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dimanche 9 octobre 2011

ARTICLE 2

Suite de l'article 1 

COMMISSION DE FUITES !

Un couple de bouddhistes sympas avec qui je parle longuement -ils ont eux aussi compris immédiatement- m'invitent à une réunion, ça va s'arranger... du coup, je leur parle de mon expérience étrange juste après la mort de Lydie et ils me disent que j'ai là atteint l'état de Bouddha, ça a l'air de les intéresser... je sais déjà par des amis bouddhistes que c'est décrit dans leur iconographie comme tel... Du coup, je suis si élue, je laisse la coquille, c'est ''émue'' évidemment que je voulais écrire, que j'oublie de leur parler de la pétition. Rebelote: je serais bouddhiste sans le savoir. Moi, j'en doute.
Et puis ô stupeur, le Maire qui m'attend et me dit finalement que mon cas sera étudié en commission... "de fuite." Commission de fuites ? Ça devient de plus en plus loufoque car il n'y a pas de fuites, il faudrait plutôt créer une commission-sans-fuites qui me sera réservée j'espère. Robin ricane: "dans l'administration, lorsqu'on veut enterrer une affaire, on crée une commission" dit-il. 
Une ex collègue de Clémenceau avec ses enfants et son mari. Elle se souvient de moi... moi, à peine. Touchant.



Un couple de témoins de Jéhovah aussi, je ne m'en étais pas aperçue, agréables, simples, pas de prosélytisme cette fois, on se connait, ils venaient à Anduze devant chez moi avec leur livrets tous les jeudis... Elle n'a pas de retraite, lui gagne peu, le prix de l'eau leur semble exorbitant... par moments je suis si fatiguée que je ne donne même pas la pétition.

J'ai un peu dormi sur ma chaise. Et pris un -petit- chocolat; un goût exquis. Lorsqu'on ne mange pas ou quasiment, la saveur des choses s'exacerbe, tout paraît délicieux. Il est particulièrement cruel de faire cette grève tout près d'un restaurant, les odeurs me gênent. Voir manger les gens m'agace, m'attriste -un peu- surtout s'ils sont gros ! je deviens conne. 

Je suis à l'intérieur du troquet pour pouvoir recharger mon portable, la nouvelle serveuse grande et belle m'a demandé pourquoi je faisais la grève de la faim, c'est la seule qui l'ait fait, je n'ai pas eu la force de le lui expliquer mais lui ai donné le tract avec le site, ça économise des mots. Et comme on ne me voyait pas dans l'arrière salle, elle s'est inquiétée de moi auprès de son collègue: elle a eu peur que j'aie eu un malaise aux WC. Des gestes comme ça... touchant, là aussi. 


Je retrouve ici ce que disait Viesel sur son expérience des camps de la mort, honte à moi,  en microcosme, divisé par mille milliards de trillions : les hommes sont capables du meilleur et du pire. Un petit geste, c'est tout. Une phrase, "où elle est la dame qui fait une grève de la faim?" Sont-ce les mêmes et qui le peut ?


MACHISME ORDINAIRE

Le machisme parfois! La femme veut lire, le mec l'entraîne... ou pire, le mec lit et la femme attend sagement derrière lui qu'il ait fini sans même regarder. Cela ne se produit presque jamais dans l'autre sens. Rare mais je l'ai vu aujourd'hui deux fois. Lorsque les gens sont seuls -je veux dire pas en couple- par exemple une mère avec ses enfants, des copains entre eux, une bande de jeunes, des femmes ensemble... cela ne se produit jamais. Le couple est le lieu de l'oppression.



Dimanche 18 juillet, 3 h du matin !

 RÉUNION SUR LES MARCHES

Des jeunes gens des HLM me cherchaient vers 11 h, on leur avait parlé de moi, ils sont visiblement écœurés par les factures d'eau, un véritable drame chez eux. Ils sont admiratifs que je fasse "ça" pour tous car eux ont immédiatement compris les raisons de ma voiture stationnée devant la mairie et de ma grève -partielle encore-. Au bout de la colère, ils sont prêts à en découdre, veulent venir à la Mairie etc... Je leur parle de moyens plus efficaces que la violence, du sit-in, ils signent tous avec fureur, à en trouer le papier et emportent une pétition vierge pour la faire signer. "Ma mère, tu parles si elle sera d'accord... la Monique, qui fait que pleurer depuis, Magali, c'est elle qui nous a dit de venir, et Pierrot, il sort plus etc... Comiquement, ils supputent ce qu'ils vont ramener. Je me sens requinquée... et bouleversée. 

  Note après coup : en fait, pas un ne viendra le lendemain et nous verrons pourquoi...


Je rends grâce au Dieu du micocoulier qui m'a offert cette facture de 4000 euros me permettant à présent de voir plus loin que ma galerie, le Kurdistan etc... chez "moi"! On parle à bâtons rompus de la vie, des parents, du lycée, d'herbe aussi.. et ils me disent avec philosophie que dans leur existence faite d'angoisse de fin de mois, de parents désespérées, de mépris vis à vis d'eux en tant que pauvres, d'exclusions diverses, d'une vie où ils ont l'impression de ne compter pour rien -tiens tiens, comme moi- "on passerait son temps à boxer tout le monde sans l'herbe". A retenir. Il faut leur proposer quelque chose d'efficace, de non violent et de porteur. J'achèterai demain des tableaux et on écrira au feutre de couleur ce qu'on voudra, artistiquement si possible et ce "dazibao virtuel" deviendra réel... J'imagine qu'ils écriront le montant de leur facture... et/ou leurs revenus mensuels... puis on coupera la toile et on se l'accrochera tous au dos. Pas mal. Efficace, porteur... et ça évitera les fritages. Ils sont à bout, mères dépressives, suicidaire, en ces situations, un souffle peut tout faire basculer, la télé coupée, une réflexion de quelqu'un, et toute la haine qu'ils refoulent peut exploser. On est tous ainsi.

Robin dit qu'il faut proposer autre chose pour payer la station d'épuration et la dette contractée sans notre avis car la question est là, d'abord, baisser les salaires de nos élus, ensuite, il y en a deux ou trois voire quatre surnuméraires dont on pourrait très bien se passer, de toutes manières, ils font tapisserie, et ensuite, trouver. Robin se débrouille plutôt bien pour ça... Il faudrait aussi une commission populaire qui pèse sur les décisions prises et exiger l'accord de tous. Après tout, c'est nous qui payons. 




Les gendarmes passent et re passent... Un peu culpabilisée de leur occasionner ce surcroît de travail. Je sens bien les choses à présent, sauf que ça va beaucoup plus loin que prévu.    



Dimanche 18 juillet, 6 h 30 mat

Un aléa grave. R. avait attaché les deux chiens au même câble, il y en a deux, assez éloignés l'un de l'autre afin qu'ils ne s'enroulent pas, qui leur laissent 25 m de déplacement calculé ombre soleil, avec deux confortables niches... Il n'a pas l'habitude. Béni soit le dieu qui m'a fait revenir croyant que j'avais oublié le chargeur de mon portable qui en fait se trouvait dans la voiture. Il faut faire attention : le stress fait parfois commettre l'irrattrapable. Du coup, j'ai mangé deux sucres. Les animaux sentent d'instinct le danger, ils ont eu l'intelligence de ne pas bouger, mais jusqu'à quand auraient-ils pu résister avec le soleil le lendemain ? Il ne faut pas baisser la garde pour les choses quotidiennes…  
RENCONTRE

Une rencontre... de celles qui mettent le moral. Au moment où je vais enfin me coucher (!) j'ai tout noté de la discussion avec les jeunes après leur départ et un gars de mon âge s'avance vers moi... Sur le coup, je le déplore presque, j'ai trop sommeil, pitié, mais bon... Je ne le connais pas mais il sait tout, ça repose, nul besoin d'expliquer, il était à la réunion et depuis s'est renseigné sur moi, par le net sans doute, ce que j'aurais fait à sa place. J'apprendrai ensuite qu'il est un pro du renseignement ! 

Sa théorie est juste, évidente, dans le village, une structure féodale : une pseudo ''élite'' profite de la naïveté -réelle- des gens -une bonne majorité- pour les exploiter ouvertement ou les maintenir dans la sujétion sans la moindre vergogne, et ce toutes tendances politiques confondues, je simplifie. Il a quitté le village comme moi fort longtemps et comme moi est revenu, même les dates coïncident … avec une joie mêlée d'exaspération. 

Cette structure pseudo-féodale, on l'a vue avec les ''anciens'' et à présent, dans mon cas du moins, on la voit avec les ''nouveaux''... Les premiers étaient sans doute beaucoup plus ''hard'' -il semble même que l'un d'entre eux ait à présent quelques ennuis avec la justice, une histoire d'enrichissement personnel, des terrains achetés pour des clopinettes devenus constructibles par miracle et hop- mais bon enfant, natures et sympa en apparence. Tout se passait à la bonne franquette et à leur manière ils étaient aussi naïfs que ceux qu'ils exploitaient, si on en juge par ces factures d'eau de 50 m3 tout ronds, trop trognon ; les ''nouveaux'', plus distants, assertoriques, se sont fait haïr en un rien de temps autant -voire davantage- que leurs prédécesseurs malgré une gestion, mis à part quelques ''détails'' dont je fais partie, peut-être plus autoritaire mais sans doute plus saine, sans forcer ! (A voir tout de même.

Il me dit que les choses étant ce qu'elles sont, ça va se régler assez vite. Vite, ma foi, la notion est particulière ici car cela fait 2 ans que ça dure. Soit mais je souligne que mon affaire a dévoilé des drames plus importants qui la dépassent largement.. Il m'encourage, je serais "une battante, ça va le faire, les medias etc..." Je ne regrette pas la demi-heure de sommeil perdue... Malgré sa profession, "je suis de l'autre côté de la barrière" me dit-il lorsque je la lui demande, nous sommes très proches.

 

Réveil tardif, volontaire. Il faut dormir faute de manger. La planche m'isole assez bien de la chaleur, pourtant torride, c'est à noter, le bois, même de peu d'épaisseur, ainsi mis en arceau, est un excellent matériau.

Acheté une table et deux chaises; enfin je peux être autonome, mis à part le chargement du portable et la douche. Plus pratique aussi pour la pétition. Je m'organise...


Vu un jeune couple sympa désireux d'acheter eux aussi, ici, car ce n'est pas cher. Des intellos. Mon histoire les estomaque. Ça fait "tiers-monde" observent-ils. Ils signent et me souhaitent bon courage. Une embellie de temps en temps. Je leur parle tout de même des fouilles du Dugas, honteuse de n'avoir eu que mon affaire à leur conter. Lui va souvent en Afrique. Sa profession est originale, détective privé. Un roman que cette histoire ! Après le militaire spécialisé dans le renseignement -à la retraite- du petit matin, voici son confrère en quelque sorte. 

 Vu de frère d'une amie d'enfance que j'aimais beaucoup, Betty, que je recherchais depuis longtemps, elle n'habite plus ici depuis longtemps. Par lui on va se revoir... Finalement, pas une si mauvaise journée. 

DYSFONCTIONNEMENT PERSO

Mais vertiges, de plus en plus pourtant. Je suis presque tombée plusieurs fois. Si ça se termine mal, restera ce blog qui peut-être fera changer les choses ensuite. Futile ? Peut-être, peut-être pas. Il faut y croire, on part d'une facture, fausse ? En tout cas inexacte, et on arrive à bien davantage parce qu'au fond, ce n'était pas la question. Juste une question de dignité et de justice, une paille !

Ça ne va plus très bien. Je m'affaiblis, mais moins que lors de la première grève parce que je bois davantage et prends du café ou des boissons sucrées de temps en temps... sauf qu'il semble à présent que mon cerveau dysfonctionne -légèrement-. Un exemple: j'ai cru qu'on m'avait volé les clefs de ma voiture alors que c'était Robin qui les avait prises -machinalement ou acte manqué-... et j'ai forgé là dessus tout un scénar incriminant deux jeunes gitans qui avaient louché sur mon portable de manière insistante juste avant... Racisme sous jacent ? Aurais-je réagi ainsi s'il s'était agi d'autres ? L'habitude des loubards de Vitry, autrement plus hards que ceux d'ici ? Un peu tout. Donc mon entendement n'est plus tout à fait fonctionnel : comme n'importe quel crétin, j'ai implicitement posé l'équation gitans = voleurs. Le stress y est pour une part. Honte à moi.

Attention à ne pas dériver vers la pseudo hallucination ou transformation tendancieuse sincère de la réalité de manière funeste des malades. Au fait, le racisme est-il une maladie ? Je suis devenue ''malade'' par l'absence de nutriments ; en ce cas de stress grave, le corps pare au plus pressé, cœur-poumon et cerveau mécanique, l'entendement ma foi, n'est pas une priorité vitale... ça c'est sûr, il n'y a qu'à voir certains. Ça rappelle ce malade mental de Saint-Anne -maniaco dépressif- qui, disait-il comiquement, ''sentait'' venir ses crises maniaques ''parce qu'il se mettait à devenir con -raciste- juste avant''... signe que le délire clastique -global- était proche. A voir avec des neurologues.





Et puis, un paranoïaque a souvent été d'abord un persécuté... qui a mal tourné. Ne retenons de cette fournée, je laisse la coquille, que le fait d'avoir peut-être retrouvé Betty et rencontré des gens intéressants même s'ils ne vont sans doute pas rester... C'est le problème de la spirale aspirante, d'un univers délétère -même si ce n'est le fait que de quelques uns- les gens sains partent. Ne restent que ceux qui sont idoine ou ont été affectés, perdus, et ça empire ; c'est pour cela qu'une lutte même minime est importante. Et affectée, je suis en train de l'être.

Lundi 19 juillet matin

Nuit bonne, toujours, finalement cette voiture me convient bien. C'est le soleil cette fois qui m'a réveillée, je m'étais un peu déplacée car je gêne Samir pour son restaurant, quoique la place que j'occupe soit marquée... Il faudra que je recule à nouveau car cela me fait perdre une heure de repos et j'en ai besoin.

Lundi 19 juillet, soir
Ratage à demi, à demi seulement, une série de malchances, Sylvie s'est pété un pied -le stress, le déménagement et le changement de yourte l'ont sans doute épuisée-, des "objecteurs" sont en vacances, et FR3 n'a pas été prévenu à temps par la coordinatrice, ils ne savent pas s'ils vont pouvoir venir -car ils filment en Lozère- mais ils vont essayer... et finalement ne pourront pas arriver. Ce n'est pas grave car l'affaire est à présent au long cours et je ne lâcherai pas. Il faut seulement trouver des idées porteuses. Michel lui-même qui a tant fait a été coincé à l'agence, seul -les vacances-. 

Mais ce fut une excellente soirée tout de même avec des amis de Bertrand, une d'elle habite à côté de chez nous à Malak... Huit personnes seulement mais les gens qui passent sont attirés par nous, les affiches sont bien faites et le contact s'établit tout de suite, ils sont tous unanimement écœurés. Mais en fait, il y a eu moins de monde que le matin où j'étais seule, ça ne fait rien, c'était infiniment plus porteur avec des gens avec qui on est en phase qu'avec ceux qui -ce matin- requéraient plus ou moins de l'aide, bien que ce soit plus important bien sûr. J'ai besoin qu'on me recharge les batteries. Il y a Lydia -Lydia !- belle et radicale qui explique -le nez dans le guidon, nous ignorons parfois l'actu plus importante- que des gens ont été condamnés dans des manifs huit ans de prison! et les violences policières, Albert intello et artiste qui comme moi refuse le terme... Jeanne qui revient de Malakoff...

Racines

INCOMPREHENSION DES INTELLOS 
VIS A VIS DU PEUPLE

On s'est bien marrés. A refaire évidemment, cette fois autrement, un cran plus haut. A remarquer tout de même, ce qui corrobore ce que je sentais, que du village, deux seulement sont venus malgré les promesses de disons 20 au bas mot, Aline et Pierre. Personne notamment des jeunes des HLM surexcités de la nuit précédente, ni leurs parents qui les avaient envoyés.  Pourquoi ? Ce ne sont pas des militants, c'est sûr, seulement des gens de bonne volonté révoltés -ponctuellement- mais qui n'ont pas idée de la manière de mener une lutte... une des causes du reste de leur sur exploitation. Et puis ici, un rendez-vous est toujours un peu aléatoire, surtout lorsqu'on est au chômage ou harassé par le quotidien, on vient ou on ne vient pas, ou on vient à 22 heures quand il c'était prévu à 18, ça ne porte pas à conséquence. Ils perdent ou n'ont jamais acquis l'habitude des contraintes sociales, du temps, de la bagarre même, se livrant à des explosions violentes qui font illusion puis s'en retournant dans leur coin sans avoir la force d'en sortir. Et puis leur vie entière est faite d'aléas, il y en a peut-être qui ont eu un accident, un drame imprévu, une histoire qui a provisoirement occulté tout le reste...  Sur ce point, mon analyse diffère de celle de Bertrand qui a perdu espoir dans l'efficacité des luttes populaires en général ; je crois moi à leur sincérité et même leur réveil. Leurs propos ne sont pas seulement comme il le pense des foucades de café du commerce.

Note après coup : son jugement est erroné, je ne me trompais pas, un accident gravissime les a empêchés -mais je ne le saurai qu'après, par Maïa- et deux des autres ont trouvé un boulot saisonnier qu'ils ont dû prendre d'urgence, crevant plus ou moins de faim. Du coup, tout ce qui suit est à pondérer considérablement, voire partiellement à biffer! en fait, c'est moi -et surtout Bertrand- qui n'avais pas saisi la profondeur de leur besoin. On a été cons.

Cercle vicieux, s'ils en sont là, c'est justement parce qu'ils n'ont pas su se défendre ni même eu l'idée qu'ils le pouvaient, comment les faire changer en si peu de temps ? Leur violence que Bertrand dit tartarinesque, je la crois réelle. Comment leur demander de défendre quelqu'un d'autre -ce n'est pas tout à fait le cas ici mais c'est tout de même le point de démarrage-? Cette situation paradoxale, je ne suis pas fâchée de l'avoir démontrée à Robin qui, moins inscrit dans le village, plus ''parisien'', avait du mal à comprendre, je suis à la fois entourée, parfois louée, soutenue.. et totalement seule... la ''maman''. Soit. N'empêche, s'ils ne s'aident pas eux-mêmes, qui le fera ? Et cependant, mystère des foules, on le sait bien, il en faut peu pour que ça clashe. Demain peut-être y aura-t-il le déclic -mais un déclic durable- imprévu, à partir d'une autre affaire par exemple...

Désengagement ou engagement versatile sont le fait de ceux qui ne pensent même pas qu'ils peuvent vraiment compter. Lorsque j'étais allée vérifier à Nîmes que le chemin de la Roque était bien cadastré comme communal, le seul des "enfants" -13 à 18 ans- qui attendit impatiemment mon retour fut le petit parisien en vacances... bien que mon départ quatre heures auparavant ait été perçu par tous comme une expédition de renseignement déterminante et palpitante. Il avait eu juste une geste d'interrogation de loin, j'avais fait un signe de tête et il avait levé les deux bras, exultant. Les enfants d'ici s'en étaient retournés à leurs occupations peut-être ? sans plus y penser.



Racines

Autre hypothèse cependant, plus funeste, des pressions. Des adjoints dont "cette-facture-sera-payée..." sont restés de l'autre côté de la route, installés sur la terrasse du café  d'en face ou carrément sur le perron de la Mairie. Les gens les redoutent sans doute, surtout ceux qui sont le plus révoltés contre eux, c'est à dire les plus pauvres. Comment demander de l'aide -ou seulement l'étalement des factures- si on a été vu en compagnie de dissidents ? Prévu. Ça rappelle tout de même les femmes battues qui, après l'avoir agoni pis que pendre, dès qu'elles sont rafistolées, retournent avec leur compagnon malgré promesses et idées vengeresses égrenées en leit motiv. 
 

Je suis à peu près sûre que ce soir, lorsque je serai seule, les jeunes sont revenir me voir avec les mêmes formules guerrières définitives. Il faudra que je leur explique que ce défoulement qui obère l'action est malsain... et refuser de les écouter. J'ai malgré moi joué le rôle d'un psy apaisant... mauvaise pioche. C'est pourquoi en général les militants refusent souvent  d'entendre des doléances précises et ce type de discours... ce que je ne fais pas.

Note après coup, inexact, voir plus haut.


BERTRAND, INVERSION DE LA CHARRUE ET DES BŒUFS

Des gens qui signent aussi... beaucoup certes. Bon, ce n'est pas si mal mais loin d'être fini. Bertrand propose de faire l'intermédiaire et de me relayer sur la table, avec d'autres copains à tour de rôle. Ouf!

Note après coup : en fait, ce sera un échec, mon histoire semblant pour lui plus un tremplin propulseur de son groupe -prônant le revenu minimum d'existence pour tous- qu'autre chose, et l'intellectualité extrême de ses tracts "rendre les choses transparentes et l'invisible visible, être contre c'est supposer que l'on puisse être pour, il faut donc être ailleurs.." -Illich, OK-.. rebutait les gens, Saint-Ambroix n'est pas Paris.

Le problème des militants pro est qu'ils prennent parfois les choses à rebours. A partir d'une idée générale ou d'une théorie -parfois justes, du reste- ils initient ou rejoignent un groupe qui les promeut et pour le faire prospérer, se mettent en chasse d'histoires porteuses dans lesquelles ils s'engouffrent.. sans souci réel des histoires ni même des gens qui en pâtissent.. Alors que la démarche des quidams de base est à l'inverse de partir des faits et de participer si peu que ce soit à leur résolution -élaborant parfois au fur et à mesure une théorie-... Il y a là toute la différence entre opportunisme et sincérité, même si entre les deux s'étire un arc en ciel de nuances et d'états intermédiaires. Certes les "bons" militants savent s'adapter mais la majorité d'entre eux, suiveuse plus que créatrice, plaquant le cliché sur le réel, écrase en fait ceux qu'elle prétend défendre. Et tend parfois à exiger dogmatiquement des victimes qu'elles suivent telle voie et surtout pas telle autre politiquement non conforme, comme les médecins de Molières qui préfèrent à un patient qui guérit hors des règles celui qui meurt dans les règles.

Note après coup. 
Même cela est à pondérer, il y a en fait de multiples variables, tous ne sont pas tirés au cordeau et ceci concerne surtout les suiveurs toujours un peu dogmatiques, mais ici, la lassitude devant ceux qui ont cherché inconsciemment -ou pas- à m'utiliser en prétendant me venir en aide m'a agacée.


Par la suite, apôtre de la transparence, il sera le seul de tous ceux que j'ai vus ou interviewés à me demander de ne surtout pas parler de lui. Mais comme seule la vérité est révolutionnaire, Illich ne me contredirait pas.. dont acte. 

Prendre garde tout de même à ne pas faire le jeu de la Mairie, c'est à dire à alourdir une affaire simple, après les "commissions de fuites," et sans doute les "sous commissions sans fuites" ou de "fuites qui se sont réparées seules" etc... ils maîtrisent l'art de complexifier, de noyer le poisson et mine de rien, ça nous coûte, car je présume qu'il y aura un expert ès fuites et un expert ès non fuites, payés évidemment pour leurs prestations... comme le jeune spécialiste des cas difficiles. Je crois que demain je vais aller à la Mairie avec mes affiches en tea shirt. On verra.   
 

Mardi matin 20 juillet

Une heure du mat
On a enlevé la voiture de la place à cause du marché, parlé -beaucoup- avec les copains. Joie, la vie redevenue normale, presque, car je sais d'expérience qu'il me faudra quelques jours -trois à quatre- pour récupérer complètement moralement -les ''hauts'' et les ''bas'' demeureront encore longtemps- et après, le repas à la guinguette... 


Récup au cimetière dans les poubelles : les plantes étaient vivantes et refleurissent !

Matin: le marché. Toujours le soleil, les gens épuisés, l'espace trop étroit pour les poussettes, les vieux, les infirmes de fait sont exclus... Ce n'est même pas la peine de distribuer les quelques tracts qui me restent encore. Je suis arrivée à la Mairie trop tard pour voir P. il est parti... et peut-être est-ce mieux, il y a des lieux plus propices, ces locaux finissent par me mettre le bourdon et me rendre agressive... ou me donner le fou rire – ''la commission de fuites'' par exemple, qui a eu un bon succès d'estime dans le public éclairé-. Je fais comme un blocage. 

CONDOLEANCES

De fait, dans le couloir de la Mairie, il y avait trois ou quatre messieurs membres du personnel ou assimilés en file avec, toujours, cet air mi-figue mi-raisin de gens naturellement sympas mais qui devant l'odeur de soufre et de fagot que j'exhale de loin, mettent parfois un demi, un quart ou à peine un huitième de bémol, ça dépend, l'administration, c'est très délicat, ''bonjour... bonjour... bonjour... bonjour...'' On aurait dit des condoléances à une famille navrée lors d'un enterrement et ma foi c'était un peu ça. Sauf que c'est juste l'honneur qui est décédé et qu'ils n'y sont pour rien, enfin, pour pas beaucoup.

