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dimanche 6 février 2011

Le blog sans images partie 4

IL Y A DES CHOSES QUI NE SE FONT PAS

Et bien contrairement à ce que je croyais, il est contre: "tout de même ça ne se fait pas... bla bla bla..." décidément, chez lui, le géodal -je laisse la coquille- libanais prime sur l'époux. Ça me déçoit presque et aussi j'admire. Question d'honneur lui aussi, tiens donc. Il faut que Madame suivi-de-son-nom, mère de Frédéri Elie suivi-de-son-nom demeure digne des suivis-de-son-nom.. ça je n'aurais pas cru. Dérivation sur le thème "le mal ne justifie pas le mal"... Je réponds que ça dépend des doses; pas de dogmatisme, un tout petit "mal" contre un "grand" est tolérable. Reste à mesurer. Ici, facile. Autre chose : perdre la fece? -je laisse le lapsus, je pensais sûrement au staphylo- !
La face? Ma foi, je l'ai déjà bien perdue, la face, entre "cette-facture-sera-payée" et "il-n'y-aura-aucune-exception", mais là c'est un ex copain qui parle, les "amis" venus chez moi à Paris autrefois qui m'évitent soigneusement et qu'à présent j'évite, moi, et pour finir le brave BTS structure métallique qui croit que je mendie... sans compter la pauvre femme qui "exige" que les flics m'embarquent "parce que je suis riche"... je ne vois vraiment pas ce qui me reste de "face"... encore n'ai-je pas tout "vu" et nous allons en parler tout à l'heure car il y a eu "mieux" si l'on peut dire. ET C'EST TRÈS BIEN AINSI.
Cette histoire doit/va finir.
Si je fais le bilan, bien que marquée par les loubards de Vitry, j'ai ici commencé bas, très bas. On est à St-Ambroix, pas en banlieue parisienne; les gens sont aimables, la plupart, dès qu'on creuse, sont des cousins éloignés ou alliés, émouvant, je retrouve parfois le visage, l'allure, quelque chose de Lydie ou de Guy parmi des passants que je n'ose aborder... ou de moi-même. Il y a des lustres, la vieille Madame Lagrifou qui pourtant me connaissait bien m'avait demandé -j'avais 18 ans!- si j'avais accouché! Bigre, elle me confondait, comme beaucoup car cela se passa plusieurs fois avec une certaine Géraldine Denis que je ne connais pas -elle a quitté le village depuis-. J'ai donc un pseudo double qui apparemment vieillit de la même manière puisque la confusion perdura assez longtemps.
J'ai donc commencé bas, ces 4000 Euros, c'était un malentendu qui allait forcément s'arranger : "Je vous assure que je n'étais pas là... voici la preuve..." Puis légèrement plus haut, lorsqu'il fut question de me couper l'eau au Ranquet, mais encore assez "soft". Un cran au dessus, après la saisie -mais cette fois par le fait de la gauche-, je repartis pour un tour. D'abord, rebelote : "je vous dis que je n'étais pas là, voyez vous-même"... "prouve-le"... "cette facture-sera-" etc... je monte encore d'un cran et c'est une grève de la faim. En plusieurs temps. Au début discrète, garée à trois emplacements de la mairie exprès, je crevais simplement dans ma voiture... puis, j'ai avancé d'une place. De deux etc... jusqu'à me mettre moi-même carrément en évidence avec des affiches. Ensuite, il y eut Bertrand, Sylvie et l'écharpe-dazibao. Là, ce fut carrément la cohue au vide-grenier... [et on me fit dire que l'affaire était réglée, ce qui ne fut suivi d'aucun effet]... patience encore une semaine, les lenteurs de l'administration c'est connu, et ensuite, je grimpe encore une marche, c'est le tee shirt plus pratique et plus lisible que je peux porter partout, à la poste, au centre commercial... et au restaurant, suite logique...
Moralité, la longanimité ne paie pas. Erreur d'appréciation. Allez, je me suis moi-même convaincue, peut-être changerais-je tout à l'heure dans la voiture mais ce petit "BTS structure métallique" m'a flanqué un coup sans le savoir. Je préfère me dire qu'il est d'une connerie hors norme mais je n'en suis même pas sûre. Combien à part lui l'ont cru?
Et en effet j'ai changé; ce ne sera pas pour ce soir. J'ai préféré potasser mon anglais, fort utile en cette période pour les gens qui me demandent ce qu'il y a à voir ici. Demain sera un autre jour.
Dimanche 8 août 11 heures
Anniversaire de la mort de Lydie tout à l'heure à 18 heures. Un accident dû au cheval -mon cheval- suivi d'une lamentable carence médicale. Ma faute, puis celle des toubibs ou plutôt de l'absence de toubibs. Un cheval est un animal dangereux. Un médecin aussi. Je n'ai pas su -ou pu- la défendre. Réza m'a dit ensuite : "tu aurais dû appeler le SAMU, même à la clinique puisqu'il n'y avait aucun médecin." Je n'en ai pas eu l'idée. J'avais téléphoné partout, en vain, même chez lui à Lyon et j'avais eu son répondeur [prof, il n'est pas tenu à l'urgence.] Il m'a rappelée le soir. Trop tard. Ça s'est peut-être joué à un répondeur, une ballade, des rats à autopsier car le sagouin fait de l'expérimentation animale, dommage, c’était le cousin que je préférais.
Une histoire étrange. Elle n'avait pas voulu du piano -le mien- [le piano, ce sont les Larrivé et elle me voulait seulement Brahic], j'avais cédé et l'avais aussitôt revendu, si bien que j'avais 5000 Fr sur moi ce jour où j'avais pris la voiture pour me calmer lorsque je suis passée devant l' "hacienda"... où Malingho blessée partait à l'abattoir pour exactement la même somme. Un signe. Et voilà. Elle a guéri -ce n'était qu'un clou dans le sabot, nettoyage, antibio et aspirine, un demi tube à chaque fois ! et barka-... et lorsqu'elle a pu de nouveau marcher, elle s'est échappée et... J'avais promis de réparer la barrière la veille mais j'avais été retardée par Fred qui, après un clash, avait disparu [à une "rave"] sans que je ne sache rien de lui, ce qui n'était jamais arrivé; folle d'inquiétude, je harcelais gendarmes, policiers, hôpitaux etc... On se sait parfois pas évaluer les urgences. J'y vais.
Ce sera ce jour, c'est décidé. Au moins penserais-je à autre chose... de moins sinistre. Une galéjade en effet à la Pagnol.
Minuit
Pas eu le courage. J'ai passé la journée à des tâches à la fois vitales et absurdes, laver les chiens avec du shampoing anti puces ultra toxique dont j'ai l'impression que les rescapées sont de plus en plus nombreuses... soigner les arbres, et réfléchir.
Inondations partout et le feu ailleurs... Attentats suicides, des journalistes muselés en Russie ou assassinés... Anna Politkovskaïa... j'y pense tout le temps... une certaine ressemblance physique aussi. Bon, raison de plus pour se battre évidemment...

Lundi 9 août

J'ai "écouté" Robin. Serais-je une femme soumise? Non mais réflexive et qui se méfie d'elle-même. Parfois à tort. Fille d'instit, ça marque.
Devant la Mairie
Aïe... presque tout de suite, les municipaux viennent sur ordre du maire précisent-ils, me demander d'enlever mon affiche. Du coup, je me mets devant avec, non plus l'affiche -en piètre état- mais une banderole hâtivement bricolée : en fait, c'est un piquet où j'ai enfilé ma ''chemise''. Je le tiens donc. Le plus gênant est de devoir taper sur le clavier de ma main gauche, bon, j'apprends, Pierre, amputé en 44 après une brève fusillade qui a sans doute sauvé le comité de libération -et Lydie avec donc moi si l'on peut dire puisque je suis née en 48 - l'a bien fait tout de suite...
Ça se voit bien mieux, ça fait presque ''classe''... des touristes de Bordeaux, puis d'autres, ils s'effarent et prennent mon tract, ils ont le net, super... écrire est une performance, pas de majuscules car d'une main c'est mission impossible. Une amélioration non négligeable, j'ai pris un tréteau afin de me libérer. Ouf, je peux écrire normalement.
Cette fois c'est fait, je suis juste devant la mairie comme j'aurais dû être depuis longtemps. Ah, le can't! J'ai enfilé deux baguettes dans les ''bras'' de la chemise, ça ne rend pas mal.
Deux messieurs passent, s'avancent tout de suite et demandent à signer la pétition, l'un me connaît ou plus exactement connaissait Lydie par la décharge.
Note, il s'agit d'une décharge polluante qui avait été créée par le même étourdi qui avait démoli ma maison et fut fermée depuis, mais après quelques bagarres, voir article un.
.. Ils se sont vus lors des piquets qui barraient la route aux camions allemands venant "livrer", suintant parfois de boues infectes. Je me souviens de ce que m'avait dit Lydie, il a eu un rôle important. Il me dit que j'ai la réputation d'être, je le cite, ''une tête'', je proteste et il ajoute immédiatement que si, j'ai même enseigné à des instituteurs. ? Jamais. Mais c'est vrai, j'avais complètement oublié mon bref passage à l'IUFM de Créteil où en effet j'avais ''enseigné'' à de futurs prof comme on dit à présent, un passage peu glorieux. J'avais récolté une promo formée en raison de je ne sais quelle loi de gens en réinsertion qui sauf quelques rares n'avaient aucune vocation pédagogique, il fallait faire baisser les statistiques du chômage. Le ''concours'' ayant été purement formel, leur niveau et leur peu de motivation étaient navrants. Bizarre que ce monsieur se le rappelle et pas moi.
Bon, donc je serais une tête, passons. Mais lui en tout cas en est une, il se souvient de tout...
-- Il y avait des ''bâtards d'eau'' qui envoyaient les "jus" dans le talweg et des chiens de chasse étaient morts après avoir bu, on a dû faire appel au préfet et aux maires.. Mais il reste toujours des saletés enfouies dans des caissons bien fermés... en principe." Et l'endroit est si beau pourtant...

