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dimanche 28 février 2010

Extrait : le respect, le sacro saint respect, merde!!!



RESPECT 

[Un événement imprévu rigolo : des jeunes assis à une terrasse parlent ouvertement des dysfonctionnements de l’équipe municipale, autoritaire, formée d’happy few qu’on ne peut même rencontrer. Visiblement ce sont des élus secondaires –des gens qui ont été mis sur une liste pour faire poids et que les chefs ont laissés sur le bord du chemine une fois élus, "out la gentuzza."]
J'écris -sans me cacher aucunement, je me suis même retournée pour la wifi qui passe mal... et surtout me faire voir, gênée de capter une conversation dont je ne sais si elle m’est destinée (en fait, elle l’est bel et bien puisqu’ils continuent, un peu plus fort encore.) C’est une sorte d’interview "sauvage" qui n’en a pas l’air, significative du reste de l’ambiance du village où on ne parle pas (ou du moins n’écrit pas) directement mais d’une manière étrange, détournée. Je suis en ce moment une simple caméra qui filme et restitue et ça me va bien.
Donc je ne les gêne aucunement, au contraire. Mais je dois en déranger d'autres. Voilà justement qu’un commensal [qui du reste n'est pas partie prenante de la conversation... donc "hors sujet"] m'aborde directement, un beau mec que je connais un peu... Il observe que les mots sont dangereux, ce que j'approuve hautement. Et qu'écrire... bon... c'est bien (merci Monsieur!) mais qu' "il faut être respectueux". Il ajoute que lui "me respecte, il me faut faire de même" etc... Visiblement, il est question du blog et il veut me parler. Je lui dis que je lui répondrai s'il veut bien après car la batterie de mon portable est basse. Et je me rencogne.
Le respect ! Mot ambigu dont on nous rebat les oreilles. On entend tellement en banlieue "tu me respectes, je te respecte"... Comme si ce n'était pas l'évidence [et justement ça ne l'est pas chez certains, la preuve.] C'est clairement un mot à fonction de clôture. "Je vous respecte", la profession de foi est suspecte : dire à quelqu'un "je vous respecte" est supposer que je puisse ne pas le faire... c'est-à-dire que je sois en position de ne pas le faire. C'est comme dire "je vous laisse la vie"... comme s'il fallait en savoir gré à celui qui a consenti à vous épargner. Comme si cela requérait un remerciement ou plus exactement une allégeance, une reconnaissance, comme s'il s'agissait d'un épiphénomène. [Un épiphénomène est quelque chose d'aléatoire, qui peut être ou ne pas être.]
Autrefois, le respect s'entendait vis à vis des femmes en un sens désuet, les respecter, c'était ne pas les draguer, ne pas tenter même soft de coucher avec, ne même pas y songer... quand il est évident que les mecs quels qu'ils soient pensent d'abord à cela, certes sous forme hypothétique, un flash, une vague idée, parfaitement perceptible cependant, l’œil s’allume, c’est "mm peut-être ça serait bien" puis il s’éteint "non pas possible" etc.. ou demeure allumé, ça dépend.
Coucher serait-il manquer de respect ? Honteux ? la notion de respect serait-elle antinomique du désir ? Notons qu'en ce cas, le mot s'applique toujours aux femmes, jamais aux hommes. Respecter "quelqu'un" en fait ne veut rien dire... ou pire, dit le contraire de ce qu'on prétend. On respecte -peut-être- une idée... c'est à dire qu'on la prend en compte et on l'analyse... une religion -encore que...- mais pas un homme ou une femme parce que son altérité est la mienne vis à vis de lui et que c’est l’évidence. Par définition, l'humanité en lui/elle est identique à celle qui est en moi et je ne peux que la reconnaître sous peine de m'annuler moi-même.
Ce concept se conçoit en temps de guerre où précisément la vie humaine n'a aucun prix, c'est un concept guerrier, par exemple un militaire décide de "respecter -la vie- de son prisonnier" c'est à dire de ne pas lui coller une balle alors que ce serait plus simple. Mais en temps de paix -relative- ça n'a aucun sens. Ou alors cela implique que nous soyions en "guerre". [Et justement ces jeunes de banlieue se sentent en guerre permanente.]
Une observation : l'écriture -et la philosophie- effraient comme une photo prise au flash lorsqu'on est âgé. Voir, se voir noir sur blanc avec des détails que l'on ne connaissait pas ou que l’on devinait à peine de soi pourtant ! est à la fois jouissif -on est important pour celui qui vous a pris comme modèle et si le tableau est diffusé, on existe pour tous soudain- et angoissant : que suis-je dans le regard de l'autre ? va-t-il me tacler ? et comment me défendre ? je suis moche par exemple etc.- C'est comme regarder ses "signalements" sur le net. Ça monte. Qu'est-ce qui se dit de moi, sur moi, qui a plu ou déplu et qui le dit ? Jouissance ambiguë. On  devine... mais on a des surprises parfois.
Il est clair que lorsqu'on pratique mal l'écriture, on est plus vulnérable, encore que sur le net n'importe qui peut écrire et répondre (et lorsqu'on voit certains "posts" sur des forums, souvent de jeunes, personne n'a de complexes à avoir, il est difficile de faire pire.)
Puis je vais récupérer mon panneau... et lorsque je reviens, je gare la voiture, et, un peu culpabilisée, m'adresse comme promis au monsieur qui parlait de respect pour lui dire, puisqu'implicitement il me demandait ce que j'écrivais, que j'avais justement réfléchi à la notion de respect qui me semblait ambiguë. Et là, un jeune -un ex militaire- qui venait d'arriver précise à ma place qu'en effet, lorsqu'on parle de "se faire respecter" à l’armée, ça signifie casser la gueule à l'autre. Euréka, je sentais bien qu'il y avait une idée qui me faisait défaut, la voici, il me la livre sur un plateau. Le concept n'est pas égalitaire. C'est un geste qui va du haut vers le bas tout en se donnant pour l'inverse. D'une arrogance infinie et sournoise. C'est pour cela qu'il exaspère. Bien sûr que l'on me respecte, il faudrait beau voir qu'on ne le fît pas! Ouf, le jeune a bouclé ma réflexion et je me sens aussi bien que lorsqu'on a résolu une équation. 