 Cet après-midi, je m'y recolle...

Et je n'ai rien fait ! Épuisée; manger me crève, je m'étais habituée à mes trois orgeats-trois cafés et encore pas toujours. Digérer me donne sommeil, je suis une larve, je n'ai pas encore récupéré. Plus la chaleur... il me faut prendre des forces. Demain peut-être. On est tout de même allés voir Sylvie. Belle soirée dans lumière au clair de lune devant sa yourte. Son histoire, emblématique, marquera le village et bien au delà. Un courage exceptionnel. 


 

On s'est bien marrés devant la vidéo, le pauvre maire de Bessèges devant les camions des décroissants et du Dal, pas des tendres, juste avant son procès en expulsion de sa yourte, "occupation en "réunion" -?- en vue d'y habiter d'un espace bla bla bla... En "réunion", sauf qu'elle est seule, ce qui a fait foirer la combine des promoteurs vocatifs voulant la virer... le maire embarrassé, le cul coincé entre deux pierres, lorgnant la caméra comme s'il s'était agi d'un serpent à sonnette prêt à le mordre, immortalisé par la vidéo qui nous avait tellement réjoui. Il n'avait pas tort du reste. "Vous me parlez de pressions que j'aurais subies de la part de... euh... promoteurs... mais là... bon, des pressions... euh... regards vers les 40 copains occupant... des pressions !! Surtout qu'en plus on m'annonce encore trois camions en route qui vont arriver tout en l'heure, alors... hein.. des pressions..." Être maire comporte quelques aléas.

Demain, Bertrand va me relayer, puis d'autres, beaucoup d'objecteurs sont en vacances hélas ou sur un autre chantier. On va devoir être en roue libre ou quasiment, quoique les choses parfois se débloquent imprévisiblement. 



Sylvie me donne la pèche, si elle y est arrivée dans des circonstances bien plus hard que moi, je peux le faire aussi. C'est si minime. Elle aussi a défriché un chemin communal qui à présent est fréquenté. Une murette a été refaite également à sa demande. Il faut croire que la mairie de Bessèges est plus réactive ou que son combat est plus vendeur, plus romanesque en tout cas. Son passage à la télé aussi l'a portée finalement, même si elle était réticente. Une jolie femme en hiver dans une yourte colorée expulsée par des promoteurs ça le fait plus que les glauques affaires d'un village hélas plus connu pour celles-ci que pour ses vestiges -peut-être- mithraïques. Et cependant, ces petites gouttes mises bout à bout détruisent autant les gens, davantage même puisqu'elles passent inaperçues. Peut-être suis-je au bout ?

Mercredi 21 juillet

Il fait gris, béni soit le Dieu du micocoulier, ça me va parfaitement. Je vais pouvoir m'installer confortablement devant la Mairie. Comme tous les matins depuis que j'ai recommencé à manger -peut-être trop d'un coup- j'ai la nausée. Quelques troubles intestinaux aussi. Ça bruite là dedans comme dans ma tête. Des hauts et des bas encore. Épuisée, à un point que je n'imaginais pas. Ma goinfrerie est en la cause, il fallait y aller soft. Déséquilibre biochimique sans doute. 

A présent, oui, il faut que ça cesse. Ma vie, mon intégrité valent si peu. Comme celle de tous les exploités, de ceux qui ne savent pas se défendre -mais je sais-je mieux, moi qui suis soi-disant philosophe? ... de ceux qui arrivent ici avec le sourire -mon bled, qui m'a recueillie autrefois-... et à qui on dit "vous devez 4000 euros" on ne sait jamais ça peut marcher et CA MARCHE... de ceux à qui on démolit  une maison -merci à la justice certes-... et de ceux qui, le soir, sur les marches de la mairie, hurlent après la vie qu'on leur inflige prêts à tout casser ou taguer... et ont tout oublié le lendemain. Ou ont peur d'une des leurs qui, poings sur les hanches, les regarde sur le perron parce qu'elle a -ou le croit -le pouvoir et ça la change agréablement de ce que -peut-être- elle a subi. Et en un sens elle l'a puisque le pouvoir est d'abord persuasion des masses de lui-même, un vide certes, une illusion, mais qui devient le réel-... de ceux à qui on vole un sac de farine et à qui on laisse lécher les poussières et qui disent merci... de ceux qui sont ou furent mes amis et/ou camarades et parfois ne bougent pas d'un poil ou dans certains cas -pour mon bien certes- me sapent le moral -ils ont peur que je ne meure-... de celles qui sont battues et retournent à leur bourreau dès qu'on les a rafistolées pour en reprendre une dose etc... 
 


Qu'au moins ces séries d'injustices soient, deviennent visibles comme dirait Bertrand... à travers moi transparente. Un milieu où celui qui truande -permis de construire foireux en série ou autres combines même pas originales, je ne connais pas tout, car originaux ils ne le sont pas et ce n'est pas difficile de gagner de l'argent, si seulement ils usaient de leur talent, assez minime, pour le village et non pour eux-.. un milieu donc où les dégourdis ont pignon sur rue,  -forcément ils sont devenus riches donc puissants donc redoutés donc à lécher et peuvent vous nuire-... et ceux qui rafistolent ou tentent de limiter la casse -autant que faire se peut- sont mis à l'amende, harcelés et crachés...


Allée déjeuner avec Robin. Qu'est-ce qui me prend ? Il me prend la fatigue et l'écœurement et sans doute une fragilité cachée soudain révélée par l'absence de nourriture quasi totale de 3 jours deux fois de suite -et la chaleur là dessus-.


LES RAVES
Des jeunes femmes encore, alors qu'on est avec Robin et qu'on a commandé chez Manu, la même histoire qui revient, on leur a coupé l'eau pour 100 E. et lorsqu'elles sont allées à la Mairie protester,  personne à chaque fois... Robin a tenté de leur expliquer qu'on allait créer une commission avec l'observatoire des pratiques communales pour éclaircir les choses, fixer des règles de gestion afin d'éviter qu'il y ait des gens coupés pour 100 E. Mais l'une est partie, un copain l'attendait et l'autre a tourné la tête, je crois qu'elles avaient décroché au mot "commission", c'est radical et je ne les en blâme pas. 



Ce sont ceux que j'appellerais les "raves" -révoltés à vide- qui après les litanies larmoyantes ou guerrières dévidant à la chaîne les injustices qu'ils ont subies, réelles, s'en vont se rencogner devant leur demi-panaché ou avec un copain qui les appelle pour voir un match. 

A la relecture, c'est faux, je suis dure, troublée par l'expérience de lundi où sur 20 attendus, trois seulement sont venus du village -encore pour l'un était-ce uniquement pour que je lui fasse une lettre.- Rave, je le suis aussi -en un sens-, le stress de ceux qui vivent au minimum, toujours sur la corde raide, jonglant avec l'angoisse, soumis comme tous ceux qui ne comptent pour rien à toutes sortes de pressions, et il leur en faut peu -une facture d'eau qui double, simplement- les conduit à la versatilité, comme on boit pour oublier. Ce qui semble résoudre les problèmes sur le coup et en fait les aggrave. Simplement, il en faut davantage -d'injustice et de stress- lorsqu'on a des revenus et/ou une assise intellectuelle et sociale, 1300 euros dans mon cas sans compter les livres, aléatoires, deux "best sellers", un bide, le reste étant moyen... je parle comme éditrice, et à la mesure d'un toute petite de province, et non de ma casquette auteur avec éditeur -parisien- où malheureusement se trouve mon seul vrai best-seller car  question fric, c'est 8% des ventes c'est à dire rien, et la littérature engagée se vend mal, peu importe. Je sais ce qu'il faut faire pour gagner de l'argent -comme auteur- je ne vais pas ici le dévoiler -car ce ne sont pas que des amis qui me losent, génial, je laisse la coquille-  je l'ai fait pour un copain et ça a marché, mais pas pour moi. Pas de vantardise, si j'étais réellement dans la même situation , je le ferais c'est évident. Après tout ce n'est pas pire qu'autre chose. 




Redite : il est bon que cette quantité de stress et d'injustice me soit tombée dessus car je peux ainsi mieux comprendre ceux qui vivent tout le temps dans cette situation -pour des affaires qui semblent moindres, semblent seulement-... mais de fait il m'arrive également de réagir comme eux, mal, rancœur déplacée, énervement, versatilité -moindre car l'expérience de la militance m'a appris à résister- mauvaise diplomatie, maladresses... Tout ce que j'ai écrit sur certains doit ici être à biffer. C'est une c. Mais il est bon qu'elle se soit exprimée au fil des jours tout de même car cela montre que nous sommes tous soumis à ce type de  comportement inapproprié, absurde et même cruel, qui va à contre sens de nos intérêts et surtout de la vérité et de la justice. TOUS. Prof de philo, prolo, bourge, intello, ignorant...
 



DIVISER POUR REGNER

Et d'autre part, le stress divise les gens. A fleur de peau, éreintés, ils finissent par se tromper de cible, se disputer entre eux alors que l'ennemi est ailleurs, tranquille et c'est le même. Diviser pour régner. J'ai au moins la satisfaction de ne pas m'être faite avoir sur ce coup.. lorsque "cette-facture-sera-payée" mais aussi certains parmi mes amis m'ont "lancée" et avec quelle vigueur! contre ma locataire... je devais l'attaquer, la faire "raquer" -selon l'adjointe au social !- ou au minimum ne plus la saluer ni son compagnon -selon Cris, plus réaliste- etc... et là il a fallu ferrailler, on ne va pas attaquer plus pauvre que soi pour une affaire si foireuse, la famille n'est pas comme ça isn'it ? D'une part, j'aurais perdu l'honneur, d'autre part, on ne tond pas un pou.

Diviser pour régner, de la part de ceux qui sont responsables, c'est confortable, pendant que les pauvres s'étripent, ils sont peinards. En réalité, on l'a vu, elle n'y était pour rien puisque les factures -certes minimes- avaient bel et bien été payées ! Pourquoi minime? Cherchons pas. Scénar de thriller ou de roman picaresque... qui n'a pas place ici, que ce compteur vraiment farceur qui marque ce qu'il veut bien puis meurt de sa belle mort, mais après un dernier sursaut d'énergie qui lui fait cracher in extremis ses 4000 Euros peut-être retenus jusqu'alors... Claude me disait bien que juste avant la mort, on a parfois une sorte de rémission incompréhensible -et une lucidité soudain quasi parfaite- ainsi tante qui est sortie de sa léthargie, m'a souri, demandé l'heure d'une voix quasi normale -miracle?- et a dit que c'était l'heure de dormir... retombant aussitôt. Ce furent ses derniers mots.
 


Spleen passé, à demi... je sais que ça va revenir...

PHÉROMONES
La table devant la mairie, finalement, ce n'est pas si mal... Robin estallé chercher un cutter pour couper les tableaux, je vais m'en faire un tee shirt... Il s'est laissé pousser la barbe, ça lui donne un  air de révolutionnaire mexicain. Des gens regardent les affiches un peu estomaqués. Une dame -celle au petit chien obèse qui n'arrive pas à marcher- a signé et me dit qu'on était dans une configuration planétaire exceptionnelle et qu'il allait se passer de grandes choses en août... Quoi ? Sans doute la résolution de nos affaires... Lorsqu'on est mal, les gens ne s'arrêtent pas. C'est comme à la Galerie. Émettons-nous des phéromones qui attirent ou repoussent sans que nous n'en ayions conscience comme les animaux, plaquant ensuite le logos pour justifier nos mouvements instinctuels? 

Révélons-nous parfois sans nous en rendre compte, par certains détails en réalité inaperçus et de nous et des autres, tout notre être dans sa profondeur intime? Oui et parfois on le voit, avec un peu de sens de l'observation, ainsi Monsieur Dupré, grand bourgeois sympathique, intello, cultivé, marié, deux enfants, temple, copinage avec le pasteur, conforme comme il n'est pas possible.. malgré sa jolie femme-enfant un peu cruche qu'il adorait.. homosexuel. Lorsque Sylvio était venu me livrer le "scoop", embarrassé, après quelques circonlocutions d'usage, son cousin, quelle affaire.. tanqué, il fut. "Bien sûr!".. "Tu le savais?".. Oui. "Tu as une double vue? des dons?" Non, il suffit de voir, lorsqu'une femme entre dans un lieu public, surtout jeune et jolie -mais même si ce n'est pas le cas- chez tous les hommes présents, mêmes âgés, le regard change imperceptiblement, s'éclaire, juste une fraction de seconde il devient plus joyeux.. et quelque chose change dans l'ambiance générale, c'est à la fois imperceptible et presque palpable, ça "va" mieux -il n'y a quasiment pas d'exception sauf chez les très grands déprimés ou certains psychotiques-. Il ne se passe rien -ou tout autre chose- s'il s'agit d'un homme inconnu qui pousse la porte, un coup œil distrait et on y retourne. Pour Monsieur Dupré, c'était l'inverse, même la plus jolie vamp souriante pénétrant avec un grand "bonjour" ne suscitait pas d'étincelle... déprimé? Non, pas à ce point puisque, ô stupeur, un jeune homme ou un homme, si. Plongée dans mes copies, je ne l'ai pas vu tout de suite, une fois, deux, trois.. et finalement ça a fait tilt. Simple mon cher Watson. Ils me manquent tous les trois. Mixte de conformisme le plus navrant et d'originalité cocasse au fond romanesque. 

Bon, les gens sentent -comme moi- l'état d'esprit des autres et réagissent en fonction de ceux-ci, s'arrêtent ou pas, entrent ou passent -lorsqu'il s'agit d'un lieu public, café, restau, boutique..- Normal. Réciproquement, c'est parfois à ceux-là que je cerne moi-même mon propre état. Là c'est ''moyen''. 
 

J'espère que Bertrand n'a pas eu d'ennui. J'ai l'impression que ça peut durer tout l'été. Il faut, comme dirait Michel J., le prendre ''comme une étude de cas en vue d'une histoire sinon tu deviendras folle.''


HOMMES BATTUS, AUSSI !
LES URGENCES FERMENT A 17 HEURES

De la violence conjugale aussi, juste à côté de nous mais cette fois c'est un homme qui a morflé, une belle estafilade au bras, large, nette, j'appelle le médecin à sa demande et un répondeur me renvoie à un autre, qui me dit qu'il est dans son cabinet et ne peut rien faire pour ''moi'' -toujours pour ''moi'' ! décidément je porte les drames du bled toute seule- ça sera pour ce soir quand il aura fini ses consult! Authentique! Ça rappelle l'écriteau à la Maison de santé protestante d'Alès, la clinique chic du bled : "Les urgences sont fermées à 17 heures". Les commerces ferment, plus de médecins mais heureusement, il y a encore les gendarmes. Ils sont arrivés assez vite. Savent-ils recoudre un blessé, enfin juste faufiler disons, en attendant, il ne faut pas trop leur en demander ? Le tiers-monde en effet.




Bertrand arrive enfin. Ouf, il n'a pas eu d'accident. Beny passe, pas trop saoul pour une fois... et nous explique doctement comme à son habitude ''qu'il y a des antibiotiques dans l'eau, qu'il l'a dit et que c'est pour cela qu'on l'a enfermé chez les fous.'' Je doute un peu qu'on l'ait bouclé seulement pour cela –sa dipsomanie le rend parfois violent- mais Jeanne confirme: il y a en effet des antibiotiques dans l'eau. Simple, les gens en prennent en quantité, ils les chient, les stations d'épuration qui ne sont pas là pour ça les laissent filer, on les ingère à nouveau, les excrète encore et l'ensemble finit par faire une assez bonne purée. On boit plus ou moins notre merde... et les bactéries et antibio qui vont avec. Beny précise qu'on en ajoute aussi car les canalisations sont vétustes et sales. Est-ce exact? Il n'est pas si mal renseigné finalement, ayant vécu toute sa vie dans le camp de nomades juste à côté de la station d'épuration. A voir ce soir sur le net. 

Note après coup : il a raison.


BIENTOT PLUS DE MÂLES ?

Dans la même veine catastrophiste quoique mais plus drôle, les hommes seraient en train de se féminiser à cause des hormones  femelles -la pilule- excrétées et ré-ingérées, à voir encore, la quantité de spermatozoïdes dans un éjaculât est parait-il beaucoup plus faible à présent qu'elle n'était il y a 10 ans et diminue régulièrement de plus en plus. La nature, si c'est elle, fait bien les choses pour nous calmer, on se reproduit comme des lapins et souvent c'est les plus pauvres qui en font un max. Comme cette petite jeune femme de 23 ans qui a déjà cinq enfants... que son mari lui aurait fait retirer, qui se morfond -également pour sa facture d'eau qui a doublé- passe son temps devant des bières et se fait plus ou moins embarquer tous les soirs. Passons, c'est peut-être la détresse qui la fait ainsi agir, je deviens cul béni et conne, mais ce n'est pas trop top pour récupérer ses gosses si c'est vraiment son but, le problème comme toujours étant la détresse qui la fonde à des comportements compensatoires.. lesquels lui permettent de résister mais aussi la coulent. Car ensuite ces comportements vont prévaloir, même en l'absence de détresse, tels une drogue, si on lui redonnait la garde de ses gamins, saurait-elle se priver de ses virées ? Pas sûr. Cercle vicieux.
 

Plus aucune patience. Deux autres sont revenus comme prévu avec les mêmes histoires de facture et de coupure... Robin a encore une fois tenté de leur parler de l'observatoire des pratiques locales et globales etc.. et là aussi, les gens décrochent, il faudrait un autre terme ou parler autrement. Il faut tout de même garder espoir. Bertrand est excellent mais son discours est un peu sophistiqué, je crois qu'il ne se rend pas compte qu'on n'est pas à Vals ni à Paris mais à St-Ambroix, ville pas particulièrement réputée pour sa vivacité intellectuelle. J'en suis. Dès qu'ils se lancent, les gens filent.





CLASH

Mais le must -et le clash- ce fut deux hommes de mon âge qui se sont moqués de moi, en termes au début sympa tout à fait tolérables, on a le droit e se marrer puis pour l'un, beaucoup moins... ''pour une fois qu'on a une Mairie de gauche tout de même, vous n'allez pas...''  Là, j'ai craqué, j'ai hurlé tout ce que j'avais sur le cœur... en termes disons ''virils'', rare, et il y avait un public en face, tant pis. Choqués les gus, ils partaient en faisant des yeux comme des soucoupes lorsque Bertrand et Robin les ont rattrapés et leur ont parlé...

Moi, je me suis remise à mes panneaux, je n'écoutais plus,  raz le bol de devoir me justifier surtout lorsque les exigences sont visiblement  spécieuses, apparemment ça s'arrangeait grâce à Bertrand et à Robin.. Il s'agissait d'artistes qui, ont-ils dit ensuite, attendaient la gauche depuis 60 ans, comme moi. Ils se sont excusés, moi aussi, à la fin tout baignait, enfin c'est à voir, l'un a même dit qu'il allait parler de mon affaire à un pote à lui, le coiffeur-footballeur-adjoint à la culture, ça le fait aussi, on est multifonction dans cette équipe lorsqu'on est un mec, quant aux femmes, une prof d'histoire à la retraite par exemple, on la colle aux chemins ruraux, crapahutage dans les restanques assurés, c'est ce qui s'appelle la bonne répartition des tâches et la parité... Certes, on peut être coiffeur et excellent écrivain et justement ici c'est le cas ; prof d'histoire et sportive, et ici ce n'est pas le cas... mais la littérature -et non certes l'écriture qui peut être un don inné en dehors de toute culture classique, exemple Steinbeck-.. la littérature donc s'apprend, comme le foot ou la coiffure... et l'inverse eût été préférable pour tous. Mais c'est une femme alors, zou aux chemins, ça te fera marcher au moins, bon pour la santé ma choute..



Bref le monsieur agressif-puis-aimable va lui parler de cette sombre affaire comme s'il ne la connaissait pas, c'était gentil tout de même et je l'ai remercié comme on remercie un enfant qui vous offre un collier de nouilles lorsque vous avez perdu votre sautoir de famille... Salut à la prochaine. J'étais émue aux larmes -je dois manquer de quelque chose encore- j'aurais sans doute pu dire et faire la même chose que lui avant, quoique peut-être pas, pas devant quelqu'un qui a fait 3 jours et 2 fois de suite une grève de la faim... Jeanne, beaucoup moins émue, plus lucide -c'est une parisienne- pense qu'ils ont juste voulu jouer leur partition, une prestation. Robin, lui, qu'ils étaient simplement obnubilés par les piles de leur portable, mission impossible, le petit magasin -qui vendait les téléphones- lancé par de jeunes courageux a fermé après un cambriolage, incapables de faire face aux traites et aux travaux malgré l'assurance... Donc de piles ils n'auront pas. N'empêche, c'est grâce à Robin et Bertrand que ça a glissé. Je n'ai plus aucune diplomatie, je me dégrade.. quoique..

Heureusement qu'il y avait les copains, j'ai bel et bien craqué, pour la première fois et en public. Ensuite, on est allées avec Jeanne voir la galerie, moi en femme-sandwich avec les affiches. Elle a aimé. Bertrand propose de s'installer quelques jours ici, quel bonheur... Jeanne doit remonter à Malak mais va redescendre aussitôt. On en profitera pour voir Sylvie. Petit à petit, il se crée des choses, des liens, des rencontres. Je me sens moins seule. Observation : aucun de ceux qui m'entourent efficacement ne sont vraiment d'ici, du moins à l'origine. 

Note après coup : en fait, Jeanne remontera en effet à Malak peu après mais elle y restera, réconciliée avec son mari et Bertrand supportera mal Saint-Ambroix, et dit-il, sa pollution effarante -en Ardèche, il vit à la campagne totalement isolé dans une ferme restaurée, et va tous les jours à Vals dans sa galerie d'art.
 



VERSATILITE

J'ai acheté des fruits : Domi n'a pas voulu que  je paye. Touchant... et gênant à la fois... Il y en a qui manifestent leur solidarité de cette manière. Décidément, je suis devenue mendiante et plus ou moins SDF... 

Il faut aller prendre des nouvelles du gus que sa femme a blessé. Pas trop grave mais il était ''KO'' et complètement blême sous le coup de l'émotion. Une histoire d'amour qui a mal tourné. Ça peut arriver partout, même chez les bourges. Mais ce n'est pas partout qu'il n'y a pas d'urgence médicales.

Et on n'y est pas allés malgré toute notre compassion superficielle ! Robin voulait voir la vidéo de l'émission sur Sylvie, qui l'a tellement ému qu'il en a renversé son verre d'eau sur l'ordi, j'ai dû aller fissa le sécher, le redémarrer, et reconfigurer la wifi qui en avait profité pour se barrer, fini à 1 h. Moralité : ne pas jeter la pierre à ceux qui ratent des RV, c'est dans les situations de stress qu'arrivent les accidents, minimes ou graves. Et la leur, toutes proportions gardées, est identique ou pire que la mienne. J'ai été trop dure -et conne- envers eux. Mea culpa.
 


Exemple, depuis cette grève, on a : 
1 perdu les clefs de la maison x fois, cherché, aller-retour, fouillé...
2 celle de la voiture -en fait c'est R. qui les avait-: dépanneuse etc... 
3 failli bousiller l'ordi...
4 failli laisser s'étrangler les chiens par une mauvaise attache 
5 esbougné -un peu- la voiture de Fred
6 perdu ma clef d'ordi d'où une expédition à minuit à la plage de St Victor où je supposais l'avoir oubliée -en vain-...
7 perdu mon numéro de caisse d'épargne -d'où désespoir de la guichetière qui a dû par gentillesse le rechercher; à Paris, on m'aurait envoyée balader, ici, ils ont l'habitude des couillons comme moi. 

8 égaré -et retrouvé- un chèque important -mais ça c'est courant-

Donc si moi qui suis dans une situation relativement favorisée, je débloque -un peu- que dire de ces jeunes désespérés d'avant-hier ? Les incriminer est injuste : c'est justement un des effets pervers de l'exploitation et/ou du harcèlement, factures qui doublent, humiliation d'avoir à quémander un délai, de devoir étaler ses misères devant qui-de-droit-pas-sympa, de ne pas manger à sa faim... que de conduire les pauvres à perdre les pédales et à ne même plus voir la manière parfois évidente de se défendre et à se braquer les uns contre les autres, je n'ai pas fait exception, preuve que le système est bien fait. C'est grâce à ce blog qui met tout à plat et que je toilette après lecture que mes erreurs -et surtout injustices- m'apparaissent et je les rectifie. Une sorte d'autopsie de ces affaires au jour le jour. Des éléments pour une étude sur la manipulation... ou un roman -mais ça je ne sais pas faire, c'est pour un autre-.