SŒUR ANGELE-MARIE

Étrange mémoire qui floute le noir et exergue le bleu. Quand je me remémore ma carrière, je pense toujours à Carnot, jamais à l'IUFM et j'évite de m'étendre sur les épisodes les plus tragiques de Vitry -un suicide tout de même, en fait, deux- ou de mon très bref poste de ''proviseur'' ou plus exactement ''faisant fonction de'', ce qui n'est pas tout à fait la même chose [une agression sexuelle d'une élève, et une tentative de prostitution d'une autre, sauvée in extremis...]
Une belle histoire au fond, le collègue qui se rendait à Nîmes ce soir là avait très bien réagi en la voyant dans cette tenue sur la route, il l'avait aussitôt embarquée et me l'avait amenée, tant pis pour la brocante nocturne, par chance elle était encore mineure à trois mois près et malgré l'heure, j'étais toujours à mon bureau... Je n'ai plus eu qu'à téléphoner à la mère supérieure du foyer -les parents de la gamine étaient déchus de leur droits- et là, tous mes préjugés sur ces femmes ont volé en éclats en une seconde. Elle arriva illico et régla tout en un rien de temps sans émotion particulière, en femme d'action.
-Tu as eu beaucoup de clients ? Tu leur as fait mettre un préservatif au moins ? Tu as fais quoi avec? Tes dernières règles sont de quand ?"
Ahurissant, venant d'une religieuse en cornette. Elle était rodée, appel au commissaire qu'elle connaissait -elle le bouscula et il arriva peu après- puis à une femme médecin et amie, elle avait déjà prévenu une consœur de Biarritz... quelques papiers qu'elle signa -et me fit signer- et le soir même la gamine débarbouillée et vêtue normalement était en route avec ses bagages et son nounours pour un endroit où les macs ne la trouveraient pas...
Pas une bondieuserie, pas un mot de reproche, juste un discours pragmatique plein de bon sens, ''si tu fais ça, et en plus sans préservatifs, tu seras battue, tu vas finir avec le sida et tu n'auras même pas l'argent que tu gagnes, ça vaut vraiment pas le coup (!!)'' C'était quelqu'un cette sœur qui avait fait mon boulot en cinq secondes; avec elle, les macs n'avaient qu'à bien se tenir. Elle me recommanda la prudence car, si elle était hors d'atteinte -disait-elle-, une réput d'enfer, moi, qui étais seule le soir avec Fred et nouvelle dans un lycée désert représentais une cible de substitution facile. Je fis donc faire des rondes le soir pendant quelques temps autour des bâtiments administratifs et de mon logement de fonction. ''Faisant fonction'' signifie que je ne l'avais pas choisi. Cela, je le shunte toujours sauf maintenant, tout comme la décharge et deux ou trois choses gênantes pour la ''gauche'' retrouvées grâce à ce monsieur pugnace qui en sait long sur la pollution de la montagne.

MISÈRE ORGANISÉE

Ensuite, une femme d'une quarantaine d'années me dit qu'elle risque de se retrouver dans ma situation, au chômage, en fin de droit, elle a été proposée pour un stage de formation avec dit-elle le RSA. Elle l'accomplit avec succès, tout baigne, elle peut chercher et trouver du travail... sauf qu'elle vient de recevoir une lettre lui disant que tout compte fait elle n'avait pas droit au RSA... et doit par conséquent 4560 Euros au fisc !! Par la même occase, ses prestations familiales et l'ADL lui sont diminuées etc. "Tous les jours -dit-elle- je reçois de diverses administrations des lettres variées sur le même thème qui semblent vouloir me conduire au suicide.." Elle résiste, pour sa fille. Jusqu'à quand ? Je lui donne l'adresse du blog. COURAGE, envoyez moi le détail de vos mésaventures afin que je le rajoute plus précisément sur le blog ou faites-en un vous-même, c'est un jeu d'enfant. Vous ne devez pas être seule dans ce cas.

UN SNOB

Et pour finir, le vieux mineur passant et repassant avec son déambulateur qui s'exclame, agacé -peut-être tout simplement parce que je lui prends un peu de place devant la Mairie où il stationne volontiers, concurrence déloyale en somme car, plus voyante, j'attire les gens, même ceux qui d'habitude viennent lui causer un bout de gras, il s'exclame donc que ce que je fais "ne sert à rien, qu'un seul ne peut jamais rien, ce n'est pas la peine de" etc... Robin n'est pas là pour me pincer et y eût-il été que cela n'aurait rien changé, je rétorque fortement, peut-être dix décibels trop haut, qu'il en faut toujours un pour commencer, surtout ici, et qu'après les autres parlent car ça leur donne du courage. Il insiste et, assuré par son âge que je ne pourrais qu'acquiescer à une si belle sagesse, se lance dans un tirade docte et définitive, comme c'est juste pour moi, "personne ne va.".. etc
Ah non le pépé. Je coupe sec. "Non ce n'est pas juste pour moi, ce que vous dites là c'est ce que les bénéficiaires d'une injustice veulent que les victimes croient"... J'ajoute que s'il me croit seule, ce que je suis les trois quart du temps lorsque je plante devant la Mairie, il commet une erreur d'appréciation, ne voyant que le bout de son nez.
Je lui précise dans la foulée -cette absence de nourriture m'a laissé des séquelles bizarres, un culot particulier qui frise l'impolitesse, à moins que ce ne soit les rapports un peu durs avec les gens, une bonne chose au fond- je lui précise donc que mon blog "grève de la faim" est à ... 800 je crois, je n'ai pas vérifié depuis quelque temps. Il s'étonne et me demande pourquoi ils ne sont pas là. Marrant. Je lui explique qu'ils viennent de partout pas seulement d'ici. Et là, contrairement à ce que je croyais -il est arabe- je marque un point. "Il y a des gens qui s'intéressent à vous ailleurs qu'ici ?" Il a l'air tout étonné. Comment peut-on s'intéresser à moi et surtout ailleurs..? Mais il est immédiatement charmé, 800, bigre, je rectifie "ils s'intéressent à la justice, pas à moi, enfin aux deux, je ne sais pas moi-même." Ah bon. Il sourit enfin. Le fait que 800 personnes s'intéressent à cette histoire, à ce village, par moi interposée, a l'air d'avoir changé sa vision des choses en un instant. Il saurait manipuler le net que ça changerait tout. Que faut-il en penser ? Qu'il est snob. Les snobs ne sont parfois pas ceux que l'on croit.
Si je mets sa photo, il sera enchanté. Et il conclut avec sagesse ou sagacité: mais pourquoi n'y a-t-il pas la télé ? Je ris. Là, il pose une question douloureuse. Comprendra-t-il ? la gauche, la récupération, l'engagement qui m'a fait hésiter plus d'un an avant de lancer un procès bien que ma maison se démolît de plus en plus? Non, je décide qu'il ne comprendra pas et d'ailleurs, ce n'est pas compréhensible, là c'est moi qui suis idiote et je renonce, c'est déjà bien qu'il ait d'emblée saisi que le net ça démultiplie les combats. Je botte en touche comme je ne sais pas faire. "Si ça continue, ça le fera..."
Diner chez Manu. Toujours des patates et des œufs durs... Mais... tard le soir...

samedi 5 février 2011

Le blog sans images partie 5

CRIS ET CHUCHOTEMENTS

Je porte mon "péplum"-affiche assez ostensible, et je me suis mise en bout pour ne pas déranger les jeunes -et les vieux- qui picolent et plaisantent. Et soudain, derrière moi, une discussion à voix haute, très haute dont je me demande c'est innocent ou non. Du coup, je m'arrête d'écrire par moments et ne me cache nullement d'écouter -sans intervenir, on est à St-Ambroix, pas au quartier latin- me retournant même assez souvent. Je me lève même pour commander un autre café afin d'annoncer la couleur inscrite sur mon péplum, ne voulant pas avoir l'air d'épier. AUCUNE réaction, ce qui est rare, une indifférence appliquée me semble-t-il. Des hommes -il y a peu de femmes le soir surtout seules- devisent, des membres de l'équipe (?) apparemment, je ne les connais pas pourtant, il faut croire que je ne les connais pas tous, trente ans d'absence, évidemment, ça marque, certains étaient à peine nés et pour d'autres, nous nous sommes sans doute croisés sans nous rencontrer. Désenchantés, tristes, ils se défaussent clairement: milieu pesant, peu de contacts entre eux, celui qui parle dit avoir eu la même conversation avec ses collègues en public et ça continue, l'autoritarisme, l'ambiance rien moins que cordiale, très distanciée, jamais de pot, de relations.. une toute petite côterie se sert des autres -ou s'en est servie- pour "passer" et à présent, au placard les leviers puis ça devient technique et je ne suis plus, l'incapacité de ceux-ci devant la "dette", les membres du conseil jamais consultés, toutes les décisions étant prises en tout petit comité obscur, "c'est encore pire qu'avant" observe un qui donne la réplique au premier a maxima, je le connais mais d'où? et même le budget des associations auquel tous (?) auraient été conviés pour le discuter aurait été déjà décidé avant.
La dette aussi, toujours, qui revient en leit motiv, des erreurs que je ne comprends pas, gestion et gouvernement perso, lacunaire et déficient dans lequel "ils" n'ont aucun mot à dire ô stupeur, passons. Décidément, comme l'on connait mal les gens, combien certains savent-ils donner une image tout autre d'eux-mêmes à moins que ceux-là ne se trompent, hypothèse à envisager.. Et puis il y a des gens "de droite" qui l'avouent -semble-t-il avec réticences-... Que font-ils là ? C'est exactement ce que je pense aussi. De la figuration? Non, il ne semble pas, mais je ne sais pas tout, comme tout le monde. Conclusion, la partie de gauche  de l'équipe se sent flouée et l'un se dit à présent dans l'opposition parce que "de gauche", paradoxe, soutenu par l'opposition [qui cherche sans doute à achalander sa boutique.] Et ce n'est pas fini. Un monsieur d'un certain âge assis à leurs côtés, qui s'est tourné vers eux carrément s'exclame qu'il ne va pas se laver d'un mois puis se rendre à la mairie pour protester contre sa facture d'eau. Là, j'éclate de rire et pour la première fois, j'interviens. "Excellente idée que je devrais suivre." 