Mais le monsieur "au respect" pour qui la réflexion était partie*, pendant ce temps, devisait avec un voisin, dommage, soudain ça ne l'intéressait plus. C'est incontournable, la philo parle pour ceux qui sont en phase et capter ceux qui sont en parallèle est difficile, j'ai dû mal m'y prendre. Tant pis. Cela m'évoque la réflexion de Rabaud Saint-Etienne après l'édit dit de "tolérance" pour les protestants et les juifs : "je ne veux pas être toléré." Être toléré est blessant, on ne tolère que ce qui est intolérable ou au minimum dérangeant, par grandeur d'âme tout comme on respecte ce qui pourrait ne pas l’être. Laurence, raciste, dont le français était plus qu'approximatif ce qui l'excuse en partie, ne m'avait-elle pas dit un jour d'amabilité qu'elle me tolérait à présent ?!? (Qu’elle me respectait, sous entendu "même si j'étais une goy", je devrais écrire "si je n'étais qu'une goy".) 

Ma colère est montée soudain, a débordé, j'ai immédiatement eu envie de lui coller une baffe : mais pour qui se prenait-elle cette sotte, inculte, sans envergure ni surface intellectuelle, et pour qui me prenait-elle, moi ? et j’ai instinctivement retrouvé les propos de Rabaud : "Merde, je ne tolère pas qu'on me tolère." Souvenirs obscurs..  

* En fait, il faisait allusion à un passage de ce journal au jour le jour d'une grève de la faim dans lequel je me moquais de certains élus (ou ami de) qui ouvertement déploraient en public (c'est pourquoi je m'étais permise d'en faire état) de ne pas avoir obtenu de passe droits pour autant, (ou que d'autres en aient bénéficié et pas eux!) : naïf et révélateur de la manière dont certains envisagent la gestion d'un village, toute "naturelle". J'avais supprimé ce passage ensuite. 

samedi 27 février 2010

Extrait. Sadisme, la stroumpissime. Aimez-vous humilier les autres?

[Contexte: en grève de la faim, j'occupe le parvis de la mairie de St A. -voir ici- avec affiches et pétition que je donne aux gens. Juste à côté de ma voiture-lit ornée de panneaux, une terrasse de troquet où le patron m'a laissé une table sur laquelle j'ai déposé tracts et articles de journaux. Ce jour-là, des amis venus me soutenir parlent aux passants.] 