SOUVENIRS, LE TEMPS RETROUVE

Une embellie rigolote, une femme que je connais, bien que je doute qu'elle se souvienne réellement de moi, la plus jolie fille de la plage de St Denis autrefois, corps de déesse que tous les mecs reluquaient tandis que nous, les "petites" pataudes dans des maillots une pièce, bavions devant ses bikinis au soutien-gorge à balconnet qui semblaient offrir ses seins superbes à l'admiration de tous.. a acheté deux livres -Chants philosophiques- et m'a demandé de les lui dédicacer. Sur l'affaire de l'eau, elle ne sait pas trop... je n'insiste pas, elle fait partie de la bonne bourgeoisie de gauche très légère, un peu emmerdée, et autrefois, ne nous voyait même pas. C'est déjà bien qu'elle ait acheté mes livres, ce qu'apparemment elle fait régulièrement. Le village, quoi. Patricia Carrier est donc une lectrice. Magie de la littérature, qui l'eût cru?


Et une autre aussi, mon ancienne instit pour qui Patricia achète l'autre livre, une femme d'exception qui a su autrefois imposer à une Lydie récalcitrante de me faire passer en CE1 dont je suivais déjà les cours -c'était une classe unique- bel acte de bravoure pour celle qui, plus jeune que ma mère, avait d'abord été son élève. "Je ne veux pas qu'on en fasse un singe savant"... L'héroïque avait tenu bon, "à quoi ça sert de la laisser en CP puisqu'elle sait lire depuis trois ans et suit les leçons du CE1 voire du CE2?" Gagné à l'arrache. Bien ? Sans doute. Puis Mademoiselle Dalverny -pour moi la plus belle femme du monde- avait voulu me faire passer en CE2 même argument, "puisqu'elle suit les cours de toutes manières" et là, Lydie s'était montrée inflexible. Pourquoi chez elle cette attitude à rebours de celle des autres parents, ce refus qui confinait à l'obssession de ce que j'étais alors que d'autres parents en eussent été plutôt fiers ? Je crois que pour elle il fallait être normal, trop en avance ne l'était pas, trop en retard non plus d'ailleurs. Il y a peut-être une autre explication, plus jolie et une autre, funeste, passons. 

Mais il faut lui concéder que plus tard, à 12 ans, se retrouver avec des filles de 14 maquillées et choucroutées qui ont honte d'être vues avec vous, se moquent et vous mettent à l'écart n'est pas drôle. Une autre lectrice donc. Jubilatoire de parler à tant de gens à la fois en un seul mouvement. Mes anciennes instit, pas peu fière je suis..



Je réalise que je fais une sorte de signature "sauvage", et ma foi ce n'est pas rien ici. D.F. soi-même, qui se la pète un max, "j'ai été à Oxford et à la MIT... et j'ai fait une émission sur radio truc etc"... venue à St-Ambroix sapée superbe après invite de Midi-libre et joli article avec photo classe a passé sa journée à s'emmerder derrière des cartes postales "poussez-vous un peu ou baissez juste la tête, excusez-moi, merci, désolée..." n'a vendu aucun bouquin et est repartie en se jurant de ne plus jamais remettre les pieds dans "ce pays de ploucs"... En fait, elle avait à la fois tort et raison, son livre était déplaisant, genre je suis une intello brillante et viens vous offrir mon regard sur ces contrées poétiques certes mais où on se demande vraiment comment vous pouvez vivre... succès à Paris peut-être? ou à Anduze où les Cévennes se vendent toujours bien, mais ici... De plus, les gens ne lisent pas ou très peu. Même Michel aux innombrables best sellers n'a vendu que cinq livres lors de sa signature -annoncée-... et c'était un énorme succès à la mesure de St Ambroix. Encore un qui ne reviendra pas volontiers...

Donc une signature "sauvage". Bigre. C'est un peu inquiétant aussi : je me demande s'ils ne pensent pas que pour la prochaine grève, j'irai jusqu'au bout et veulent garder de moi quelques lignes perso avant ma disparition. Avis, je compte tout de même m'en sortir sans -trop- de casse. Mais merci tout de même de me lire.



 CELLE PAR QUI ARRIVE LE SCANDALE
Le jeune garde surdimensionné est venu -avec le sourire- avertir les gens d'enlever leurs voitures de la place, il va devoir verbaliser incessamment sous peu, il se prépare un vide-grenier. Bon succès d'estime sur la terrasse où des belges ont été charmés: "Qu'est-ce qu'il sont sympa ici !" Mais il n'a pas répondu à ma question: est-ce que cela concerne aussi l'autre place -où j'ai ma voiture-? Il doit avoir ordre de ne pas me parler. Ce regard que je pose heure après heure, jour après jour, sur le village, le plus fidèle possible, telle une caméra à grand champs qui tourne dans tous les coins dérange il faut croire. Ce sont les aléas de ma situation, les aléas de l'écriture aussi. Relater, filmer inquiète: on est bien entre soi, pote closes -je laisse la coquille- c'est des affaires privées, particulières, on se mêle uniquement de ce qui nous regarde et ce qui nous regarde, c'est notre pré carré, point. Chacun s'isole, croit être seul dans sa déréliction... et c'est ainsi que les injustices perdurent... ce qui me pousse à continuer. Je n'ai que "ça"... et ma foi, c'est mieux que rien, c'est même essentiel -sauf qu'il y pas mal d'illettrés ici, mais ça cause, ça cause...- Je vais tout de même voir, si ça se trouve, il est en train de me verbaliser. St Ambroix.

Le vide grenier! au début, je n'arrive pas à avancer, tout le monde s'arrête, me parle : qui a vu sa facture doubler, tripler... qui n'était pas là... qui a eu une fuite etc... Il faut distinguer les cas : ceux comme le mien, inexplicables, reliés sans doute à des compteurs "farceurs", consommation identique voire moindre et cependant triplement de la facture par exemple ; ceux qui hélas proviennent d'une consommation habituelle normale "simplement" multipliée par deux (!) en raison de l'augmentation ; et tant d'autres, souvent panachés, telle cette "vieille" dame -"votre âge à peu près" m'a dit gentiment le vendeur de la superette- à qui on a changé le compteur, qui escomptait 300 euros comme d'hab et se voit avec 1300, alors qu'elle est pourtant seule à présent... Ces compteurs sont décidément par trop capricieux et il conviendrait de les vérifier tous systématiquement.



J'ai enlevé mon panneau pour pouvoir avancer. Ce soir, j'ai le moral. Mais à supposer que l'affaire soit réglée, ce qui est loin d'être le cas, en arriver à TROIS JOURS de grève de la faim... DEUX FOIS DE SUITE est tout de même révélateur d'un dysfonctionnement drastique. La gauche ! Rien ne sera plus comme avant. Un peu honte d'avoir porté cette équipe au pouvoir, si peu que ce soit. Et ce n'est pas peu. 

Vendredi 23 juillet, matin 
 
FEMME-SANDWICH

Le coup de l'homme sandwich a fait un tel tabac avant hier -j'aurais dû faire ça plus tôt- et surtout hier au vide-grenier -où beaucoup de gens vendaient ce qu'ils avaient pour payer  leurs factures d'eau !- que ça tournait à l'émeute... Il en faut si peu, c'est là qu'un membre du conseil -le seul à qui j'accepte de parler- est venu vers moi avec des propos relativement rassurants. 


J'ai toute confiance en lui, avec sa femme et quelques autres, ils ont infatigablement œuvré autrefois contre la décharge polluante -de qui, au fait, décidément?- efficaces et déterminants ; sans eux on l'aurait peut-être encore,  la merde est ce qui rapporte le plus après la drogue, et ma mère à 80 ans (!) avait à l'époque tenu des "piquets" d'arrêt, il s'agissait de se mettre au milieu de la route et de faire s'en retourner les camions arrivant d'Allemagne, rien de grave, ils n'était nullement agressifs, "ya Yavool!" et faisaient demi-tour sans histoires... Lorsque j'étais venue en vacances, j'avais même organisé les "tours" et les "postes", le moins couru étant  de 3 à 6... Je l'avais donc occupé une seule fois, en compagnie de Magali qui, malgré son travail éreintant, avait trouvé l'énergie de perdre trois précieuses heures de sommeil. Maquillage impec, sapée lady, c'était trop marrant à 3 heures du mat dans la nuit d'hiver devant un vague feu de bois, en bas d'une décharge qui puait le cadavre, de la voir pomponnée comme pour un tour de bal. Encore moi allais-je dormir à 6 heures mais elle, travailler toute la journée d'un seul élan. Il y a des femmes comme ça. "C'est mon devoir" avait-elle dit simplement. Les espagnols sont des gens exceptionnels.


Moins trois kilos ?

Donc j'ai confiance en cet élu certes mais il a peut-être été manipulé sans le savoir. Je me méfie à présent systématiquement, il faut le comprendre, lorsqu'un employé du service est eaux dit devant un élu "ce compteur était payé par Mr Ruche, même qu'il rouspétait parce que ça faisait cher", élu qui le lendemain ne se souvient de rien, puis, mémoire revenue parce que l'autre répète, affirme sans rire qu'il devait s'agit d'un autre compteur, on peut légitimement se défier de tous. Par conséquent je continue. J'ai lancé une mode. Il y a des femmes qui se sont organisées et refusent de payer. 

Note après coup. En effet il avait été manipulé, la commission de fuite n'a rien donné qu'une proposition de marchand de tapis : ils voulaient "seulement" me faire payer la moitié. Un acharnement impensable qui confine à un harcèlement. 



Du chemin, plus important que l'eau -car c'est pour tous- il semble aussi qu'"on" ait parlé mais là, il n'est pas sûr. DONC JE CONTINUE.

Mais surtout....
Bertrand, qui se définit comme "chercheur indépendant et sécessionniste" initiateur du "CRAC" ou cercle de réflexion et d'accompagnement à la commune, ça fait un peu beaucoup et même carrément gag.. Bertrand donc a écrit une lettre à la mairie de St Ambroix, je ne résiste pas à l'ajouter. Je l'ai un peu simplifiée tout de même -et refait tout le début avec son accord-. 


OBSERVATOIRE INDÉPENDANT DES PRATIQUES DE DÉVELOPPEMENT RURAL ET COMMUNAL 
à 
Monsieur le maire de St Ambroix

"Le rôle des citoyens dans un système démocratique est d'être acteur et non serviteur; le pouvoir élu est là pour les servir et non les asservir. Notre but : permettre aux citoyens d'inventer l'avenir, les solutions, ne plus se désengager ni s'en remettre aveuglément à des élus etc... 
 Le déficit à la fois de participation des habitants et de communication des élus des communes est constant, à divers degrés cependant. Les différentes structures qui se mettent en place (Communauté de commune, Pays) n'ont pas pris en compte ces facteurs primordiaux pour la préservation de nos territoires surtout dans les zones les plus reculées.

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Nous proposons une action qui doit être initiée avec votre aide, par les municipalités en lien avec les habitants de leur commune. (Vous trouverez ci-joint notre document de présentation concernant notre action -Cercle de réflexion et d'accompagnement à la commune- ou CRAC). 
Comment espérer un authentique engagement des gens si leur imaginaire reste captif ? Le projet vise à promouvoir une politique de la participation et de la citoyenneté, desserrant l'emprise des rapports de pouvoir pour investir l'identité communale en friche, aboutir à un autre rapport à la commune, en marge de l'activisme des communautés de communes (des politiques publiques) et institutionnelles (politique et technique). La commune est l'unité de base de la société, ce qui val mal ''ailleurs'' va d'abord mal dans un village : et c'est là qu'il faut agir en premier. Pour peser ailleurs.
La mise en œuvre du projet le modifiera nécessairement. (Un projet ne coïncide jamais avec son propre fonctionnement.) Entre celui-ci et ses réalisations, se nichent de l'imprévu, des lignes de fuite, des plages de silence dont il faut tirer parti... et dans cet écart, d'autres initiatives peuvent advenir... Le CRAC est une structure souple, ouverte et disponible qui considère qu'il n'y a pas de ''petites'' affaires (ou qu'une ''petite'' affaire peut devenir ou en cacher une grande). Cette "disponibilité" du projet fait retour vers les personnes, libres de leur initiative. En préservant sa  porosité, le ''cercle de réflexion et d'accompagnement à la commune'' autorise les trajectoires singulières, libère la participation et en cela, se distingue de nombreux projets communaux très bavards, rigides voire fumeux qui multiplient les injonctions et les recommandations."

 Ça va chauffer, Dédé. La "porosité du projet.. qui ne coïncide jamais totalement avec son propre fonctionnement".. et "les lignes de fuite et les plages de silence dont il faut tirer parti.." j'imagine le conseil municipal devant ça, j'adore. Un détail de fond tout de même à la fois intéressant et gênant: si on simplifie, il demande tout bêtement aux élus de se tirer une balle dans le pied, proposition délicate, ça sert à quoi? si ce n'est d'énoncer des choses vraies mais destinées à d'autres que ceux auxquelles elles sont adressées?
 

Une émission de FR3 certes très confidentielle, 6 h du mat d'après ce qu'on m'a dit où le maire a parlé -de quoi exactement je n'ai pu savoir, de l'eau c'est sûr mais encore-. Reste le chemin, plus important que tout le reste. Ce n'est pas fini hélas. Fatiguée... et heureuse aussi ce soir.

Dormi 13 h aujourd'hui -8 h la nuit et 5 h de "sieste", mon record quasi battu de juste après la naissance de Maï-Linh. Les neurones se reconnectent, ça télécharge doucement. Et il y a autre chose, envoyé par Bertrand et Sylvie en même temps, je l'ai lu mais sur le coup, j'étais trop épuisée pour réagir... mais en me réveillant, les idées claires soudain, j'ai dû "régler" ça en dormant comme ça m'arrive souvent. 

EXPULSIONS

Voici l'histoire. Un copain qui vit pauvrement, jardin, petit élevage, avec sa famille dans une maison-cabane... risque d'être expulsé par le maire de sa commune. Déjà harcelé par les chasseurs qui ont tué quelques un de ses cochons... Tous ceux qui ne vivent pas pauvrement-normal, HLM-RMI-CAF, commissions au supermarché et TV-parabole sont hors norme, on n'a pas prise sur eux donc on les pourchasse.
 


Je propose un RV soft avec le Maire de son bled pour commencer "bas", Bertrand est bien pour ça avec sa profession de foi philo genre Derrida mâtinée de Deuleuze plus une pointe de Stirner sur fond de Proudhon... bref le programme de la licence de philo, c'est trop top pour les maires-tyrans de villages qui doivent aussitôt céder à toute revendication honnête de peur de recevoir d'autre devoirs de vacances... Vive les intellos, surtout que Bertrand le fait avec une splendide bonne foi et une inaltérable gentillesse. Sinon, je veux bien me le faire celui-là... quoique la diplomatie n'est pas trop mon truc, je verrai mieux Sylvie... On fait un assez joli trio, Sylvie, image romanesque de reportage télévisé, yourte colorée et elle-même belle au langage fort et châtié à la fois, Bertrand l'intello parisien à qui on ne coupe pas et moi en arrière garde de bull, ça peut le faire. Ça me mettra le moral aussi, que tout "ça" ait servi à quelque chose.



Tous ceux qui, sans nécessairement l'avoir choisi au départ, vivent comme il est raisonnable et heureux de vivre, dans la nature, à l'indienne, ne consommant pas -donc ne polluant pas- subissent un véritable harcèlement même dans les villages où ce mode de vie était autrefois la manière traditionnelle d'exister de tous. Forcément, ils ne vont pas chez Bricotruc ou à Super Champion acheter une nouvelle fosse septique, obligé d'après nos technocrates au bout de ? 10 ans, même si celle qu'on possède est au poil voire meilleure, ça fait marcher le commerce, et, pour remplir la fosse à merde, de la bouffe en quantité qui nécessite un congélateur, vite chez "But", terme combien révélateur, ils en ont en promo, attention tu as oublié les bactéries pour ensemencer, on va recevoir Jojo et ses six gosses, et l'essence pour la tondeuse, l'engrais et les pesticides pour les mauvaises herbes... plus le joint de l'arrosage automatique qui se met en marche uniquement quand il pleut, y a comme un défaut et les médocs pour se soigner et occasionnellement s'accabler d'autres maladies qui en nécessiteront de nouveaux, cela aussi fait marcher le commerce, vie de stress "volontaire" que nous avons tous plus ou moins connue, fins de mois, emprunts, bagnole, PV, engueulades.. Et ceux qui s'échappent de cette existence, qui vivent comme Sylvie ou quasiment, chez moi, même tissus colorés comme isolant, mais c'est sur les niches des chiens-chats, sont chasse ouverte de la part des malheureux qui souffrent aussi du même système absurde où un tiers des gens meurt de sur bouffe et l'autre de faim... Bon, go les copains, après mes 13 heures de sommeil, l'entendement est revenu opérationnel enfin presque. Salut et fraternité.




Dimanche 25 juillet

Toujours rien du Palais. J'ai voulu aller à la messe avec mon panneau mais ils étaient affairés tant et plus il devait y avoir quelque chose de spécial, une fête, commémoration.. que j'y ai renoncé pour ne pas les déconcentrer, je considère un peu le curé comme un collègue et n'avais pas envie de troubler sa classe déjà étique. Bien peu de monde en effet, la foi se perd, il faut dire qu'il est vraiment rasoir, rien à voir avec celui de l'église d'Alésia où j'étais allée pour me reposer -la chaleur, toujours- et qui m'avait beaucoup émue lorsqu'il avait demandé à chacun de se donner la main puis de s'embrasser en nous souhaitant je crois, pas sûr, "paix sur terre aux hommes de bonne volonté".



ANALYSE

Conclusion provisoire, dans cette affaire, les militants ont souvent été au dessous de tout ; les assoc -du moins à Saint-Ambroix- : moyen mais bien en tant qu'individus. Aucun/e ne m'a défendue ni n'a défendu les autres exploités comme moi car il paraît qu'il y en a 13 dans l'affaire de la commission de fuites-sans fuites (!) ni ne s'est positionnée en faveur de ceux qui ne pouvaient payer.
 


Cela confirme l'idée que toute structure militante, politique ou informative, même si elle se donne pour mission de promouvoir la justice, contrôler la démocratie, soutenir les exploités etc... le syndicalisme par exemple, se montre inéluctablement inopérante  lors d'une lutte nécessaire spontanée, non prévue par sa déontologie, ce qui est le cas de toutes, mouvance sociale oblige. Une structure militante veut maîtriser l'événement et non s'y soumettre, ce qui la rend à la fois "active" -mais à vide- et inutile. Très vite elle dérive en spectacle-esbroufe, s'usant en des actes symboliques sans portée : diffusion de tracts le mardi -que personne ne lit- réunions le samedi, meeting -et préparation!-, grèves d'une journée etc... sans agir vraiment sur les urgences au quotidien, ne pouvant s'adapter aux événements -qui ne s'encadrent jamais parfaitement à ses prospects, ce qui est le fait de tous-. Si bien qu'oubliant son engagement initial, sa priorité devient elle-même en tant que structure. C'est ainsi qu'elle se discrédite, se folklorise y compris vis à vis de ceux qu'elle est censée "défendre". Aucune structure (parti etc)... n'échappe à l'autarcie qui la coupe de ceux qui l'ont fondée et de ceux pour qui elle est théoriquement constituée. 



Exemple, la plupart de ceux qui ont signé la pétition sont des gens sans ligne pré tracée, cap à tenir, arrière pensée; ils l'ont fait en un mouvement évident, sincère et spontané de solidarité et/ou de confraternité dans l'exploitation. De cela, les militants ne semblent parfois pas capables. Ceux parmi eux qui ont signés étaient souvent extérieurs. C'est pour cela qu'ils sont coupés de l'ensemble, jusqu'au rejet, ils ne sont jamais où on les attend, là où ils seraient nécessaires, toujours surnuméraires, superflus et redondants... et parfois insincères. D'où l'excellence de l'idée de l' "observatoire". Sauf que le logos est à revoir low.

Note après coup : il ne fera pas exception cependant, voir note précédente à son sujet.


Lundi 26 juillet
Presque pas dormi à l'idée de recommencer les piquets, mélange d'excitation et de lassitude. Vu Jo, qui semble avoir un moral un peu à la baisse, c'est cela le problème lorsqu'on décide de vivre autrement, il faut être fort, ce n'est pas donné à tous, savoir s'auto contrôler aussi, se guider... Sans l'autre et le travail salarié comme bouée, on est en roue libre. Pas simple.


BOURRAGE DE CRANE

Piquets ensuite devant la mairie avec Bertrand. Des gens très divers, pour une fois. Un gus employé à la communauté des communes, visiblement un peu alcoolo, assez étrange. Résumé, j'ai tort, personne ne me soutiendra, mais je suis quelqu'un de bien, ça se voit tout de suite (?!) il n'a pas à me donner de conseils, pas du tout, mais il n'arrêtera pas de m'en donner et de fort mauvais, d'ailleurs il sait des choses... étant donné son travail (?!) etc... Son analyse est sans appel, il vaut mieux que je paye comme ça je serai ''clean'' et ensuite attaquer mais surtout pas à présent parce que je me ferai ramasser, d'accord ça prendra du temps mais c'est comme ça, ou les médias... mais d'ailleurs j'ai un portable classe, on voit bien que j'ai les moyens donc je ne suis pas crédible etc... Étrange, un dipsomane en demi délire désireux de se valoriser devant moi, il a tout de suite demandé si Bertrand était mon ami, ou un téléguidé, il ressortait de la mairie en mission avec ordre de me fourvoyer ? Naïf en le cas car tout de même, pour la forclusion nous sommes ''limite'' donc si ça doit partir en justice, c'est maintenant ou jamais. On a fini par s'en débarrasser avec le magnifique tract de Bertrand, radical il a fui comme un lapin.
 
Anic


Un monsieur aussi d'un certain âge, bourge, attentif, efficace... ami de Frèche (!) en deux secondes me donne un excellent conseil... que je tairai ici. 
Note après coup, je peux le dire, c'était une lettre de recommandation, mais notre "prince" était trop mal en point et du reste il est mort peu après.

Et enfin Denise, une femme qui voudrait vivre en tipi, dans un coin de nature, tranquille, comme Sylvie dont elle est l'amie ou le fut, car elle pense, et elle n'a peut-être pas tort, que Sylvie peut être utilisée, par exemple l'émission qui lui a été consacrée constituerait -pas sûr tout de même- un excellent argument contre les prolos qui se plaignent de leur SMIG ou RSA, dans le genre regardez, elle vit avec 50 E./mois et bien alors vos gueules. Conversation fructueuse, enfin, même si ça donne de Sylvie une autre image moins poétique. Elle est bien sûr intéressée par le tract de Bertrand. 

Elle a fait il y a peu signer une pétition pour ralentir la circulation dans le village, toute seule et a recueilli 400 signatures... avec pour unique résultat jusqu'à présent des piliers devant le passage pour piétons de la Mairie -mais cela a peut-être évité des morts-. Elle fait des randonnées et est allée avec le maire en visite.. au chemin de la Roque !! apparemment éboulé vers Saint-Victor, triple zut, depuis ma sciatique, je n'ai plus poussé jusque là. A moins qu'ils ne se soient trompés à la bifurcation, ce qui me semble le plus probable. Musicienne aussi, ça met du baume au coeur. Cette grève m'aura fait rencontrer des gens intéressants si près de moi et pourtant inconnus. 



No coment


LES GENS, CONCEPT DE FERMETURE

Pas tous cependant. Un cas extraordinaire, unique, un jeune gars du Martinet, sympa, venu discuter, il a tout compris immédiatement, en phase a refusé de mettre son nom, d'une manière assez étonnante, hypocrite? disons limite, après avoir précisément demandé s'il y avait un papier à signer (?!) et déploré la pusillanimité des "gens" qui laissent passer de telles histoires sans réagir. Le tournis. Devant la feuille, soudain, il a hésité, comme s'il se condamnait à mort, j'ai cru qu'il était analphabète, puis, à regret, apposé un vague graffiti illisible qui n'avait aucun sens. Le pire est qu'il se montra ouvertement satisfait de sa prouesse, un "Che" était né. Je lui ai dit -sec- que ça ne voulait rien dire et l'ai barré, refusant de le traiter en gamin qu'il était, puis je l'ai questionné. Non pour le harceler mais parce que je voulais savoir de quoi il avait peur. "Non, il n'avait pas peur... mais enfin c'était un petit village et les gens"... donc vous avez peur, mais de quoi ? Je ne veux plus que vous signiez, ce n'est pas la question, je veux juste comprendre. Non, enfin il "n'avait pas vraiment peur  mais" etc... 