RESPECT

Un événement imprévu rigolo, j'écris -sans me cacher aucunement, je me suis même retournée pour mieux capter la wifi car je me suis mise à une place éloignée sans prévoir qu'ils allaient s'installer... et si cela ne gêne aucunement les autres, en revanche, voilà un commensal qui n'était pas partie prenante de la conversation donc "hors sujet" qui m'aborde directement, je le  connais un peu, un parisien d'origine. Il observe que les mots sont dangereux, ce que j'approuve hautement. Et qu'écrire, bon, c'est bien mais il faut être respectueux. Il ajoute que lui "me respecte, il me faut faire de même" etc. Visiblement, il veut parler du blog. Je lui dis que je lui parlerai s'il veut bien après car la batterie de mon portable est basse. Et me rencogne.
Le respect, mot ambigu. On entend tellement en banlieue "tu me respectes, je te respecte" comme si ce n'était pas l'évidence [et justement ça ne l'est pas chez certains, c'est clairement ici un mot à fonction de clôture. "Je vous respecte", la profession de foi est suspecte, dire à quelqu'un "je vous respecte" c'est supposer que je puisse ne pas le faire... que je sois en position de ne pas le faire. C'est comme dire "je vous laisse la vie"... comme s'il fallait en savoir gré à celui qui a consenti à vous épargner. Comme si cela requérait un remerciement ou plus exactement une allégeance, une reconnaissance de quelque épiphénomène. Un épiphénomène est quelque chose d'aléatoire, qui peut être ou ne pas être.
Souvenirs de la banlieue, d'un cours particulièrement réussi. J'avais exposé qu'autrefois, le respect s'entendait vis à vis des femmes en un sens désuet, les respecter, c'était ne pas les draguer, ne pas enter même soft de coucher avec, ne même pas y songer... quand il est évident que les mecs quels qu'ils soient pensent d'abord à cela, certes sous forme hypothétique, un flash, une vague idée, parfaitement perceptible cependant. Coucher serait-il manquer de respect ? Honteux?  la notion de respect serait-elle antinomique du désir ? Notons qu'en ce cas, le mot s'applique toujours aux femmes, jamais aux hommes. Respecter "quelqu'un" en fait ne veut rien dire ou pire, dit le contraire de ce qu'on prétend. On respecte -peut-être- une idée c'est à dire qu'on la prend en compte et on l'analyse, une religion -encore que- mais pas un homme ou une femme parce que son altérité est la mienne vis à vis de lui. Par définition, l'humanité en lui/elle est identique à celle qui est en moi et je ne peux que la reconnaître sous peine de m'annuler moi-même. Cours réussi pour une fois.
Ce concept se conçoit en temps de guerre où précisément la vie humaine n'a aucun prix, c'est un concept guerrier, par exemple un militaire décide de "respecter -la vie- de son prisonnier" c'est à dire de ne pas le tuer alors que ce serait plus simple de lui coller une balle. Mais en temps de paix -relative- ça n'a aucun sens. Heureusement. Ou alors cela implique que nous soyions en "guerre".
Une observation, l'écriture -et la philosophie- en effet effraient. Normal. Comme une photo prise au flash lorsqu'on est âgé. Voir, se voir noir sur blanc avec des détails que l'on ne connaissait pas est à la fois jouissif -on est important pour celui qui vous a pris comme modèle, et si le tableau est diffusé, on existe pour tous soudain- et angoissant -que suis-je dans le regard de l'autre? va-t-il me tacler ? et comment me défendre? je suis moche, aussi etc.- C'est comme regarder ses "signalements" sur le net. Ça monte. Qu'est-ce qui se dit de moi, sur moi, qui a plu ou déplu et qui le dit ? Jouissance ambiguë. On  devine... mais on a des surprises parfois.
Il est clair que lorsqu'on pratique mal l'écriture, on est plus vulnérable encore que sur le net n'importe qui peut écrire et répondre et lorsqu'on voit certains "posts" sur des forums, souvent de jeunes, personne n'a de complexes à avoir, une faute par mot parfois, difficile de faire pire.
Puis je vais récupérer mon panneau et lorsque je reviens, je gare la voiture, et, un peu culpabilisée, sors et m'adresse comme promis au monsieur-respect pour lui dire, puisqu'implicitement il me demandait ce que j'écrivais, que j'avais surtout réfléchi à la notion de respect, justement qui me semblait ambiguë. Et là, un jeune -ex militaire- qui venait d'arriver précise à ma place qu'en effet, lorsqu'on parle de "se faire respecter", ça signifie casser la gueule à l'autre. Euréka, je sentais bien qu'il y avait une idée qui me faisait défaut, la voici. Le concept n'est pas égalitaire. C'est un geste qui va du haut vers le bas tout en se donnant pour l'inverse. Un concept guerrier. C'est pour cela qu'il agace. Bien sûr que l'on me respecte, il faudrait beau voir qu'on ne le fît pas ! Ouf, le jeune a bouclé ma réflexion et je me sens aussi bien que lorsqu'on a résolu une équation. Mais le monsieur "au respect" pour qui la réflexion était partie, pendant ce temps, devisait avec un voisin, dommage. C'est incontournable, la philo parle pour ceux qui sont en phase, et capter ceux qui sont en parallèle est difficile, j'ai dû mal m'y prendre. Tant pis. Cela m'évoque la réflexion de Rabaud Saint-Etienne après l'édit dit de "tolérance" qui visait les protestants et les juifs : "je ne veux pas être toléré." Être toléré est blessant, on ne tolère que ce qui est -ou serait en principe- intolérable, par grandeur d'âme. On ne respecte que ce ou ceux qui pourraient ne pas l'être. Des femmes évidemment, en premier.
  Mardi 10 août
FIESTA

Préparation de la fête du 15 août, déjà ! Le pizzaïole de l'esplanade a dû se déplacer devant la Mairie, il m'a ''pris'' ma place en somme. Mais c'est très bien puisqu'il a installé des chaises et des tables sur le parvis et là je suis bien. Sauf précise-t-il que demain ce sera en plein soleil -il regrette son emplacement habituel sous les platanes, occupé par un forain pour une semaine-. Loué ? A quel prix?
5 h et demi. Je me gare, une place juste devant le troquet de Samir, un créneau et je sors de la voiture. Tout de suite deux gars m'abordent ensemble:
''Alors, Madame Larrivé, ce n'est pas réglé, cette histoire?'' estomaqués que ce ne soit pas le cas, on leur avait dit le contraire. Survient le même garde, toujours, il doit s'être spécialisé (!) a-t-il une prime pour accomplir pareille tâche, je laisse la coquille, je l'espère pour lui, à combien évalue-t-on la considération d'un homme, je ne sais, il me dit d'enlever ma voiture alors que quatre autres se trouvent garées aux emplacements normaux balisés devant et derrière moi. Je le lui fais remarquer, il rétorque que justement il ''les'' cherche pour leur intimer l'ordre de laisser place eux aussi... Il ne les ''cherchera'' pas longtemps du reste car nous le verrons peu après partir en moto mais entre temps, malgré les deux gars avec lesquels je discute qui se sont ouvertement étonnés que seule ma toute petite voiture -une fiat seicento- gêne... alors que les combis garé juste derrière et devant moi apparemment n'empêchent en rien le passage des camions, je me suis déplacée sur le boulevard où une place à l'ombre venait de se libérer tout près qu'ils m'avaient ''gardée'' le temps que je fasse le tour. A l'heure où j'écris, 8 h 10, les autres voitures sont toujours garées à la même place évidemment et moi sur le Portalet. Nous parlons très longuement, est-ce ce qui empêche le garde revenu de me demander de m'enlever également du boulevard ? 

DE NOUVEAUX AMIS

Paul. Il est calé en histoire et engagé [PC ? Peut-être.] Nous deviendrons amis ensuite. Il a une toute autre analyse de Montecassino, fort différente de ce qui est classiquement ''reconnu'': ce serait une action d'éclat de Leclerc pour se faire briller car il y aurait eu d'autres accès à l'Italie... (?) au fond je n'en sais rien, il a peut-être raison mais en ce cas, combien de soldats kabyles morts pour rien! Il est du village et ça, c'est bien. Au fond, il y a plein de gens intéressants ici mais on ne les voit pas beaucoup. Il me parle de l'esclavagisme dans les milieux et la culture arabe, ça c'est vrai, mais de là à en faire une thèse... Car il n'a pas l'air d' "aimer" trop les arabes, nobody is perfect mais zut..
Et puis le scoop, un jeune homme s'intéresse à l'affiche, stupéfait... il est agriculteur à Barjac et même lui n'a pas une telle facture pour toute la saison, il signe chaleureusement, me souhaite bon courage... et s'avère être l'arrière neveu de Maria Latour la meilleure amie de Josée, qui a souvent gardé Lydie à Saint-Sauveur autrefois. Elle l'adorait, cette vieille fille, comme on disait alors, gentille, hyper active, qui gardait les chèvres tout en faisant des napperons au crochet, des œuvres d'art, et les rentrait le soir avec deux fagots sur la tête (!) tout en continuant parait-il à crocheter, aidée il faut dire de son chien, une merveille. Une observation ; les deux premiers de ces gens sont sans doute venus exprès, ce qui explique leur sympathie spontanée.
Un gars d'ici, ouvrier dans l'automobile, exilé à Montbéliard, qui y a trouvé femme, et vient passer toutes ses vacances dans un hôtel à l'euphonie douteuse, Arnac, ils auraient pu en trouver un autre, mais, candide géocentrisme, le mot, pour les gens qui prononcent les e finaux, n'est pas gênant, pour se ressourcer. A la retraite, il reviendra... Triste.
D'autres estois, mais intellos, intéressés, ils ont le net et chacun prend le blog... Un signe ? Plusieurs ''pays'' coup sur coup, si je considère l'est aussi comme ''mon'' pays, celui des Larrivé à l'origine. Un clin d'œil ?

