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vendredi 10 septembre 2010

Le blog sans images partie 8

Mercredi 18 août 

Rencontres encore... beaucoup, mais moins qu'hier.. des gens d'"ici" que j'avais aussi perdu de vue, pas mal...
Et surtout deux : un monsieur des Mages [village avoisinant] qui pige au quart de tour, agréable, enfin. Il pense -et a peut-être raison- qu'un adjoint a fait la "boulette" intentionnellement, le maire serait dépassé par une tache trop lourde pour lui et en effet ne "verrait" pas tout passer. Ce n'est pas la première fois qu'on me suggère ça et j'y avais déjà songé. Possible, mais ça ne change pas ma position. Je lui donne les blogs.
Et un jeune avocat -en vacances- qui -forcément- milite pour un procès... auquel je répugne encore et se propose de me défendre gratuitement tant il est écœuré. Ça met du baume au cœur, dommage qu'il ne soit pas d'"ici" et qu'aucun d'"ici" ne se soit intéressé à l'affaire, en "or" selon lui. Le net, il m'aidera sans doute de loin. La meilleure chose qui me soit arrivée en un sens.
J'ai arrangé l'affiche, maintenant, je suis rodée, j'ai le "chevalet" bricolé, assez classe, et je peux aussi porter les panneaux devant -et derrière- moi, ils sont légers, ce sont des toiles que je compte bien réutiliser lorsque l'affaire sera finie, femme-sandwich je suis devenue. Les gens lisent mieux que sur le péplum. Et on ne peut pas les enlever... ce qui a été tenté deux fois pour celles apposées devant la Mairie, par l'adjoint estois et par le maire. -Ils l'ont seulement posée sur la tranche par terre derrière l'escalier-.
Simple, je les mets sur moi et n'ai plus qu'à m'asseoir à l'endroit où l'une était posée... et là, il faudrait alors m' "enlever" moi-même avec le panneau, ce qui est difficile à réaliser.. mais pas impossible. Gaminerie... si on veut. Mais pas seulement.
Les copains ont débouché les écoulements, ouf, on peut presque se laver rue Désiré, mais avec un filet d'eau seulement. En fait, il a fallu percer pour faire d'autres évacuations, celles d'origine étant définitivement HS par la faute des maçons. A présent, il va falloir repeindre les murs et les plafonds d'en bas, qui ont bu toute l'eau déversée du lavabo-évier du premier... avec la soude que Cris avait mis dans les tuyaux...

LES RROMS, ET LE RACISME
DE GENS DE GAUCHE
Jeudi 19 août

Pour que ces histoires n'obèrent pas l'horizon, au moment où Sarko se déchaîne, un blog sur le génocide des "roms"... qui a eu un succès immédiat (lien) ... et une réponse d'une amie journaliste qui souhaite rattacher l'affaire à la région. En fait, ce nouveau blog y est directement relié... et très exactement à mon "affaire", plus "local" ça ne se peut pas. Voici ma réponse à Isabelle Jouve, de "La Marseillaise" [note du 20 août : qui a fait aujourd'hui une page pleine dans ce journal.]
"Si j'ai fait et envoyé partout ce blog, c'est parce que nous avons ici justement des roms qui viennent d'arriver... vêtus à la roumaine pour les "anciens", qui mettent de la couleur mais justement ! un peu décalés par rapport à St-Ambroix.. Là, on a un cas de figure rare : ils vivent certes dans des conditions précaires comme tous leurs frères... mais aussi paradoxalement quasi "luxueuses", je m'explique: on leur a attribué, il semble que le maire y ait été contraint, une ancienne filature récemment rénovée, sans doute grâce aux subventions qui obligent les proprios à louer au tarif HLM ensuite, mieux que confortable, terrasses sur la rivière, balcons-loggias voûtés, le tout parfaitement restauré... ce qui a généré ou renforcé un racisme évident, y compris de la part de gens tout à fait nickels d'habitude, tes lecteurs même... Autrement dit, des gens qui ne sont jamais ainsi tiennent parfois sur eux des propos racistes. Un passage de ce blog est à lire à cette lumière. Et là ma réserve me dessert, tant pis, foutue solidarité politique que je romps ici à demi. Biz. Hélène."
C'est fait. Avec les précautions d'usage, il s'agit d'amis, de Mme.. non décidément, je n'y arrive pas.
Jour J. moins 1 pour Gérald qui arrive le 20. Bonne journée, le blog sur les tziganes marche bien... d'où réveil aux aurores, je veux dire vers 10 heures. Des félicitations, du coup, j'ai rajouté ce que j'avais shunté, la réaction, rien moins qu'amène -et je suis sympa- de certains ''gens de gauche'' contre les "roumains"... Parmi ces soi disant roumains, une femme d'un certain âge, belle et imposante, visage légèrement tatoué, turban bleu et ample saroual, une allure de princesse orientale, particulièrement ''visible''. J'ai parlé avec elle, je la trouve agréable mais ses manières un peu hautaines peuvent la faire passer pour arrogante. C'est visiblement la chef, la matriarche, celle qui s'exprime le mieux en français et qui gère. Roumaine fraîchement débarquée, je n'y crois pas. Elle protestait parce que la mairie était fermée un mardi en début d'après-midi, jour de marché et ma foi elle n'avait pas tort. Instruite, elle avait lu mon affiche ou du moins était restée devant un moment et était partie en hochant la tête d'approbation.
Note après coup. Il paraît qu'il s'agit en fait de "marseillais" délinquants... délinquants, je ne sais pas mais ça pourrait expliquer l'excellent français de la chef. Ça pourrait tout à fait être aussi des victimes d'une sorte de guerre de gangs à mettre à l'abri car la plupart sont des femmes avec beaucoup d'enfants. 

HOMOSEXUALITÉ, ÉVOLUTION 

Discuté avec Jacky -le copain qui apprécie mes blogs- sur l'homosexualité. Il vit mal que des femmes se préfèrent en somme à lui, un grand classique, qu'un homme soit plaqué par son épouse pour un autre homme, soit, mais si elle le quitte pour une femme, c'est une toute autre affaire. Je ris. Souvenirs de Jean-Claude... qui au fond ne s'était jamais remis du coup de foudre de Claire pour Piera... pour qui elle l'avait quitté en trois jours, malgré la vie bourgeoise, les enfants, le travail... toute la petite existence douillette qu'ils avaient construite à deux et qui lui semblait éternelle. Je lui dis qu'on est tous -à mon sens- plus ou moins bi sexuels, j'ai été amoureuse... allez, six fois sérieusement dont deux fois de femmes, sans qu'il ne se soit rien passé comment me classerait-il? Il s'épate, c'est la première fois que quelqu'un s'exprime ainsi, simplement, décidément, il en faut peu pour l'éblouir. Et si j'analyse, mon amour d'adolescente pour Anne dont ni elle ni moi n'avions jamais eu conscience qu'il était bien un amour et non une amitié était le plus violent de tous... Je m'étonnais seulement qu'elle ne fût pas, comme nous toutes à Longchamps, engagée, pacifiste au minimum, on était en guerre en Algérie tout de même. Au fond, tout ce qui l'intéressait était sa vie de jeune bourgeoise insouciante et surtout les chevaux. Elle détonnait et mettait un souffle d'air parmi la future élite que nous formions et lorsqu'elle n'arrivait pas en classe, et elle était presque toujours en retard, ses activités de cavalière matinales primant sur tout, c'était comme si le soleil avait oublié de se lever. Un bruit léger soudain, la porte, le froncement de sourcil du prof qui avait commencé l'appel et soudain elle était là ; le jour se levait enfin. En va-t-il de même pour les hommes? Le refoulent-ils plus profondément? Les internats unisexe favorisent ce genre d'amour adolescentes parfois durable, parfois non.
C'est enfin débouché en bas, re ouf. La galerie prend tournure, il ne me reste plus qu'à avoir l'eau... Des gens sympas, voire plus, formidables... des marcheurs, le mois de septembre attire les sportifs et les randonneurs. Je leur indique le chemin de la Roque, avec un petit doute : y a-t-il encore ce foutu panneau qui l' ''interdit'' ? Quand on pense que le maire disait que les riverains "attiraient les touristes", et qu'à présent on hésite à envoyer des gens dans ce lieu magique de crainte qu'ils ne se trouvent nez à nez avec l'écriteau foireux. Un jeune de l'Est qui s'étonne -poliment- de l'état des rives du Graveirol, l'affluent de la Cèze, il est alsacien en somme, il a même trouvé des pliants au bord, ça ne se fait pas. Je lui réponds qu'on est dans le Midi et qu'il m'arrive ou plutôt m'arrivait de laisser mon maillot de bain sécher sur des branches à la Roque, certes chez Cris, mais au bord de la rivière, une manière symbolique aussi de signifier que ce chemin était fréquenté. Je lui parle des ''Lettres à Lydie'' et du livre ''Un homme de trop''... ''Une femme de trop'' étant le titre du livre-blog. C'est la fin de l'été... un été finalement dur, très, mais intéressant que je ne regrette pas. 