Le cas typique d'amies qui taclent à l'envi "les gens qui ont peur du qu'en dira-t-on" dont ils constituent cependant de purs fleurons... et refusent de sortir le soir parce que les "gens" diront que... Ça tourne. "Ils diront quoi, les gens ? Que tu cherches un mec? Une nana? Mais c'est bien le cas, non ?" L'hypocrisie est un art délicat. Je me suis énervée avec ce jeune homme, s'il est ainsi à son âge, que sera-t-il à cinquante? Ils ont peur de tous... et vilipendent d'autant plus ceux qui comme eux ont peur de tous... c'est à dire "les gens", terme de bouclage, de transfert. Les "gens", mais les "gens", c'est "eux", c'est tous, sans exception. Comme celui qui, au sujet d'une attitude minimement hors norme de ma part, prétendait parfois que lui, "ça" ne les dérangeait pas, mais alors pas du tout, mais que "ça" dérangerait sûrement.. Janette, qui à coup sûr disait exactement la même chose. Ça tourne rond. Imagination bridée, vilipendée, l'art de s'occasionner des emmerdes, des complications, de s'inventer des histoires, de se et de faire du mal... En 40, qu'aurait-il fait pour les juifs ? Les "gens", pensez, à l'époque, les "gens" c'étaient les collabos c'est à dire tous ceux qui ne disaient pas non, le plus grand nombre. La peur d'être différent, de faire ce que d'autres ne font pas, de voir son nom inscrit sur une feuille en ce cas... et le vouloir aussi! associée à la honte devant cette peur, ça c'est plutôt bien, quel pauvre drame. Bertrand m'a reproché sec mon attitude, notamment d'avoir évoqué la guerre, de l'avoir questionné. Réflexe pro, je ne crois pas que ce fut un mal, lui dire "merci" ou "bravo" pour son absurde graffiti eût été méprisant, quant à la guerre, dire comme Bertrand "à présent c'est fini passons à autre chose" n'a pas de sens outre que c'est une insulte pour ceux qui sont morts, nous sommes faits, formatés par le passé, que l'on voit resurgir ici à partir de quelques "cas"... vivant, intact.



LE PASSE VIVANT 

Du coup, j'intercale et déplace ce message, en fait bien antérieur. Une très vieille dame, apparemment encore d'attaque, que l'on voit souvent avec une autre plus jeune, employée, amie, les deux, que Lydie soupçonnait en 40 d'avoir été du mauvais côté, passant devant moi, je m'étais avancée exprès, ce que je ne fais presque jamais, voulant faire une expérience, dit deux mots en aparté à l'autre et lève les bras au ciel, exaspérée, méprisante et, tout en me tournant le dos, s'écrie assez fort "ça va,  ça va, encore ces histoires". Je sais à présent que Lydie avait raison, elle avait toujours raison, pour Nicole comme pour le reste, ça fait froid dans le dos. "Encore ces histoires", c'est exactement la réflexion de Mélanie lorsque j'ai révélé oui, révélé, un scoop familial un peu gênant, si peu, toujours tu pendant 50 ans, le "encore" fonctionnant aussi comme outil de défaussement lorsqu'on ne veut pas entendre ni par conséquent prendre position... Version comique à présent, une autre (idem) s'approchera de moi au contraire en clopinant, cordiale, tiens tiens, qui l'eût cru, et me demandera, puisque je pratique "si bien ces choses à ce qu'on dit, vous savez, ces machines", elle montre l'ordinateur,  enfin tout ça, elle doit parler d'internet, si je ne peux pas lui mettre une annonce, elle vend des chats de race superbes, tatoués, pucés etc... d'ailleurs puisque j'aime les bêtes, elle en a de pas trop chers, elle me fait carrément l'article pour fourguer ses chats. Soufflée, je lui réponds que je recueille des animaux, ce qui n'est pas la même chose, Lydie avait sans doute raison là aussi. Brrr.  Fin du message...

Reste le problème de ce jeune homme, pourquoi m'avoir demandé une pétition qu'il avait si peur de signer ? pensait-il que son tag serait une gloire appréciée ? Se complaire dans le symbole vide de sens, à son âge, étonnant. Je ne l'ai pas joué à l'hypocrisie, ça, ce n'est pas possible, c'eût été humiliant à la fois pour lui et pour moi. Il m'a tellement rappelé Frédérique qu'à travers mes questions c'est en fait elle que je cherchais à comprendre vingt ans après.

Il semble qu'il soit employé au nettoyage de bureaux administratifs, sans doute travaillant avec la ou une mairie. J'aimerais le revoir pour discuter. Pourquoi n'a-t-il pas osé dire qu'il risquait sa place et la risquait-il ? Je n'ai jamais demandé de signer à ceux que je sais liés professionnellement à des Mairies, ni à des commerçants, même ceux chez qui je vais tout le temps, j'oublie souvent la pétition du reste. 





MON PÈRE, VU DU PONT

Le scoop à présent. Un très vieux monsieur passe, visiblement il ne veut pas s'attarder, sa femme me dit qu'ils sont de Molières, alors forcément, je lui réponds que moi aussi, enfin de Clé, je dis mon nom et je parviens à comprendre qu'il a travaillé à la mine. Extraordinaire, j'ai voulu lui parler de mon père qui jamais ne me parlait et qu'au fond je ne connais pas, comment avait-il vécu ce boulot si différent du journalisme, les grèves, mais il m'a répondu assez sec qu'il le connaissait peu (?) parce que lui était dans les bureaux et ne rencontrait pas les mineurs (!) Il se souvenait tout de même qu'il était correspondant des "Lettres françaises", je savais qu'il les lisait mais j'ignorais qu'il y participât, et de Midi-Libre, je n'en savais rien non plus. Et le vieil homme répète en s'en allant clopinant que les ouvriers, il ne les fréquentait pas, même pas mon père, dommage qu'il soit trop vieux pour que j'aie pu le traiter de vieux con. Sa femme, ou employée, qui le soutenait, a eu l'air gêné et a dû suivre le mouvement comme si elle était une cane. Mon père, cet inconnu, le vieux schnok ne m'aura pas aidée à le connaitre, quoique si, un peu : l'Est républicain, la Bourgogne, le Comtois, et à présent les Lettres françaises... et Midi-libre, mais le gus a dû se tromper, ça devait être La Marseillaise. La mine -le fond- et cercle bouclé, une auto-école ici. Une vie. Un courage certain. Dommage qu'on se soit si peu connus. Pourquoi ? A cause de Gustau ? Cette grève m'aura appris le coup des "Lettres françaises". Pas inutile. 

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Et enfin, pour élever le débat...
Quelques réflexions rapportées (Illich) de Bertrand : 
Chaque fois qu'on est ''contre'', on laisse supposer que le ''pour'' pourrait avoir raison. Être contre ne sert à rien, il faut être ''dehors''. 

Pas d'accord, être "contre", je le vois plutôt comme mélioratif. Bertrand comme péjoratif dans la mesure où "rien n'est acceptable dans le système de gouvernance mondial" dit-il. Je lui réponds : "penser c'est dire non". Tant pis si ce "non" suppose son contraire,  cela, Hegel l'avait dit avant Illich. On n'en sort pas, se dire "dehors" c'est seulement être de mauvaise soi ; on mange, on a besoin d'argent, on le gagne... Peut-on inhaler de l'azote et exhaler de l'oxygène ?



Celles qui sont plus ou moins en "dehors" du système

Denise a l'air de s'en tirer bien, ainsi que Sylvie, c'est vrai. Mais pour deux cas d'irrédentistes héroïques, combien de faux "je-suis-en marge-ailleurs" ? On a tous connu des "ailleurs" qui en réalité étaient de purs "pseudos" -des gens qui affirment être l'inverse de ce qu'ils sont-. Une superbe icône anarchiste sexy et distante de la fac, après un DEUG de philo a "fini" comptable dans l'entreprise de bâtiment de son père -rien moins qu'humaniste- pendant que sa mère élevait l'enfant qu'elle avait eu le "courage de faire seule" suscitant à l'époque l'admiration de timides éberluées comme moi. Il est devenu lui aussi un prospère entrepreneur etc.. Je me méfie de ceux qui sont "ailleurs". JE SUIS DEDANS PARCE QU'ON NE PEUT PAS ÊTRE AILLEURS.



En fait, on est toujours à la fois "dedans" et "dehors" ; c'est un mouvement de va et vient constant. Je suis "dedans" lorsque je vais acheter à manger chez Netto ; "dehors" lorsque je proteste parce qu'ils ont changé les étiquettes des produits ; dedans lorsque non compte est saisi, dehors lorsque je fais un piquet devant la Mairie... La soumission au système est quasi inéluctable -mon compte est saisi et je n'y puis rien- mais la prise de conscience et la réaction ensuite restitue aux êtres brisés leur totalité vitale QUELS QUE SOIENT LES MOYENS UTILISES. La preuve, depuis cette grève, je me sens mieux, même lorsque je me heurte à la colère -rare- à l'incompréhension -rare aussi- etc... Ceux qui m'ont conduite à cet extrême, eux, comptent le nombre de points au "sondage" qu'ils perdent irrémédiablement chaque jour, dialectique hégélienne du maître et de l'esclave, l'esclave devenant le maître du maître qui ne peut s'en passer et qui par sa défection fait tout crouler.  

Même le "dedans" et le "dehors" changent eux aussi de place. Ce blog par exemple est un "ailleurs", je suis "dedans" lorsque je parle aux gens devant la Mairie et que je réponds parfois aux mêmes questions... et "dehors" lorsque, seule devant mon clavier la nuit, je transcris et/ou, rarement, il faut que ce soit avec Bertrand et le cas est rare, analyse. Par ce mouvement d'aller-retour constant, je trouve ma place et change peut-être -un peu- la réalité. Comme tous, mais tous ne l'écrivent pas. Il y a d'autres moyens cependant.




Belle journée, discussions avec Bertrand, des divergences aussi, son maximalisme d'autodidacte dogmatique m'agace, il y a tant de manières pour faire bouger les choses, aucune n'est à jeter a priori, c'est l'avenir qui tranchera. Tacler ceux qui usent de certains moyens non académiques, par exemple les médias (?) -même si en effet lorsqu'on a affaire à eux, on ne maîtrise plus rien, exemple l'émission sur la 2 où ce que j'avais demandé d'enlever a été au contraire mis en évidence, ils sont fortissimes au montage, et ultra rapides puisque c'était du demi direct!-... est contre productif. 




Mardi 27 juillet

JEANNE  BOYER

Un courriel d'un ami militant émérite grâce à qui j'ai connu Jeanne, une rencontre déterminante, une amie de Lydie en plus dont elle m'avait beaucoup parlé, mais comment imaginer que Jeanne Daubanton était devenue Boyer, connerie de ces changements de nom-... m'a inspiré cette réponse, à contre emploi en fait car elle ne s'adresse pas à lui. Ici, j'ai fait comme les -mauvais- profs qui éreintent les présents à cause d'un grand nombre d'absents... Idiot.

Ce que je reproche aux militants actuels, c'est parfois la futilité-rigidité de leurs engagements... et de laisser passer DEVANT EUX des choses graves -même symboliques- sans réagir... Ce que je leur reproche comme à tous les politiques même les meilleurs, c'est, devant quelqu'un qui par exemple fait une grève de la faim, de se demander ''qu'est-ce que ça va nous apporter... ou nous coûter ? si... si ça marche ? SI ELLE MEURT -ça peut être pas mal... ou emmerdant- ? Si ça foire ? Silence et attente, on verra bien après -or, dans le cas d'une grève de la faim, un jour, une heure, une minute comptent.




Ce que je leur reproche, c'est une certaine insincérité dans l'engagement ou plus exactement un défaut d'adaptation aux situations qui toutes varient sans cesse -ce que j'écris ici n'est peut être plus vrai actuellement-… c'est d'être incapables de faire CE QUE FONT SANS Y PENSER LES GENS SIMPLES, ''NORMAUX'', j'emploie le mot à dessein. Ce que je leur reproche, c'est de s'être formatés de manière telle que l'événement imprévu -jamais tout d'une pièce- ne les atteint plus ou trop tard... ce que je leur reproche, c'est d'avoir privilégié la ''ligne'' c'est à dire l'idée sur le réel au point de ne MÊME PLUS VOIR LE RÉEL, obnubilés par l'idéologie et la stratégie qui va avec. Pour des marxistes dits matérialistes soi-disant dialectiques, ça se pose là, erreur philosophique devenue faute éthique. Et en principe, ce ne sont pas des cons.

Entre celui qui ne ''signe'' pas une pétition parce qu'il a peur pour son job ou son permis de construire et le militant toujours sur la brèche qui ÉVITE de passer devant la mairie depuis ma grève alors que c'était son lieu de propagande privilégié, il n'y a sur le plan pratique AUCUNE DIFFÉRENCE, même si les raisons du premier sont mesquines et celles du second, peut-être compréhensibles.


Depuis mon ''histoire'', je reçois toujours des mails groupés d'amis parfois très proches, militants très pointus -que je n'ai plus le courage de lire en entier- sur telle question, le PLU, une charte citoyenne votée, merveille, à l'unanimité (!) une lutte pour le statut des communes etc... et, sauf un cas, ABSOLUMENT RIEN, MÊME PAS DE QUESTIONS... SUR LA GRÈVE QUI ICI AGITE UN PEU TOUT LE MONDE, MÊME LES PLUS DÉSENGAGÉS... et cependant il y a lurette que je leur ai fait passer à tous le blog, en réponse justement à des messages groupés. Un silence assourdissant. J'ai même eu droit au menu alléchant d'une fête quelconque. 
 

Sur le plan de la lutte pratique, je m'en passe, 250 signatures à ce jour et encore j'oublie souvent de donner la pétition -il en va différemment sur le plan psychologique- mais l'image qu'ils donnent est celle d'une structure frigide absorbant en vain l'énergie des meilleurs d'entre nous... incapable de s'engager en dehors de procès bureaucratiques symboliques systématisés, qui  accapare et castre même les plus combattifs. Pendant qu'on débat en commission et/ou signe -ou pas- une charte, qu'on pinaille sur tel article, on occulte les petites ''affaires'' et leurs victimes pour le plus grand confort de ceux qui en bénéficient. Injuste et surtout contre productif: tout comme le public -c'est à dire moi actuellement- est davantage révolté par les petits tireurs de sac qui nous pourrissent la vie que par les combines d'un ministre... ici cette "affaire'' est un paradigme tandis que de telle charte ON SE FOUT. -Je sais, c'est idiot.- On peut tout de même télécharger deux fichiers à la fois, non?

Le public est par définition ''people'' -comme moi en ce moment- ; ces tracts distribués en pleine cagne le mardi par des dévoués rouge vif, je parle de leur tête, combien et qui les lisent ? Les militants, ça tourne à vide, ils se lisent eux-mêmes et encore pas toujours. L'avantage de ma situation est que je suis devenue "idiote" et que dans ce stress intense, je me fous également -provisoirement- de telle charte car CE QUI ME TOUCHE DE PRES, MOI ET BIEN D'AUTRES me/nous bouchent l'horizon. Les militants au contraire, les yeux fixés sur une ligne de fuite reculant sans cesse, trébuchent sur une ornière qui bée à leurs pieds... et se brisent les pattes. 


Cependant on peut parfaitement à la fois s'intéresser à une charte, à la bande de Gaza, à Bettancourt, à la forêt amazonienne... et à celle qui fait une grève de la faim contre une municipalité qui a repris en plus hard encore le témoin de celle d'avant, contre elle et quelques autres c'est à dire TOUS. Les engagements multifonctions vont de pair, mais pas lorsqu'on est affaibli par une grève de la faim de 6 jours non consécutifs qui aiguise les affects, rend agressif, obnubile, et change la vision des choses. Je comprends mieux les ''imbéciles'' à présent car j'en suis et ''imbéciles'', ils ne le sont pas: seulement accablés, harcelés et fautivement persuadés qu'ils sont "petits" et incapables de lutter contre les ''grands'' et que personne parmi les pro de la justice en acte ne va les aider, et sur ce dernier point ils ont raison du moins la plupart du temps… L'intelligence, la sagacité, la générosité ne sont peut-être qu'une question d'équilibre glycémique et de stress. 


Une signature, un mot, un coup de fil -là je rêve- ... Trop tard, c'est trop tard, les engagements juste avant la ligne d'arrivée sont suspects et il est hors de question que quiconque récupère ce que j'ai fait avec l'aide de braves sans malice comme moi qui ont vu leurs factures tripler et à qui on a dit comme à moi ''cela sera payé d'une manière ou d'une autre, il n'y aura aucune dérogation, pour qui vous prenez-vous, il fallait y penser avant etc''- et qui m'a coûté quelques souffrances physiques non achevées. -Rage dentaire-.

AZEDINE KALAK

C'est pour cela que sur le blog, j'ai intentionnellement placé des photos d'Azedine Kalak, représentant de l'OLP et ami, mort assassiné à Paris en 78 peu après qu'il ait refusé... -perplexe et hésitant, il avait jeté un coup d'œil sur mon ventre, j'étais enceinte de six mois, de Fred- d'aller au restaurant: s'il était tué, tous le seraient avec lui avait-il observé... J'avais ri, insisté, en vain, et en effet un mois après, la rafale qui l'a abattu boulevard Haussman a fait trois morts venus lui rendre visite, il y a des jours où on ferait mieux de se taire... Cruauté des militants et des situations, personne n'en parle à présent, même sa mort -de la main d'un groupe palestinien hard qui lui reprochait son relatif pacifisme par rapport à l'ennemi- est shuntée alors que de ceux qui furent tués par les services secrets israéliens sont érigés en martyrs. Chez les soldats ou les militants, il y a aussi les bons morts et les mauvais qui dérangent lorsqu'un accord a été conclu entre colombes et faucons.. Et cependant, quelle foule ce jour-là, ce fut un enterrement ou plutôt un adieu rare puisqu'il fut conduit à l'aéroport avec voitures en cortège et son cercueil embarqué dans les flancs d'un avion spécial pour Damas où il voulait être inhumé, une impression étrange et solennelle, les yeux au ciel, nous avons regardé le bel oiseau blanc décoller puis se perdre à l'horizon disparaissant droit dans le couchant rougeoyant à l'infini, l'emportant à jamais. Un accouchement à rebours, il retournait à sa terre dans le ventre d'une étrange mère d'acier. Mission accomplie, peut-être.

J'y ai mis aussi des photos de Bruno Manser, de Rachel Corrie etc... On peut, non pas lutter, mais penser à tout à la fois mes amis, même à des questions triviales AUSSI. Les militants, eux, ont du mal. Il faut croire qu'ils sont formatés pour une voie unique avec des sens interdits visibles d'eux seuls barrant toutes les bifurcations pourtant empruntées par tous... ou que leurs batteries ne tiennent pas la charge.

Hélène Larrivé

A la relecture : je suis encore une fois trop catégorique, trop dure et pas assez à la fois, l'exemple d'Azedine montre bien que des drames eux-mêmes ne font pas exception au biffage opportuniste d'un événement et si je dois râler ici, c'est contre ses camarades palestiniens qui n'ont pas su préserver sa mémoire bien plus que contre les petits "mimitants" qui ont eu peur de moi. Une question : les uns seraient-ils aussi les autres? pas sûr. Le sentiment du danger ou de l'intérêt n'est parfois pas proportionnel au risque véritable ni aux bénéfices réels que l'on peut tirer d'un événement quelqu'il soit et il peut se faire que celui-ci, minime ou immense, ne fasse après coup exploser des sincères. Exemple les quelques courriels sympa -dans le style militant guerrier- issus de ses camarades après ma vidéo sur lui, assez nombreux ma foi. Non, tout le monde ne l'a pas oublié et de ce silence, il en est qui sont gênés tout de même.


BERTRAND CRAQUE

Pas le courage de "faire le marché" ! Bertrand l'a eu, lui. Il a un don pour ça, convaincre et recruter. Bravo. Un être précieux. 
En fait, il a craqué juste après : saturé par la pollution dit-il, épuisé par cette foule agglutinée, il est parti. Je le comprends, après le marché.



Mercredi 28 juillet

Toiletté ce blog. Je suis trop rude. Un artefact de cette série de malchances est que je crains parfois qu'on ne cherche à utiliser mon affaire et en effet elle est trop "belle". Revenir à son bled comme au ventre de sa mère et se trouver propulsée au front m'a sans doute troublée, une litote. Durablement. Je devrais demander des dommages intérêts. Quoique non : ça m'a appris aussi. Je ne regrette pas, et à cette vie de "propagande" qui me force à sortir de mon cocon d'intello et me rappelle des souvenirs, je me suis habituée. 


Vu hier un nouveau résident -retraité- affolé lui aussi par sa facture; il me confirme la manière méprisante dont sont renvoyés à la Mairie les gens qui viennent se plaindre. Parfois avec humour, comme des gens à l'accueil (?)... sans doute ceux qui disent qu'ils "ne voient pas s'il y a une grève de quelque chose, non vraiment..." Mais  à cet humour, il n'est pas sensible. Certains déménagent en série, me dit-il, dans son quartier, assez spécial -défavorisé-. Et ils ne paieront pas. Est-ce le but? Chasser les pauvres comme on a fait à Paris intra muros? Cela fera-t-il venir les "riches" ? A Paris, oui, ici, j'en doute, malgré les prix attractifs, le paysage est trop abîmé, ça va juste être le désert.



MYSTERES


Madame Bréguet passe pendant que je parle avec ce monsieur, le salue, me salue, souriante... et file. Un personnage, saint ambroisienne pure, mari résistant, serviable, aimable, excellente amie, un genre de sainte laïque de village... et qui me met incontestablement à l'écart, légèrement, depuis mes bisbilles avec la mairie. La "gauche"? Ou autre chose ? Je l'ignore. Après tout, je suis à demi un "bout rapporté" ? La famille compte beaucoup pour elle, les anciens, ceux qui sont d'ici depuis des lustres... Bon, justement, j'en suis, il n'y a pas de quoi en être fière mais c'est ainsi. Alors, pourquoi ? La "gauche" ? on n'attaque pas la "gauche", si fragile ici. Aurais-je fait de même à sa place ? Possible... mais je serais allée me renseigner à la Mairie. Peut-être l'a-t-elle fait. Que lui a-t-on dit ? Difficile de lui mentir, à elle. Alors? Laissons tomber, à celle qui a montré son courage autrefois, je n'en veux pas. Quoique si, un peu car si elle n'a pas compris, qui le pourra? Et bien si justement, des tout simples, eux, l'ont pu. Donc elle n'est pas si fine, finalement, comme moi. Donc je ne peux pas lui en vouloir, cercle bouclé.

Et il ne faut pas tout rapporter à cette affaire, il est possible que ce que j'écris même bien toiletté nickel, la choque -il ne s'agit pas de la facture d'eau-. Cela ne se "fait pas" ne se dit pas. Être auteur est un atout et une tare. Ici on se tait. Beaucoup. Tout le temps. Aulleurs aussi. Mais se taire sur certains drames, certaines injustices, à la longue, rend fou. Comme disait Semprun, "j'avais le choix entre écrire et me suicider, j'ai choisi d'écrire". A minima. Ça m'a pris à 50 ans, tout de même une assez longue réflexion. Désolée, Madame, c'est ma manière de résister. Je serais "celle par qui arrive le scandale"... un minime scandale certes mais ici il n'en faut pas beaucoup. Dont acte, je dérange. Tant pis,"it's the price to pay. Of life." Je choque, je sais, plus exactement j'embarrasse, même les meilleurs et pour le bon motif.

 

Jeudi 29 Juillet...  
analyse de mercredi 28 juillet 6 heures

DES PETITS "ON"

Vu Gilles notre gauchiste de service unique sans lequel St Ambroix ne serait pas ce qu'il est. Par hasard, il sortait du tabac. "Alors comment ça va" ? Je lui déverse en vrac ce que je pense de son attitude ajoutant que si "ça s'arrange" ce n'est pas à lui que je le devrais. "Oui, c'est vrai, on n'a pas bougé"... "on"! comme s'il était à lui seul 100 personnes empêchées par un grand prêtre ordonnateur impitoyable. Certes il pèse son poids mais je n'ai pas vu de lui sortir comme d'une ruche des dizaines de petits "on" qu'il représenterait ou qui le représenteraient, ça, jamais je le jure, deux ou trois intermittents du spectacle seulement les jours fastes et encore l'un d'eux n'est-il pas d'ici. Pour les grecs, même pas un "tas".

"On", le pluriel des militants ou des profiteurs qui fondent des assoc bidons à deux because subventions... ce "on" qui dédouane, leurre, permet de frimer et de se cacher derrière des fantômes... La ficelle est banale: "Non, tu n'as pas bougé... ce qui entre parenthèses n'aurait pas changé grand chose, c'est juste une question de principe"... C'est -assure-t-il avec un splendide aplomb- qu'il n'avait pas trop apprécié mon tract (lequel?)... j'aurais tout mélangé. Là, il me prend carrément pour une pomme, il est sans doute du village celui qui a su le plus précisément l'affaire au jour le jour, celui en qui j'avais le plus confiance... Il ne se démonte pas, mon staphylocoque, c'était hors sujet" bref l'événement n'était pas dans la ligne, bien rangé comme il faut à sa place pour être élu au "jury des ons" et mériter que les "ons" bougent. Prétextes dont je ne sais ce qu'ils cachent. Touit touit touit ? ...  Et bien... peut-être.




Du reste, s'il m'a parlé, c'est sans doute parce qu'il pensait l'affaire réglée, ça ne risquait rien... Si j'avais encore été devant la Mairie, il ne m'aurait pas vue puisqu'il la contourne depuis. Il s'est fait "avoir" en somme.