FABIENNE

Et puis Bertrand, qui revient d'une réunion sur les roms à Alès, il s'agissait d'organiser une manifestation dont il est très mécontent, personne ne l'a écouté. Dommage, lorsqu'on est quatre engagés intellos qu'il y ait parfois quatre tendances qui s'entre choquent, chacune stigmatisant le dogmatisme des trois autres. Il faut dire que les militants sincères par définition plus entiers que les politiques car non reliés ensemble par l'intérêt, le profit divergent facilement, d'où ces multiples clivages, ces innombrables groupuscules. Les autres au contraire sont comme une vaste famille soudée par les biens et les affaires florissantes, aucun membre ne doit s'écarter si on veut conserver ou accroître le patrimoine de tous, surtout s'il est mal acquis. C'est peut-être la clef de la politesse ou l'hypocrisie des classes dominantes, par rapport au côté ''nature'' voire grossier -apparent- des prolos.
Mais Bertrand ne mesure pas que souvent, on ne le comprend pas... et que cela fait violence à ceux qui se sentent dépassés. Il faut avoir été prof.. et par exemple.. dans certains endroits , en Normandie ici, pour réaliser combien parfois il peut y avoir de malentendus avec certains... ainsi la gentille Fabienne H [6 de moyenne en philo et elle était à fond] qui, lors d'une scénette improvisée sur le thème du racisme dans laquelle je figurais un ''beauf'' de comptoir, stigmatisant les femmes, puis les arabes et enfin les ''juifs'' en termes volontairement outrés jusqu'au grotesques [''toutes des allumeuses, des putes... tous des flemmards qui vivent d'alloc... tous des richards, des filous, des profiteurs...''] la douce petite Fabienne qui, légèrement choquée, leva le doigt poliment et me dit doucement, un peu triste de devoir me critiquer : ''mais Madame, quand même, pas TOUS !'' Un de mes ratages pédagogiques les plus retentissants. J'en ai encore honte.
Des gens un peu gris chez Manu, des copains parfois. Sympas, sauf que certains essaient de lire derrière moi, je ne dis rien mais ça ne me plaît pas. ''Tu es devenue une institution''... ''et assez connue maintenant'' ajoute Manu, inconscient que je l'étais tout de même avant et que ce n'était pas le but quoique.. Un monsieur un peu paf me demande à lire, je lui explique en deux mots et lui donne l'adresse du blog. Il est de St Michel et connait Gérald, bien sûr, notre héros régional devenu national à présent. Ex petit ami, qu'il était beau avant.. peut-être en dit-il autant de moi du reste.

Mardi 10 août -nuit-

Un diapo sur Anna.
Mercredi 11 août

J'ai mis mon panneau. Signe des temps, de plus en plus des jeunes s'approchent, sortent un ''téléphone'', pianotent en regardant l'adresse du blog... et surfent immédiatement [''j'envoie à ma copine, elle a eu le même cas en Belgique''] c'est génial -il n'y a pas à parler- et un peu surréaliste, je suis à deux pas et, le dos tourné, ils ont les yeux fixés sur leur écran c'est à dire sur mes livres ou blogs. La communication est ultra rapide, technique, démultipliée à l'infini... et aussi désincarnée, elle s'effectue par le biais d'ondes et de machines mystérieuses. Au fond, ça me convient tout à fait, c'est reposant, on évite ainsi les répétitions, les ''impolitesses'' inévitables lorsqu'on s'impose, même très soft, rien qu'en apposant un panneau... et que l'on conduit les gens à lire  -ou à avouer qu'ils ne savent pas ''très bien'', c'est comme leur arracher un aveu pénible-. Et puis le quant-à-soi y trouve son compte. Pas de contacts directs, pas à redouter d'être transpirante, hirsute, peu présentable -et depuis une demi heure que je plante au demi soleil, je le suis certainement-. Pas à craindre que, comme ce jeune ''BTS'' structure létallique -je laisse la conquille... ainsi que celle-ci (!) décidément, l'ordi en dit plus que je ne voudrais... qu'ils ne croient que je mendie. J'en ris à présent mais il n'empêche, je me suis habillée ''classe'', un peu maquillée et tout et tout. Non mais.
Conversation amicale avec Richard mon récent ami PC et son copain... qui a surfé sur les blogs avec dit-il un grand plaisir. Juste une petite fausse note, il souligne que ''c'est bien d'avoir mis des photos de moi où j'étais plus jeune''. Sur le coup, je ne percute pas, je m'étonne, toutes les photos sont récentes, deux mois au max sauf sur un blog qu'il n'a pas eu le temps de regarder. Aurais-je autant vieilli ? La grève? Les soucis des procès ? La solitude -relative, une solitude très encombrée parfois de réel et surtout de virtuel- ? Le surmenage? Le fait de ne pas savoir où je vais, d'être en un lieu amical qui cependant m'a trahie, le cul entre non pas deux mais trois chaises... Il connait tout le monde ici, c'est important. Moi aussi mais souvent, je ne mets pas de visage sur des noms et vice versa. Une discussion  d'amis, simple et féconde, cela faisait longtemps que ce n'était pas arrivé...
Un monsieur plus tout jeune signe de lui-même, il a une opinion catégorique cependant, presqu'autant que Bertrand mais inverse. ''La grève de la faim ne sert à rien, mais alors à rien du tout, internet, c'est totalement inutile puisqu'on est face à face, oui mais ça simplifie, c'est une pétition qu'il faut tout d'abord, et l'apporter ensuite à qui de droit etc''... Ça tombe bien, je la sors, je l'oublie très souvent, j'en signe perso environ trois par jour et le résultat ? Ma foi je l'ignore au fond. Il émet quelques réserves de pro sur la manière dont elle est faite mais baste... Apparemment, il est aussi fan de pétitions que Bertrand du revenu minimum d'existence, il faudrait les faire se rencontrer. Du reste à Nîmes, un superbe immeuble antique en parfait état -je le connais, c'était autrefois le rectorat- risque d'être démoli... et ils sont dans les pétitions jusqu'au cou. Il me donne son mail et je promets de lui envoyer les blogs, finalement il a bel et bien le net.. son attitude n'était qu'une pose.
Pourquoi les gens, même les meilleurs, sont-ils aussi  assertoriques lorsque quelqu'un devant eux est, supposent-ils, dans la merde ? Pourquoi certains prennent-ils alors ce ton -parfois– déplaisant ? En réponse, je suis ''distanciée'', presqu'arrogante, ce qui est une autre forme d'agressivité. Lorsque cette attitude est sincère -car parfois elle masque un refus de s'engager par confort perso- elle provient presque toujours de citadins et de français, je ne l'ai jamais observée chez des belges, des hollandais, des anglais. Il faut croire que notre réput de ''je-sais-tout-taisez-vous'' n'est pas usurpée. Pourquoi ce jeu, qui va de la remontrance aimable à la leçon magistrale de stratégie ? En fait, lorsqu'on l'analyse, c'est naturel et ça explique les difficultés à porter une affaire en place publique, celui qui est dans une situation aussi burlesque -ou tragique- est au fond un mal dégourdi, un pauvre type qu'on veut bien aider -vite la pétition- mais qu'il n'y revienne pas. Pas tout à fait faux -dans mon cas par exemple- mais il est contre productif de l'éreinter... En général, qu'il soit con, il le sait.
C'est pourquoi les victimes se taisent, elles se sentent et sont ridicules. Il faut une énorme dose de révolte devant l'injuste, associée à l'assurance qu'apporte une valorisation sociale reconnue pour oser se poster seul devant une Mairie avec un panneau... qui de plus peut sembler perso [lorsqu'on ne réfléchit pas trop]. C'est bien là dessus que compte l'adverse. Exemple celui qui m'a gentiment demandé d'enlever mon écharpe parce que ''j'étais ridicule'', il le disait pour moi évidemment, pour m'aider en somme. Il est clair que si j'étais plus fragile que je ne le suis car je le suis à ma manière, bien que Maï-Linh après Lydie m'aient appelée le bull à visage humain, je n'oserais le faire. L'astuce est là, faire que la victime se sente tellement humiliée qu'elle ne puisse même plus faire état publiquement du dol qui l'a éreintée, qu'elle répugne exposer sa déchéance... la déchéance ! la notion qui s'entend toujours en deux sens opposés, comme ''misérable'', dont un est fortement péjoratif ; or la ''déchéance'' s'apprécie différemment selon la position. Plus on est au bas et plus on est susceptible, paradoxe,  mais il arrive qu'une fois le fond touché, alors en effet, comme on n'a plus rien à perdre, timorés ou pas, on monte au feu.
Règlements de compte implicites? Peut-être. Pour certains, rares tout de même mais ils bruitent fort (voire article 1) il n'est pas déplaisant de se payer la tête -soft- d'une ''privilégiée'' ou qu'ils croient telle. Cela se voit à tous les niveaux, depuis ''cette-facture-sera'' jusqu'à ce gus de tout à l'heure qui s'est précipité pour signer ou même certains copains. Du reste il n'a rien écouté de ce que je lui ai dit de ma grève, m'a fait sa leçon et barka. C'est à la fin qu'il s'est enquis de qui était en cause, Eolia forcément (!?)... A priori, il savait ce qu'il me fallait faire, nul besoin de chercher à comprendre, il possédait une pince à prises multiples magique. Agaçant. Non ce n'est pas "Eolia" qui m'a fait ce coup mais les gens de la mairie tout connement.

LES FORAINS NATURES

Pour la première fois, une plaisanterie et proposition très grossière de deux gus, des forains sans doute. Un peu soufflée, jamais ça ne m'était arrivé ! Il s'agissait de prostitution, tout simplement. Une blague? J'ose l'espérer. Après mendiante, me voilà pute à présent, au fond ça me va mieux tout de même mais zut. Les forains ne sont pas d'ici et n'ont pas la tenue des villageois, pour eux je suis juste une femme dans la merde. Un peu gênée, quoique pas plus que pour le coup de la mendicité en somme, même plutôt moins. Observation importante, jamais à Paris je n'ai vécu "ça" -particulièrement-. Ah les Cévennes! Pas correct ? Je m'en fous.