MOUVEMENTS DE MASSE

Un phénomène surprenant que je n'avais jamais observé -du moins avec tant de régularité-, les gens, souvent ceux qui ont des enfants petits avec poussettes, s'arrêtent tous et lisent, parfois même assez longuement -l'affiche est nickel-... discutent entre eux.. et lorsque je m'approche pour leur donner l'adresse des blogs -sauf deux cas-.. filent même s'ils ont eu l'air furtivement de chercher où se trouvait l'auteur du dazibao. Ils doivent avoir faim sans doute. Ce coup-ci, je les ai plantés un peu sec. ''OK bon appétit''. Étonnant. Je suis habillée normal pourtant, enfin je crois, ni trop ''classe'' ni trop peu. Et j'ai pris ma douche avant de venir.
Cela doit provenir d'un phénomène de masse, dans un groupe compact, l'ensemble réagit toujours ''a minima''... ou quelquefois en suivant un leader. Le groupe, comme le couple, veut demeurer en lui-même, cohérent, auto suffisant... et l'imprévu ou tout ce qui peut générer un clivage -les uns lisent, les autres attendent avec impatience- est banni. ''On circule''. Il y a la règle imposée dont on ne doit pas dévier, "on a décidé d'aller au restau, on y va, point"... ''Dépêchons, les enfants sont fatigués''. Tout activité est soumise à approbation de tous donc forcément encodée, rigidifiée, a minima. C'est pour cela que je n'aime pas ces vacances entre couples, en groupe... Combien avais-je été mal à l'aise lorsqu'on devait amener des amis parisiens visiter qui la bambouseraie, qui le musée du Désert... Paul qui disait sans arrêt à voix basse "où va-t-on manger?" pendant que le pasteur parlait des camisards.

PERVERSION ORDINAIRE

Chez Manu où j'envoie le blog. Un gus ivre -ou mieux- s'en prend à moi, trois secondes -simples propos grossiers, rarissime ici- je passe vite fait vers l'intérieur où je peux brancher l'ordi... mais apparemment il s'attaque ensuite à un autre encore, puis encore un etc.. La jeune barmaid s'en sort magistralement, elle lui demande de partir, avec fermeté mais sans agressivité, juste ce qu'il faut, il renâcle un peu et finalement s'exécute.
Tout est réglé? Non car c'est alors qu'un Monsieur Bons-offices de comptoir joue sa partition. Prétérition doucereuse -il dénie dire ce qu'il dit et répète- et pour finir, agressivité directe, "il ne va pas prendre position car ça ne le regarde pas mais... il s'étonne tout de même de voir Tutu dans cet état, il doit avoir une raison et une bonne car il le connaît bien et jamais jusqu'alors etc''... sous entendu la barmaid exagère, une chochotte... Elle rétorque qu'elle n'est pas psy et qu'il s'est montré agressif et grossier donc n'a rien à faire dans le bar et là, ravi, il en remet une couche : ''en effet ça ne le regarde pas mais ça l'embête tout de même pour Tutu qui certes est chaud mais faudrait savoir pourquoi..." Elle le coupe, agacée: "si ça ne vous regarde pas, c'est bon !" mais sans désemparer, il reprend, mielleux: ''d'accord, je ne va pas se mêler de ça.. mais il faut de la patience dans ce métier, je sais ce que c'est car j'ai tenu un bar..." Ça dure et dure, et évidemment le ton monte à chaque tirade. Visiblement, il cherche à recruter. Et là, satisfait -elle est exaspérée, il a ce qu'il voulait- il observe, cherchant autour de lui quelques supporters que ''si elle s'énerve comme ça, c'est qu'elle n'est pas faite pour ce boulot où il faut beaucoup de tact... et savoir supporter les gens, ce qui n'est pas donné à tout le monde etc.."
Il aurait pu se trouver quelque énervé qui le soutînt et mette la jeune femme à mal mais non, personne pour l'approuver et la pousser à bout... Avec sa manière d'attiger en faisant mine de vouloir calmer le jeu, il est plus pervers que le pauvre Tutu.. que "cette-facture-sera-payée" bise volontiers d'ailleurs (voir articles précédents). Il me rappelle Christine H, ancienne élève devenue Maire de V. (!) qui adorait mettre le souk en cours ou l'augmenter pour ensuite se poser en Kissinger, on sent qu'il jubile de pouvoir se présenter en conciliateur et arbitre d'un conflit qu'il veut aggraver pour se poser : plus ce sera lourd, plus il aura du large... A court d'idées, il propose alors d'appeler Manu qui n'est pas là et lui, saura résoudre... l'absence de problème, car Tutu est parti et n'a pas l'intention de revenir faire du scandale, malgré le diplomate qui sur le seuil, le cherche désespérément, dommage, tout baigne.. Du coup, il part dépité, peut-être pour refaire une tirade sur la terrasse. J'ai hésité à intervenir et y ai renoncé, car pour lui, c'eût été une sorte de ''must'', je ne lève pratiquement jamais le nez de mon ordi. La jeune fille s'en est bien tirée. Je le lui dis seule à seule... et m'en vais. Demain, la galerie sera prête. Christine agissait exactement de la même manière pour perturber les cours, une "femme politique" -c'était sa vocation- qui a relativement réussi, il faut dire qu'elle était tombée dans la marmite toute petite.. "Elle est comme son père disait d'elle sa mère, suave -et encore plus perverse que la fille-, elle adore aider les gens dans l'embarras". Ainsi Christine attribuait-elle des appart HLM en cours "c'est l'interclasse, Madame" à voix haute afin que nul n'en ignore, ou des aides quelconques "je te le ferai avoir, t'en fais pas.." .. "mais Madame, si on ne peut plus s'exprimer ici, où va-t-on, c'est carrément le fascisme et tout ce que je fais, c'est pour les autres.." Elle s'était constitué une cour qui la servait fidèlement et la classe était absolument ingérable.
Vendredi 20 août