Et puis il y a aussi l'affaire des employés qui ne paient pas l'eau, mal venue sur le blog... En fait, j'ai simplement tout relaté au fur et à mesure -enfin, pas "tout" évidemment mais ce détail qui peut-être pouvait en expliquer d'autres ne m'était pas apparu à shunter-. Je préfère le naïf qui me dit "désolé je ne peux pas signer parce que j'ai mon beauf qui a un permis de construire en instance..." 
 


Voilà quelqu'un qui, si tous étaient comme lui, m'aurait laissée aller, moi et d'autres sans doute à...  disons peut-être pas la mort -ou sans le vouloir- mais assez loin -car sans Robin et Michel, je n'aurais jamais lâché cette grève et au fond je les remercie-... et qui cependant est un de ceux dont j'appréciais le plus la lucidité et l'engagement. Peur d'un débordement et c'est vrai, je déborde ? D'être au second plan ?  

 Son attitude, lorsque, durant la grève, je lui ai demandé une info et qu'il est venu, me laissant planter au soleil pendant qu'il s'avançait ostensiblement vers des ouvriers municipaux lesquels du reste ne lui avaient rien demandé, je ne l'aurais pas relevée, -infantile mais bof- mais je la pointe après coup. L'info aurait, a, pris trois secondes. Sans doute tenait-il à ce que je sois vue debout l'attendant pendant qu'il devisait chiffons avec des ouvriers, pas pressé: un sollicité, une solliciteuse, se montrer entre deux pôles et au premier plan confère une certaine position de force pour l'avenir. Parmi ces  municipaux, certains alliés à... bref le cercle bouclé. Incontournable -Gilles ménage-. Deux castes même parmi eux. Il ne faut pas en faire de généralité pratique. Mais une théorie, si.


Les tricheurs

Pas mal joué, il redoutait d'être vu avec moi et voulait ainsi "montrer" devant les potes qu'il se faisait tirer l'oreille. En fait d'info, il m'a seulement répondu en substance qu'il y avait "des types qui s'étaient habitués à rien branler et là il n'était pas d'accord." Trop crevée pour analyser, ça m'avait pourtant mis mal à l'aise, propos de patron qui cadraient mal avec le personnage.

C'est devant ce clavier que je vois le puzzle s'emboîter: il y aurait donc peut-être des hiérarchies complexes et chez les ouvriers, c'est connu, les petits chefs en font parfois un max... et les happy few seraient plus "porteurs" pour sa boutique -là il a tort-.. Moi, je n'ai rien à "vendre", je débarque et me bats en out sider, ça inspire plus confiance que les "pro" qui ont dû se discréditer depuis des lustres vis à vis des plus exploités comme à présent ils se sont discréditent vis à vis de moi. 

Du reste, si ce blog a été "recommandé" au personnel, c'est sans doute pour qu'ils cherchent des truffes. La censure en "pochoir" est incontournable, quelques passages peuvent être mis en exergue, hors contexte donc déformés. Notamment celui où je relate qu'un signataire a mentionné que les employés du service des eaux ne la payaient pas, ce que j'ignorais. Je n'ai jamais demandé qu'on leur ôte cette prérogative, venant sans doute compenser in bas salaire. Cela aussi est le prix à payer. 


Par principe, je n'ai shunté que ce qui n'était pas important -trop perso ou sans intérêt, non vérifiable ou non croisé- et j'ai flouté large ce qui était trop spécifique afin que seule l'idée demeure. Sauf quelques cas intéressants romanesques ou dramatiques de rares out siders de passage qui, retournés chez eux, ne sont connus. Quant à ce qui n'était pas encore certain mais probable, je l'ai mis au conditionnel et ensuite ôté lorsque ce n'était pas confirmé... ou tourné à l'indicatif  dans le cas inverse.

Un blog n'est pas un livre, il bouge et se contredit parfois... Il demeure inévitable que certains personnages "publics" soient en évidence, rançon de la notoriété qui va de pair avec un engagement militant, un poste, un mandat ou un/des livres publiés: on ne peut avoir le beurre, l'argent du beurre etc. Lorsque des tabloïds, et là ils ont tort car c'est pour se faire du blé, ressortent des photos de Cécilia, non, c'est l'autre qu'importe, en petite tenue voire sans tenue, de Sarko bourré à bloc, ça en fait partie. Lorsque antenne 2, après m'avoir promis de shunter tout ce que j'avais dit sur les prépas de l'ENS, obligation de réserve, je m'étais laissée aller, le met au contraire en évidence et ensuite... en fait carrément la bande annonce d'un film que je n'avais même pas vu, excellent au demeurant, donnant l'impression que je le commente, ça en fait aussi partie.

Travail remarquable du reste, les images qui suivent mes propos, quoique "hard", le tabassage et le viol d'une femme par deux mecs, illustrent parfaitement ce que je dis... et mon éditeur exultant a vu les ventes de "Secret de famille" s'envoler... c'est bien mignon mais enfin, je n'en savais rien.


La gratuité de l'eau, un prétexte ou le fond du problème ? Ai-je été utilisée ? Possible. On tient les gens au pied par de petits passe-droits et lorsqu'on veut les leur ôter, il est plus confortable de prétendre y être contraint par la légalité ou la publicité faite par une journaliste que de sa volonté propre. Cela peut expliquer le désengagement de certains. 

Reste qu'on ne peut compter sur ces épiciers du syndicalisme dont le formalisme opportuniste privilégie les privilégiés afin de recruter des clients les plus intéressants, n'hésitant pas, quoiqu'on leur ait infligé à sacrifier les hors norme, les plus faibles et aussi les plus nombreux. Même stratégiquement, c'est maladroit : obnubilés par la boutique à achalander, ils ratent une "affaire", si j'ose, "en or" ce que Bertrand par exemple avait senti, qui eût pu les porter aussi bien qu'ils l'auraient portée, avec un minimum d'efforts car je l'ai menée sans eux... eux, pluriel impropre, je me laisser bourrer le crâne car Gilles à St-Ambroix ne représente que lui-même... 
 

C'est bien de l'avoir passé au filtre car de cet engagement envers le pouvoir actuel que par ailleurs il critique bien plus que moi, je ne me doutais pas. Pas de panique, de toutes manières je n'escomptais pas grand chose sauf de vagues info... que d'ailleurs je n'ai pas eues, ce qui est aussi une info d'ailleurs et puis ça manquerait au village de ne plus le voir se griller le mardi devant le vendeur de serpillières analphabète qui le hait parce que sa stature fait fuir ses clients, distribuant des tracts savants mais chiants que personne ne lit. Notre fer de lance de la lutte ouvrière.

Inutile de shunter ou même de toiletter ceci à la relecture car ça ne pourra lui faire que du bien : malgré ses positions irrédentistes, il s'est montré là un partenaire fiable et conciliant et il lui en sera sans doute tenu compte à l'avenir pour sa carrière. Je devrais même rajouter une couche de fiel si j'étais sympa.


LA DROITE A PRÉSENT

Vu Madame Vernier qui lit toujours la Revue philosophique.. ce que je ne fais pas, elle a stationné longuement devant mon affiche, apparemment elle a des problèmes de vue... et elle n'a pas le net évidemment, je vais lui faire -pour Huguette aussi- un tirage papier. Depuis qu'elle lit mes livres, elle m'appelle "Hélène" comme tous... Qui l'eût cru ? Décidément, cette grève aura changé la donne. 

Gilles -et ses "ons"- évitent celle qui fait concurrence à la boutique et qui n'est pas récupérable bien qu'elle soit pour l'heure la plus affectée par ceux dont il doit -je laisse la coquille- pis que pendre, Mme Vernier et sa sollicitude amicale... dont acte. Panta rei. Tout s'écoule. L'intellectualité, la confraternité? Peut-être aussi.



Vendredi 30 juillet
UNDERSTATEMENT

J'ai repris ma place à la Mairie, en un sens ça me manquait ces discussions avec les gens. Des touristes qui mettent un peu d'air, tous unanimement choqués :  on est avec vous etc... Je me sens mieux.. quoique. Une jeune femme arabe parisienne, incrédule : 
-- Mais c'est impensable, qu'est-ce qu'ils font les gens ici? Ça va s'arranger, ce n'est pas possible !" 
-- Oui c'est sûr..." lui dis-je, tant elle semble troublée, pour ne pas lui gâcher la soirée.   


Car il m'arrive de me sentir gênée par ma propre histoire, ennuyée de déranger des gens qui s'apprêtent à aller au restaurant, surtout lorsqu'ils sont sympas. J'ai aussi honte pour "nous" ;  l'impression est prégnante devant des "étrangers" que nous sommes un pays du tiers monde que ceux "d'ailleurs" ne peuvent comprendre... et qu'ils ressentent devant mon tract ce que j'ai éprouvé à Beyrouth lorsque la guichetière du poste de police impavide avait tendu sa carte de séjour à Robin.. et l'avait barrée de rouge pour indiquer qu'il était juif. "C'est quoi ce trait, en haut ?" Elle avait levé la tête sans qu'un muscle de son visage ne bougeât, les libanais sont comme ça. Une gaffe de française. J'ai  compris soudain, Robin m'avait saisi le bras: "Mais c'est dég..." Une pression plus forte, je me suis interrompue.

Ici c'est moins grave certes, voire comique mais après lecture de l'affiche, ça donne: 
-- Mais vous n'y étiez donc pas ? 
-- Non."
Regard vers la Mairie.
-- "Ils" le savent ? 
--  Oui.  Tout à fait.
-- Mais alors ?
Voilà : MAIS ALORS ?  Et c'est moi qui suis mal à l'aise...



Ou bien, des flamands avec leur accent qui me rappelle Louvain et l'université catholique avec tous ces curés en civil, juste une croix :
-- Mais attendez, "ils" vous en veulent ou quoi ? 
-- Je ne sais pas. Peut-être.
-- C'est évident tout de même !... (rires)
Et c'est encore moi qui élude, embarrassée... C'est toujours la victime qui se sent gênée parce qu'elle est blessée, un peu ridicule... qu'il s'agisse d'un cambriolage, d'une agression, d'une erreur de compteur d'eau si monumentale et si coriace ou d'un trait rouge sur une carte de séjour indiquant sa judaïté. 

* Note : au Liban, toutes les confessions sont ou étaient indiquées sur la carte d'identité ou de séjour, mais les juifs ont droit au trait rouge tristement évocateur du nazisme.

Chez Manu. Les mêmes personnes toujours, au fond elles me manquaient pendant ce jour d'absence pour "nettoyage de blog", les deux petites lesbiennes sympa sirotant leur café, la belle joconde aux traits entre Greco et Vinci, inquiétants, jambes démesurées sur la chaise d'en face, le serveur ch'ti radical, l'ancien élève de Lydie qui exulte dans son nouveau travail, finalement le licenciement lui a réussi mais après combien d'angoisses et de galères. Passer de l'usine bruyante qui l'a rendu un peu sourd à un poste d'animateur aide-soignant où enfin il peut donner sa mesure, le bond est énorme vers le ciel. Tout son être le manifeste. Une bonne soirée, rien qu'à le voir. Parfois les histoires finissent bien. Il ne m'a pas aperçue du reste, un peu obnubilé par la Joconde renversée en arrière qui rit avec le serveur en pause. Surdimensionée pour lui me semble-t-il, quoique Sarko... J'aime bien les voir vivre. 




Le très volumineux belge dont le tee shirt n'arrive pas à contenir le ventre, là tous les soirs, me regarde du coin de l’œil:
-- Y en a qui travaillent tout le temps,  ben dites donc, il en faut des comme ça pour qu'on puisse s'amuser nous... 
Je ris. Ce n'est pas un travail, mais un jeu. 

Samedi 31 juillet

OPTIMISME BEAT
Bonne nouvelle matinale, le maire veut voir Djamil. Sans doute Michel a-t-il fait passer l'article dans la Mars. Djamil ! Français il veut devenir, français il va être à présent, vive la marseillaise, l'orgasme enfin se prépare, après.. 10 ans de préliminaires ? disons... J'imagine la scène.. 

"Comment donc mais bien sûr... si longtemps ? mais nous n'en savions rien, ô mais quelle histoire...  Votre papa a fait El Alameï ? Euh... Il est décoré ? Euh... Écoutez, vraiment, on ne sait pas comment ce retard est possible. Les subalternes parfois, une erreur... oui je sais, vingt erreurs.. non, plus, trente... mais il faut aller de l'avant à présent, ne pas se pencher vers le passé. Bon à toute chose malheur est bon, c'est réglé et on vous offre même le Larousse avec pour nous faire pardonner... vous ne savez pas lire, ah bon... 
Alors on va fêter ça... Vous prenez quoi, pastis ou martini? O pardon, vous ne buvez pas..."  

Pour mes 4000 euros, on pourrait imaginer un scénar idoine, mais  à Paris, pas ici : "Comment donc mais tant que ça... ? Vraiment ? depuis 3 ans ? C'est à n'y pas croire... " Les maires de villages sont défavorisés sur ces coups car ils ne peuvent incriminer un subalterne lorsqu'on les a croisés tout le temps dans la rue, Paris a ses avantages... Merci Michel pour Djamil... et puis ça m'évitera des réveils dès potron minet car c'est un matinal... 

Reprise le 2 août : ma candeur est indécrottable, ce n'est pas en fait pour s'excuser qu'il a été reçu... mais au contraire, voir plus loin, pour se faire admonester en tant qu'ami... Passons là aussi. Mais je " passe" veaucoup je trouve en ce moment (je laisse la coquille)...  
 


J'y retourne. Il est 13 h ici. Aux States, les gens s'apprêtent parfois à aller au ciné ou au théâtre -du moins à New York- ;  au Kurdistan, certains se réveillent devant leur thé et d'autres sont déjà à pied d’œuvre ; à la Réunion, c'est l'hiver et le jour n'est pas encore levé et au Vietnam, on est au milieu de la nuit. Magie du net, qui sont ces amis qui s'intéressent à ce village... ou à moi... ou à l'eau... ? Pour certains, je le sais ou m'en doute... Salut et fraternité à tous, je me sens moins seule dans ma querencia avec mes animaux. Un clic et l'histoire de notre pauvre village file en Californie... 

Bon, je vais faire un passage sur les fouilles du Dugas tout de même... pour ceux qui lisent à 4000 kilomètres... ou pour le tourisme comme disent les élus et les commerçants, parfois ce sont les mêmes. A ce propos, il serait bon qu'une rue ou un chemin -tiens tiens- portât le nom de celui qui a œuvré sans relâche pour l'histoire du Dugas, spécialiste des fouilles dont la vie d'infirme fut un calvaire silencieux achevé récemment peu après la mort de sa mère dont il s'occupait et à qui il ne survécut pas -mission accomplie-. J'ai nommé Jean-Paul Rodier. Y a-t-il comme il le supposait, un lien entre le "culte" du toro de Mitra -curieux culte puisqu'il s'agissait de le tuer- et la  légende du "vol au biou" -bœuf-? Les coupe-têtes creusés dans la pierre en haut du rocher qui domine sembleraient l'infirmer -pas de sacrifices humains à l'époque mitraïque ou des résurgences très marginales- mais ils sont peut-être bien antérieurs et plusieurs cultes ont coexisté longtemps, Bââl, les mazdéens, Mitra etc...



Ou encore cette légende proviendrait-elle d'un scoop publicitaire antique destiné à faire venir les chalands à un moment où le marché qui faisait vivre la ville se désaffectait dramatiquement ? Tiens tiens, déjà, au 10° siècle ! Est-ce la raison de la mauvaise réputation de St-Ambroix, un bled de filous prêts à tout pour des écus ?  


5 heures PM
Des barrières devant la mairie... Impossible de se garer. Pour moi ? Peut-être pas... Aucun problème, je me mettrai ailleurs, porter mes affaires sera un jeu d'enfant. Avantage de se nourrir normalement. 


LA PHILOSOPHIE VUE PAR LES AMÉRICAINS

Juste avant d'y aller, je reçois un mail de Joseph, un ami militant, ce qui se fait de mieux, anarcho syndicaliste espagnol, ma foi assez pointu qui m'interpelle. Voici toiletté easy ce qu'il cite issu d'un pasteur américain de droite extrême: 
"Tout pouvoir ne peut distribuer aux uns que ce qu'il a préalablement pris à  d'autres. Quand la moitié d'un peuple croit qu'il ne sert à rien de faire des efforts car l'autre moitié les fera pour elle, et quand cette dernière moitié se dit qu'il ne sert à rien d'en faire car ils bénéficieront à  d'autres, c'est la fin des haricots." 
Et bien, ça ne me semble pas faux mais il faut juste retourner la formule. Cette "moitié" qui ne fait pas d'efforts comptant sur les autres, c'est le gens en place ou leurs épigones... et cette autre moitié qui refuse de s'éreinter puisque cela bénéficiera aux autres, c'est le peuple exploité qui à un moment baisse les bras (RMI etc). Exemple de l'eau et de ceux qui ne la payaient pas quand d'autres se trouvaient surtaxés pour éponger... sauf que ce ne sont pas des "cas sociaux" qui étaient exonérés "de jure", mais justement des gens en poste et en place... et ceux qui se trouvaient surtaxés, des pauvres sans appui, hors-caste, "racaille" ou classes moyennes... Ces classes qui vilipendent parfois à l'étourdie les "cas sociaux" qui ne paierait pas alors que c'est au contraire ceux qui ont -petit- pignon sur rue qui bénéficiaient de faveurs officielles. Ainsi retournée, la formule est exacte. Sacré amerlocks, nuls comme philosophes.




A la Mairie, une petite foule bien sapée, une commémoration quelconque ? Non, c'était un mariage... au fait c'est vrai, c'est fait pour ça aussi. Certains, après la traditionnelle photo, lisent l'affiche... m'encouragent. Une anglaise qui passe avec deux petits enfants la traduit à toute allure et parfaitement me semble-t-il pour son mari, j'essaie de retenir ses termes. C'est curieux, il me semble connaître la mariée qui soulève tout le temps les volants de sa lourde robe Pompadour, montrant ainsi des jambes parfaites qui tirent un sourire même à Samir malgré sa fatigue... Dix, vingt, je ne sais plus combien de points de suture, des ligaments arrachés à l'épaule, les traits tirés, il continue tout de même à travailler, c'est la saison. Je dois délirer, on dirait la jeune femme du service des eaux qui avait suscité l'admiration de Robin autrefois lorsque j'avais occupé le bureau -ils s'apprêtaient à me couper l'eau au Ranquet-. Un jeune homme de la noce est venu lire et, estomaqué, m'a demandé s'il n'y avait pas un médiateur. Non, ici, c'est connu, tout va bien et il n'y en a pas besoin. Je n'ai pas donné de pétition.



J'ai écrit le texte de l'affiche sur une grande pièce de tissus blanc, j'y ai même fait quelqu'ajout... et je la porte comme un péplum. Tout à l'heure, je vais l'arranger à la grecque avec deux fibules sur les épaules. Et à l'instar d'Isabelle sa chemise, je ne l'enlèverai que lorsque l'affaire sera réglée... tout comme, selon son vœu, la reine catholique dit-on ne la changea que lorsque les maures furent chassés de Grenade. D'où sa couleur, de blanche devenue jaunâtre, "isabelle".




UN PANNEAU LA DEPUIS 10 ANS ENLEVÉ

Et en allant chez Manu pour envoyer mes messages, un vague sentiment de manque au terrain vague soudain, c'est curieux...  il y a comme un vide en l'air. C'était le grand panneau publicitaire en fer qui annonçait la création d'appartements sur ce terrain, là depuis 10 (?) ans... tordu, rouillé et irrégulièrement déchiré vers le bas, qui avait disparu. Scié ou arraché, il demeure toutefois adossé au mur. Redite, ici tout est lent, très lent. En 10 ans, on avait fini par s'y habituer et il nous manquera comme la vieille voisine odieuse qui représentait pourtant une trace de notre passé. Ce blog y serait-il pour quelque chose? Après la lettre du Maire qui me reprochait ma fresque "pas dans le style du village" et ma réponse sous forme de photo du panneau : "dans le style du village", qui sait.. De plus, celui-ci débordait légèrement sur la chaussée. 




Des gens des Vans aimables et positifs, apparemment aux prises dans leur village à des histoires du même genre mais moins ''hard'' -des parisiens venus à la retraite, ce qui aggrave leur cas-… qui me disent que ''la gauche est une véritable maffia, tout comme la droite''... et me recommandent de m'adresser à Sarko. Ma foi, pour dénoncer ce qu'ils appellent une "maffia" il y a mieux mais qui sait? Je n'ai pas donné la pétition, mais le site et le blog.

Un gars que je connais chez Manu... je ne l'avais pas reconnu, sapé très prof à la retraite, ce qu'il n'est certes pas du tout... et que ''la Bisette'' repère du trottoir d'en face et vient embrasser et re embrasser... Il se montre sympa avec elle, le cas est rare, et lui donne un euro qu'elle lui demande. Souvent on la rembarre, elle boit, est mal fringuée, parfois confuse... Cette femme de cinquante ans un peu simplette, autrefois très belle dit-on, dont beaucoup d'hommes du village et pas forcément des marginaux ont profité qui à présent font semblant de ne pas la connaître, est ici un peu la ''Fiancée du pirate'' version Zola. Elle ne le prend pas mal; malgré l'exploitation à laquelle elle a été livrée et le rejet paradoxal qui s'en est suivi, elle n'en veut à personne sauf peut-être à une voisine qui un soir m'a bousculée devant elle -la Bisette compte si peu-. Je me sens très proche d'elle, moins généreuse cependant : il m'arrive de haïr, même si mon fiel ne résiste pas à l'analyse. Comme un vilain staphylo qu'on exprime et qui sort tout de suite sans laisser de traces. Sans doute suis-je plus naïve, ces histoires, je n'aurais jamais imaginé qu'elles m'arrivent tandis qu'elle ne se fait aucune illusion sur les gens mais il n'empêche qu'elle les aime. Une sainte? Si les "simples" le sont, alors elle l'est assurément. Elle rappelle l'héroïne de "Breaking the waves"! Sinistre.

Elle vit avec un ex para squelettique, dipsomane lui aussi dans une minuscule pièce en rez de chaussée et lorsque je lui ai donné des vêtements cet hiver -neufs, achetés à bas prix à la croix rouge- elle les a revendus aussitôt pour de l'alcool si bien qu'ils n'ont pas dessaoulé de la semaine. Depuis je ne lui donne que des usagés, ce qui n'empêche qu'elle les refile aussitôt à d'autres, soit gratos, soit contre des clops pour son mec car elle ne fume pas. De temps en temps, elle s'en va ''faire les mégots'' pour lui. Elle ne sait rien garder pour elle-même mais emprunte souvent de menues sommes, un euro, deux euros, toujours à la demande de son jules. Il arrive dit-on qu'elle ''vole'' dans les potagers quelques légumes, ce que lui reproche un des jardiniers qui ne plaisante pas avec ses courgettes. Je crains fort en y repensant qu'elle ne m'en ait amenées car à un moment il y avait toujours devant ma porte, elle trouve que je me nourris mal. Elle vole aussi des croquettes pour son chat... chat que d'ailleurs elle a -peut-être- "volé" lui aussi, il passait dans la rue, superbe, elle a décidé qu'il était perdu ou abandonné, ce qui semble fort improbable, qu'il risquait de se faire écraser, ça d'accord et l'a aussitôt pris chez elle... Adeline, qui nourrit des chats errants l'a prise en flag et engueulée: le matou est suffisamment gras sans qu'il ne soit nécessaire de chaparder pour lui la pitance de ses protégés. Histoires de village, touchantes et tristes. De gens simples. La vie, quoi...


Dimanche 1er août

LA NOTION DE JUSTICE

Une réflexion gênante à la relecture qu'il faut bien faire pourtant. La notion de justice et de démocratie ne sont peut-être pas claires pour certains, une histoire n'est jamais comme à la télé qu'un combat qui les dépasse même s'ils savent en être l'enjeu... c'est juste un rapport de forces qu'ils ne pensent pas pouvoir infléchir et qui au fond ne les concerne pas vraiment, même s'ils sont intéressés comme public. Le fond, plus complexe, disparaît derrière la forme. "X." contre "Y." se comprend mieux que Justice contre Pouvoir. Il y a un ''chef'', qui a la force dont on peut tout redouter cependant sympa autrefois dit-on, il aurait aidé des copains au collège et un autre qui finalement pèse aussi son poids malgré tout, plus aimable et plus proche, battant et criant très fort lorsqu'on l'écorche, moi en le cas. Ils visionnent le spectacle de l'extérieur comme un film, une anecdote peu banale -en fait elle l'est mais juste démesurée et un peu médiatisée-. Ce n'est pas une question d'opportunisme, simplement, ils sont persuadés que tout ce qu'ils pourraient faire serait s'arroger.. Hors propos, prétentieux. Sur des sables mouvants, moins on fait de mouvements, moins on s'enfonce. Sans calcul aucun, ceux-la se détermineront toujours en faveur du plus fort. Cela rappelle la conversation entre deux élèves qui vibraient en regardant un film palpitant : -Pour qui tu tiens?" chuchote l'un à son voisin. -Pour les bons" répond-il. -Et qui sont les bons?" interrogea Lydie. -C'est deux qui gagnent." ! Société du spectacle en effet. Il faut faire avec.





