ils ne parleront de rien... mais d'un de mes livres, Chants philosophiques, qui n'a rien à voir évidemment.


Dimanche 11 juillet

Happening habituel, ça n'arrange rien. Midi Libre n'a pas parlé de mon affaire... ce n'était pas mal calculé de m'avoir conduite sous prétexte de négociations foireuses à arrêter "provisoirement" ma grève. Je voulais par principe rester devant la Mairie, Robin m'en a dissuadé, il voudrait feindre que les choses soient normales, on est en vacances, la vie est belle etc... j'ai eu le tort de céder, du coup, le journaliste qui parait-il m'est favorable ne m'a pas trouvée, n'a pu m'interviewer, d'où la même chose pour Henry etc...
Tout est donc à reprendre presqu'à zéro. Le fait est, si je ne me défend pas ou mal, ce qui est le cas depuis le début, une mairie de "gauche", pensez, ça bloque, ce n'est pas Midi-Libre ou Libé qui me défendront. Conséquence évidente, ce que Gérald me dit depuis le début, passer à la vitesse supérieure. Robin est contre mais à présent je suis en roue libre et les événements ont hélas montré que j'avais raison. Comment ai-je pu me laisser persuader d'arrêter, que tout ceci ne provenait que du hasard? 


MA CLÉ

Un événement marrant enfin moyennement au milieu de ce bazar : j'ai perdu ma clé d'ordi avec en sauvegarde, car je sauvegarde tout deux fois, disquette + clé, des textes bruts. Sans doute sur la plage de St-Victor avant-hier soir, Robin m'avait reproché la saleté du cordon, je l'avais enlevé et... aucun souvenir d'après. On est allés dans la nuit la chercher, en vain, impossible de passer, là aussi les bords de la rivière sont à demi privatisés puisqu'il y a une barrière et un écriteau dès que la guinguette est fermée, encore et encore. J'ai mal dormi. On y est retournés le matin, rien. Si quelqu'un la trouve, deux cas de figure, le plus probable, il efface et s'en sert perso. Ou il a la curiosité de la lire, deux hypothèses encore, ou c'est un jeune qui s'en fout, ou c'est un gus d'ici qui se bidonne, et là, deux cas encore, ou il le montre à ses copains pour se marrer et c'est tout... ou il l'uploade sur un site et c'est la merde. Acte manqué ?  Robin rit, moi pas. Je prie le Dieu du micocoulier que ce soit un touriste non francophone si possible... ou un honnête citoyen qui avec mes coordonnées me la rapporte. C'est arrivé à Robin à Paris, c'est comme ça qu'on a connu Mick et Tania. Mal dormi, presque pas.
Le Dieu du micocoulier m'a entendue, j'ai retrouvé ma clef, elle était dehors sur un fauteuil, Tess veillait à côté, c'est du sérieux, personne n'a pu y toucher, je vais envoyer à Gérald pour son étude et effacer.

DES GENS SIMPLES

Et puis triste, infiniment. Des enfants du quartier sont venus pour que je les ramène chez eux, ils revenaient de la rivière, étaient passés par le chemin de St Victor celui qu'on a défriché mais dont un tronçon demeure abattu, chemin qu'un riverain a tenté d'interdire.. mais ensuite tout à fait officiellement par la Mairie -bien qu'il n'y ait pas d'arrêté municipal qui serait illégal juste le fameux panneau foireux "chemin dangereux"-. 
L'un d'entre eux s'était blessé à l'œil. Le scoop, pour aller se baigner, ce qui n'est pas sans danger étant donné l'état de l'eau, ils étaient passés... par la propriété même du riverain "interdicteur" qui les y avait "autorisés"...! le seul accès facile de la rivière est cette propriété, les bords de la Cèze étant, là comme ailleurs privatisés et là me disant-ils, il y a des travaux, qu'est-ce que c'est encore ?