Jeudi 12 août

Régis me dit que la proposition [des deux forains] est au fond tout à fait flatteuse et qu'il est même honteux et inexplicable (!) qu'elle ne m'ait pas été faute avant -je laisse la coquille-. Ainsi donc lui-même.. Humour de militaire, passons.. Il n'a pas tort du reste, à mon âge, mazette... Serais-je réellement si bien conservée se demande-t-il, l'œil que je venine -je laisse la coquille, c'est "devine" évidemment que je voulais écrire- brillant ? Il ne me reste plus qu'à mettre ma photo nue, ça boostera le blog. Il y a peu de risques que Lydie ou Marguerite soient à un endroit où elles puissent encore être contrariées -les Larrivé, eux, ne le seraient pas- mais même à 1 contre 100 000 000, ce risque, je ne le courrais pas. Je ne suis pas suffisamment athée en somme.
Un courriel passionnant. Depuis les States, Daniel, nostalgique de son quasi bled, a l'intention d'en faire un best seller... comme il sait si bien faire, romancé-bricolé-polardisé-transposé en pays minier sur fond de lutte des classes, sexe et combines; du glauque, du comique et de l'héroïsme, mixte de Zola, de Faulkner et de Balzac, il s'y connait... Et mazette, en anglais -plus rentable-. Ça m'a mis le moral. St-Ambroix se "statifie", je laisse la coquille, c'est "starifie" qui je voulais dire.

vendredi 4 février 2011

le blog sans images partie 6

LA WALKYRIE

  Hier, chez Manu, une anecdote et bien plus que ça. Moque-toi, Régis, c'est là aussi que ça se passe, pas trop chic, d'accord mais on n'a pas le "Lion's" ici, ça vaut le Gambrinus et il y a la wifi...
Une mystérieuse jeune femme, immense, sculpturale, toujours en short, un peu pompette comme souvent, juchée sur un tabouret au bar, regarde le match à la télé, s'exclamant bruyamment, et soudain, jette un coup d’œil sur mon écran. Triple zut, ça tombe juste sur "l'origine du monde" bricolée par moi. -Ouahhh! Ca c'est beau, ô que c'est beau bordel !" Elle crie presque. Du coup, un mec arrive, je suis un peu emmerdée, et bref, finalement elle aime tellement les images du blog : "non, je veux pas lire, juste regarder" qu'elle me demande de le faire défiler.
OK, je m'interromps, télécharge mon post inachevé et le lui fais passer. Elle est enchantée par certains de mes tableaux et forcément sincère car elle ne sait pas sur le blog ce qui est de moi et ce qui ne l'est pas... et expansive. "Ça alors mais vous peignez super !"... "Oh merde, celui-là... arrêtez-vous".. "Et vous en vendez?"... "Combien, c'est cher?" J'ai donc pour ce soir une attachée de presse remarquable car avec elle nul n'en ignore et sa plastique aidant, elle est très écoutée. Elle expose en effet volontiers son allure époustouflante, sans provoc, simplement. "Regarde dit-elle aimablement à Louis qui lui fait remarquer qu'elle a un corps de déesse, ça c'est du premier choix et j'ai eu quatre enfants en plus, tiens, vois ça, pas une vergeture, pas un bourrelet..." Et de soulever légèrement son tshirt, dévoilant un ventre d'adolescente. "Je suis élastique!" Donc elle est très écoutée par les messieurs qui regardent d'abord et entendent ensuite. Une personnalité. Une cogneuse aussi, un jour elle a remis en place d'une manière magistrale un petit sournois qui l'avait touchée par derrière en allant payer ses consommations. Un bond et on aurait cru qu'elle allait le ratatiner. Elle le dépassait d'une tête et c'est visiblement une sportive, il n'a dû son salut qu'à une fuite assez honteuse, sous ses quolibets vigoureux. "Dis donc le gras du bide, c'est pas parce que tu m'as payé un café que tu as le droit de me toucher le cul" etc... etc...

Seulement il y a un hic, elle regarde mon écharpe et me demande pourquoi je la porte puisque "tout est fini à présent, je fais plus de grève de la faim..." Je me retourne moi aussi d'un bond. "Mais je dis bien sur l'affiche que je ne la fais plus, apparemment elle n'a pas lu! Et tout n'est pas fini  du tout"... "J'ai pas lu, j'ai cru, c'est ce qui était écrit.." ... "mais ce n'est plus la même affiche !"... "Oui mais c'est un truc perso et ça... regarde per..." Là je coupe. Violemment : "Ah oui, un truc perso, le chemin ? La saisie d'un compte alors que..." et je déroule l'affaire en vrac puisqu'elle ne daigne pas lire une affiche de quatre phrases derrière elle. Et de rage, je ferme sec l'ordi. Là, elle est déçue, comiquement. "Non, s'il vous plaît, allez, laissez-moi voir, c'est trop beau... je savais pas, j'ai pas lu, je croyais que...".. "Et bien, justement, si je porte cette écharpe, c'est pour dire que ce n'est pas fini.." Elle se rencogne, un peu triste derrière son Martini, maugréant sans agressivité, "et c'était juste avant la femme nue que je voulais voir".. Je me sens moche tout d'un coup, en une seconde, je me calme et réouvre la bécane, "Allez,  c'est bon, la voilà.." Comme une gosse, elle se retourne d'un bond les yeux brillants. Et elle continue à s'exclamer, ça y est, c'est l'"origine du monde" bricolée.. L'écriture, ça ne la branche pas mais la peinture, si, et elle saisit parfaitement les images, directement, sans le logos. Par l'émotion. "Là vous aviez pas le moral" me dit-elle devant "solitude". Finalement, j'aurais dû être peintre, ça va tellement plus vite et on n'emmerde pas les gens, au contraire.

J'aimerais faire son portrait. Elle me dit que beaucoup le lui ont demandé. Peut-être le ferais-je, je la "tiens" au bout de mon pinceau. Un être remarquable, mélange de femme-enfant et de walkyrie qui a élevé seule ses enfants et a trouvé le temps de s'amuser sans s'en cacher avec qui lui plaît, et la sagacité -et la force- de blackbouler, et comment ! qui lui déplaît. Il y a des femmes comme ça. Elle vient de Marseille. Elle me met le moral, finalement. Dommage qu'elle ait "cru" que "tout était fini", triple zut. Chance qu'elle ait été esthète, ce que l'on voit du reste à sa manière de s'habiller -ou de se déshabiller!- de se "mettre en scène", innocence et pugnacité à la fois, sans quoi, même à ses côtés, je n'aurais pas su ni pu démentir puisque je l'eusse ignoré.
Comme beaucoup, elle a cru que sur la photo d'Anna Politkovskaïa, il s'agissait de moi. Étrange et troublant, cette ressemblance avec une morte elle aussi écrivain. Et une question aussi, serions-nous, comme notre nom l'indiquerait, (Brahic) d'origine serbe donc slave ?

Vendredi 13 août

Ecrit en grande partie le 14
Excellente journée malgré la date funeste, quoiqu'elle ne soit pas encore finie. Ca avait pourtant mal commencé, les municipaux me tournaient autour et je redoutais encore le coup de la zone bleue, mais il faut dire que tout de suite après, des gens sont venus au fur et à mesure, peut-être est-ce ce qui me l'a évité ? Nouveauté remarquable : certains sont venus aussi pour moi. 

D'AUTRES HISTOIRES, DE PROCÈS CETTE FOIS

Un peu déprimant aussi, la litanie habituelle, mais aussi stimulant. Un agriculteur qui a eu sa terre, son outil de travail, inondée en raison d'un bétonnage intempestif plus haut, des constructions et des constructions... Comme d'hab quoi, promoteurs locaux en pleines initiatives ! L'eau ne pouvant s'infiltrer, cela a créé une sorte de "torrent" dérivé qui s'est jeté droit chez lui. Il n'en peut plus des procès, un gagné, un perdu, un autre en préparation, des papiers, des avocats, le  harcèlement, et lui aussi avait envisagé une grève de la faim... Sa femme l'en a dissuadé. Le stress d'être à la merci d'une pluie plus forte que d'habitude et de perdre en un instant toutes ses cultures l'a miné, même si son allure semble être celle d'un grand sportif de quarante ans. Lucide, l'esprit clair, positif. On lui a fait quelques promesses, évidemment non tenues, et après un quasi siège, la mairie a ordonné quelques "travaux" minimes et symboliques qui selon lui ne changeront rien. Il n'est pas d'ici à l'origine, un estois lui aussi et bizarrement, il a cru que c'est aussi mon cas! Sans doute que machinalement, "mon" accent revient par mimétisme (!) cet accent qu'on m'a littéralement forcée à prendre à Besançon, tenace et pas très musical. C'est aussi celui de certaines de mes tantes -une seule en fait- qui n'ont pas fait d'études -les quatre autres l'ont perdu comme mon père, sauf lorsqu'il était très en colère, ce qui réjouissait Fred-. Mon accent est formé de trois, celui du midi, celui de l'Est, le plus résistant, et l'accent "Sorbonne" comme disait Lydie. "Arrête de faire cours" coupait-elle lorsque je n'étais pas d'accord avec elle sur un point philosophique. Caméléon, je m'adapte aux endroits et aux gens pour être comprise -à Besançon, "ils" ne me comprenaient pas plus que je ne les comprenais au début.-

"T'paspl'rtr'j ?" Comment deviner que cela voulait dire "tu passes par le traj ?"... surtout en ignorant que le "traj" était un porche-tunnel du seizième faisant raccourci du lycée vers l'arrêt du bus, assez peu engageant pour des gamines, qui ne le prenaient qu'au moins à deux, d'où les questions à la sortie avant de s'engager -ou non-. Aj'd'pum', un jus de pomme etc...

Une femme qui est en fin de droits et n'a plus rien à manger car son compte est bloqué, on lui a même retiré l'APL sous prétexte que son ex mari vivait à côté...  elle était venue de la Grand Combe pour les restaus du coeur mais c'était fermé! elle a pourtant plein de projets, théâtre, atelier d'écriture, musique...  et un ami qui l'aide un peu. Elle aussi est en butte à une administration qui lui écrit benoîtement "Madame, nous vous annonçons que vous n'avez plus droit au RSA" sans aucune explication alors même que son projet théâtral est accepté et sera sans doute un peu subventionné... Ça ne la décourage pas, elle est venue avec un jeune poète musicien et conteur africain qui lui aussi a plein d'idées. Et ô joie, je m'aperçois à la fin qu'elle a lu les "Lettres à Lydie". On se reverra, je peux lui fournir des pistes et vice versa, le chemin par exemple, le cirque naturel... pour une pièce de théâtre, ou chez moi carrément, plus facile d'accès.