CEUX AVEC NET ET CEUX SANS

Martin a tiré le blog sur les tziganes sur papier pour son ami qui n'a pas le net, un irrédentiste en somme. Combien de pages? Énorme, ça coûte cher mais bon.. Il va lire ce soir. Celui-ci me dit qu'il a essayé de parler avec des ou plutôt un vieux coco pur et dur qui me taclerait parce qu'enfin, c'est une mairie de gauche et cette grève, ça ne le fait pas... Soit, je vois très bien. Il y a des gens qui ne parviennent pas avec assez de souplesse à changer leur fusil d'épaule, ils ont tellement investi dans le parti -ou ce qui en fait office- qu'ils semblent avoir perdu toute faculté de raisonner par eux-mêmes devant un événement imprévu et ils le sont tous.. Du coup, ils ne bougent pas d'un poil.. et plus soumis, il n'y a pas.
Quelques ''supporters'' dont l'un, extrêmement virulent, -je ne lui ai pas demandé de signer la pétition et après coup c'est très bien- ... me dit à la fin que ces "des coups à voter Le Pen"... je proteste, son racisme, antisémitisme etc.. Il me répond ''que les juifs, il n'y a pas de raison (?) car ils ne NOUS emmerdent pas''... je lui précise que le "nous" est impropre si je suis juive - il comprend que je le suis, je ne nie pas- et alors s'insurge pour me faire plaisir contre les arabes, qui eux, NOUS emmerdent vraiment, ce n'est pas moi qui vais le démentir. Si.. Là, il me trouve contrariante. A part ''ça'' il avait tout pigé, parfaitement solidaire etc... Un artiste en plus, mais anti-net à fond, c'est pour quoi nous avions longuement parlé, car dit-il, ''cela flique'' les gens. Soit, mais parfois pour le meilleur. Je lui avais cité le cas des femmes sauvées par des mobilisations "virtuelles" puis réelles et tant d'autres.. Lui veut ''juste'' la paix, et en effet le net qui vous transporte dans des pays pas trop lointains où il se passe de vilaines choses dérange. Ce n'est pas son problème. Des injustices uniquement vues dans un microcosme, bien sûr, ça donne Le Pen...
Appel de Gérald, il est arrivé. Des messages de solidarité, enfin... sans doute les gens reviennent-ils de vacances, ce qui explique la différence entre le succès du blog "grevedelafaim2" (lien) et le peu de messages perso. A moins de supposer que la plupart de mes amis ne me lisent pas -inutile puisqu'on se téléphone- et que les autres n'osent pas s'introduire. Ou que blogspot dysfonctionne.
Un message entre autre de Nelly qui va faire un film mais ne me dit pas lequel, dont elle sera l'actrice principale, décidément la philo mène à beaucoup plus ou moins qu'elle même... Normal. Exemple, le jeu d'Helena Bonham dans le rôle d'Anne Boleyn, extraordinaire de finesse, d'ellision, d'intelligence, ni trop ni trop peu, et après tout, on ne sait pas grand chose du personnage, une intrigante, oui, une intello, c'est certain, une garce, pas sûr même si elle a le sang entre autres de Thomas More sur ses belles mains, lui-même d'ailleurs ayant volontiers brûlé vifs quelques hérétiques, elle fut peut-être un pion d'Henry VIII, une fanatique protestante, on le dit... en fait, sans doute tout cela à la fois échelonné dans le temps de sa courte vie... et Helena Bonham rend parfaitement cette ambiguïté. J'ai appris récemment qu'elle avait fait philo avant de devenir actrice, comme Nelly et cela se perçoit dans sa manière de jouer. Qui va-t-elle incarner ? Il me tarde de voir.
Et la page de la Marseillaise sur les roms d'Isabelle Jouve, je file la lire avec impatience et "occuper" comme d'hab le parvis de la mairie. [C'est excellent, du coup je fais un rajout sur le blog http://tziganes2.blogspot.com]

TOUS MES LIVRES, RIEN DE MOINS

Rigolo et touchant : le copain de la galerie m'a demandé carrément TOUS mes livres, je suis impressionnée; va-t-il lire l'ensemble ? Une expérience. Ce serait beau qu'un autodidacte y parvînt, une belle gifle à l'éduc qui l'a exclu. Il faut le reconnaitre, il a des collègues -rares- qui sont nuls, si ça se trouve, il est mal tombé plusieurs fois de suite et s'est cru inapte lorsqu'il était seulement malchanceux.
Et une note triste pour finir : un jeune artiste -connu, parfaitement dans la norme, rien à lui reprocher, propre sur lui, poli, cultivé et qui vit fort bien de son art, le cas est rare-... qui, devant les difficultés qu'il rencontre ici, m'annonce qu'il va peut-être repartir. Généreux, il voulait "donner" comme il dit. Il a été reçu. J'ai honte. Infinie.
Une question vitale : pourquoi ceux qui ont quelque chose à apporter à un village en déshérence sont-ils harcelés quand ils pourraient le rendre vivable -y compris sur le plan économique-... tandis que sont subventionnés des affairistes qui ne cherchent que le profit au détriment d'un lieu où ils ont jeté leur grappin ? Naïveté de nos édiles ? -ne vérifiant parfois pas des allégations qu'un clic eût suffi à démasquer.- Ou au contraire volonté délibérée ? Les affairistes, par définition "dégourdis" -enfin, sans forcer- ne touchant personne parmi le peuple et ne le désirant surtout pas.. allant même assez "loin" souvent dans ce désir de retrait, sont-ils plus rassurants? Il est plus facile de diriger des gens endormis. Tandis que ceux qui ne cherchent pas la réussite perso [ils l'ont déjà en le cas] ni le gain n'ont pas à courtiser quiconque. La liberté dérange-t-elle ? Pas de levier pour manœuvrer qui n'a jamais rien demandé mais au contraire, offert. Bref, quelles qu'en soient les causes, celui qui donne est harcelé et celui qui exploite et saccage, subventionné; cette absurde inversion des didascalies normales nous tire vers le gouffre, les premiers écœurés s'en vont, les seconds prolifèrent, ça "paie" bien. C'EST AINSI QUE LE BLED PÉRIT. Cela, C. brillant, cultivé et sagace [note: maire d'un village proche] l'a fort bien compris, il a su attirer qui il fallait et est allé assez loin pour cela mais après tout, même son snobisme a du bon, et mettre à distance qui ne cherchait que le profit perso... si bien que B. est actuellement au top quand St-Ambroix coule. CQFD.
D'autres signataires... le toro piscine ? peut-être.

mercredi 1 septembre 2010

Extrait. Résumé d'une saga. Journal presqu'intime d'une femme presque seule dans un pays presque civilisé





Un journal presqu'intime qui avec d'autres témoignages fera un bouquin et dont je livre ici la primeure du canevas, ainsi qu'à Midi libre-blog. La violence faite aux femmes, ce n'est pas seulement les maris/compagnons cogneurs, c'est aussi ceci. Lisez.

  


 



Tout va bien

2001. Je débarque de Paris à Attuargues après une séparation. Premier ennui, mineur, la toiture de la maison que nous avons achetée autrefois mon ex et moi, refaite depuis quatre ans à peine a laissé "fuir" un tel ruisseau qu'il y a un trou béant dans le plafond, par chance de la petite salle d'eau ! cela aurait aussi bien pu être au dessus du lit. Le maçon, depuis à la retraite ne comprend pas; un autre (car il y en eut deux) non plus. Mais celui-ci veut me faire payer la visite, je refuse, engueulade macho sur le mode cépamoicélotre, ziconéssérienmapovdam.. etc

C'est un ami [plus âgé de 20 ans, cela a son importance] qui trouve, ça vient d'un cheneau bouché par la toiture haute qui s'est "lavée" et se déverse en force sur la plus basse en apparence intacte ; je débouche, il répare etc... Et refuse même toute rémunération [je l'ai aidé autrefois pour des lettres, des démarches -évidentes et même marrantes- dont l'une lui a rapporté pas mal d'argent dit-il, magnifiant un boulot facile tout comme assure-t-il je magnifie le sien -il fut maçon-..] Il m'aidera beaucoup ensuite -sans que je ne demande rien au contraire- devenant du coup de plus en plus envahissant, un "père" omniprésent .. puis hélas tentera d'obtenir de moi une prestation complémentaire, me sautant dessus sans crier gare. Balancé contre le mur, il s'étonnera (!) quel mauvais caractère (!) il est amoureux.. et ajoutera qu'il y en a qui ne demanderaient que ça -c'est un petit notable parti de rien, bosseur, friqué, serviable et bien conservé-. Nos relations finiront là. Mais pour l'instant, tout va bien.