 " Des fois il veut, dès fois, quand y a le maçon, il veut pas" m'a dit innocemment un petit, précisant, "aujourd'hui, ils ont bien voulu, c'était gentil quand même!" De tout ce qui s'est passé aujourd'hui, cette réflexion candide a été le pire. On nous vole la baguette et de temps en temps nous octroie des miettes, encore cet enfant bien élevé a-t-il remercié. 
Note après coup. On peut en fait passer, l'interdiction à laquelle les gosses n'ont pas osé désobéir était provisoire, le temps de travaux sur la façade arrière de la bâtisse qui empiètent sur la voie publique -et définitivement-. Voir plus loin.
Il faut trouver un autre type d'action. Lequel ? Je subodore que lundi il n'y aura rien... aucune illusion là dessus, Robin en convient presque à présent, au moins cette grève aura-t-elle eu pour résultat de lui/leur avoir montré que je n'exagérais pas... et même que j'étais au dessous de la réalité. Le procès ne m'emballe pas, malgré tous les atouts qu'il a engrangés. Ca va encore davantage m'user, je sais.
Note après coup. C'est ce qui s'est passé mais ça ne m'a pas usée ou du moins pas trop, j'ai même appris beaucoup finalement -mais ça a pris plus d'un an- durant lequel j'ai été dans une gêne financière assez grave, juste de quoi me nourrir ainsi que -en premier- mes animaux. Robin et des copains m'ont aidée aussi. Et ça m'a appris à vivre autrement, d'un côté, ce n'est pas si mal (lien). 
Vu Gérald trois minutes, une conférence à Marseille, une autre à Aix etc... Déçue, plutôt. Il me dit pareil. On verra après avoir réglé ça. Il y a des gens qui comptent sur moi à présent et je ne peux plus reculer sans déroger, décevoir. Tant pis si je perds provisoirement des amis.

LE PAIN ET LES MIETTES
 

 Comme si de rien n'était, on est allés à la Roque. Et là on a compris la raison de la générosité inattendue du riverain. Empiétant sur la voie publique, des tuyaux, équerres, câbles électriques encombrent ... Il ne convenait sans doute pas que les gosses le voient ou ne se blessent et le disent à leur parents avant que ce soit fini. En revenant, un bruit d'eau soudain : de l'eau mousseuse venant de la maison se déversait dans le thalweg, est-ce la raison de la tentative d'interdiction, tout bêtement, c'est dans cette eau que nous nous baignions, quelques mètres en aval. Robin a pris une photo. Voir sur ce blog.
Note après coup. Ce n'est pas un cas unique, c'est même relativement fréquent, partout, mais il est rare que le ruisseau donne aussi directement dans la rivière et aussi directement sur un endroit profond de baignade. 

Lundi 12 juillet 2010

Moral revenu d'un bloc, étrange, cette grève m'a laissé dans un drôle d'état. Le fait d'avoir dormi dans une pièce fraîche voûtée, celle de Marguerite, son âme doit flotter quelque part ici ou tout bêtement d'avoir désépaissi mes cheveux qui me faisaient chaud... Redite, nous sommes un assemblage biochimique de molécules. A savoir pour ceux qui voudraient faire la même chose, une  grève de la faim n'est pas anodine -ce que je croyais-, même trois jours et pas totale.  A moins qu'il ne s'agisse pas de cela mais de tout ce qui va avec, l'accumulation de stress, les discussions oiseuses etc..

 Appelé les notaires pour la parcelle dont on a signé -et en partie payé- la promesse de vente, l'acte devant être prêt un mois après, dix mois d'attente, décidément, pour acheter une terre qui a coûté 50 Euros, c'est plus complexe que pour Malakoff - réglé en une heure, accord, signature, les vendeurs étaient aussi satisfaits de s'en débarrasser que nous de l'acquérir, convocation une semaine après et barka.- C'est peut-être normal. Redite: ce qui prend un mois ailleurs en prend dix ici : le temps à St-Ambroix n'est pas une grandeur mesurable avec les mêmes outils qu'en physique classique, il varie avec, non pas la vitesse mais avec beaucoup de paramètres vraiment très sophistiqués... théorie de la relativité à revoir ici.  Je ne vais certes pas leur reprocher d'avoir perdu des papiers, mais tout de même, une administration, des pro sérieux largement payés, on ne s'y attendrait pas... Ca me rassure presque si c'est le cas.

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