Ambiance chaleureuse -pour moi- et stimulante. Jacques lance l'idée d'un journal hebdomadaire où chacun pourra s'exprimer... excellente. Car tout au fur et à mesure se dénoue et s'exprime. Et ces multiples affrontements "individu-administration", si on les met bout à bout et les publie, changeant le rapport de force, sont tout à fait résolvables. Alban venu d'Alès me réitère sa joie de me lire... Trop épuisée pour en dire plus, je tombe littéralement après avoir nourri les chiens et les chats. J'ai refait l'affiche. 

Les forains sont très pugnaces et sympa, ils pigent au quart de tour, ils ont l'habitude me disent-ils, ouf ça change. Des rencontres, et pour la première fois, on me dit d'appeler au cas où... Des gens non plus passifs mais décisifs. Rare. Presque jamais vu. Non qu'ici la population soit si poussive que ça, enfin un peu, mais là il y avait une quasi foule donc sur le nombre, forcément...
EXPLICATIONS

Damien et les jeunes des HLM s'expliquent sur leur défection, c'est simple, en fait.. Un drame perso pour l'un, je n'y avais même pas pensé, et surtout, honte à moi également, ils ont trouvé du boulot !!! Saisonniers agricoles sous le feu  de Satan dans un village pas tout proche, 10 heures par jour logés sur place épuisés à tomber le soir, pour le SMIG. "Il fallait bien, on n'a plus rien à manger présent avec ces factures d'eau". Evidemment : si moi je suis relativement "permanente" c'est aussi parce que je le peux -à la rigueur-. Pas eux. J'apprends aussi que c'est la mairie qui gère ces immeubles...  Pardieu. 

Que les pauvres sont durs les uns envers les autres parfois ! Pire que les bourges, toujours un peu culpabilisés, du moins en France, pas dans le tiers-monde. Il semble que ce soit "à chacun selon sa débrouille"... celle des "hauts placés" -si l'on peut dire- cause ou conséquence ? étant forcément plus rodée car là aussi il y a des "dégourdis" ce qui ne les empêche pas, au contraire, de taper ou d'essayer sur leur confrères en exploitation moins combinards. Lutte de pouvoir là aussi. Avec un aléa ou un avantage, tout dépend du point de vue où on se place, c'est qu'au fond du désespoir, il peut arriver que les verrous sautent. Lorsqu'on n'a plus rien à perdre... C'est d'ailleurs la raison pour laquelle on leur concède quelques miettes. Attention à ne pas m'inscrire dans ces sables mouvants tout de même, je n'ai que le pouvoir, certes non négligeable, d'être extérieure, pugnace, du logos... et de me battre pour la justice. Don Quichotte d'arrondissement, quoi, dit Régis.
Des gens de Pont-Saint-Esprit me recommandent de me joindre aux comités de cette ville. Je ne suis même pas au courant, ça les choque un peu.. il semble qu'il y ait des histoires semblables. A voir. Je suis comme le poisson rouge dans son bocal. Rageant.

DES GENS SIMPLES

Cas unique aujourd'hui, un couple plus très jeune se tenant par le bras passe, gentils, ils lisent, longuement, la femme explique au mari, c'est sûr, ils ne savent pas ce qu'est une pétition, je renonce à leur en parler, mais je les mets tout de même au courant brièvement de l'affaire, ils n'en reviennent pas, 4000 E, tout de même, en anciens francs ça fait... ils ne voient pas du tout ce qu'on peut faire mais voudraient bien, je leur réponds que moi je vois, ça les rassure.. Et en partant la dame se retourne soudain, prise d'une idée : 
"Mais au fait, vous pourriez pas en parler au maire, il doit pouvoir faire quelque chose lui je pense?" 
Sans doute ai-je dû mal m'exprimer.
Je réponds avec un humour involontaire et sans vraiment mentir, "oui bien sûr" et je renonce, je ne veux pas leur gâcher cette journée de fête sans doute unique pour eux. Ainsi donc les gens du peuple autrefois taclaient les releveurs d'impôts et jamais ceux qui les ordonnaient. 
Mais un monsieur juste à côté, la large cinquantaine, beau mec encore, entrepreneur à la retraite, qui attend sa femme -elle fait les boutiques- au fort accent pied noir "bourge" observe alors, dans une veine très "Eddi" : "ici, comprenez-vous, ce sont des paysans..." il a prononcé le mot "paysan" avec le ton extraordinaire de Laurence ou de Mamita parlant des kurdes ou mon voisin des "caraques", comme un gros mot.. mais cela  mis à part, il est parfaitement en phase et c'est lui qui me demande la pétition. Je n'ai pas eu le temps de savoir d'où ils étaient, sa femme l'a appelé, elle était prête, il ne fallait pas la faire attendre, ils étaient invités. Un bon mari, Akram, ou n'importe lequel de mes beaux frères.

De l'imprévu aussi : beaucoup de gens me connaissent, certains m'ont lue ou le disent pour me faire plaisir. "Secret de famille", évidemment, et les "Lettres à Lydie". "Noces kurdes", jamais, du moins ici. Ça simplifie. Avantage de l'écriture. En ces cas, ils m'appellent "Hélène". J'exulte, écrire, au fond, c'est se faire des copains. Mais il y a les commissions, la corvée, des tonnes de croquettes pour mes deux lascars et des boîtes pour les chats qui n'ont plus rien etc... Le poids! 4/5 pour les bêtes, 1/5 pour moi. Parfois les gens qui me voient charger rient.

Samedi 14 Août

Je viens de toiletter le post d'hier, reécrit correctement... et avant de fermer l'ordi, je vérifie par acquis de conscience mes messages. O stupeur, il y a un courriel en anglais de (touit touit) qui remercie tous ceux "en qui elle a cru" et qui l'ont soutenue, inlassablement, en harcelant les gens au pouvoir, avec finesse ou ... bref.  Je n'ai pas fait grand chose du reste, un livre seulement mais il a été traduit. Est-elle sauvée, libérée ? Elle parle a minima sans doute exprès mais il le semble !! -note, la télé n'en dit rien, même pas "aldjzeer". Elle doit être en "conditionnelle", ce qui n'est pas gagné du tout et même dangereux, car dans une rue déserte, elle peut... passons.... Ouf, enfin un ouf provisoire. Pardon d'être sibylline, regardez le "sommaire" à mon nom et suivez les tous et vous comprendrez. Je veux éviter que ce blog-ci ne soit également dans le collimateur de "leur" moteur de recherche, très au point ou du moins éviter de "leur" faciliter la tâche car il est probable -mais non certain- qu'il y soit déjà rien que par mon nom. Sauf que ma production littéraire étant assez vaste, tout traduire est un très gros boulot et "ils" doivent s'y perdre -c'est aussi le but- !!! et St-Ambroix leur paraissant aussi loin de leurs préoccupations qu'ici, pour certains, des leurs... il est inutile avec un mot-clef, un nom, de leur pointer juste ce qu'ils cherchent. "Ils" étant des mecs peu recommandables qui ont de bien vilaines habitudes avec les femmes dans leur pays situé pas trop loin de la Turquie... Sauf aussi qu' "ils" se marrent peut-être de mes déboires burlesques ici, pendant que je plante devant la Mairie, je ne peux pas m'occuper d'autre chose, écrire sur leurs vilaines habitudes par exemple, un texte aussi sanglant qu'eux-mêmes... qui, associé à tant d'autres, les dérangent sans doute un peu, quoiqu'ils en disent. C'est bien ce qui est zutant, on n'a pas quatre bras ni quatre cerveaux.
Donc K. me remercie, c'est le premier courriel direct que j'ai d'elle. Joie, non qu'elle me remercie mais qu'elle existe, tout simplement, elle m'aurait écrit merde c'aurait été pareil. Il y a des jours où on se sent moins nul.   

14 août 2010
DÉRANGEMENT 

Je passe en vitesse au petit supermarché-drugstore chercher un chevalet pour mon affiche – elle tombe tout le temps-... que je ne trouve pas. Qu'importe, j'en bricole un avec un ''valet de chambre'' abîmé qu'on me solde. Ça va au poil, mieux même qu'avec un chevalet. Des femmes me parlent spontanément, j'avais oublié que j'avais mon ''péplum'' où j'ai écrit mes mésaventures très clairement tant j'en ai l'habitude à présent. Des gens me demandent de m'arrêter pour finir de lire. J'explique, il me semble que la patronne fait la gueule -pas sûr-. Et puis, business-business, je suis une bonne cliente. -Elle vend des toiles-. 

Mais d'autres -non, une autre en fait seulement- semble m'ignorer, malchance, on se croise plusieurs fois dans les allées et à un moment je me trouve nez à nez avec sa fille, je lui dis bonjour, la petite répond en même temps et je file, je suis pressée et je sens son malaise... Cela corrobore, presque tous les gens de mon quartier sauf Cris et deux autres se sont, ô discrètement, ''distanciés'' de moi, allant ainsi à contre courant de l'ensemble. Cela signifie, soit que le quartier est particulier, soit ? Particulier, il l'est en effet, la même avait autrefois fait passer une pétition protestant contre le projet de lotissement d'un gros propriétaire, le coup classique, il lui avait vendu une maison bien située mais au milieu de ses vignes puis décidé de lotir la parcelle la jouxtant qu'elle avait dû acheter [au prix du terrain à bâtir]... et à présent, cinq autres à la place des vignes, et là elle ne pouvait suivre, une vacherie certes mais ce n'est pas illégal, c'est juste les affaires. 

