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dimanche 7 mars 2010

Extrait. Excision, souvenirs de Martigues, (Aminata Traoré)

[Je parle d'une femme âgée, veuve de mineur, dans une situation apparemment dramatique (?) qui m'a agressée verbalement -cas unique- parce que "je suis riche" -pour faire vite-.]

... Ce sont souvent les gens les plus mal en point socialement -je m'inclus malgré tout de part mon inaptitude à certaines choses, même si elle est compensée par une aptitude pour d'autres- qui parfois sont les pires -je ne m'inclus pas- par défaut de réflexion. "Les gens se battent pour leur esclavage comme s'il s'agissait de leur liberté" -et surtout pour l'esclavage des autres une fois qu'ils s'en sont sortis*-, les femmes surtout. On l'appelle à présent le syndrome de Stockholm. Il faut bien un nom.

* http://tziganes2.blogspot.fr/2012/09/pour-la-premiere-fois-des-habitants.html




EXCISION


Souvenir de combats sur l'excision, de cette conférence à Martigues sur les droits de l'homme où on m'avait invitée pour "Noces kurdes" et du bottage en touche de cette belle femme noire, ministre de la santé venue en star, arrogante, qui refusa de donner sa position sur la "question" -j'étais blanche et "spécialiste" (!) de la question kurde, je débordais du sujet, de mon sujet-... pour gloser, elle, presque une heure, sans doute pour occuper le temps... sur l'injustice impensable qu'il y avait à ne pas considérer l'École Normale Supérieure de Bamako au même titre que celle de la rue d'Ulm ou même de Cachan voire Fontenay, pur scandale etc... Une vague envie de lui répondre que s'il n'y avait pas d'équivalence, c'était parce qu'elles n'étaient effectivement pas équivalentes, mais j'aurais aggravé mon cas. N'empêche, lorsque je suis partie en colère, des femmes noires m'ont suivie discrètement jusqu'à mon stand pour dénoncer (mais en "privé) l'excision et parler de leurs luttes; aucune pourtant n'avait osé répondre à la place de leur ministre qui résolument refusait même de me voir, moi la toubab contestataire. Les politiques, toutes couleurs confondues de Bamako à Saint-Ambroix se ressemblent.
Excisées, elles l'étaient pourtant ces femmes, comme leur ministre sans doute, comme 93 % des femmes maliennes, mais motus. Plus de plaisir, accouchements souvent mortels, les tissus trop rigides, des bébés morts au passage de temps en temps etc... mais motus. Ici, le peu de pouvoir qu'on a concédé à "beaucoup-de-bruit-pour-rien" [note, une femme issue de l’immigration pauvre qui a été nommée "chef" des HLM du village, qui tyrannise tous ses ex "collègues" plus démunis encore] la met au rang de cette belle ministre africaine en boubou qui défendait ceux-là même qui l'avaient, elle, excisée. Élection obligent.

[Note. Aminata Traoré, à ne pas confondre avec l'auteure d'une autobiographie, justement contre l'excision! si elle n'a pas pris position sur ce point douloureux, en a par ailleurs pris par la suite une bien plus utile en faveur.. du sanglant dictateur Zimbabwéen Robert Mugabé (celui qui a conduit son pays à la ruine et le peuple à la faim) que Kouchner qualifiait d'"escroc assassin", bottant encore une fois en touche [art qu'apparemment elle possède à fond] ; tout comme l'excision "économique" (sic) est bien plus grave que tout ce que ces "donneurs de leçons" invoquent pour donner de la femme africaine une image misérabiliste bla bla bla.. la faillite du pays serait due non à la corruption de son Président mais aux pays occidentaux, à leurs propres manquements et de toutes manières ceux qui se sont engagés dans la guerre contre l’Irak n'ont aucune leçon à donner au peuple d'Afrique qui bla bla bla.. Un art en effet, le coup de l'excision économique, il fallait y penser.]

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