NOTION DE FORCE 

La notion de justice est donc remplacée par celle de force à laquelle il faudra se soumettre... et selon leur optimisme, ils supputent. J'ai quelque chance, le truc est vraiment énorme, 4000 €, presque trois millions traduisent les plus âgés, un chemin communal, pensez... et surtout je semble tenace et ma famille etc... Mais c'est toujours a priori sur le mode du "je" et du "ils", rarement du "nous" ou alors ça ne vient pas tout seul. C'est normal, la notion de justice est abstraite; celle de force, concrète. Un coup de poing se comprend mieux que la justice, ou une facture d'eau, quoique celle-ci soit si énorme qu'elle finit par ressembler à un paradigme de coup de poing sur la figure. C'est une chance en un sens. Un cran au dessus et on a alors -logiquement- l'idée de vengeance. Un signataire s'est exclamé à propos de ceux qui actuellement m'accablent qu'ensuite "ils allaient se trouver dans une position délicate" (!) -si je me présente, sûr dit-il que "je passerai". A cela, je n'avais jamais pensé, forcément puisque ce n'est pas une question perso. Un film ! D'autres du reste me l'ont suggéré, sans doute ma pugnacité leur apparait-elle de bon augure, même si certains n'en saisissent pas les raisons... mais après tout, se battre pour soi n'est pas différent de se battre pour tous donc je ferai un maire combattif. Un autre s'est targué... d'être ''clean'' vis à vis du maire car il n'avait jamais signé de pétition contre la décharge (!) soulignant ainsi son crédit dont il  pourrait user en ma faveur. Sympa, quoi, on n'en sort pas. Au fond c'est juste une question philosophique : qu'est-ce que la justice ? C'est par là qu'il fallait commencer... Si on ne l'a pas en tête, on ne peut que défendre X parce qu'il est sympa et "Y" non. Je ne crache pas dessus mais bon... Après tout, ce n'est pas une humiliation pire que celles que j'ai déjà subies.



PERSONNEL DE JUSTICE, HUISSIERS

Une femme que je connais m'a invitée pour un pot, plaisir pour une fois de se détendre que je me suis accordée... et finalement, c'est bien plus que des bavardages. Douce, des problèmes familiaux, c'est une bourgeoise malheureuse dans sa belle maison que les voisines lui envient ; son amie qui s'avère venir du même ''pays'' que moi, nous avons des relations communes etc... me raconte alors une histoire banale ; un huissier engagé par elle, alors qu'elle bénéficiait pourtant de l'aide juridictionnelle à 100%, aurait ''prélevé'' sur l'argent qu'il avait recouvert -des arriérés de pension alimentaire assez conséquents- presque la moitié de la somme pour ses ''honoraires''... bien qu'il ait été payé par ailleurs par l'AJ. Malgré ce qui lui avait été dit au tribunal, elle a laissé courir: sans voiture, depuis un village perdu non desservi, se rendre à Nîmes est une expédition... et, justement en raison de la "ponction", elle se trouvait dans une situation pénible ; endettée, elle n'avait pas obtenu tout ce qu'elle escomptait... Cercle vicieux, on affaiblit quelqu'un par un vol... qui ensuite n'a plus les moyens de se défendre justement contre ce dol... Les pauvres sont un gibier de choix. Il en faut certes un grand nombre pour amasser un bon pécule mais globalement il y a moins de risques. Des histoires de ce genre concernant du personnel de justice, parfois des élus ou des notables, parfois ce sont les mêmes, sont courantes, quasi litaniques, insupportables.

Le dimanche est un mauvais jour en général, ici du moins... des gens lents, épuisés par la chaleur, comme moi, en famille souvent, surveillant les enfants -les voitures filent vite dans ce village-couloir presque tout entier réduit à une nationale qui le traverse- c'est peu propice à la lecture et a fortiori à l'engagement... Je me demande si ma propre fatigue reliée à la chaleur et au mal de dos ne joue pas. Je crois que je vais ''rentrer'' me reposer, m'allonger... Tout à l'heure, ça ira mieux.

Des jeunes gens lisent, intéressés semble-t-il, je m'approche pour leur donner le tract avec le site... et ils s'en vont aussitôt ! C'est la première fois que cela arrive. Ils sont étrangers et ont dû croire que j'étais un témoin de Jéhovah ou que je voulais leur vendre quelque chose... comme au Maroc où les commerçants ambulants attirent les touristes par des affiches et leur sautent dessus dès qu'ils s'arrêtent. Plus le soir tombe, plus les gens sont sympa. Sans doute ont-ils moins chaud. Et ils n'ont pas les enfants avec eux à surveiller. Plus libres, plus détendus.


Plus de batteries, excellent prétexte pour retourner me reposer chez moi. J'en ai assez de tous ces gens mornes qui regardent l'affiche d'un air distrait tout en marchant et continuent à avancer lentement  en mangeant leur glace, sans doute saturés comme moi par la pub, émotions et entendement obérés. Des veaux dirait de Gaulle. A moins que ce ne soit le début du mois ? La période creuse ? Les gens d'août en effet sont plutôt moins sympa que ceux de septembre, c'est connu. Pourquoi ? Corps déformés, rouges, tee shirt en vagues, tongs traînantes -ils en pensent sans doute autant de moi-... je n'ai pas envie de les aborder.

"La Bisette" est venue me faire part de la chaleur, merci, je n'avais pas remarqué, et s'en est repartie au foirail. Dans sa minuscule pièce, on cuit dit-elle; aussi sortent-ils tout le temps, ce sont des gens de dehors que l'on voit tous les jours, incontournables, comme Beny. Seuls les bourges avec la clim restent chez eux, si bien qu'on ne voit "traîner" que les pauvres, les marginaux, des gitans, des touristes... ou moi. 


BENY

Beny est marrant: lorsque je parle à des gens, parfois il arrive qu'il se mette au milieu et m'interrompe pour me contredire, tel un élève perturbateur. Ca ne porte pas à conséquence. "Elle a bu du café et de l'orgeat" précisa-t-il hier gravement débarqué à un moment où je parlais de tout autre chose que de ma grève -il était accouru, soucieux de rétablir l'ordre et la vérité, s'intercalant entre un couple et moi... et il sentait pas mal le vin- ... "Et elle a eu bien raison" lui a répondu l'homme en rigolant. Il cafte, se positionne en rétablisseur objectif des faits, attitude que j'ai observé chez lui depuis pas mal de temps, significative sans doute (?)... quoiqu'étant donné le personnage, on ne puisse redouter grand chose de lui et a contrario, en fait de recrue, il y a mieux. Il a cependant signé la pétition, ce que je ne lui demandais pas plus qu'à la Bisette.  

Downloadé ce blog pour ceux qui n'ont pas le net, nombreux... 

Lundi 2 Août

POLITIQUE DE SARKO

Sylvie Barbe m'envoie la vidéo dont m'ont parlé des touristes avant hier au sujet de l'expulsion musclée de femmes africaines. Honte. bien sûr... mais que c'est crétin surtout !!! J'en viens presqu'à plaindre les policiers  qui vont ainsi passer à la postérité devant leurs enfants. 
 

Et je repense à ce jeune soldat noir de la FA (force arabe, des casques bleus) à Beyrouth qui m'avait mise en joue et qui au mot "elle est française" avait aussitôt abaissé le canon de son arme braqué sur ma tête -10 cm-. Ce mouvement, il m'arrive toujours d'en rêver, aucun traumatisme cependant, la scène est plutôt marrante à chaque fois, ça se passe toujours au métronome en trois temps ultra rapides : "Sors tes papiers" -je me penche sur mon sac-.. bruit de l'autre côté de la vitre ouverte -klkak klk-... je relève la tête, surprise... la kalach est sur moi.. en même temps que j'entends Robin hurler en arabe "elle est française elle a pas compris".. et au mot  "française" le canon s'abaisse. 2, 3 secondes ? Même pas le temps d'avoir peur... -Il m'avait en fait ordonné de sortir, moi, de la voiture, et non mes papiers.- La suite est comique, j'enfonce le clou : "Dis donc je suis française et toi tu me tues !" L'air gêné du type qui veut rattraper le coup, sa main me tapotant l'épaule :  "Excuse-moi, mais on peut pas savoir, au Hesb aussi, ils en ont des blondes, des jolies comme toi"... Je ris et lui rends son accolade : "Merci, c'est pas grave, allez, je comprends, tu risques ta vie, j'ai même pas eu peur." Quatre secondes  en tout ? Je sais à présent qu'on peut mourir de la main d'un brave type et sans avoir le temps de le réaliser et qu'un seul mot -"franzaoui"- peut être un levier qui fait baisser le canon d'une arme posée sur votre tempe. Sauf qu'à présent, avec les prouesses viriles de nos zozos expulseurs d'africaines avec bébés -l'horreur- il n'est plus certain que ça ferait disjoncteur. Et je n'aimerais pas me retrouver à un check point en joue d'un africain harcelé par les voitures-suicides aux nerfs plus ou moins solides après ça.

Triple zut, ne nous comportons pas de telle manière que ce "crédit" dont nous bénéficions auprès des peuples d'Afrique ne s'épuise. C'est peut-être à cela que je dois -comme bien d'autres- la vie, la France, le pays de Schoelcher et des Droits de l'homme, il se serait fait tirer les oreilles bien comme il faut par sa maman s'il m'avait fait sauter la tête, le soldat de la FA, à son retour à Bamako. Elle ne plaisantait pas avec l'abolition de l'esclavage.

Je me réinstalle. Chaleur insoutenable, je viens de prendre une douche et je suis aussi moite qu'avant. Je crains de sentir mauvais, Cette-facture-sera-payée a dû me marquer comme Cristine H autrefois, mon ancienne élève, redite, Maire à présent.. et pas de St-Ambroix hélas. Tant pis. Je n'ai pas mis la table, ça fait trop ''bureau'' et bloque les gens, comme si je faisais moi-même figure de bureaucrate. Du coup, c'est mieux.

Et c'est le must. Quand je suis dans un état de stress "positif", cela m'arrive parfois ET JE N'AI PAS D'EXPLICATION A CELA, voir un blof (je laisse la coquille) ''parallèles sécantes''... Je rencontre une jeune femme journaliste à Fr3, qui passe par hasard, elle lit attentivement, me questionne... Et je lui dis immédiatement -qu'est-ce qui m'a pris? en ces cas je ne ''réfléchis'' pas, ça sort tout naturellement, comme si quelqu'un d'autre parlait à travers moi -:

'' Vous avez fait philo'' -c'est une affirmation et non une question-... et je lui sors les '' Chants philosophiques''. Elle me répond, elle aussi sans y penser, ''oui''.. et après hésitation, le prend et je le lui dédicace en vitesse devant la Mairie. Comment l'ai-je su, ce ne sont pas des études banales, nous étions 50 à la fac contre 300 ou davantage en lettres et plus en médecine, et encore les trois quart étaient-ils des mecs ? Aucune explication. 

Un adjoint, toujours le même, sort immédiatement après... et me salue... ou bien fait un geste agacé, je n'ai pas bien compris... et file aussitôt. L'affaire l'intéresse mais rien de sûr, elle n'est pas une décideuse dit-elle... cependant, je n'ai plus à présent la réserve genre ''flouée-emmerdée-en-lutte-contre-la-gauche-pour-qui-elle-a-voté''. 

Pas d'héroïsme, cette réserve provient, provenait de ma crainte  de passer pour l'andouille que je suis, mais je me le sers moi-même... etc.. Donc, même récemment, j'eusse souhaité que tout se passât encore sans -trop- de vagues. J'ai changé. Lorsqu'on se gare dans les clous et qu'on vous le signale, on s'enlève avec diligence et on fait éventuellement des excuses si on est poli.. mais lorsqu'on y demeure un mois ou un an malgré les risques -l'administration ! ''l'administration mon cul'' comme dirait Zazie...- ce n'est plus une erreur, c'est une faute. Jusqu'à présent cependant, rester devant la mairie ne me déplaît pas. Quand j'en aurais marre, je mettrai le turbo et ça finira.



LE REEL APRES L'OPTIMISME
Djamil m'apprend que le maire lui a reproché de s'être fait, je cite, ''enrôler'' par moi qui me servirais de son histoire pour médiatiser la mienne (!) ô que c'est beau ! C'est le coup du ''vous n'avez voulu que valoriser votre terrain en défrichant le chemin''... sauf que ça ne vient pas d'un estois égaré mais d'un ''d'ici'' sans excuses donc. Mais Djamil, dont personne ne s'est vraiment soucié avant que je ne mette son histoire sur le blog -du reste, j'ai enlevé l'article de celui-ci depuis une semaine et l'ai mis ailleurs où il y a plus de monde en ligne-… est suffisamment lucide pour ne pas s'en laisser conter. Il faut dire que la ficelle est un peu grosse. 

Tiens, par curiosité, je regarde -comme tout auteur qui se respecte mais je me me respecte sans doute pas car ça fait longtemps que je ne l'ai pas fait-... mes "signalements"... il faut taper "Hélène Larrivé" dans la fenêtre de droite directement sur google et ne pas louper les accents sinon ça optimise. C'est fait, merci mes amis, non, je ne vais pas tout mâcher, à vous de voir, un clic, c'est pas dur.

Et pour les blogs aussi, vous qui les surveillez comme une station anti sismique, vérifiez vous-mêmes ce qu'un ancien ouvrier non francophone à l'origine et qui n'a pas le net a compris seul...

Un clic vous faites, sur ''grève de la faim'' . C'est justement pour cela [j'ignorais toutefois le bond de mes signalements et ça me met le moral, merci, qui était assez moyen] que j'ai accroché sur les blogs les plus achalandés des gens comme lui qui ont comme lui subi des injustices diverses et dont tout le monde se fout [enfin non, pas tout le monde, la preuve, disons "tout le monde parmi les gensses en poste à St-Ambroix qui pourraient faire bouger les choses" ou dans des bleds idoines ce qui réduit considérablement le monde] dont Djamil. Inversion là aussi des buts supposés, comme pour le coup du chemin, faut-il croire qu'il en est qui transfèrent ? Le net est un outil et aussi un flic de poids, le meilleur... et le pire parfois. Là ça m'arrange tout de même bien. 

De même lorsqu'on me dit que ''c'est réglé'' pour que j'arrête ma grève... et décourager les médias à la veille d'une réunion qui allait sans doute être pénible -ce à quoi j'ai consenti, la gauche, pensez, malgré tout, on est une famille en somme et il n'est pas bon devant l' "ennemi" supposé de dévoiler que le tonton picole ou que la tata n'a pas l'électricité à tous les étages isn'it?

Décidément révélateurs, ces sinistres malentendus, la réserve est prise pour impuissance; la longanimité pour faiblesse; l'éthique pour servilité ; l'engagement politique pour allégeance et l'engagement tout court pour paparazisme... ça, ça vient de sortir frais pondu. Il faut donc ''cogner'' -fort- pour être pris au sérieux, sans souci de la casse qui peut aussi vous entraîner en tant que groupe. Comme avec les loubards qui tirent souvent sur le prof le plus sympa parce que de lui, croient-ils, ils n'ont rien à redouter et qui parfois se cassent les dents... Dit autrement : on est vite pris pour un con, plus encore qu'on ne l'est vraiment. Plus exactement pour une conne.

Un détail pour être honnête : Djamil a commencé son parcours du combattant lors du mandat de l'ancienne mairie, 7 ans... puis l'a poursuivi lors du mandat actuel, 2 ans, les ''responsabilités'' -un quart /trois quart- sont donc encore en faveur de la ''gauche'', attention le temps tourne et bientôt ce sera là aussi un partout la balle au centre. Réflexion jolie, ''mais l'administration vous savez... bla bla.'' Sauf que l'administration, c'est ''eux''.
 


Une réponse-argument un peu sotte j'en conviens et a posteriori de un an à Gérald après une discussion, je ne suis pas une rapide, ça ne concerne que lui mais bon, je n'ai plus de temps à consacrer perso à des amis, l'avantage d'être un peu connue est justement, à ça je n'avais jamais pensé jusqu'à ce jour, qu'on ne peut vous accuser de récupération donc d'insincérité. Dont acte.


DE WALHENS

Aujourd'hui, des gens "bien", partout... contrairement à hier. Des flamands ! joie d'évoquer avec eux Louvain et la ''catho'', leur gentillesse simple, directe, la manière dont de Walhens, de Walhens, sauveteur de l'œuvre de Husserl, le ''de Gaulle'' belge mais philosophe et non général, à l'époque recteur de l'univ... nous a accueillis A. et moi. Je le cite, je n'ai jamais oublié ce colosse qui avait davantage l'air d'un bûcheron que d'un évêque et théologien, impressionnant, au sourire éteint, sans doute empreint de ce qu'il avait vu et subi en 40 ; alors que je le remerciais de nous avoir logés... ni plus ni moins dans un château (!) et offert une bourse -plus un petit travail-, il me coupa d'un revers agacé : Madame, ne nous remerciez pas de vous avoir accueillis, c'est vous qui nous avez fait l'honneur de venir vous réfugier chez nous, et c'était le moins que nous puissions faire.'' Il parlait évidemment d'A. fuyant le fascisme. Les belges ! Dire cela simplement, presque hautain, comme s'il reprenait une petite étudiante en philo pour un contre sens. J'avais eu envie de l'embrasser mais je n'ai pas osé, un tel monument. Merci Monseigneur, où que vous soyiez à présent. Ça c'est des cathos, autre chose que les pauvres punaises ricanant sottement parce que "une telle" a son soutien-gorge qui a lâché dans l'émotion de... Peut-être aurait-il fini par me convertir, le filou si je n'étais rentrée en France au bout d'un an en vitesse. Pour parler comme lui, il m'a fait l'honneur d'essayer. "Madame, dans votre passion pour la justice, c'est évidemment Jésus en vous qui vous anime". Évidemment (!).. Puisque vous le dites, Monseigneur. Marrant à sa manière.

Donc ces belges sont estomaqués par ma facture, mais je n'insiste pas, ils méritent mieux. Je ne leur parle que de la thèse de Rodier et des fouilles, en fait, ils en viennent mais comme tous, n'ont pas poussé jusqu'au coupe-tête, mal indiqué sans doute. Permanente sur cette place heureusement assez ombragée, me voilà multifonction : don Quichotte d'arrondissement comme dit méchamment Régis et il n'a pas tort, hôtesse bilingue, enfin, presque, de syndicat d'initiative.. et parfois psy, ils devraient me salarier du reste.

UN PARANO A PARFOIS ÉTÉ UN PERSÉCUTÉ

Beny vient de passer, avec toujours les mêmes propos, l'eau du village ne serait pas potable, toxique, il y aurait des antibios dedans,  il a été mis en hôpital psy pour l'avoir dénoncé.. Il en veut à l'ancienne équipe et pense qu'on essaie de le tuer parce qu'il serait dépositaire de secrets fondamentaux qu'il refuse de dévoiler cependant alors que ce serait le seul moyen d'échapper à ses tueurs putatifs. Il affirme avoir reçu une balle dans le dos. Dans son délire il y a probablement du vrai mélangé à du faux mais où ? 



Il faut décrypter. Par exemple Gabrielle, lorsque dans son délire elle reprochait, et avec quelle violence ! à sa bonne voisine d'avoir voulu la marier à ''une porte'' faisait en réalité état de ses tentatives serviables mais insistantes et malvenues de lui faire épouser un certain ''Laporte'', paysan, veuf, et rabougri de vingt ans plus âgé ! laid comme l'enfer et de surcroît grigou et profiteur... pensant sans doute que pour une ''vieille'' fille, quelque soit son niveau intellectuel et social, Gab n'avait que trente ans, une formation, un travail et une bonne éducation, il pouvait représenter un ''parti'' envié. Trop humiliée, dans son délire, elle avait transformé l'histoire en fable comme manière de catharsis.. Sans doute Beny fait-il de même.

Il réitère que ''si je veux être crédible'' -bizarrement, le mot est toujours employé par les gens qui reviennent de la mairie, un leit motiv, c'est à ça que je les reconnais- ''il ne faut pas prendre de café sucré'' ! le malheureux n'a pas compris que j'ai arrêté la grève depuis longtemps, je ne tiendrais plus debout sinon ; ne sait-il pas lire ? Il le prétend. Faux : il écrit, et pas si mal, on le voit à l'église sur le cahier de ''prières'' dans lequel il a signé une supplique émouvante pour que sa femme revienne. Je lui demande en plaisantant pourquoi il tourne autour de moi, regarde derrière les affiches, mes affaires et survient parfois pour me contredire lorsque je parle à des gens... Et  il botte en touche avec une habileté que je ne lui devinais pas. Curieux personnage. Manipulé ? peut-être. Sincère? Aussi.

Excellente journée. Des parisiens d'origine bretonne aussi, sympa mais... qui m'ont dit -avec un zeste de fatalisme un peu méprisant, j'encaisse, bien obligée- qu'ici, ''c'était le Midi, quoi''... Le Midi de Pagnol, de Chamson, de Carrère ou de Chabrol, au passage tous uniment parisiens ? De St-Ambroix en tout cas. 

SCÈNE DE CHASSE EN BAVIÈRE

Un jeune américain musicien que l'on voit parfois le soir tard chez Manu, jouant dans une cave à côté de l'église, lit mon texte, en fait il le connait, c'est plus ou moins celui de l'affiche... et me parle de son association. Il met de l'oxygène dans le village... pourvu qu'il ne soit pas découragé et ne s'en retourne. 

Une observation générale, selon des critères obscurs ou faussés, certains qui ne font aucun effort pour s'intégrer -au contraire-, que l'on ne voit strictement jamais [pas plus que leurs "clients"] en dehors de leur querencia-enclose... se trouvent courtisés et d'autres, talentueux et omiprésents, au mieux, ignorés, au pire, chassés. Les premiers font venir des chalands dit-on pour justifier cette inéquité : peut-être puisqu'on les a aidés, cercle vicieux et encore n'est-ce pas sûr.. Les seconds en font aussi venir, mais ce ne sont pas les mêmes et ceux-là peut-être dérangent, A TORT. Hors caste, pas de riches étrangers acheteurs... ou pas seulement. Impression prégnante que ceux qui sont porteurs d'un projet vrai et sincère sont mis à l'écart et ceux qui se servent de nous, plus rassurants en somme car ils ressemblent à certains d'ici, révérés.. de même, et ça c'est plus étonnant, que ceux qui, connus ou reconnus, qui ont les moyens de porter un projet sans requérir d'aide -c'est le cas du musicos- sont suspects tandis que les "pseudos" réclameurs, bien dans la ligne, acceptés jusqu'à parfois une pseudo servilité. Comment ne nous mépriseraient-ils pas ensuite? 

En fait, ceux qui ne voient une activité -fût-elle artistique- que comme un business axé sur le profit [ce qui va de pair souvent -mais pas toujours- avec la médiocrité] s'accordent peut-être mieux à l'esprit du village que ceux qui créent, libres, dérangeants ou considérés comme tels même lorsque ce n'est pas le cas par un pouvoir frileux aux œillères mal posées, par exemple, Jack n'a rien d'un révolutionnaire mexicain et il ne s'est intéressé à moi, du moins directement, qu'après ses propres ennuis sur lesquels il ne me dit pas grand chose du reste. Les premiers rassurent, les seconds font peur: irrécupérables craint-on. Car il n'y a pas de levier contre ceux qui en général n'ont jamais reçu de subventions ou d'aide quelconque et se débouillent, ici plutôt bien, tout seuls. C'est l'inconvénient, ils ne briguent pas de pénétrer dans la cour. 

Cela explique la déréliction intellectuelle de villages qui courtisent les médiocres et ignorent ou accablent des créateurs -qui partent-. C'est peut-être voulu, on est mieux entre soi. Une démonstration sous forme de question : qui a pensé à contacter Gunther Leitzen qui a réalisé un film sur la résistance allemande dans les Cévennes,  notamment sur le Puits de Célas.. qui passe en Allemagne mais pas ici ! Il  a une maison à St-André où il vient en vacances avec des étudiants et on le voit souvent à la librairie ou au salon de thé tenu par des écolos, aimable, ouvert, cultivé. Passionné par la France dont cet allemand parle parfaitement la langue et par les Cévennes, il transmet ailleurs sa passion dont ici nul ne lui sait gré. Lamentable. Il n'en tient rigueur à personne, un philosophe.