Je l'avais évidemment signée.. puis l'avais un peu regretté en raison de la manière dont elle était rédigée. En substance elle disait que ''nous'' étions un endroit privilégié et culturel [deux filatures, etc..] et tenions à le rester''. Autrement dit ''out les prolos''. Je le lui avais fait remarquer après coup ["je trouve que le quartier manque d'enfants et un peu de vie et au fond avoir des voisins sympa ne me dérangerait pas, c'est plutôt l'inondabilité qui me dérange"]... elle m'avait répondu agacée quelque chose comme ''si je me sentais seule, je n'avais qu'à faire un site de rencontre'', ce n'est pas la lettre mais bien l'esprit. 
Sympa pourtant, très nature, écolo et ouverte, c'est une de ceux qui sont allés le plus souvent au chemin défriché et elle a sans doute participé largement à son entretien après -elle ou plutôt ses enfants, super, signe en général que les parents le sont aussi-, mais, désireuse sans doute de rester bien avec tous, elle prend ses distances envers celle qui a lancé l'"opération" qui n'avait pas plu à tout le monde -à dire vrai, à tous sauf à un seul, tendance fortement "anti-défricheur" disons, passionné/e de "sa" "tranquillité", il y en a des comme ça même isolés en bout d'impasse en rase campagne, prêts à bondir sur tout intrus apparaissant à l'horizon (lien). Ça s'appelle le "tranquillisme" ou l'"antiploucquisme" et ça se soigne très bien avec du "socialitisme" en gélules matin et soir (lien).
Très sportive, très ''randonnée'', je l'y ai pourtant vue assez souvent avec des amis ou des clients -de chambres d'hôtes- qu'elle avait amenés, c'est le seul chemin qui demeure encore dans le quartier. Cordiale dans la campagne, filante en public, soit, banal. Mon péplum y est peut-être pour quelque chose. Les relations sont compliquées, celle qui sent le soufre maintenant mais qui toutefois s'est coltinée des ou plutôt "notre" anti défricheur local avec lesquels il faut aussi être bien etc... Mais je suis auteur et bref tout ceci est délicat d'autant que ce projet de lotissement qui la désole -et non moi car le quartier manque d'enfants, nous ne sommes pas très reproductifs, je bats tous les records de poulinière avec deux- bref ce projet est tout de même laissé -dans quelle mesure- à la discrétion de la Mairie.. qui m'a pompé 4000 E après que j'eusse gagné etc etc..
A moins que je ne devienne parano. Elle a peut-être tout simplement comme moi une rage de dent qui l'empêche de sourire. Et puis-je lui en demander plus qu'à mon ex meilleure amie en poste ? A une parente ? Non.

La fête... Mon immense plaisir d'enfant attendu quasiment toute l'année, à présent c'est plutôt l'inverse. Le bruit, les manèges... Il me semble pourtant que c'est bien plus calme. St-Ambroix est en berne, décidément. 
Élément un peu ''narcissisant'' et j'en ai besoin en ce moment, de plus en plus de gens me regardent amicalement, non pour l'affiche puisque j'en suis loin, Samir ayant mis des tables de restaurant à ma querencia habituelle, ils semblent me reconnaitre, je le vois ou le devine très clairement, ils portent les yeux sur moi, puis une fraction de seconde et leur visage s'éclaire, ils sourient, insistent, du coup je les salue légèrement, ils hésitent et partent comme à regret. Timidité, la leur et la mienne également. De la galerie? de signatures ou conférences et cependant j'en ai fait très peu ici ? Ou peut-être de ce film où on m'a ''intégrée'' malgré moi ou plus exactement sans me le dire car j'aurais été d'accord qui me pend au nez à tout instant?

Comme je n'ai quasiment pas la télé à présent, si ça se trouve, une chaîne câblée [ciné classique a fait le coup l'an dernier] l'a repassé sans que je ne le sache un jour sans doute qu'ils étaient en panne ; c'est Stéph qui me l'avait dit le lendemain. J'avais démenti: non, impossible puisque je n'étais pas au courant, voyons ! mais d'autres avaient confirmé. Il faut dire qu'avant toute interview, on vous fait signer sur le plateau, à la hâte, en général pendant que le maquilleur-coiffeur vous bichonne sous les feux des sunlights, du coup, vous devenez tout rouge et ensuite il faut vous poudrer tout le temps, des tas de papiers que personne ne lit. On ''abandonne'' son droit à l'image et ''autorise'' toute ''exploitation'' artistique de ce qui va être recueilli à des fins non commerciales bla bla... -On ne peut pas vous ''utiliser'' pour faire la promo de pâtes ou de sous-vêtements, mais pour n'importe quoi d'autre non publicitaire, si...-

La pétition se remplit à la vitesse V, je n'ai même plus assez de feuilles, les gens sont obligés de signer au delà des lignes. Les municipaux sont passés en rang serrés et ont viré vers le foirail, je redoutais encore le coup de la zone bleue, apparemment c'est fini. Ou alors ça ne vaut pas pour le soir. Je craignais aussi les gens mornes derrière leur barbe à papa, épuisés de chaleur traînant tristement devant les baraques avec des enfants aussi fatigués qu'eux, ce n'est pas le cas. Il faut dire qu'il fait moins chaud aujourd'hui, on a même l'impression qu'il va pleuvoir. Ce serait bien pour le plaqueminier que Robin m'a offert afin de remplacer l'autre mort d'avoir été inondé, les ouvriers -de l'ancienne équipe municipale- avaient à demi bouché une buse en bas de chez moi pour éviter que l'eau ne se déverse chez un gros agriculteur en contre-bas... [le lit du ruisseau qui traverse mon jardin et qui longe ensuite la route ayant été déplacé] si bien que cette partie de mon terrain était devenu un lac. Tôt ou tard, le mur aurait cédé. Tu t'endors, tu es mort, toujours. Étrangement, les oliviers centenaires eux, ont résisté. Le plaqueminier, c'était Lydie, les oliviers, Marguerite.

IMPOLITESSE

Toujours le vieux monsieur poli aimable réservé qui vient cette fois avec le sourire me ''voir'' comme on va voir un monument historique. Hier, il était revenu gentiment après réflexion me dire ''vous savez, ce n'est pas grave et toute seule vous n'arriverez à rien... et puis on est tous un peu dans ce cas, moi aussi, par exemple, je suis endetté..'' Je l'avais rembarré sec : ''ce n'est pas la question, c'est une question de justice et on est nombreux à être ou à se croire ''seuls'' face à une administration... En m'exposant, je montre qu'on ne l'est pas, justement.'' Voilà quelqu'un de sincère certes mais qui lui aussi pense que je mendie en somme son approbation perso. La passivité incarnée, et cependant celui-ci semble un bourgeois. 
Une observation : dans ces cas, l'agressivité ''soft'' remet les pendules à l'heure. Discuter, tenter de convaincre en ravalant l'énervement que ceux-là suscitent, c'est les conforter dans l'idée que l'on s'abaisse, que l'on ''mendie'' et du coup le faire, une perte de dignité et de temps. En revanche, si on leur signifie en d'autres termes, ''c'est comme ça, je sais ce que je fais, c'est bon, salut etc...'' ça les rassure, l'agressivité est le signe qu'on n'a rien à leur vendre, qu'on ne leur demande rien, même pas de prise de position. Ça les met à l'aise, les marques sont posées. Ces gens agissant ainsi envers eux-mêmes, leur demander d'agir autrement envers d'autres [voire envers eux-mêmes car c'est pareil] constitue une quasi violence à laquelle ils réagissent mal, c'est comme si on leur imposait un marathon. L'agressivité leur offre un siège, c'est plus confortable, et du coup, il arrive qu'ils prennent eux-mêmes le départ.
CQFD. Apparemment il a réfléchi, peut-être est-il seulement lent, et à présent il veut signer. Je ne le lui ai jamais demandé. Soit.

LA JUSTICE

Un couple dont la femme est greffière de justice. Ils ont du mal à comprendre. Sans doute m'exprimai-je mal. Elle travaille dans une ''maison de justice'', je ne sais pas ce que c'est, avec la gauche dit-elle, tiens tiens, ça, c'est intéressant.. Elle rit : ''Et ils sont aussi pourris que la droite'', chez elle du moins. Elle me recommande -bien sûr- un procès. Triple zut, j'ai encore du mal avec ça. Robin le fait au chiqué, grande habitude familiale, pas moi, papiers, lettres recommandées, avocats... fatiguée, je bloque. Et puis quand je m'y mets, je ne peux plus m'arrêter ! Internet, articles, tout y passe. Et le fait est que c'est passionnant. 
Le problème est cette idée chevillée au corps qu'il faut savoir se débrouiller seul, qu'en référer à une autorité suprême, c'est s'abaisser, voire cafter, accepter d'être infantilisée. Attitude des truands et de certains militants. 

A ce sujet, attention à certains ''forums juridiques'' qui ne sont que les rabatteurs d'avocats ou de ''juristes'' escrocs et on ne les détecte pas tout de suite. Leur principe étant de donner des infos parfois justes mais d'autre fois inexactes et toujours ad pejorem afin que le chaland affolé se précipite dans les griffes de ceux pour lesquels ils chassent, c'est à dire probablement eux-mêmes. Une fois, j'ai cru à une erreur, j'ai rectifié. Deux fois, décidément, ils n'étaient pas en ''forme'', j'ai à nouveau corrigé mais à la troisième, je me suis faite ''rappeler'' à l'ordre et interdire de forum ! C'est alors que j'ai cherché un peu plus avant sur le site, ô stupeur, de la pub, bien évidente pourtant, pour tel ou tel cabinet d' ''avocats en ligne'' (!) défilant en bandeau dès l'ouverture de la page d'accueil. Un petit coup de google sur ces ''cabinets'', tous étaient dénoncés comme escrocs. CQFD. J'ai alors moi même dénoncé le site "rabatteur" pour lequel j'avais naïvement milité avant. Internet, un bon flic, ici pour le meilleur. Il est épinglé à présent, malgré des compères qui ont envahi en masse d'autres sites pour en dire le plus grand bien, de bonne guerre. C'est le site qui arrive en premier, je ne puis en dire plus.

D'autres en revanche, et même celui-ci parfois pour ferrer le chaland donnent ponctuellement d'excellentes infos. Il faut seulement trier, vérifier, re vérifier, au fond, c'est passionnant mais cela donne une image terrible de la société. Je me souviens notamment de ces jeunes (30 ans) condamnés à verser une ''pension'' à une belle-mère veuve -la femme de leur père décédé- plus jeune qu'eux! toute sa vie... qui avait également l'usufruit de la maison familiale; ruinés, définitivement spoliés par l'impensable folie d'un homme âgé manipulé, leur père... C'est la loi.