... Jusqu'à ce que des drogués/dealers me menacent, je les dérange, ils ont l'habitude de squatter le parking et même mon jardin, le soir, c’est désert et idéal pour les transactions; et les gendarmes passant à heures fixes, il leur suffit de s'absenter entre minuit et minuit un quart. L'un, délinquant confirmé déjà condamné à deux ans de prison ferme pour agression envers une femme mais qui se ballade toujours ouvertement dans le village (!) me menace hard, tente en vain de briser ma porte avec deux autres et affirme qu'il va mettre le feu à la maison... Je porte plainte, les gendarmes de l'époque (ça a changé à présent) se moquent de moi... et le plus souvent ne se déplacent même pas* ou après-coup, puis m'engueulent. Au même moment, le gus paye toutes sortes d’achats, notamment de matériel de serrurerie (!) avec une grosse liasse de billets de 100 F ce à quoi personne ne trouve à redire… Des projets de "serrurerie", un lascar condamné qui a tenté de pénétrer chez moi, n'a pas de travail, vit du RMI et exhibe des liasses de billets, tout va bien. Mais j'ai de bons copains d'enfance et il finit par fuir, non sans m'avoir menacée de mort comme d'hab. Peu après, il se fera presque tuer au cours d'une bagarre, beaucoup lui en veulent (un indic?) et se calmera, cerveau désormais en stand by...


Tout va bien si ce n'est un locataire d'un genre spécial, très BCBG, lui, et totalement insoupçonnable, qui est parti sans payer, que j'ai retrouvé, il vivait à côté sans se cacher (!) et qui m'a envoyée bouler d'un coup dans les seins au milieu de la rue, une chance, il n'y avait pas de voitures. A bout de nerfs et ayant compris comment cela fonctionne, je finirai par me venger ou plus exactement obtenir justice moi-même à la grande admiration de certains. D'autres locataires tout aussi BCBG ont, je m'en rendrai compte longtemps après leur départ, branché sur mon compteur une prise avec laquelle ils éclairaient leur jardin a giorno pour des soirées chics.. si bien qu'en la bricolant j'ai failli m'électrocuter. Idem pour l’électricien ayant refait toute l’installation qui a mis sous baguette des fils de terre vert et blancs en fait passe le courant. Réponse d’icelui "j’en avais pas d’autres, ma povdam, un chantier pareil avec des délais à respecter, si vous croyez que c'est facile.." On ne s'est pas grillés, tout va bien. 


Puis mon père, âgé, meurt... non sans avoir été plus ou moins circonvenu par sa gouvernante laquelle avait l'intention de me virer de chez lui c'est à dire de chez moi, ma maison familiale ; après lors nos relations s'étaient distanciées. Définitivement. Ce soir-là, je suis à Attuargues, attablée à la minuscule "terrasse" -en fait un simple trottoir- d'un troquet lisant, accablée, le livret des condoléances lorsqu'un gus, une baraque de deux mètres fort connue et surtout des services de police, qui va en prison de temps en temps pour les mêmes faits, agressions, toujours sur des femmes, ça ne coûte apparemment pas cher, alcoolo aussi.. me prend à parti, il voulait louer un appart, j'avais refusé et il m'en veut. Je l'envoie balader, il s'avance, renverse ma table, les rares clients attablés s'enfuient fissa, je file me plaindre au patron.. qui avec sa femme se retournent violemment contre moi et me lancent "si t'es pas contente takarestéchétoi et plus emmerder cekibosse". Le gars vient de leur acheter un pack de bière et contrairement à moi, c'est un méchant et d'un bon rapport. Un état d'amok soudain. Je file à ma voiture et [...] Tout s'arrange, la "terrasse" n'était pas trop légale voire même pas légale du tout, vendre de la bière, encore moins, et à un type de cet acabit déjà ivre, n'en parlons pas... Je suis calmée [..] Le lendemain, on me regarde soudain avec respect.

Tout va bien à présent, j'organise des séances vidéos notamment sur le Puits de Célas, ça tourne.. jusqu'au jour où je vois dehors un homme que je connais un peu, un ouvrier turc sans papiers, frêle, l'allure d'un enfant déjà âgé, voûté, perdu.. et lui propose d'entrer. Il parle à peine français mais le voir assis, morose, sur les bancs, à un jet de pierre de nous.. Et à la fin de la séance, pendant que je range la pièce, il me saute dessus. Il avait mal compris. Simple erreur. OK. Tout va bien.  

Vite fait, il y a aussi l'affaire Totophe, un SFF que j'ai trouvé un soir d'hiver glacé, bourré et en T shirt, devant ma porte puis hébergé.. ce qui, après un article de Midi-Libre et de la Marseillaise à ce sujet, m'a valu une gifle de la part d'un notable caritatif, médecin de son état, qui s'était senti incriminé, le papier reportant la réalité à savoir que j'avais essayé en vain de le/les joindre toute la soirée. Sans importance bien qu'une de mes incisives soit ébranlée, la vie de Totophe valait bien ça et j'étais, comme lui, devenue, à bon marché pour moi, l'héroïne du jour, le caritatif, ça paie. "Vous êtes formidable" me disait-on (!) "Pas du tout il était en travers de ma porte, pour ne pas le voir tout de même.." "Et en plus vous êtes modeste" on n'en sort pas. Tout va donc plus que bien.  


Mais il reste Sainte Gudule, mon village d'origine où ma maison se démolit par les soins d'un petit notable promoteur qui a voulu créer un ensemble immobilier mais s'est vu interdire de reconstruire, la zone est inondable, une histoire politique assure-t-il, c'est la droite qui lui en veut. Soit mais enfin ce monument épais en pierres de dix mètres de haut (!) se décroche sur une voie publique. Je lui demande, le prie, le supplie, d'au moins mettre des "jambes de sécurité".. ce qu'il me dit fermement être totalement inutile car il va reconstruire sous peu. En souriant: vouzenfétepamadamecérien. Un mois, deux, six mois.. Vouzenfétepacérien. Finalement ce sont les élections et c'est son fils (la gauche dit-il) qui passe... A nouveau, exhortations, rien ne bouge; le danger à présent est majeur -du reste mes trois sols vont s'effondrer peu après- et enfin, c'est le procès. Rapide. Il est condamné à reconstruire à ses frais. Ouf, j'ai frôlé la cata, n'ayant les moyens ni de reconstruire ni de démolir. 

Tout va bien enfin.. sauf que le maçon pote au promoteur dit le "king" fait ce qu'il veut sans et contre mon avis, après tout ce n'est pas moi qui paye donc je n'ai qu'à la boucler et remercier. Point. J'arrête alors le chantier hard, il menace de pénétrer en force, renonce en voyant mon chien.. et tout s'arrange enfin après une négociation judiciaire au cours de laquelle le jeune avocat que j'avais diligenté -et que je paierai tout de même- ne dit pas un mot. J'obtiens même des dommages intérêts ainsi que le voisin. Tout va plus que bien.


... sauf que le gars que j'avais défendu m'attaque illico en référé pour.. entre autre, un local mien qu'il assure mitoyen.. et se voit renvoyé pour ce chef, ouf, là aussi j'ai frôlé la cata. Ce revirement me perturbe un peu, un ami tout de même... Mais le résultat est qu'à présent l'histoire est tellement burlesque qu'elle en devient comique: de plus en plus de gens suivent les péripéties du feuilleton et, droite et gauche confondues, me soutiennent.