 Le pizzaïole, lui, va fermer dit-il car il en a marre ''les gens sont méchants''  etc... Un peu simpliste, c'est moi qui tente de le convaincre que c'est juste une image faussée, ça le fait bidonner. Il lit, observe que ma ''robe'' est parfaitement écrite, on est prof ou on ne l'est pas et comme je suis obligée de lever les deux bras, remarque que dans cette attitude je ferais un épouvantail parfait. Mathieu qui attend son tour, avec qui on bavarde chiffons ou plus exactement "cric de manivelle" me confirme que c'est lui en effet -c'est ce qu'on m'avait dit- qui a voulu ''casser'' la conduite d'eau le jour où on venait la lui couper... la conduite ou éventuellement le grand shtroumpf élu des coupeurs d'eau de l'époque. Voici donc ce que j'appelais l'argument ''cric de manivelle'' confirmé. Précision, on ne lui a pas coupé l'eau. MAIS A MOI, SI. Tant mieux pour eux mais lorsqu'on est une femme, redite, ça ne simplifie pas. Il faut se caser costaud, quoi... Monde de film B ou la peau d'une nana ne vaut rien en soi, mais son fric, si. Et où comme cette belle femme d'Attuargues venue de Paris pour bosser, il est plus confortable voire indispensable de se maquer avec un baraqué si on veut se faire respecter.. surtout dans son entreprise, un peu spéciale. "Je n'ai pas eu le choix m'avait-elle dit, un peu gênée, et en plus il est gentil et bricoleur." Soit.

Lorsque je disais que tout ceux qui ne sont pas récupérables sont harcelés.. est-ce mon cas ? une galerie d'art contemporain ? rien de plus fort, de plus porteur qu'une installation qui peut être comprise même par des illettrés ou des non francophones. Est-ce là le fond du problème? Qui sait ? Il doit bien y avoir une raison tout de même au delà de ce qu'on peut subodorer à ce que je reçois dans la figure depuis que je suis revenue toutes tendances confondues. Irrécupérable ? Non, ça ne peut être ça...  triste à dire mais à la réflexion, je dirais : même pas.

Mardi 3 août

Pas de marché donc, ce n'est pas politiquement correct mais je ne peux pas. Bertrand non plus. Le végétarisme aussi.. On se bat pour les toro -très bien et on ne peut qu'éprouver une grande admiration pour Garrigues et son assoc qui sont récemment descendus dans l'arène, se sont fait tabasser et ont obtenu l'interdiction des corridas en Catalogne- mais pas pour les poulets, les petits n'intéressent personne, là comme ailleurs. Il est vrai qu'eux, on les mange.  


MALENTENDUS, UN ÉLU PASSE

Un oubli hier, significatif... et je me suis promise de ne rien omettre de ce qui se trouve dans la ligne, ce serait mentir en pochoir. Un gus sympa en apparence qui avait discuté chiffons avec un signataire de ma pétition devant moi, et qui, m'avait dit le copain ensuite, était maire de son lilliputien village.. repasse peu après devant moi... Croyant à un retour intentionnel, je lui tends le tract. Forte réaction, immédiatement agressive, trois tons trop hauts : "Je connais cette affaire et vous préviens que je ne prendrai pas parti dessus!" Ma réponse ne l'est pas moins, je ne suis plus la même, un bon point du reste. "Et je ne vous le demande surtout pas, je vous informe seulement : lorsque comme élu on doit tourner dans le sens du vent, il faut savoir le prendre, non?" Il a pilé aussitôt, souri (!) pris le papier ("merci")... et détalé.

LA TRANSE DE L’ÉCRIVAIN OU DE L'ARTISTE
Autre oubli, rajout plutôt, à propos de mon intuition sur la jeune journaliste de Fr3. Un écrivain ou artiste est souvent médium sans le savoir ou disons a parfois des intuitions que rien n'explique lorsqu'il écrit. Un état bizarre qui rappelle la transe. On ne s'en rend  aucunement compte, l'exemple le plus saisissant est celui du Titanic dont l'histoire fut écrite quelques années avant sous forme de roman, mais il en est bien d'autres moins connus. J'en ai quelques uns personnels que je tairai ici sauf deux qui s'encadrent parfaitement dans ce blog. 

Voici.. le pire en somme. Il y a quelques temps, voulant parler du village et en faire une sorte de roman philosophique, j'avais "tout" flouté grave de manière à brouiller les pistes et j'étais assez satisfaite du résultat. Au centre de l'histoire, j'avais figuré un personnage totalement inventé, ce que je ne fais jamais car je ne sais pas faire, avec quelques détails sur lui très précis et surtout des éléments de son cursus un peu outrés, dévidés en chaîne... Je l'avais chargé un max, c'était le "pervers" typique des romans de gare ou quasiment, l'Harmattan voulait des lecteurs, il fallait ratisser large. Là, j'étais absolument sûre de mon coup, le mélo parfait... 

Le bouquin était prêt à l'envoi lorsque par chance j'ai rencontré par hasard à la librairie un gus qui n'était pas un ami mais qui connaissait très bien le village et dont la discrétion -quasi professionnelle- était, supposais-je, à toute épreuve et sur ce dernier point, j'avais raison, sur l'autre aussi du reste. Mais...

... Il me le rendit peu après, gêné. Et là, je le cite: "C'est excellent... un peu ardu et long mais bien fait, rien à dire. Seulement, je n'ai pas à vous donner de conseils, mais tout de même puisque vous m'en demandez.. pour quelqu'un qui veut faire attention à ce qu'on ne reconnaisse pas les gens, on peut dire que vous vous posez là!
Qu'est-ce à dire ? 
En fait, le personnage-clef que j'avais ouvragé existait vraiment, comme si je l'avais fidèlement "copié". Et mon lecteur incrédule de me dérouler alors une à une les anecdotes -il y en avait trois dont une extrêmement improbable- le concernant, toutes attestées et connues et du reste pas seulement par lui.. [Publier eût été gênant pour les victimes..] A un cheveu. Le tapuscrit déjà mis en page (!) dort et dormira toujours et dans 50 ans, ne dérangera plus personne. 

Affaire embarrassante vite oubliée comme tout ce qui est gênant sauf que j'ai réitéré en plus grave. Ayant voulu reprendre une -excellente- nouvelle policière d'un écrivain néophyte que je jugeais un peu sèche, j'y rajoutais un personnage, une jeune femme dont je fis la clef de voûte du scénar. Elle existe vraiment, je l'avais rencontrée par hasard à la télé, et là, juste esquissée pour laisser à l'auteur la liberté d'en faire ce qu'il voulait. Et dans ma reprise, pour les besoins du scénar, je la fis morte dans des circonstances qui s'adaptaient tout à fait à sa nouvelle, le premier mystère -je la voyais assassinée parce qu'elle détenait la même info que la narrateur sur un attentat très médiatique contre une personnalité de premier plan-. Je lui donnai mon esquisse et barka, à lui de jouer mais le soir, sur le net, un peu gênée qu'elle soit si reconnaissable, car elle est un peu connue, je surfai sur son nom. Elle était morte comme dans mon scénar peu avant. Imprévisible, un accident. J'espère qu'elle n'a pas été assassinée par des partisans d'extrême-droite désireux de la faire taire sur des secrets d'état qu'elle aurait détenus sans même le savoir. Je ne me risque plus au roman. 






Leibniz parlerait de perception sans aperception; Bergson d'illusion rétrospective; Freud, d'inconscient; Platon, de réminiscences et Jung d'inconscient collectif ou archétypes. On entend ou perçoit quelque chose de gênant moralement, de dramatique voire d'anodin, on l'oublie aussitôt, puis on oublie même qu'on a oublié (!)... et on le retrouve tel que parfois des années après dans la création artistique qui fait sauter le verrou moral apposé sur la mémoire. Ce que l'on croit avoir intuitionné, en réalité, on l'a toujours su tout simplement parce qu'on l'a entendu ou vu. Ça colle pour le roman sur St-Ambroix à la rigueur, mais pas pour l'affaire du Titanic ou de la jeune femme morte peu avant mon invention romanesque de son assassinat. Pas d'explication donc. L'écriture est une drôle d'affaire. 



Je m'y recolle... Ces discussions deviennent une nourriture intellectuelle.

Jeudi 5 août
VIDE GRENIER 

En quatrième vitesse. Le vide grenier ce soir... Bertrand est arrivé. Un appel de PC, curieuse initiales mais bon, ce sont bien les siennes pour le coup, comme il est un personnage "public" je ne change pas, qui lui bosse bien -mais à Montpellier- dans son assoc d'anciens combattants... proche justement du PC. S'intéresserait-il à moi? Il me demande les coordonnées de Gunther Leitzen le cinéaste allemand. Et "comment ça va?" je ne sais si c'est une allusion à la grève de la faim... mais j'en profite pour lui dire que ce n'est pas anodin et fatigue énormément ensuite, peut-être à cause de la chaleur. -Hier je n'avais plus la force de décoller, aujourd'hui ça va au poil..- Et je lui fais un mail vengeur... qui en fait ne le concerne pas totalement car il n'est pas d' "ici". Mais il sait où me trouver tout de même... passons, ce n'est pas grave, mes signalements on bondi je m'en fous et je ne suis pas seule à me battre, il y a peut-être des cas plus lourds quoique... Et puis il a fait la guerre -d'Algérie- et bon... mon histoire peut lui paraître anodine. Joie d'aller voir Bertrand tout à l'heure, bien qu'hier mon état d'épuisement était tel que je le redoutais un peu. C'est passé. L'état de la maison me fait honte, bon, c'est ainsi, je n'ai pas eu la force de nettoyer. Si j'étais une immigrée, on dirait "évidemment, qu'attendre d'une arabe.." mais j'ai la chance d'être PHS, alors ce n'est pas si grave, ça fait même genre, voyez comme elle est sympa, elle ne se la pète pas, ah les artistes etc.... Mais c'est la merde tout de même pour les copains. Gênant, ils risquent le choléra s'ils sont fragiles, moi je dois avoir des anti-corps. Go. Douche et je file. Les chiens sont tout joyeux ce matin, ils suivent mon mouvement, enfin "elle" a l'air bien, ouf... Il fait moins chaud aussi, je ne suis pas très bien adaptée à la région. Gaffe, Jean en est mort -de la canicule-. Pas adapté lui mon plus.




Jeudi 5 Août 2 heures

Je suis installée. J'attends Bertrand. L'affiche est abîmée, je dois l'arranger, en fait je la mets sur le platane, avec un peu de culpabilité.

Les gens sentent l'ambro solaire, ça me rappelle la mer... Marseille aussi. Une femme de Marseille, justement, qui cherche le festival des cordes sensibles, honte à moi je ne sais pas où c'est, tout passe autour de moi sans que je ne le voie. Un scoop ? Elle me dit qu'à Marseille, ce genre de "choses" est courant -mais là on s'y attend- et qu'il y a un ''observatoire'' (?) qui s'occupe de ces questions -un différend entre des particuliers et une administration, le pot de terre contre le pot de fer dit-elle, avec plusieurs instances qui vont jusqu'à Bruxelles. Et que ça marche. En fait, j'ai tout essayé -dis-je à tort, car j'ai négligé l'essentiel, la justice pour ce cas- sauf ça. A voir. Je n'ai pas très bien compris de quoi il s'agit.




UN BLE HOMME ET D'AUTRES

Je laisse la coquille car c'est tout de même bien de blé qu'il s'agit. Voici un ''pseudo'' qui passe, m'évitant soigneusement... et je ne résiste pas à le décrire tant il est chou : grand, beau, élégant style négligé-étudié, long foulard froissé battant son dos sur pantalons blancs nickel bref un artiste qui annonce la couleur à cent mètres, avec qui on avait parlé longuement autrefois -une galeriste du crû, fût-elle gauchiste engagée art contemporain n'est pas à négliger-. Il cherchait à l'époque à se caser à la DRIF où disait-il, il avait déjà travaillé et visiblement tentait de remplir son carnet d'adresse local. Il s'assied chez Samir, le troquet le plus ''chic'' de St Ambroix comme chaque après-midi, c'est là qu'il s'expose pour lancer quelques lignes, du reste c'est là que je l'avais rencontré. En fait sympa, souriant, lâchant une carrière qu'il disait engagée (?) il avait suivi son épouse ici et faisait contre mauvaise fortune bon cœur, un "Jean" en somme, dont il a le succès auprès des dames, mais un Jean ambitieux et avisé. Notant soigneusement les noms que je lui citais et me questionnant mine de rien -j'ai vu par la suite qu'il avait exposé chez certains, se prévalant de moi- il tisse sa toile comme il faut et séduit. Gauchiste, apolitique, situ, engagé-dégagé, il sait prendre le vent délicatement, sans flagornerie ou du moins ce n'est pas visible car il a du talent et de la finesse.

Ce qui a mis la distance avec moi fut l'expo au Ranquet où visiblement il avait tenté, apparemment sans succès (?) de se faire admettre. Sans importance, l'essentiel était d'être VU au vernissage, de rencontrer des gens, de se montrer-appréciant-connaisseur, tout un art de mise en scène en effet. C'était pourtant avant l'affaire du chemin ''effondré'' et j'étais venue en voisine, assez mal fringuée -je ne faisais que passer en allant défricher chez moi si je me souviens bien-. Et il était clair que pour lui -en quoi il se trompait- que, devisant avec tel édile, tel acheteur, tel important, il ne convenait pas de me voir ou de très loin, discrètement, business is business, l'artiste travaillait son réseau. Mauvaise pioche puisque l'un d'entre eux était un ami mais bon c'est une gaffe normale, on ne peut tout connaître lorsqu'on débarque dans un village et il arrive qu'on se trompe de cul à lécher.




Il est assis et feint de lire Midi-Libre devant un café, c'est un plaisir délicat que de le croquer sur mon clavier alors qu'il se demande seulement qui il va pouvoir ferrer aujourd'hui. Pas grand monde, sauf, mais c'est vraiment un tout petit gibier, une adjointe qui passe en vitesse court vêtue... qui ne le voit même pas, il faut dire qu'il n'a pas fait beaucoup d'effort, il sait mériter mieux. Du talent c'est vrai.

Des bretons qui passent, lisent, s'indignent et signent aussitôt sans que je ne le leur demande -je demande rarement, je ne sais pas pourquoi, aujourd'hui c'est comme ça-.. Ce n'est pas la première fois que des bretons réagissent aussi vite et bien, hier déjà il y en avait eu plusieurs, ça met du baume au cœur...

Une femme de St-Ambroix que je ne connais pas, elle n'est là ''que'' depuis trente ans (!) c'est à dire depuis que je suis partie, m'interroge, comprend au quart de tour, s'indigne... et refuse de signer. Sa réaction était tellement simple, sans hypocrisie ''je préfère pas vous savez'' que moi aussi, je n'hésite pas un poil : ''Vous êtes commerçante ?''... ''Oui.'' OK. Mais elle est branchée ''net'' et va voir ça de près, dans la solitude de son appartement, discrétos. Soit. Mon affaire n'est pas mort d'homme et après tout, le net est anonyme, bonne chose..
Vive le net qui met à égalité des ''petits'' et des ''grands'' comme a dit la femme de Marseille tout à l'heure. Enfin, pas tout à fait... Il modifie voire inverse les rapports de force certes... mais aussi  peut créer une autre forme de domination... qui parfois s'oppose et contre balance la répression subie par les ''petits''... mais d'autres fois peut jouer à contre-sens, créer une répression aussi grande. Il favorise aussi incontestablement les intellos -pour une fois- ou ceux qui savent écrire sans effort et taper sur un clavier, les techniciens et les dégourdis qui apprennent vite à se servir d'un logiciel... Pas forcément les riches -sur le net tout ou presque est gratuit- mais il y a tout de même un investissement à la base, un ordi -tout le monde n'a pas la chance d'avoir un fils informaticien- et accès internet... Il faut aussi accepter de ramer quelque temps car c'est inéluctable et ne pas s'énerver, ne pas avoir ''peur'' de la bécane. C'est comme pour un cheval. Sans Fred, je ne sais pas si j'aurais eu ce courage.




Des belges aussi. Toujours la même gentillesse immédiate et simple, et la même ''modestie'' un peu agaçante. ''Excusez-nous, on n'est pas d'ici alors...'' Mais si mais si... Finalement ils réalisent et prennent le tract en me remerciant. ''Courage à vous.''

Le soir

Des gens si nombreux que je n'ai pu noter tout au fur et à mesure, en fait, je n'ai rien noté du tout... et je suis trop crevée pour le faire à présent. En vitesse... 

Des femmes indignées, une jeune employée municipale documentaliste de la région parisienne en vacances chez une cousine qui me parle des combines de sa municipalité où on "achète" couramment les voix au point que les élections ont été annulées plusieurs fois, sa carte d'électrice ressemble au passeport d'un membre de la jet set... Et c'est le petit miracle d'une sorte de coup de foudre comme ça arrive parfois, son visage fin et bien tapé au ciseau me rappelle celui de Lydie... et il s'avèrera que c'est un peu plus que ça.

Car un jeune que je connais de la galerie et à qui j'ai parlé des "Lettres à Lydie" -il n'a rien oublié de la bataille de la Madeleine, en parle avec les deux femmes-.. mais il n'a pas le net, trop pauvre, pour se l'offrir, du coup je crois malin de lui sortir de la voiture le tirage-papier destiné à Huguette et, devant son volume, 100 pages, il recule comiquement -il faudra que j'en fasse un digest-... Il propose alors de mettre des affiches à sa fenêtre -lui et ses copains seraient OK dans sa rue- c'est bien mais je finis par refuser car je trouve qu'il se mouille trop... Du coup, je parle des "Lettres à Lydie" et -honte à moi mais ce n'est pas moi qui ai lancé la discussion- elles vont aussitôt  acheter le livre en deux exemplaires pour les lire en même temps, me les apportent et je les leur dédicace... Émouvant, je suis sur un nuage... 

 

 Un miracle du net et 
le descendant des rois d'Irlande

Une prouesse technique aussi, qui me marquera, ainsi que les quelques personnes qui étaient là. Dans la petite foule qui s'est amassée, un gus me demande mon nom, sort son téléphone, le dit dans l'écouteur -? j'ai presque peur, c'est quoi ce truc, un type des RG ?- et aussitôt observe: "vous êtes écrivain... tiens vous avez écrit sur le Puits de Célas" et de me citer, incroyable, il a immédiatement surfé sur moi tout en écoutant ce que je dis à un petit groupe.. et il vérifie et complète; je "me" vois apparaître sur son écran ainsi que certains de mes livres qui défilent en lecture, comme ça, dans la rue, loin de tout accès wifi, une vague impression d'être déshabillée mais c'est plutôt bien. "Et ça coûte cher ce truc?" Oui hélas. Dommage, quelle affaire, il signe aussitôt, après avoir eu l'obligeance de passer sa merveille à d'autres pour qu'ils puissent regarder eux aussi. 

Il y a aussi le voisin anglais de Frank avec lequel nous parlons longuement.. en anglais ou ce que je suppose en être, passionnant, en contrastes, tout à fait atypique, géologue connu, autrefois jet setter, descendant de la famille des rois d'Irlande et ex gauchiste actif au demeurant... à présent installé ici à l'abri du besoin, ayant rompu avec sa vie mondaine à la suite d'un drame... dans une petite maison poétique qu'il reconstruit et où il se reconstruit. J'aimerais mieux le connaître. Ce soir je me sens bien.  Qu'a-t-il trouvé ici qui ne soit pas ailleurs et qui l'équilibre? Qui ne soit pas en Angleterre?



Des femmes d'un village à côté extrêmement combatives et imaginatives avec lesquelles on s'est bien marrées. Adeline aussi, avec qui on a pris un pot... Elle se sent bien dans un village et mal dans une grande ville dont elle vient, où on est seul... A analyser : pour moi c'est exactement le contraire, la ville où on a un contact plus direct, où tout et tous défilent sans avoir autre chose à montrer que ce qu'ils veulent bien à un moment donné, demain peut-être ils ne voudront pas... et ils le font en général sans menteries, à quoi bon frimer puisque tout le monde s'en fout et aura oublié dans cinq minutes, où on peut -je parle du quartier latin- s'inscrire dans une conversation d'à côté sans déroger ni s'arroger... -"non je ne suis pas d'accord sur ce que tu dis au sujet de"..- me semble plus propice à la liberté. Ça va plus vite et la vie est courte, ce qui prend 5 minutes -"non je ne suis pas d'accord sur ce que tu dis"- ici prend un an... il y a les préséances, il faut passer par un tel qui connait un tel qui peut-être pourra etc... d'accord, je ne le fais pas, je fonce droit, mais je choque sans doute justement pour cela, même si je mets aussi un bémol et également de l'oxygène c'est évident. On y arrive certes mais c'est long long long...




LA PEAU D'UNE FEMME


... une femme qui me marquera durablement, une adventiste du septième jour qui me parle du Saint-esprit... soit, mais se montre étonnamment pugnace par rapport à l'injustice que je subis et à l'augmentation des factures d'eau. Cette chrétienne extraordinaire qui, en trois mots sobres, me parle de sa vie et de.. ni plus ni moins une tentative d'assassinat qu'elle a subi, à laquelle elle a survécu mais avec séquelles, se propose d'occuper la mairie manu militari ni plus ni moins, son passé sans doute l'ayant rendue différente, plus lucide -son assassin était un ami proche-. Je la crois, quelque chose dans son regard, son corps surtout, sa manière de scruter autour d'elle imperceptiblement sans en avoir conscience, ça je connais, la platitude et l'understatement avec lesquels elle s'exprime.. je ne sais pas, un ange passe. Ces cas sont fréquents et rarement justiciés, surtout lorsque le coup a raté. Oui, la peau d'une femme ne vaut parfois pas grand chose. Lui en veut-elle? Non dit-elle -Jésus a pardonné, ne peut-elle faire moins?- Mais enfin ajoute-t-elle en riant, pragmatique elle n'irait plus prendre le thé avec lui. Oui, même ici dans ce pays où les gens se réfugient parfois après des histoires épouvantables, cela "arrive". Une soirée comme il en faudrait plus. Je me sens comme à Anduze ou à Paris. 

J'ai aussi retrouvé Michèle, qui m'explique sa défection pour le sit in par le décès imprévu d'un ami hospitalisé. Triste, j'aurais dû y penser, elle m'avait déjà parlé de lui, de son état de santé, je deviens égoïste, je l'avais presque oublié. Et en prime, je l'avais méjugée, construisant une théorie sur les marginaux versatiles et peu fiables.

Une femme que je connais au marché me signale qu'une jeune fille a aussi attrapé un staphylo après s'être baignée, mais au visage, au dessus de la lèvre et vers le côté, plus ennuyeux encore qu'à l'aine car les yeux ne sont pas loin, elle est sous antibio puissants. Elle est juste en face et je la vois en effet, visage un peu déformé. Raz le bol.  
 Anna Politkovskaïa, voir diapo

ERREURS D’APPRÉCIATION

Je lui achète une chemise blanche très ample, superbe et y inscris le texte de l'affiche sur l'arrière. Demain, je ferai l'avant ! Un vendeur que je connaissais aussi m'a donné des chaussures  -je lui en avais acheté une paire-... Et pour finir, chez Manu où j'avais voulu envoyer le message, j'ai vu Claudette qui m'a parlé d'écologie, de culture bio, de l'eau de la Cèze etc...  Cette irrédentiste héroïque, pas d'électricité, pas d'eau courante, pas de supermarché me dit qu'apparemment, il y aurait clivage dans l'équipe entre les écolos et les autres, et elle est farouchement "pour" une membre dissidente du fameux rézo critiquée pour sa pseudo trahison puiqu'elle a accepté un poste, si minime soit-il, parmi des gens pas vraiment écolos du moins dans la pratique. Apparemment, je l'ai méjugée car elle pratique un entrisme assez efficace, cela me sera confirmé ensuite. Redite, parfois forfont des gens sympas et d'autres qui le sont moins, maintiennent un cap contre vents et marées, des femmes souvent, dont acte. L'idée d'un marché bio, excellente, initiée par une copine à elle, a été refusée sans appel.  
 
Niet, ça dérangerait le marché normal. Il semble que les femmes n'aient pas grand chose à dire ou plus exactement aient beaucoup mais ne sont pas écoutées. Un flash : une adjointe attendant au pied un collègue qui devisait pendant ... allez, un quart d'heure, debout, sage, comme il convient lorsqu'on est une femme donc espèce totalement négligeable. Pourquoi acceptent-elles, triple zut ? Ça me donne une  idée de tableau-install comme j'aime -et mes amis ça se vend aussi!-  "La création du monde" de Courbet avec des images de mecs en surimpression, ça c'est pas idiot, je sens que ça va le faire... J'ai commencé avec des copains par facilité, dont j'ai les photos sur l'ordi, un test. J'espère  -non, je sais, ce ne sont pas des idiots- qu'ils ne m'en voudront pas. Sarko aussi ça peut le faire, quoique je ne le vois pas tellement macho, pour se hisser à des femmes qui lui sont si supérieures -au moins question taille- il faut un sacré culot, ne pas craindre les moqueries, donc ne pas être trop macho.. et faire preuve d'un certain courage, c'est le complexe du caniche. Ça me le rend sympathique, navrée si ce n'est pas correct politiquement. Je m'arrête, épuisée... mais d'une bonne fatigue ce soir. Plus mal au dos. Serait-ce psychosomatique ? 
 