UNE "PSEUDO" ? ENTRETIENS D'EMBAUCHE, ARCHÉTYPE
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Et c'est le "drame" – et cependant je n'en suis qu'à mon deuxième jour-: une femme m'a ''eue'', je m'en veux encore. Haut fonctionnaire aux impôts à Nîmes (?) annonce-t-elle tout de go, l'air de celle qui va définitivement trancher mais exige preuves sur preuves... et surtout allégeance, c'est Saint-Louis en personne... et cependant je ne le vois pas venir : elle est minuscule, plus très jeune et semble fatiguée, une fonctionnaire cadre des impôts, pensez. Elle commence par la litanie habituelle de questions (jusque là c'est normal)... mais comme si elle constituait un dossier à étudier ensuite, le ton sec, assertorique, celui de celle qui sait et tranche. Et ce sont les remarques habituelles, cadre des impôts ou pas, pourquoi n'ai-je pas...? Et où suis-je allée.. ? Qui m'a dit que..? En salve serrées. Petit à petit, ça s'infléchit encore, ses questions deviennent franchement inquisitoires et méprisantes, elle "doute" de manière déplaisante de ma facture ''ce que vous dites est impossible Madame, faites attention vous vous discréditez''... et me fixe carrément comme si je voulais lui vendre du poisson pas frais... Mais lorsque je la lui montre, elle regarde à peine et balaie d'un geste agacé le document que je lui tends ("je n'ai pas mes lunettes").. tout en continuant avec ses questions. J'aurais dû briser là, une erreur (je suis fatiguée, et puis je veux voir.)

Je joue donc le jeu : après tout, c'est vrai, l'histoire est loufoque. Mais elle me coupe sans arrêt ("précisez"), me reprend sur un terme qu'elle feint de ne pas comprendre, faisant mine de confondre mensonge et erreur de vocabulaire (quand je dis la même chose et plus clairement) me recommandant d'éviter de "dire ce qui n'est pas vrai'' ... et s'enquiert soudain d'un ton de procureur de qui m'aurait dit que... (sous entendu ''je vais voir ça de près, ça va chauffer''). Puis, sans me laisser le temps de répondre, elle ajoute ''la concierge je suppose?" Je réalise soudain que je ne sais pas réellement à qui j'ai à faire, peut-être une mythomane déséquilibrée, une employée qui singe un patron qu'elle déteste, qui sait? (avec le recul cela semble plausible, les ''vrais'', modelés par études et concours se montrent en général modestes, polis et naturels, comme Albin*) mais dans le doute, je lui réponds en rigolant que c'est en effet la femme de ménage, pas question de mouiller qui s'est mouillé pour moi... Elle lève les bras au ciel et m'assure qu'elle ne ''voit pas ce qu'elle peut faire pour moi'' et je la plante enfin en rétorquant qu'elle ne fasse surtout rien... Elle s'en va a regret, satisfaite pourtant -elle a obtenu ce qu'elle voulait, me faire craquer- en me lançant avant de tourner les talons que mon "agressivité ne plaide pas en ma faveur", du reste elle va se renseigner elle-même sur moi car "de mon fatras tendancieux et embrouillé, on ne peut absolument rien tirer.." Se renseigner... sur moi ? La menace à présent...