Tout va bien.. jusqu'à ce que mon compte soit saisi sur ordre de la Mairie pour une facture d'eau de 4000 E pour deux mois (!).. issue de cette maison précisément que je n'ai jamais habitée, forcément. Je fais une grève de la faim de six jours pour médiatiser l'affaire.. au cours de laquelle un forain -pas d'ici- rigolard, me croyant totalement démunie [pensait-il que je mendiais? peut-être] me propose carrément.. la prestation que vous imaginez, bien tarifée dois-je dire, il a l'habitude et je lui plais (?!) Une blague? Peut-être, peut-être pas. Question médiatisation, ça fonctionne relativement mais c'était couru, "ils" ne bronchent pas. J'attaque en justice sur les conseils de mon ex, "ils" font traîner, reports sur reports, puis on obtient une négociation qui me donne raison, "ils" refusent, retour à la case départ, reports encore et enfin un procès qui me donne raison également, "ils" font appel, reports, etc..  On en est là.


Conclusion: être femme dans un village ici (ailleurs peut-être aussi) et "seule" c'est à dire sans mec ni fratrie est une situation, je pèse mes mots, effroyable et mortifère. Même lorsque l'on est costaud et débrouille. A venir donc un livre de plusieurs témoignages, le cas n'étant ni unique ni le pire.

Observons tout de même que des solidarités de tout bords, tout milieux sociaux et toutes portées ont pesé en ma faveur, des amis, des gens courageux, des inconnus le plus souvent, mon ex, parfois même des politiques et non des moindres -parfois, qui sait? pour des raisons peu avouables-.. sans lesquels je ne m'en serais jamais sortie. Ruinée et jetée aux orties en cinq sec. Simple. A moins de se maquer costaud comme le fit une jolie gérante de maison d'hôte d'Attuargues qui du reste n'y gagna rien car le protecteur finit par la tabasser elle. Trois ans après, elle n'est plus que l'ombre d'elle-même.

D'autres m'ont au contraire tourné le dos, des amis parfois aussi autrefois et même des militants ; opportunistes, seulement idiots ou les trois à la fois. Mieux vaut être du côté où penche la balance, ou encore mieux, d'aucun côté, mais lorsqu'il s'avéra qu'elle ne penchait pas du côté qu'ils avaient cru, certains sans gêne aucune virèrent de bord, j'avais eu raison, j'étais une femme courageuse, exceptionnelle, douée d'un talent littéraire remarquable (!) Cela filtre et finalement j'y ai plus gagné que perdu..

.. et en tout cas beaucoup appris, en tout premier lieu que l'égalité hommes-femmes voire même l'idée seule que l'on croit acquise, évidente, toute proclamation semblant ressassement maniaque, cette idée est absolument théorique en certains lieux, pas en Somalie mais ici et maintenant, dans des lieux en apparence civilisés et ensoleillés dont la pratique est.. ce que l'on vient de voir**. Cela se résume en une phrase qui me fut rapportée -pour être honnête venant d'une femme- "elle est seule, sans mec, frère ni soeur, personne ne la défendra, on s'en fout, son histoire, ça fait bien rigoler tout le monde!" Candide cruauté d'un "complexe social majeur" selon la formule d'une ex amie médecin?

Contre exemple: un pote, pas un tendre lui, dans des circonstances analogues, employa après m'en avoir entretenu brièvement ["tu vas voir ça va se régler entre homme et fissa"] l'argument que j'appellerais "cric de manivelle" et en effet tout fut résolu illico. Contre 10 ans d'infinies tracasseries pour moi parce que femme. Ce temps perdu qui par moment m'a conduite à vouloir laisser tomber et fuir, je le dois donc à ma seule féminitude, encore est-elle tempérée par la culture, des amis fiables, une insertion familiale impec dans un village féodal où l'on est davantage "la fille/nièce de" qu'Hélène, une relative aisance à la démerde et paradoxalement une baraka d'enfer***. On se demande pourquoi les femmes, réussissant mieux dans les études sont pourtantà diplôme égal ou supérieur moins performantes socialement que les hommes !? Elles ne le sont pas, elles y sont contraintes. Pour cela. 

Un avantage pourtant : lorqu'on est a priori considérées comme idiotes, "ils" ne cherchent pas trop à peaufiner leurs arguments pour nous charger et parfois ça leur claque à la figure. C'est l'atout de l'intelligence contre la bêtise et celui-là, il est nôtre, du moins ici il le fut. Sans forcer. Sachez-le. Usez-en. La fin etc...

Hélène Larrivé 

* Dans exactement les mêmes circonstances, Bernadette Dartus (lien) qui eut moins de chance que moi, fut brûlée vive, les gendarmes n'ayant pas pris au sérieux les menaces dont elle était l'objet de la part de drogués qui squattaient un terrain jouxtant sa petite maison de week-end isolée dans la garrigue de Nîmes où elle aimait venir seule se ressourcer. Une femme qui ne pourra témoigner ici et à qui ce texte est dédié. C'aurait pu être moi, le simple hasard, une porte de couloir à l'arc boutant digne du Moyen âge qui résista à l'assaut de trois drogués en état d'amok, une bâtisse plus costaude, moins isolée, plus haute.. l'hiver ?


** Ainsi, écoutant une femme chaudement approuvée par deux autres -de 40 à 65 ans- dire à propos de son divorce "je n'ai rien à me reprocher, moi, pas comme certaines".. je compris après-coup que cela signifiait qu'elle s'était mariée vierge (!) et n'avait jamais trompé son mari (!) qui lui ne s'en privait pas, ce qu'elle acceptait avec philosophie. "Les hommes sont tous plus ou moins 'coureurs', c'est normal, surtout dans sa position (!).." Des femmes dépendantes un peu limitées? Pas du tout, des commerçantes -libraire pour l'une- bosseuses et hyper performantes, menant ou ayant mené enfants, famille et boulot sans faiblir un instant. Une autre, clamant dans la même veine que son mari, lui, n'était pas macho pour deux ronds en donna pour preuve indiscutable qu'elle avait même le chéquier dont elle faisait absolument ce qu'elle voulait.. une merveille d'homme. Un détail, dans le couple, elle était seule à travailler. Un autre monde qu'il ne faut pas oublier car il pèse terriblement lourd, aussi lourd que les femens (lien avec  le journal d'un salaud, un polar social.)

*** On aurait parfois cru qu'un bon génie veillait: ainsi la voisine et plus ou moins gardienne d'une résidence, amie de celle que je recherche -elle détient des documents fondamentaux pour le procès qui m'oppose à la Mairie- s'avère-t-elle une cousine que je recherchais également.. et elle la briefera pour qu'elle me les fournisse enfin.. la lectrice aimable ("Secret de famille" a changé ma vie me dit-elle d'emblée, ouahh!) rencontrée lors d'une minable signature (à Cora!), juriste de son état.. s'avèrera-t-elle l'épouse d'un avocat connu qui me tirera d'affaire devenu/s depuis ami/es etc.. (!)

lundi 2 août 2010

Voir ou ne pas voir

Extrait de "Journal d'une grève de la faim au 
jour le jour dans un village occitan" (lien)

 
 
VOIR OU NE PAS VOIR. MARIE-RENÉE 

Les gens passent, [devant la voiture et le trottoir où se trouve mon affiche et les tracts en pile] certains voient, d'autre non. Ce n'est pas qu'ils soient odieux, c'est juste qu'ils ne voient pas. C'est dans le regard que tout se joue. De même Marie-Renée alors qu'Erdal lui avait pourtant parlé comme à moi de ce que vivaient les kurdes en Turquie et en Irak -un quasi génocide dont Halabja, le point médiatisé ne fut que le haut de l'iceberg- n'a-t-elle pas compris, vu, écouté. Lorsque j'en ai fait mention, elle m'a dit avec cet air légèrement condescendant de la bourgeoise élégante cultivée et sympa qu'elle est : "tout de même, tu exagères!" Nous avions cependant entendu les mêmes histoires, mais j'avais écouté, questionné, elle pas. Erdal n'avait pas insisté ["ça l'intéresse pas"]. Parler de drames passés (et présents, ailleurs, en ce cas) revient à les imposer à l'autre, ici éloigné des scènes de crime; par courtoisie, les victimes se taisent ou lancent des perches qu'il faut saisir, parlant a minima comme pour attendre une question et se taisant aussitôt.  On retrouve le même phénomène lors d'agressions sexuelles ou de viols. Le risque est de se faire blackbouler et humilier deux fois (lien).