Vendredi 6 août

Un article désopilant de Sylvie Barbe, et son blog -voir à son nom ou dans le blog répertoire-.. Je "rectifie" pourtant avec un post assez long sur les cévenols, qui lui ont certes fait du mal mais je crois tout de même à un sinistre malentendu... Aimer et haïr se ressemblent et on peut détester par amour frustré, riez vous avez le droit. Optimiste, quoi. L'article sur Djamil est paru, il exulte, enfin un média s'intéresse à lui et ça va tout changer. Enfin, j'espère. Mais je suis candide aussi. C'est La Marseillaise, bien sûr.(Message pas à sa place.)


Note après coup, ici, ça ne changera strictement rien à sa situation sauf de lui avoir fait plaisir et ce n'est pas rien tout de même.


Je viens de le lire, parfait... juste 13 mots de shuntés, pas grave, obligation de mise en page sans doute, voyez comme je suis sympa aujourd'hui, c'est à n'y pas croire ma belle humeur, et oui. Au fait ces 13 mots, c'était quoi ? Allez, le suspense est insoutenable, les voici surlignés : "A la mairie, on ne va pas taper du poing sur la table pour si peu, ce "vieux" qui veut être français, c'est plutôt folklo." Pas grave allez, c'est peut-être mieux pour lui qu'il n'ait pas trop l'air revendicatif, du moins publiquement, on n'attrape pas les mouches avec du vinaigre, quoique si, ça dépend de ce qu'on veut en faire. Moi je suis plutôt tueuse. 





Il ne s'en est pas rendu compte car il lit mal mais lorsque je le lui ai fait remarquer, il m'a dit que c'était sans doute le mot "vieux" qui n'était pas "bien". Soit.

Poste fermée, crénom de nom, 5 heures ! donc pas de sous, je dois aller en demander au libraire, un peu gênée, je ne peux même pas  me payer la Mars... avec mon article en plus. O joie, il me fait le compte pour "Le puits de Célas" et me voilà riche ou presque. Mais j'ai l'impression de mendier, quoique non tout de même, comme il me le fait remarquer. Drôle de vie faite aussi d'expédients, ça me va tout de même...

LES IGNORANTS SAVANTS ENCORE

Et surtout j'ai vu Madame Sautet, qui a le net, ouf, je lui donne mon blog. Elle ne savait pas pour mon affaire. Il faut croire que tout le monde ne savait pas en fait, contrairement à ce que je pensais. Très bien, il me faut donc "traîner" un peu, comme me le reproche Cris. Un copain a vu lui aussi sa consommation doubler alors qu'il n'a rien fait de spécial, lui aussi a un compteur farceur sans doute, il y en a plein en ce moment qui font des blagues. Il s'est pointé à la mairie. Résultat, inconnu jusqu'à présent. Mais que se passe-t-il donc ? 



Retour à la Mairie, personne mais alors personne, décevant, les jours se suivent et ne se ressemblent pas. Un observation : la foule se sent "portée" par elle-même et se montre parfois plus courageuse, plus osante, plus imaginative. Les gens seuls aussi. Mais ceux qui sont en tout petits groupes, surtout en couple, semblent verrouillés de l'intérieur et réagissent souvent a minima : l'un veut s'arrêter, hésite, l'autre ne veut pas ou n'a pas vu... et à chaque fois c'est celui qui a tenté de sortir de leur querencia mentale qui perd, ils se tiennent à deux et filent même si parfois l'un regarde derrière à regret. Ça doit être ça la famille. 

J'ai enfin tout écrit sur la chemise, devant compris. C'est bien, j'espère que ça résistera au lavage. 


LA CATASTROPHE FINALE

Et une petite, non une immense catastrophe ! Un jeune couple souriant mais pressé me demande où se trouve la salle municipale où doit se dérouler un film. En face. Je les revois ensuite, apparemment ça n'a pas commencé, et le gars sans doute gêné d'être passé fissa sans regarder l'affiche me demande alors, en fait c'est une affirmation : "vous êtes donc dans une grande gêne financière." Euh... non, enfin un peu... pas au point.. et soudain je réalise: "Mais vous ne croyez tout de même pas que je demande de l'argent?" Et il me répond impavide : "mais si bien sûr puisque vous êtes là, quoi d'autre?" Zut zut, je démens fortement... et il s'interroge, étonné : mais que demandez-vous alors?" Zut zut et re zut. J'ai mal fait l'affiche, mais pourquoi, comment, ou alors il est particulièrement con...  je lui demande d'où il est, breton, s'il est étudiant, oui, en BTS structure métallique, la jeune femme aussi, CAP animatrice petite enfance... Pas tout à fait des analphabètes donc. Y en a-t-il d'autres comme eux? Il faut revoir ça... je préfère ne pas y penser... mais ça expliquerait le contournement de certains. Ils croient que je mendie. Déjà une adorable petite gitane amie d'amie... avait cru que je ne mangeais pas par manque d'argent et s'était gentiment proposé de m'apporter des sandwiches, mais comme elle est une peu naïve, je n'y avais pas prêté attention. C'est peut être pire que je ne croyais. Pourtant j'étais bien fringuée to day. Impec, coiffée et tout et tout.




Il y a eu heureusement un couple de hollandais super, on a parlé en anglais et ils ont pigé quart de tour, puis lui a traduit à d'autres hollandais, deux femmes, des collègues qui m'ont beaucoup encouragée et félicitée... Ouf. Je préfère croire que le jeune "structure métallique" avait justement un écrou qui avait du jeu dans sa propre structure. Mais il y a aussi la petite gitane qui s'est fourvoyée. Peut-être faut-il accepter cela aussi...  Qu'on me prenne pour une mendiante. Mais pour de bon.

Je vais m'occuper des chiens. Ras le bol, ils m'ont fichue en l'air. Je n'ai pas pu aller à Bessèges voir des gens importants, Sylvie avait enlevé l'adresse de son blog. Demain. 


Questions de culture, le choc Beyrouth, Paris, Saint-Ambroix, un curieux artefact du racisme ordinaire, scories et scorieurs.. Hypocrisie, politesse, longanimité et vulgarité

Robin me reproche ma violence aujourd'hui. Il ne se rend pas compte -et pourtant!- que sous des dehors de gentillesse superficielle, certains sont en fait extrêmement violents, parfois racistes dans le cas qui nous oppose aujourd'hui lui et moi. Le problème est que les racistes n'expriment jamais leur mépris envers leurs "victimes" dont ils ont peur, c'est du reste une des composantes du racisme que cette surestimation paradoxale du racisé, donc motus car ils ne sont pas des braves... voire même flagornerie quasi naturelle, ils en font "trop", cherchant dirait-on à séduire ceux qu'ils haïssent.. mais en revanche, ils se lâchent d'autant plus sur leurs alliés "de chez nous" -épouses, maris- dont ils ne redoutent rien.. qui la plupart du temps n'en disent mot à leur compagnon -ou a minima- pour ne pas attiger; le malentendu génère alors des disputes dans le couple au cours desquelles c'est le racisé qui va prendre la défense de qui le tacle contre celui qui ulcéré/e, a attaqué un peu fort -ou répondu et sec- mais sur un tout autre plan, au tacleur.. C'est tellement banal et cruel -nous l'avions autrefois vécu tous les jours avec mon premier compagnon- que je croyais l'avoir oublié. Éternel retour.

 Milieu dur, macho sous des dehors "nature", manipulateur et naïf à la fois, impitoyable et parfois grossier, même avec cet accent qui rend les propos suaves... ou d'autant plus exaspérants. Lorsque vous vous trouvez comme moi actuellement dans le collimateur, peuvent surgir ce que je nomme des "scories" ou des mouches, c'est à dire des faenas parallèles : certains, qui vous en veulent pour tout autre chose -voire pour rien- en profitent alors pour vous lancer une pique en sus, ça peut marcher.. ici le cas fut unique et compensé par le soutien en nombre de ceux qui eurent le courage de se positioner en ma faveur -pour le procès bouffon qui me fut intenté en parallèle- mais enfin ça arrive. Voici le tableau toile de fond brossé.

A bout de nerf, je me moque ici d'une scorieure qui dévide devant Robin vingt décibels trop haut avec un accent qui la rend incompréhensible pour lui, des propos hards sur moi, accompagnés d'un rire malsonnant, gesticulant et se tapant sur les cuisses. Il est gêné par elle, mais va l'être davantage par mes moqueries; elle, non. Lorsque je parle d'une manière qu'il juge vulgaire, c'est parce que je suis moi aussi d' ici, à demi, que je m'adapte ou retrouve (?) d'instinct une façon d'être idoine... inacceptable pour un grand bourgeois libanais rompu à cette "politesse" sans défaut que j'appelle hypocrisie. Ici, pas plus qu'il ne comprend, on ne le comprend parfois. Il ne saisit pas les nuances et se laisse leurrer par une allure aimable et "nature", une attitude ambiguë, un sourire bon enfant ou charmeur qui parfois cachent le racisme à front de bison... Il ne bronche pas, même s'il entend des propos -là, sur moi- qu'il lui faudrait arrêter net comme il sait pourtant si bien faire d'habitude -mais les femmes surtout popu l'intimident toujours un peu, ce n'est pas son monde, sa partition, il a tendance à en sourire, d'autant plus si elles sont jolies et au fond ce n'est pas si mal -mais cette posture longanime, aujourd'hui, m'exaspère-... Car alors on croit à une acceptation et certains enfoncent encore le coin. Malentendus. Le second degré, la subtilité du geste, ici, ne marche pas. C'est à la bonne franquette. Du coup, c'est moi qui monte au front et stoope sec et net la diatribe -trop violemment selon lui- ; il se rencogne, offusqué, il a tout simplement honte de moi, ce qui m'exaspère davantage. Adulé, révéré dans sa famille et sa communauté assez étique, cadre sup ensuite, il a toujours été protégé de ces aléas secondaires -car il a dû en assumer très jeune d'autres bien plus graves- par des servantes, secrétaires, sœurs, son clan se tenant autour de lui en rang serrés pour préserver le chef. Parler ou agir comme certains, se mettre à niveau est pourtant le seul moyen de les atteindre, la réserve est malvenue simplement parce qu'elle n'est parfois pas comprise. Différence de culture. On s'engueule. Nous accabler en la circonstance est crétin, c'est faire le jeu des scorieurs ou de ceux qui peut-être les ont suscités. Et ma foi, honte à nous, ça marche.

Ce milieu violent et outré, l'image en est fournie par ce héros  éternel de Zola, Brönte ou Hugo qui, pensant à tort en tirer quelqu'avantage, est capable d'attaquer benoîtement celui qu'il a courtisé la veille, également pour en tirer bénéfice s'exclamant "dans la vie c'est comme ça, chacun pour soi" et il faut savoir changer son fusil d'épaule ici de cible si on veut s'en sortir. Que dire? Ainsi les mouches profitent-elles que vous êtes endormi pour se poser juste sur la plaie minime que vous n'aviez pas aperçue et y pondre des œufs au cas où vous seriez mort.
 

Samedi 7 août

ANNIVERSAIRES
 
Anniversaires funestes : hier, Hiroshima, demain, Nagasaki... et surtout la mort de Lydie. 200 à 300 000 morts, les estimations varient... contre une seule, ma catasprophe, je laisse la coquille, nucléaire perso... évidemment c'est incommensurable mais c'est seulement à elle que je pensais avant d'ouvrir la télé. Honteuse, même elle m'aurait disputée d'avoir seulement pensé à "ça" c'est à dire à moi. La Russie flambe, salut et courage à ceux qui lisent ce blog à Moscou, je croise les doigts très fort, des inondations ailleurs, la terre se venge, bientôt, peut-être un tchernobyl saison 2*, comme les feuilletons anglais... les arbres sont saturés de césium radio +, le feu va l'envoyer dans l'air, la question sera simplement le sens du vent, pourvu qu'il souffle sur le voisin, quoi. Des "scientifiques" droits dans leurs bottes, après nous avoir déjà dit que la France avait été épargnée, le vent s'étant arrêté aux frontières en zone de transit comme un VRP sans visa qui attend sa correspondance, viennent à présent sans rire nous dire que ce n'est vraiment pas dangereux. Les guignols. 


*Note après coup, prémonitoire. Écrit peu avant Fukushima.


J'y retourne. Je dois appeler Sylvie, un petit boulot marrant à faire d'urgence dont je ne dirai rien. J'ai potassé "mon" patois car il doit s'effectuer en VO. Ca va me remonter le moral. Le patois !

Rachel-Catherine, du boulevard Carnot 
à Saint Sébastien d'aigrefeuille

Souvenir de cette collègue de Carnot, plus snob tu meurs, prof de lettres classiques -en philo on n'a pas "ça" en principe-... blonde et belle, les élèves l'avaient surnommée Catherine Deneuve, un peu plus âgée que moi, que j'avais remplacée... c'est à dire qu'on m'avait collé un mi-temps de grec dont elle ne voulait pas pour compléter mon service -bien que je ne fusse pas qualifiée pour-, trois heures seulement certes mais de 8 à 9 le matin (!) ... qui m'impressionnait et m'agaçait par son allure seizième et, distante, se liait peu avec la gentuzza... 



Elle m'invita pourtant une fin d'après-midi chez elle, tout à côté du lycée, pour parler boulot, "on sera plus à l'aise autour d'un thé que dans la salle des profs". Soit. C'était bien comme j'avais imaginé, immeuble chic, tapis persans et meubles de prix, il faut dire qu'elle avait eu la sagesse d'épouser un industriel plus âgé qui l'adorait... Bref, on prend le thé dans de la porcelaine de saxe... et, à une réflexion de moi sur un texte littéraire, genre "tu es une bourge parisienne, moi cévenole, on ne peut pas se comprendre"... la voilà soudain qui me répond fortement dans un patois savoureux digne de Mme Bessac. Hallucinée: avais-je bien entendu ? on aurait dit un dédoublement de personnalité, un film, et du reste c'en devint un ensuite -un de ses romans a été adapté au cinéma-. 


Juive, fille de médecins, à l'âge de douze ans, elle avait été envoyée  dans les Cévennes chez des paysans... où elle avait tout de suite appris d'abord à perdre son accent, son allure, puis à traire les chèvres, nettoyer les écuries, ramasser de l'herbe le matin avant d'aller à l'école, comme tous les gamins du village, étant censée être une cousine dont la mère était malade. Robuste et courageuse, elle s'était parfaitement adaptée et très vite ne faisait aucunement tache parmi les autres, si ce n'est par ses résultats scolaires excellents. La guerre finie, malgré ses parents nourriciers qui redoutaient tout pour une jeune fille de 16 ans, elle était "remontée" à Paris avec un peu d'argent qu'ils lui avaient donné, avait filé droit chez elle... et trouvé son appartement occupé par une famille qui s'était offusquée de son "intrusion" : que venait-elle faire? que voulait-elle ? Une jeune fille de son âge était en train de jouer sur son piano.. ses propres partitions précisait-elle avec humour, même cela, ils avaient récupéré... 

Ses parents ne revinrent jamais d'Auschwitz mais grâce à une assoc américaine juive, elle put obtenir un pécule, puis une bourse et plus tard récupérer une partie -une partie seulement- de ses biens, après de multiples bagarres dont ils se chargèrent. Toute sa famille ayant péri, elle vécut seule dès cet âge, retournant le plus souvent possible chez ses parents cévenols qu'elle adorait. Elle n'eut jamais d'enfant. L'écriture l'avait sauvée disait-elle du désespoir. Ainsi donc, ce pur fleuron de la bourgeoisie parisienne intello avait une autre face, une petite paysanne cévenole dure à la tâche et volontiers gueularde, tout un passé qu'elle ne voulait pas oublier. Du reste c'est mon origine et deux ou trois choses que je lui avais dites, notamment que mon mari était juif, qui l'avaient fondée à m'inviter, ce qu'elle ne faisait jamais avec les autres. En fait, on était très proches. Salut à toi Rachel si tu me lis. 
 


MA SŒUR POILUE

Allez, trêves de digressions, go. Roussette tout à l'heure a eu une attitude étonnante, du jamais-vu : elle a miaulé fort gentiment, s'est avancée vers moi, câline, sans me griffer ni me mordre, quémandant désespérément l'affection que d'habitude elle refuse. Sait-elle ? Un sixième sens ? Le sens du temps ? C'est le chat de Lydie qu'elle amenait partout et soignait comme un enfant -en fait, beaucoup mieux- : veto, vaccins, brossages, produits anti puces, tiques, et même anti phlébotomes -précision, totalement inutile voire nuisible pour un chat-. Jusqu'à ce jour, jamais elle n'avait eu cette manière de faire en dehors de toute faim.

Et puis j'en ai assez, je crois que je vais me résoudre à... ce qui ne me plaît pas trop, punto d'honor en somme... Depuis que j'ai vu hier ce jeune "BTS structure métallique" qui a cru que je mendiais (!!) ça ne va plus. Il n'avait pas l'air très futé mais enfin, il avait au moins le bac. Je vais aller me baigner... enfin, me baigner c'est à voir... Une galéjade, car on en est bien là aussi, inutile et prétentieux de la jouer tragédie grecque finalement et risquer son intégrité physique, comme dirait Régis, Marie Jo et tant d'amis, je peux encore servir. Question morale : "agis de telle sorte que la maxime de ton action" etc... Je ne crois pas que Kant y trouverait à redire; moi, je ne sais pas... ou est-ce que je me leurre moi-même ? 




Une éducation coco ça marque tout de même de manière indélébile. Allez, à l'inspire, on verra, je "me" trouverai sûrement des arguments déterminants dans un sens ou dans l'autre dans la voiture... pour faire ou ne pas faire, pas forcément de bonne foi du reste (!) se mentir à soi-même comme font tous les lilitants -ô je laisse le lapsus, trop beau- est un plaisir exquis. Robin ? Il a tellement peur d'une autre grève de la faim qu'il sera sûrement OK, tout pour lui vaut mieux, il a la trouille genre "à ton âge tu déconnes, tu n'es plus une gamine etc..." sympa dans le style. Moi ça m'irait, simplement, lorsque je suis trop affaiblie, je ne peux plus me défendre, et ça va  très vite avec la chaleur.  A la Mairie d'abord, tout de même. 

IL Y A DES CHOSES QUI NE SE FONT 
PAS QUAND ON S'APPELLE...
 
Et bien contrairement à ce que je croyais, il est contre: "tout de même ça ne se fait pas... bla bla bla..." décidément, chez lui, le géodal -je laisse la coquille- libanais prime sur l'époux. Ça me déçoit presque et aussi j'admire. Question d'honneur lui aussi, tiens donc. Il faut que Madame suivi-de-son-nom, mère de Frédéri Elie suivi-de-son-nom demeure digne des suivis-de-son-nom.. ça je n'aurais pas cru. Dérivation sur le thème "le mal ne justifie pas le mal"... Je réponds que ça dépend des doses; pas de dogmatisme, un tout petit "mal" contre un "grand" est tolérable. Reste à mesurer. Ici, facile. Autre chose : perdre la fece ? -je laisse le lapsus, je pensais sûrement au staphylo- ! 
 


La face? Ma foi, je l'ai déjà bien perdue, la face entre "cette-facture-sera-payée" et "il-n'y-aura-aucune-exception", mais là c'est un ex copain qui parle, les "amis" venus chez moi à Paris autrefois qui m'évitent soigneusement et qu'à présent j'évite, moi, et pour finir le brave BTS structure métallique qui croit que je mendie... sans compter la pauvre femme qui "exige" que les flics m'embarquent "parce que je suis riche"... je ne vois vraiment pas ce qui me reste de "face"... ET C'EST TRÈS BIEN AINSI.     

Cette histoire doit/va finir. 

Si je fais le bilan, bien que marquée par les loubards de Vitry, j'ai ici commencé bas, très bas. On est à St-Ambroix, pas en banlieue parisienne; les gens sont aimables, la plupart, dès qu'on creuse, sont des cousins éloignés ou alliés, émouvant, je retrouve parfois le visage, l'allure, quelque chose de Lydie ou de Guy parmi des passants que je n'ose aborder... ou de moi-même. Il y a des lustres, Mme Lagrifou qui pourtant me connaissait bien, m'avait demandé -j'avais 18 ans!- si j'avais accouché! Bigre, elle me confondait, comme beaucoup car cela se passa plusieurs fois avec une certaine Géraldine Denis que je ne connais pas -elle a quitté le village depuis-. J'ai donc un pseudo double qui apparemment vieillit de la même manière puisque la confusion perdura assez longtemps. 

J'ai donc commencé bas : ces 4000 E., c'était un malentendu qui allait forcément s'arranger : "Je vous assure que je n'étais pas là... voici la preuve..." Puis légèrement plus haut, lorsqu'il fut question de me couper l'eau au Ranquet, mais encore assez "soft". Un cran au dessus, après la saisie -mais cette fois par le fait de la gauche-, je repartis pour un tour. D'abord, rebelote : "je vous dis que je n'étais pas là, voyez vous-même"... "prouve-le"... "cette facture-sera-" etc... je monte encore d'un cran et c'est une grève de la faim. En plusieurs temps. Au début discrète, garée à trois emplacements de la mairie exprès, je crevais simplement dans ma voiture... puis, j'ai avancé d'une place. De deux etc... jusqu'à me mettre moi-même carrément en évidence avec des affiches. Ensuite, il y eut Bertrand, Sylvie et l'écharpe-dazibao. Là, ce fut carrément la cohue au vide-grenier... [et on me fit dire que l'affaire était réglée, ce qui ne fut suivi d'aucun effet]... patience encore une semaine, les lenteurs de l'administration c'est connu, et ensuite, je grimpe encore une marche, c'est le tee shirt plus pratique et plus lisible que je peux porter partout, à la poste, au centre commercial... et au restaurant, suite logique... 

Moralité, la longanimité ne paie pas. Erreur d'appréciation. Allez, je me suis moi-même convaincue... Peut-être changerais-je tout à l'heure dans la voiture mais ce petit "BTS structure métallique" m'a flanqué un coup sans le savoir. Je préfère me dire qu'il est d'une connerie hors norme mais je n'en suis même pas sûre. Combien à part lui l'ont cru?
 

Et en effet j'ai changé; ce ne sera pas pour ce soir. J'ai préféré potasser mon anglais, fort utile en cette période pour les gens qui me demandent ce qu'il y a à voir ici. Demain sera un autre jour.



Dimanche 8 août 11 heures

Anniversaire de la mort de Lydie tout à l'heure à 18 heures. Un accident dû au cheval -mon cheval- suivi d'une lamentable carence médicale. Ma faute, puis celle des toubibs ou plutôt de l'absence de toubibs. Un cheval est un animal dangereux. Un médecin aussi. Je n'ai pas su -ou pu- la défendre. Réza m'a dit ensuite : "tu aurais dû appeler le SAMU, même à la clinique puisqu'il n'y avait aucun médecin." Je n'en ai pas eu l'idée. J'avais téléphoné partout, en vain, même chez lui à Lyon et j'avais eu son répondeur [prof, il n'est pas tenu à l'urgence.] Il m'a rappelée le soir. Trop tard. Ça s'est peut-être joué à un répondeur, une ballade, des rats à autopsier car le sagouin fait de l'expérimentation animale.

Une histoire étrange. Elle n'avait pas voulu du piano -le mien- [le piano, ce sont les Larrivé et elle me voulait seulement Brahic], j'avais cédé et l'avais aussitôt revendu, si bien que j'avais 5000 Fr sur moi ce jour où j'avais pris la voiture pour me calmer lorsque je suis passée devant l' "hacienda"... où Malingho blessée partait à l'abattoir pour exactement la même somme. Un signe. Et voilà. Elle a guéri -ce n'était qu'un clou dans le sabot, nettoyage, antibio et aspirine, un demi tube à chaque fois ! et barka-... et lorsqu'elle a pu de nouveau marcher, elle s'est échappée et... J'avais promis de réparer la barrière la veille mais j'avais été retardée par Fred qui, après un clash, avait disparu [à une "rave"] sans que je ne sache rien de lui, ce qui n'était jamais arrivé; folle d'inquiétude, je harcelais gendarmes, policiers, hôpitaux etc...  On se sait parfois pas évaluer les urgences.
J'y vais.


Ce sera ce jour, c'est décidé. Au moins penserais-je à autre chose... de moins sinistre. Une galéjade en effet à la Pagnol. 


Minuit
Pas eu le courage. J'ai passé la journée à des tâches à la fois vitales et absurdes, laver les chiens avec du shampoing anti puces ultra toxique dont j'ai l'impression que les rescapées sont de plus en plus nombreuses... soigner les arbres, et réfléchir. 

Inondations partout et le feu ailleurs... Attentats suicides, des journalistes muselés en Russie ou assassinés... Anna Politvoskaïa...  j'y pense tout le temps... une certaine ressemblance  physique aussi. Bon, raison de plus pour se battre évidemment... 


     ANNA POLITKOVSKAIA


Assassinée par balles après une tentative d'empoisonnement ratée, pour avoir écrit librement, comme beaucoup de journalistes partout. 

Suite sur l'article 3 (lien)



Dans le blog brut la suite est http://aujourlejour4.blogspot.com. Attention, aujourlejour3 n'a rien à voir avec moi, c'est un blog ..  comment dire.. érotique, je ne sais pas mais enfin on y voit en premier apparaître le cul d'un monsieur, je ne suis pas allée plus loin. 


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