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vendredi 5 mars 2010

Extrait. Les généraux de la militance et la piétaille, l'élite et la lie.



Extrait de "Journal d'une grève de la faim au jour le jour". 

  
BERTRAND, INVERSION DE

LA CHARRUE ET DES BŒUFS


... Des gens qui signent aussi [la pétition]... beaucoup certes. Bertrand [un militant du revenu minimum d’existence pour tous venu me voir, attiré par un article] propose de faire l'intermédiaire et de me relayer sur la table, [où sont les tracts] avec d'autres copains à tour de rôle. Ouf. Merci.


Note après coup : en fait, ce sera un échec, mon histoire, ma grève de la faim semblant pour lui plus un tremplin propulseur de son groupe qu'autre chose et l'intellectualité extrême de ses tracts "rendre les choses transparentes et l'invisible visible, être contre c'est supposer que l'on puisse être pour, il faut donc être ailleurs.." -Illich, OK-.. rebutait les gens, Saint-Ambroix n'est pas Paris.


Le problème des militants pro est qu'ils prennent parfois les choses à rebours. A partir d'une idée générale ou d'une théorie -parfois justes- ils initient ou rejoignent un groupe qui les promeut ; et pour le faire prospérer, se mettent en chasse de gibier.. c'est à dire des gens qui pâtissent sans souci réel de ceux-ci en tant qu'individus alors que la démarche des quidams de base est à l'inverse de partir des faits, des gens, souvent rencontrés par hasard et de participer si peu que ce soit à leur résolution au coup par coup -élaborant parfois au fur et à mesure une théorie-... Partir de la pratique pour fonder au fur et à mesure la théorie. Il y a là toute la différence entre opportunisme et sincérité, même si entre les deux s'étire un arc en ciel de nuances intermédiaires. Certes les "bons" militants savent s'adapter mais la majorité d'entre eux, suiveuse plus que créatrice, plaquant le cliché sur le réel, écrase souvent ceux qu'elle prétend défendre. Et tend parfois à exiger dogmatiquement des victimes qu'elles suivent telle voie et surtout pas telle autre politiquement non conforme, comme les médecins de Molières qui préfèrent à un patient qui guérit hors des règles celui qui meurt dans les règles.


Note après coup. 

Cela est à pondérer, il y a en fait de multiples variables, tous ne sont pas tirés au cordeau et ceci concerne surtout les suiveurs toujours un peu dogmatiques, mais ici, la lassitude devant ceux qui ont cherché inconsciemment -ou pas- à m'utiliser en prétendant me venir en aide a fini par m'agacer.


Par la suite, apôtre de la transparence, il sera le seul de tous ceux que j'ai vus ou interviewés à me demander de ne surtout pas parler de lui. Mais seule la vérité est révolutionnaire, Illich.



Toute structure militante, politique ou informative, même si elle se donne pour mission de promouvoir la justice, contrôler la démocratie, soutenir les exploités etc... le syndicalisme par exemple, se montre inéluctablement inopérante lors d'une lutte nécessaire spontanée, non prévue par sa déontologie, ce qui est le cas de toutes celles qui sont intéressantes, mouvance sociale oblige. Une structure militante veut maîtriser l'événement et non s'y soumettre, ce qui la rend à la fois "active" -à vide- et inutile. Très vite elle dérive en spectacle-esbroufe, s'usant en des actes symboliques sans portée, diffusion de tracts -que peu lisent- réunions le samedi, meeting -et préparation!-, grèves d'une journée... sans agir sur les urgences au quotidien, ne pouvant s'adapter aux événements -qui ne s'encadrent jamais parfaitement à ses prospects, ce qui est le fait de tous-. Si bien qu'oubliant son engagement initial, sa priorité devient elle-même en tant que structure. C'est ainsi qu'elle se discrédite, se folklorise y compris vis à vis de ceux qu'elle est censée "défendre". Aucune structure n'échappe à l'autarcie qui la coupe de ceux qui l'ont fondée et de ceux pour qui elle est théoriquement constituée. Exemple, la plupart de ceux qui ont signé la pétition sont des gens sans ligne pré tracée, cap à tenir, arrière pensée; ils l'ont fait en un mouvement évident et spontané de solidarité et/ou de confraternité dans l'exploitation. De cela, les militants ne semblent parfois pas capables. C'est pour cela qu'ils sont coupés de l'ensemble jusqu'au rejet : ils ne sont jamais où on les attend, là où ils seraient nécessaires, et occupent un espace où ils encombrent, surnuméraires, superflus et redondants.