De même en 40 certains n'ont-ils pas vu qu'on embarquait les juifs. Et même sur place, qu'on les gazait. Je crois qu'ils pouvaient être sincères comme Marie-Renée vis à vis des kurdes. Presque. Une forme de déni. Car si on voit, il faut réagir... et certains ne le veulent pas, ne le peuvent pas (croient-ils), n'ont pas l'énergie, se sentent trop minimes. Notons que cela peut valoir pour n'importe quelle cause, de la plus petite à la plus effarante et qu'à chaque fois ce sont justement la petitesse ou l'immensité de la tâche qui sera invoquée pour justifier la passivité. "Je ne vais pas me mouiller pour si peu" ou "mais que puis-je faire devant cela, moi seul?"

dimanche 1 août 2010

TOTOPHE, le "social, ça paie bien"

 jour d'une grève de la faim"

Les pro de la "charité"; le social, le meilleur... et le pire. 
Diviser pour régner.. et le monopole sinon gare !

[Il s'agit d'une élue de Mairie attachée au service social, hostile, ici appelée "cette-facture-sera-payée-un-point-c'est-tout, régnant sur les HLM.]
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.. Les causes [de sa violence] ? Et si au fond je lui faisais concurrence? Les fringues pour certains, les remontage de moral le soir pendant que je faisais la fresque?.. quelques articles? Une réminiscence déplaisante soudain: un certain Dr X du secours X qui, après l'article sur Totophe, m'avait giflée dans la rue. L'article ne l'incriminait pas, il relatait simplement dans la veine soft très Midi-Libre, l'aventure de Totophe, un SDF gentil mais alcoolo depuis toujours, quatre ans d'âge mental, un soir où il gelait à pierre fendre; en chemise, complètement bourré, il était venu s'effondrer devant mon portail, seul endroit éclairé sans doute à 10 heures à Anduze par cette nuit d'hiver glacée..
  
... Puis la suite, comique, je le rentre laborieusement, on se casse la figure dans le jardin, renverse une sculpture ou deux, il s'effondre sur le lit dans la pièce de la chaudière et ronfle aussitôt, au chaud et bien couvert.. Et go, mes appels successifs, 10 ? 20 ? je ne sais plus, au terme desquels tout le monde m'envoie bouler, le secours populaire sur répondeur, renvoi à un autre numéro, identiquement sur répondeur, le curé gâteux, le pasteur sur répondeur aussi, un autre pasteur gentil mais sourd comme un pot qui me renvoie à un troisième, absent, le SAMU qui refuse, l'hôpital qui me renvoie au SAMU, la police qui me renvoie à l'hôpital, les urgences qui me répondent qu'il n'y en a aucune, etc... Seuls, les gendarmes sont finalement venus, mais pas tout de suite -il avait fallu passer par Nîmes où je m'étais faite engueuler-... pas trop contents pour l'un d'être tiré du lit à 11 h par ce temps. "S'il a un malaise, vous êtes responsable." Soit, mais dehors, il serait mort. La loi est bizarre: si je le laisse, il meurt et bien sûr c'est de la non assistance à personne en danger, mais si je le rentre, alors plus personne n'en veut car "il ne cause plus de trouble à l'ordre public", mais j'en suis responsable au cas où il lui arrive un truc.. alors que je ne suis pas médecin, que faire? S'en foutre...
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J'ai donc gardé Totophe un an, pas de problème certes, sa passion étant de ramasser les feuilles une à une -il les guettait du fond du jardin, assis sur sa chaise, me faisant part de ses prises lorsqu'elles valaient le coup, ajoutant parfois "qu'est-ce que tu ferais sans moi, hein?" à quoi je répondais invariablement "ça c'est vrai, tu es bien brave", ça ne me perturbait pas, c'était comme un disque... et le jardin n'avait jamais été aussi nickel. Il m'a manqué lorsqu'il fut enfin admis dans un HP adapté... dont il s'est échappé plusieurs fois pour revenir chez moi, il aimait mieux être libre.
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Mais voilà, l'article de Thierry Dubourg avait eu un succès mahousse et tout le monde venait apporter des objets divers à la galerie, c'était le must, on venait voir, non les œuvres de Danielle mais Totophe comme au zoo un animal rare avec des croûtes, des couvertures -nul besoin à présent mais bon- télé, neuve! frigo, tapis, vêtements, Anduze et ses environs sont riches et les gens généreux... En somme, par culpabilité d'avoir failli le laisser périr, les gens rivalisaient de cadeaux parfois inappropriés et dans l'appentis de la chaudière, clair, ensoleillé, avec son entrée séparée sur le jardin aux bambous, il était logé plus confortablement que moi.. et m'invitait parfois à venir voir des matchs, je refusais et il était déçu. Ça s'était donc "arrangé".. sauf que dans le village pourtant civilisé, j'avais croisé quelques jours après un quidam [le responsable du secours X...] qui m'avait mis une baffe sans prévenir -"salope !"-. 
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J'ai compris ensuite [c'est le le responsable d'Emaüs qui m'avait expliqué] "vous lui avez "volé" un pauvre, vous l'avez mis en cause indirectement et il ne se remettra pas, vous avez pointé une défaillance chez un parfait, il pense avoir raté sa carrière etc... On a souvent le cas." 
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Fais-je de même ici? Est-ce que je "vole" des pauvres à qui de droit? Le social est affaire ambiguë: le meilleur et surtout le pire. Qui est mieux, d'une femme d'un notable par ailleurs impliqué dans quelques affaires pas très claires -ou plutôt, si, assez claires*- ou de celle-ci, haute en couleur, chef de droit divin des HLM droite dans ses bottes? Si j'étais dans la misère, je crois que je préfèrerais la bourgeoise BCBG à une ex consœur de pauvreté qui m'engueule et "va" me chercher en gueulant comme si j'étais un chien etc... [La dame avait "sommé" une de ses "clientes" de "venir" au pied, tel Louis XIV son valet de pied.]
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Conclusion : mieux vaut ne jamais avoir affaire à ces services et à ces gens-là quels qu'ils soient. Je dois sentir le chien: Vôtan inquiet, exhalant une odeur assez pénible, malgré la chaleur, se colle à moi dès que j'arrive. Je lui manque. Du coup, dans la rue, les cabots me reniflent avec intérêt. De fait, "cette-facture-sera-payée" a affecté tout le temps que je lui parlais de partir dans les pommes, s'éventant vigoureusement, l'attitude de certains jeunes de banlieue à l'instar de Christine H. [une ancienne élève] autrefois - au fait, elle est devenue, à la suite de son père, maire de V... je crains le pire, c'était une des plus perverses de toutes que j'aie jamais eus.- Un peu d'excès sans doute ici mais sur une base réelle. Il faudrait que je tonde Vôtan... Quand on n'a rien à dire des gens, on dit qu'ils puent. Ou qu'ils sont fous. L'olfaction est le plus labile de nos sens, et la santé mentale est difficile à apprécier, c'est facile. Là, j'ai eu les deux. C'est ce que font les racistes. Et aussi les racisés pour se venger. -Mais dans mon cas c'est peut-être vrai.- Tant pis.
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* Comme chez Zola, ce sont les épouses des patrons qui exploitent les ouvriers -ou ici les administrés, qui vont ensuite "aider" ceux-là mêmes qu'ils ont réduits à la misère et la mendicité... lesquels seront obligés de les remercier à plat ventre. On leur vole le pain, on leur lance des miettes et ils sont obligés de faire la révérence. Sans compter les rivalités instaurées par un système de répartition de la "manne" assez souple c'est à dire à la tête du client.. et les querelles infinies de ceux que l'on a dressés les uns contre les autres, jaloux, qui au lieu de s'en prendre aux scénaristes de la pièce [relayés par les "services sociaux spécifiques"] se foutent sur la gueule entre eux.
 