Mauvaise foi, ("je n'ai pas mes lunettes"), tentative d'esbroufe, (''je vous dis que ce n'est pas possible"), harcèlement (''pourquoi ? Non ça ne se peut pas. Comment ? Je vous dit que c'est im-po-ssi-ble''), mégalomanie (''je ne peux rien faire pour vous''), oui ça peut être une administrative ... mais de quel grade? les subalternes parfois copient leurs chefs avec juste un peu plus d'outrance odieuse pour faire poids, tels la mère Riquet au Rectorat que tout le monde prenait pour ma chef quant c'était l'inverse. Un jeu de rôle ici peut-être?
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AIMEZ-VOUS FAIRE DU MAL AUX AUTRES?
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Je retourne à la table.. et je craque devant Djamil et Robin. Il y a des gens qui jubilent d'une souffrance ou d'un simple embarras chez l'autre et l'accentuent encore.. (parfois, sous prétexte de les pallier.) Les paumés sont leur gibier de prédilection, ils les reniflent comme un chien un os pourri enterré (et succulent), ils vont pouvoir jouer leur aria sans risquer grand chose. S'ils se lancent dans le social, et cela arrive, ils peuvent alors faire des dégâts. La frustration, un tempérament particulier?
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Souvenirs. Lorsque j'avais été contrainte de passer l'entretien préalable au stage de proviseur -en fait je l'étais déjà malgré moi et m'ennuyais comme un rat mort- j'avais comme tous subi d'étonnantes questions de la part d'un aréopage au visage fermé assis autour d'une table en U, moi devant.. Une série rapide: ''aimez-vous l'autorité? humilier les gens ? Détestez-vous cela? Quel effet cela vous fait-il de refuser quelque chose ? Plaisir ? Gêne ? Tristesse ? Rien? Vous n'êtes donc pas émotive? Appréciez-vous que les gens insistent ? Cela vous fait-il perdre vos moyens ou au contraire vous stimule?... Seriez-vous capable volontairement de militer pour une injustice ? Comment ? Jusqu'où iriez-vous? Combien d'enfants avez-vous? De quel âge? Fille ou garçon? Quelles sont vos qualités? Vos défauts? etc etc..'' Je n'ai jamais su quelles étaient les bonnes réponses mais on pouvait deviner le pire et ça m'avait laissé un goût amer. Comment pouvait-on même poser de telles questions? j'avais fini par me marrer ouvertement... ce qui avait eu l'air paradoxalement de séduire un des hommes mais de rendre furax une femme du type de la stroupissime qui, arrivée en retard, m'avait coupée sec (sur mes "défauts", je pointais l'autoritarisme à quoi j'ajoutais que "comme tout, c'était aussi une qualité et que les termes étaient spécieux"). "Comment savez-vous que vous êtes autoritaire?".. D'autant plus libre que je ne voulais pas être prise, je lui avais lancé en souriant "comme vous êtes arrivée en retard, vous n'avez pas entendu que je disais au début : j'ai une fille de 13 ans qui est comme tous les ado un véritable radar détecteur de mes abjections diverses"... Certains avaient ri, elle avait marqué le coup ; le mec à côté d'elle avait eu l'air enchanté. Sa haine envers moi (ou envers tous?) déjà palpable, s'était accrue. "Au fond, vous voulez échouer?" m'avait-elle demandé ensuite, exaspérée. "S'il faut répondre comme je le pense à ce type de questions, le problème ne se pose même pas, c'est oui.".. "Mais comment savez-vous ce qu'il faut répondre?".. "Le fait même de les poser représente une insulte ou une plaisanterie, je ne sais pas.." De plus en plus ulcérée, elle avait voulu me faire sortir mais le gus s'y était opposé d'un geste de la main, apparemment c'était le chef, et lui avait parlé à mi voix, j'ai eu peur d'avoir été "reçue"... 
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Sans doute dame-des-impôts a-t-elle subi avec succès ce genre d'épreuve ? La joie d'humilier l'autre ou pire, de feindre qu'il s'abaisse... le plaisir de le voir se dépêtrer dans des difficultés insurmontables (ou minimes) en restant sur la berge tout en haut au sec et de le tancer en faisant mine de le conseiller, de faire comme s'il requérait un service perso -à examiner, à peser- quand on sait fort bien qu'on ne le lui rendrait pas même s'il le demandait et si c'était possible, est-ce naturel ?  Il y a environ une personne par jour de ce type sur cinquante ou davantage, 1/50 c'est peu mais il ne faut pas qu'ils se chevauchent ni être trop crevée. Nietzsche parlerait de frustration sexuelle mais c'est un obsédé. N'empêche, me voilà fragilisée en une journée seulement. L'absence de nourriture, évidemment.
 
Puis le reste est OK. La plupart des gens contrairement à la stroumpissime pigent vite, ahuris tout de même de la démesure de mon affaire ("4000 Euros d'eau pour 2 mois, merde"). Tous signent. Je m'en veux; il faudra m'endurcir. J'aurais pu et dû la virer dès qu'elle a refusé de lire ma facture après avoir affecté d'en douter. Une pauvre femme au fond, sans doute épuisée, usée, frustrée pour je ne sais quoi, malade peut-être? Son allure même aurait dû m'interpeler, il faut se méfier des moches ou de ceux que la vie a bousculés, j'écris comme un cochon, je n'en peux plus. Ne pouvant séduire, il arrive qu'ils optent pour la haine, au moins on se souviendra d'eux, la preuve, j'ai consacré tout une page à ce personnage sans intérêt pour la lutte que je mène. Cette rancœur qui les étouffe et les torture, il faut bien qu'ils la libèrent, un signe, leur logorrhée, leur manière de couper, de refuser d'écouter, il faut qu'ils se vident et toute présence effective de l'autre leur est insupportable, ça leur fait rater l'orgasme qui peine à venir. Lorsqu'ils l'ont poussé à bout, c'est le top, ils tiennent enfin ce qui va les justifier, sa dégradation (c'est un mauvais coucheur stupide qui mérite une leçon : "votre agressivité ne plaide pas pour vous"..) Là ça se voyait dans son regard soudain satisfait.. et furieux lorsque je l'ai congédiée, sa proie lui échappait. Ma culture aussi peut-être? se faire une pointure est plus difficile mais plus jouissif que les clients habituels, qui sait? Autre chose; je suis incontestablement mieux physiquement qu'elle (sans forcer) et visiblement avec deux mecs et pas de plus moches quand elle est seule. Tout cela peut-être qu'il fallait me faire "payer"? Il faut dormir, me reposer, elle m'a épuisée mais appris ce qu'il ne faut pas faire.
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