D'où la futilité-rigidité de leurs engagements préformés... et leur indifférence pour des choses graves DEVANT EUX auxquelles, même symboliquement, ils ne réagissent pas... Ce que je leur reproche comme à tous les politiques même les meilleurs, c'est, devant quelqu'un qui par exemple fait une grève de la faim, de se demander ''qu'est-ce que ça va nous apporter... ou nous coûter ? si... si ça marche ? Si ça foire ? Silence et attente, on verra bien après -or, dans le cas d'une grève de la faim, un jour, une heure, une minute comptent.


Ils semblent incapables de faire CE QUE FONT SANS Y PENSER LES GENS SIMPLES, ''NORMAUX'', j'emploie le mot à dessein, formatés de telle manière que l'événement imprévu -jamais tout d'une pièce- ne les atteint plus ou trop tard... de privilégié la ''ligne'' c'est à dire l'idée sur le réel au point de ne MÊME PLUS VOIR LE RÉEL, obnubilés par l'idéologie et la "stratégie" qui va avec. Pour des marxistes dits matérialistes soi-disant dialectiques, c'est un comble ! une erreur philosophique devenue faute éthique. Et en principe, ce ne sont pas des cons.



Entre celui qui ne ''signe'' pas une pétition parce qu'il a peur pour son job ou son permis de construire et le militant toujours sur la brèche qui fait de même, il n'y a sur le plan pratique AUCUNE DIFFÉRENCE, même si les raisons du premier sont mesquines et celles du second, fautives mais de bonne foi. Exemple : depuis mon ''histoire'', je reçois toujours des mails groupés d'amis parfois très proches, militants très pointus -que je n'ai plus le courage de lire en entier- sur telle question, le PLU, une charte citoyenne votée, merveille, à l'unanimité (!) une lutte pour le statut des communes etc... et, sauf un cas, ABSOLUMENT RIEN, MÊME PAS DE QUESTIONS... SUR LA GRÈVE QUI ICI AGITE UN PEU TOUT LE MONDE, MÊME LES PLUS DÉSENGAGÉS... et cependant il y a lurette que je leur ai fait passer à tous le blog, en réponse justement à des messages groupés. Un silence assourdissant. J'ai même eu droit au menu alléchant d'une fête quelconque.


Sur le plan de la lutte pratique, je m'en passe, 250 signatures à ce jour et encore j'oublie souvent de donner la pétition mais l'image qu'ils donnent est celle d'une structure frigide absorbant en vain l'énergie des meilleurs d'entre nous... les rendant incapables de s'engager en dehors de procès bureaucratiques symboliques systématisés, structure qui accapare et castre les plus combatifs. Pendant qu'on débat en commission et/ou signe -ou pas- une charte, qu'on pinaille sur tel article, on occulte les petites ''affaires'' et leurs victimes pour le plus grand confort de ceux qui en bénéficient. Injuste et surtout contre productif: tout comme le public -c'est à dire moi actuellement- est davantage révolté par les petits tireurs de sac qui nous pourrissent la vie que par les combines d'un ministre... [ici cette "affaire'' est un paradigme] ils passent pour des guignols, incapables de télécharger deux fichiers à la fois.



Le public est par définition ''people'; ces tracts distribués en pleine cagne le mardi par des dévoués rouge vif, je parle de leur tête, combien et qui les lisent ? Les militants! ça tourne à vide, ils se lisent eux-mêmes et encore pas toujours. L'avantage de ma situation est que je suis devenue "idiote" et que dans ce stress intense, je me fous également -provisoirement- de telle charte car CE QUI ME TOUCHE DE PRES, MOI ET BIEN D'AUTRES me/nous bouchent l'horizon. Les militants au contraire, les yeux fixés sur une ligne de fuite reculant sans cesse, trébuchent sur une ornière qui bée à leurs pieds... et se brisent les pattes. Qui trop embrasse mal étreint.



Une signature, un mot, un coup de fil -là je rêve-... Trop tard, c'est trop tard, les engagements juste avant la ligne d'arrivée sont suspects et il est hors de question que quiconque récupère ce que j'ai fait avec l'aide de braves sans malice comme moi qui ont vu leurs factures d’eau tripler et à qui on a dit comme à moi ''cela sera payé d'une manière ou d'une autre, il n'y aura aucune dérogation, pour qui vous prenez-vous.. etc" alors même que les compteurs sont en panne (le mien notamment, c'est attesté.)

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