LE SOCIAL, CA PAIE BIEN

Soit. J'ai donc encore dû voler des pauvres à qui de droit. Qu'est-ce qu'on devient si tout le monde est solidaire, les pro du social, profession pas inintéressante parfois et assez valorisée n'ont qu'à aller se rhabiller. La Rochefoucauld, le salaud, n'a pas tort. Toutes nos motivations sont égoïsme. Ça vaut pour moi évidemment. Et je le dis ici clairement, Totophe m'a beaucoup apporté, quelques ennuis évidemment -dont la baffe- mais dans l'ensemble, la "charité" paie bien ; le nombre de gens qui me disaient "vous êtes formidable" à qui je répondais invariablement "pas du tout, il était devant ma porte, je ne pouvais pas ne pas le voir, c'est juste le hasard..." et qui ajoutaient parfois "et en plus vous êtes modeste" on n'en sort pas. Une bonne affaire, "Le petit garçon derrière un taxi" a flambé, 70% à cause du talent de Suzanne, 30% de l'affaire Totophe, et les feuilles, corvée quotidienne n'avaient qu'à bien se tenir.
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Cet hiver-là, sa présence silencieuse derrière la galerie, dans sa querencia où il regardait le foot à la télé me plaisait -je me sentais moins seule-... Moins les réveils à six heures -car c'était un matinal- "t'as pas un café dis ?" mais cela aussi n'était pas si mal car je n'avais pas de réveil. Il le buvait avec moi, je me mettais au travail et lui s'en retournait guetter les feuilles, inquiet d'en avoir laissé passer pendant le petit déjeuner car c'était un consciencieux. Par une aberration administrative étonnante, il pouvait voter, m'avait demandé qui j'avais choisi et pour me faire plaisir, avait bourré l'enveloppe de bulletins de Ségolène ["tant que ça pouvait rentrer, ça coûte pas plus cher"]. Il me manque un peu.
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Robin, lui, veut attaquer en justice. Cette grève de la faim lui fout la trouille, il sait ma détermination et s'en désole. Ça le rend presqu'agressif.. (suite, voir début du blog barre latérale)

Extrait. Diviser pour régner. Les pauvres détestent les plus pauvres, ou l'inverse.









[Au cours d'une grève de la faim devant la mairie de mon village -vidéo-, les réactions des gens au jour le jour. Extraits de ce journal.]

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Une expérience tout à l'heure, troublante [elle sera unique] vient corroborer cette réflexion. Une femme est venue m'insulter, tant de haine, c'est presque flatteur, d'autant que je ne la connais pas. En ces termes, adressés aux gendarmes pour leur intimer l'ordre de m'embarquer, ce qui n'était tout de même pas leur mission (!)  "Elle a plein de maisons, elle a qu'à les vendre ou vendre sa voiture"..[elle n'a apparemment pas le sens de la valeur des choses].. "elle en a trois (?) et trois maisons... c'est à cause des gens comme elle qu'on ne peut plus.." [je n'ai pas entendu clairement la suite car l'un d'eux l'a admonestée] taler ses paiements" peut-être... Si bien que venus pour m'intimer l'ordre de déplacer ma voiture, les gendarmes se sont vus contraints de me défendre. La malheureuse venait apparemment de la Mairie. 

Les gendarmes, à deux comme d'habitude, un jeunot la jouant dominant, limite menaçant, j'ai même cru qu'il me disait de ne plus être sur la place, là ça a flambé, mon bled tout de même, si pourri soit-il, j'y tiens ! il paraît que j'ai mal compris, soit -je crains le ressac tout à l'heure, si ça se trouve je vais m'évanouir-... et puis un autre plus réfléchi, gentil, un jeu peut-être, peut-être pas. Ils veulent que je me "pousse" car ils attendent du beau longe (je laisse) à la Mairie et je fais désordre. Comme ce sont souvent des comédiens hors pair, on le leur apprend  (?) on ne peut pas savoir.

Intéressant, de plus en plus. Certains prolos éprouvent une haine contre les bourgeois légitime mais associée par nécessité à une servilité proportionnelle imposée vis à vis des mêmes ou assimilés, elle les fonde à tirer sur l'ambulance et non sur le chauffard. [C'est toute la différence entre l'engagement et la simple défense de son pré carré, les deux se confondant souvent en apparence chez les exploités*.] Je n'ai pas de pouvoir mais je suis "bourgeoise" suppose-t-elle ou lui laisse-t-on supposer [et c'est le cas si on veut] donc toute l'humiliation, les mercuriales qu'elle a subies lorsqu'elle s'est vue par exemple opposer un refus d'étalement de ses factures elle l'exprime contre moi qui en suis croit-elle, la cause (?) Devant une "bourgeoise" mais sans pouvoir... elle agit comme le loup qui attaque le plus faible d'une troupe de buffles inexpugnables qui l'ont blessé, le déchirant à plaisir pour se venger... des autres.. à leur demande sans doute.
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Mais il arrive [et là c'est plus grave] que les pauvres soient briefés contre de plus pauvres qu'eux, les roms par exemple font un gibier de choix. Si on refuse en haut lieu d'étaler leur facture d'eau [elles ont augmenté de manière drastique et peu après, un procès intenté par une femme donnera tort à la Mairie qui sera contrainte de rembourser les sommes indues prélevées] c'est "en raison de trop nombreux impayés" leur dit-on sournoisement. Et on a alors le "Célafotorom", pire que "Célafotalarivé" qui ne concerne qu'un individu/e.

On les conduit à se battre pour leur esclavage comme s'il s'agissait de leur liberté en les dressant les uns contre les autres. Il est intéressant d'être à la fois riche et pauvre -très pauvre-, on voit les choses de deux côtés. Du coup, je suis à l'ombre (j'ai dû déplacer ma voiture) et ça c'est bien. J'ai mis les panneaux devant la Mairie, les gens lisent bien mieux que sur la voiture. Plusieurs ont signé du reste depuis le happening [les gendrames -je laisse la coquille- et le clash de la dame] y compris le vieil intello bien mis un peu arrogant qui avait lu et eu un geste de la main presque méprisant. Revirement à 180°, il m'a proposé un thé, j'ai refusé. Depuis il passe devant moi et me sourit à chaque fois, ça devient excessif dans l'autre sens, il n'a pas de mesure, je souris aussi bon... j'ai même l'impression qu'il est ébloui. Antigone je suis devenue, ça fait style il faut croire. Les gens sont bizarres au moins autant que moi, ça me rassure au fond, méchamment.

Cette dame, Mme Barrier saura qui elle est, elle aussi est femme de mineur et elle aussi a peu pour vivre. Quoiqu'au fond elle sait certainement que je ne me bats pas pour l'argent, c'est juste une pose au bout de son angoisse.

* L'exemple-type est celui de cette riveraine venue se plaindre [je deviens un peu Madame-bords-de-Cèze] parce qu'une voisine l'empêchait de passer par un chemin dont elle avait la jouissance, seul accès pour son jardin [la voisine arguait qu'il était voyeur].. que je défendis vigoureusement et qui, une fois qu'elle eût gain de cause, fit apposer un énorme portail afin que nul n'y aille plus!

Retour au début du blog-livre (lien)

vendredi 2 juillet 2010

Solitudes extrêmes, en ville et à la campagne

Extraits du "Journal au jour le jour d'une grève de 
la faim dans un village occitan" (lien)



 

ENTERREMENT, UN CURE UN PEU GÂTEUX
A l'église, seul endroit frais où je suis allée dans l'après midi, (la chaleur! et puis je m'y concentre bien, il ne me manque qu'un café bien noir, il faudrait le suggérer au curé, ça lui ferait du blé pour ses pauvres) il y a un cahier avec des demandes écrites adressées à la Vierge... C'est touchant, des pages et des pages mal écrites avec toujours les mêmes requêtes, faites que mon mari guérisse, que ma sœur aille mieux, que les analyses de mon gendre soient normales, que maman arrive à convertir notre mécréant de père, que ma femme revienne  (cela revient toujours beaucoup dans tous les termes) etc... Ou des évocations de morts avec prière d'intervenir auprès de Jésus pour leur épargner des années de purgatoire... C'est si triste et litanique qu'on n'a pas même envie de rire. Tous ces gens malheureux... tant de souffrances, sans doute énormes... cachées sous les apparences un peu arrogantes typiques du village, on découvre leur âme. 
 
Il y avait un enterrement, l'église était aux trois-quarts vide, ça devait être un homme très âgé, isolé, abandonné de tous comme souvent... Pendant son oraison, le curé baissait les yeux pour lire à chaque fois le nom du défunt que visiblement il avait du mal à retenir. Il pourrait tout de même faire un effort de mémoire comme n'importe quel prof, pour un seul client. Triste pour le peu de famille qui était là. "Nous accompagnons aujourd'hui notre ami ...euh... Marcel Du... Dibois... en cette journée bla bla bla..." 



 Les rabbins sont plus sérieux : celui de l'enterrement de Mamita savait tout sur elle... dit à mi-mot, -gênant, on aurait dit un psy- lorsqu'il m'a regardée pour que je m'avance vers le corps empaqueté de blanc brrr... jamais on ne m'avait fait ce coup. "Une sainte" avait-il martelé avec conviction, louchant vers moi.. raté, même Robin avait souri tant le terme lui allait comme des lunettes à un canard, il en faisait un peu trop le rabbi, mais on avait tout de même payé une bougie "éternelle" -qui devait brûler en Israël- quelque chose comme 1500 F et il fallait nous en mettre pour notre argent. Elle me manque; ce sont les gens les plus emmerdants qui vous manquent le plus, on ne sait plus que faire lorsqu'ils disparaissent, le gilet pare-balles que vous vous étiez tricoté vous semble soudain très lourd et pas moyen de l'enlever tout de suite. On n'a jamais vérifié si elle y est bien -la bougie, au mur des lamentations- il le faudra après cette histoire à la con, sinon service après vente comme chez Darty, 1500 balles tout de même. 

SOLITUDES EXTRÊMES  

Ici c'est la routine, pas de chichis, et hop au trou le vieux... euh... Marcel... euh... Dibois. Triste. Mais à Paris c'est pire : dix ou quinze personnes par jour meurent sans qu'on ne sache rien sur elles, parfois même pas leur nom avec certitude et ce ne sont pas des SDF le plus souvent. Une assoc s'est donnée pour tâche de se charger de leurs funérailles afin d'éviter que le cercueil ne soit conduit au cimetière comme un encombrant. Quelqu'un fait un petit discours sur la tombe avant la fermeture définitive. Émouvant. "Madeline ou Milène ou Miléna, excusez-moi si je me trompe, vous avez vécu vingt ans au 2 rue de la Tour Maubourg, nous ne savons sur vous que peu de choses, que vous aimiez les croissants au chocolat, les marguerites et les romans d'Agatha Christie, vous veniez peut-être de Hongrie comme votre accent semblait l'indiquer, pardon de vous avoir envoyé un prêtre catholique si vous étiez d'une autre religion etc..." Des gens perdus, cachés, au passé inconnu, ayant peut-être fui quelque drame, avalés, disparus sans laisser d'autres traces en vingt ans de vie que leur goût pour le chocolat et les romans policiers, qui saluaient cependant leurs voisins, leur concierge ou les commerçants. Poignant. Ça s'est révélé pendant la canicule mais ça a toujours été.


mardi 1 juin 2010

Les militants, le "nousnoiment"

Extraits du blog-livre "Journal au jour le jour d'une grève
 de la faim dans un village occitan" (lien)



 
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Samedi 26 juin 

L'article [de Michel Pernet, de la Marseillaise] est paru. Bien sauf que sur la photo, j'ai l'air d'un cadavre, les seins complètement, non pas en code mais en veilleuse, sous la ligne de flottaison, un indice comme les oreilles d'un berger allemand. Normal. Les anciens combattants militants de l'Arac [invités à une cérémonie à la Mairie] sont venus. Ni Jacques ni surtout Pierre n'ont eu le cran de venir me voir, ce n'était pas l'ordre du jour. Ça confirme : les gens sont à deux ou trois niveaux. Excellents syndicalistes, militants dévoués, à l'écoute des autres.. cependant aussi à la recherche d'un pouvoir, minime mais bon : militer est tellement ingrat qu'il faut bien une compensation... ce qui les conduit à ne pas se mouiller parfois -même si c'est idiot car ce n'est pas ça qui l'aurait gêné dans son ascension, au contraire-. Décevant ? Même pas, après l'euphorie de l'annonce, je m'y attendais. Il n'a pas la carrure de Joël qui serait venu tout de même, éthique ou intelligence, sans doute les deux. 
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Aux deux extrêmes, les réactions sont plus "sincères" ou en tout cas meilleurs. Les gens simples, sans idées politiques préformées sont infiniment plus réactifs car ils n'ont pas l'esprit embrumé de scories ... et les vrais politiques à l'assise intellectuelle solide, eux, agissent à bon escient. Au milieu, parmi les militants "moyens", on a ceux qui, devant presque n'importe quelle histoire, avant de s'engager, se demandent toujours "qu'est-ce que ça va nous apporter? ou qu'en pensera le Parti ? ou le chef?" 
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Chez les gens de gauche, l'éthique prévaut certes en principe.. mais ce sont presque toujours les exploités directs -ou même l'individu en le cas- qui spontanément réagissent : les "pro", eux, réfléchissent, parfois cherchent à récupérer. Et lorsqu'ils ont pris leur décision, l'histoire est souvent terminée ; ce n'est pas forcément de l'opportunisme mais relié à leur statut : comme les riches qui copinent avec des pauvres, ils redoutent toujours -et cela doit arriver parfois- d'être utilisés par des cocus et préfèrent, eux, les utiliser avant.. ou les éviter lorsqu'on ne sait pas encore s'ils peuvent servir. Distance, réflexion.. Et ils s'engagent enfin lorsqu'il n'y en a plus besoin et même que leur position est plutôt gênante. Ça s'appelle récupérer. 

Mais le plus agaçant est ce phénomène étrange qui les fonde à parler au nom du "nous", c'est plus sûr, ou du "on", étant entendu [même s'ils ne sont que trois voire moins] qu'ils ne sont que les portes paroles d'un "nous" tout puissant immense redoutable et intelligent, quasi infaillible auquel il leur faut se plier -pratique lorsqu'ils sont critiqués par exemple-. Je dirais qu'ils se "nounoient". Sur ce coup, ils [je parle des "pro" qui diffent tous les mardis des feuilles codées bourrées de sigles que l'on ne comprend pas] ont été nullissimes.