 VÉNALITÉ 

Une discussion un peu ''perso'' avec un couple venu s'asseoir pendant que j'écrivais, dont la femme s'imposa, elle voulait parler. Intarissable bien qu'intéressante... sauf que son histoire n'avait qu'un rapport très lointain. La justice aurait été de connivence avec son contradicteur en raison de sa position "politique", celui-ci n'étant pourtant que simple employé de mairie ; ce n'est pas du tout ce qui m'est apparu perso mais le temps a passé... Impossible de l'arrêter. Sagace cependant et sans illusion. Ce qu'elle vivait était certes un drame dont elle soulignait la dimension incommensurable par rapport à ''mon'' affaire, grave mais ''pour moi'' seulement selon elle. J'ai rectifié, ''pour tous'', elle en a convenu. Elle est finalement partie en me disant en riant que si la télé venait, elle aimerait bien être prévenue pour qu'on la voie aussi en arrière plan. Elle veut qu'on lui rende justice dit-elle, ce qui n'a pas été le cas jusqu'à présent. Une triste affaire familiale. Lorsque des gens se livrent ainsi -ce qui est bien aussi, ne serait-ce que pour eux- les autres ne peuvent -ou n'essaient même pas- vous approcher. Ils font barrage. Mais parfois il arrive que l'on se fasse un peu manipuler. 

Note après coup. C'est ici le cas. Cette femme, je m'en suis souvenue longtemps après, n'était pas elle même blanc-blanc, quoique cela ne signifiât pas qu'elle fût en tort pour son affaire. Fait unique, pour mon livre sur le Puits de Célas -un puits de mine où en 44, 32 personnes au moins, la plupart des résistants morts sous la torture, furent précipités- elle m'avait proposé un témoignage inédit, celui de son père qui, assurait-elle, en savait long.. Payant ! Ça ne m'était encore jamais arrivé et ne se réitéra pas. Évidemment j'ai refusé -les gens qui cherchent à monnayer des infos ont forcément tendance à amplifier pour mériter leurs honoraires ou allécher le journaliste, elle avait insisté, "je vous assure, c'est de l'inédit et du croustillant" et je l'avais black listée. Je m'en suis souvenue après coup. Elle me mettait mal à l'aise mais je ne voyais pas pourquoi, un sentiment assez vague. Du coup, toute son affaire familiale est à revoir à la baisse.

 Mais un homme cependant a passé carrément la barrière de la dame, un homme d'action! Un monsieur très particulier, venu sans doute exprès en vitesse, il a à faire ; trois minutes de discussion, c'est tout, et c'était fondamental, décidément, ça se dénoue. ''Je connais votre affaire... et ça commence à bien se savoir à présent... pour tout dire, on en parle beaucoup...'' Ouf. Je ne sais pas qui il est, tant mieux. Il me fait une proposition intéressante, c'est la première fois et c'est la seule à faire d'emblée en effet. Ça m'a requinquée, après la dame et son drame. Maïa passe à la fin, tout va bien.

15 août

Le jour J. de Saint-Ambroix... le seul où on sait pouvoir aller manger, acheter des clops, prendre un café même à 15 heures ou 1 heure, où on se sent un peu comme à Pigalle, les sex shops en moins. D'ici -1 km- j'entends le bruit, la musique foraine, moins forte qu'autrefois pourtant, comme on dit "ça baisse", même le 15 août folklo avec ses chars, ses manèges, ses gus bourrés... n'est plus ce qu'il était. 

Curieux spleen ce matin. Le syndrome de la "solitude du coureur de fond" en somme, ce syndrome qui est réellement "reconnu" à présent depuis "Secret de famille" (!) j'aurais dû demander des royalties, il paraît que ça se fait aux US de prendre un brevet sur un concept... Et ça m'arrangerait bien en ce moment! Fichu "syndrome" qui parfois fait que, devant la ligne d'arrivée, conscient soudain de l'inanité d'un combat, on refuse de la franchir, la bagarre qui va cesser et qui a absorbé toute l'énergie durant des mois a fini par devenir une seconde nature, une compagne agréable, l'érotisation d'un combat est nécessaire pour pouvoir le mener à bout et lorsqu'il va enfin cesser, le vide béant qui menace angoisse.. Chance, chez moi, il se transforme, se déplace. Allez, go !

jeudi 3 février 2011

Le blog sans images partie 7

Différences de cultures

La fête... les gens attendent les chars. Certains prudents se sont garés... à 1 km ! Un gus en voiture avance péniblement, il y a au moins vingt centimètres de chaque côté mais il hésite...
Je me gare dans le village, une jeune garde municipale me demande gentiment ''si je compte rester'' je lui dis non, juste décharger, elle consent. Je trouve une place vers la gare, pas trop loin... Je m'installe sur le perron avec mon affiche, relativement discrète. Des femmes arrivent excitées avec des gamins qui boudent, ils préfèreraient les manèges, cris, disputes... J'ai mis mon chevalet un peu en évidence et je leur propose de le pousser car il gêne la vue, c'est elles qui ''s'excusent'' de me déranger et qui grondent le gamin assis derrière moi sur les marches qui balance les jambes... ''Tu déranges la dame, si tu continues, je vais aller te coucher''. Injuste, je n'ai pas plus de raison d'être là qu'elles.
Différence de culture, les gens ici sont tolérants, presque trop, c'est bien ce qui fait illusion. A Paris, je me serais faite disputer. Mais ils auraient lu l'affiche et l'auraient commentée... voire plus. Là, non.
Je me détache des obsessions quotidiennes; les désagréments ne semblent ne plus me toucher comme avant. Je ne retrouvais plus mon téléphone ni mon porte-monnaie -il y a ma carte bleue dedans- cela ne m'a nullement inquiétée, j'ai dû le laisser au Ranquet, c'est tout. On s'habitue au stress qui remet les choses à leur place. Ainsi après les inondations, mes locataires galeristes ultra maniaques ne se sont-ils plus souciés des consciencieux pipi de mon caniche aux quatre coins de leur beau cagibi, source d'innombrables remontrances : ils n'avaient plus de cagibi mais un tas gluant infect de boues et gravats sur lequel, plus que jamais fidèle au ''poste'', le petit poilu affairé, nez frémissant, levait à toute vitesse une patte puis l'autre. Ils ont même ri, ce qui était fort rare chez eux.
Passe l'inévitable, LE mimitant, je laisse le lapsus, c'est ''militant'' bien sûr, qui lit et m'annonce qu'il fait partie d'un comité anti chômage que je dois contacter d'urgence si je ne l'ai déjà fait... Il a occupé la bourse du travail en 2003 et me raconte, brièvement parce qu'il veut voir les chars tout de même... OK je vais les appeler tout de suite et là il précise qu'ils n' ''ouvrent'' pas avant septembre. Je me marre. Il me recommande alors chaudement le député Bidile-qui-fait-tout-pour-tous, une véritable multiprise, que j'avais déjà contacté et qui n'avait même pas daigné prendre l'appel... Pas grave, mais Géraldine, pour le foyer de jeunes travailleurs qu'elle dirigeait, menacé de fermeture, l'avait littéralement harcelé, elle le connaît fort bien car il a été son employé, en vain, il n'a jamais levé le doigt pour sauver les 70 immigrés. Ca s'était terminé assez ''hard'', j'y étais, "fils de pute" très exactement, la copine a du vocabulaire, et les types ont effectivement été jetés dehors. C'est ce que je tente de dire au ''mimitant'', encore faut-il l'empêcher de me couper sans arrêt, qui me répond doctement que ''sur ce point, il ne peut me fournir aucune information'' comme si j'en requérais. ''Mais je ne vous en demande pas, je vous en donne !'' "D'accord mais ça dépend, Bidile peut être excellent pour les coupures d'eau et d'électricité.'' Brave Bidile. ''Oui, mais les immigrés peu vendeurs, sont passés aux pertes.'' Je croyais l'avoir ulcéré, mais non, il a bon caractère et il signe la pétition en expert.
Pourquoi ont-ils tous ce ton scandé, gentil mais docte, répétitif, coupant tout le temps la parole, cette allure négligée, rouge et cette impudente innocence ? Celui-ci me cite pour finir une phrase -qui ne veut strictement rien dire- attribuée au ''Che'', son héros, un ''très grand philosophe'', la répète avec délices car j'ai dû avouer que ''je ne la comprenais pas'' et menace de me l'expliquer. J'ai été sauvée in extremis par le gong, les chars qui arrivaient. Bruit infernal. 
Les gens passent, peu m'abordent, ils sont occupés par la fête. Je m'en fous, je voulais juste être là. Je préfèrerais être à la maison.
Et puis finalement une bonne surprise, le panneau que je croyais volé -c'est une assez belle planche- a tout simplement été déplacé plus loin, visiblement par des gens qui voulaient qu'il soit plus en évidence ! C'est Dédé qui me l'annonce à sa manière un peu brute... 
Drôle de gars, intéressant, brillant, presqu'un ami, mais sous des dehors bravaches, un égocentrique obsessionnel comme jamais. Un être comme je n'avais jamais vu avant et qui ne se conçoit pas ailleurs. Un village fermé convient tout à fait à ce genre de rescapé de la vie. Il a sans doute dû faire de la prison, les gars, enfin certains, en sortent brisés, solitaires, effrayé par leur ombre et aussi imprévisiblement agressifs, parfois sans aucune morale pratique : c'est chacun pour soi, même si lui met tout de même les choses parfaitement à leur place, en théorie du moins. Il ne faut pas lui demander autre chose, son agressivité surgit alors immédiatement, incontrôlable. Je connais à présent le mode d'emploi. Au fond je l'aime bien parce qu'il ne se paie pas de mots.

''Ils devaient être bourrés, évidemment...'' dit-il de ceux qui ont déplacé le panneau sans observer qu'ils l'ont justement apposé là où il était bien plus visible. Pour tout ce qui ne le concerne pas, il ne daigne jamais exercer son intelligence pourtant redoutable, si bien qu'il se fourvoie sur tous sauf sur lui-même, sa propre introspection étant particulièrement fouillée, digne d'un psy pointu ou d'un philosophe. Les autres au fond ne l'intéressent pas ou plus, ce qui ne l'empêche pas d'être très sympa à condition qu'on ne lui fasse pas "violence" et pour lui la violence, c'est de lui demander de mettre ses actes en accord avec ses propos, si peu que ce soit. Témoin de quelque chose d'important -pour moi-, il m'a dit d'emblée, fort agressif -contre moi!- "je vous préviens, je n'ai rien vu, ne comptez pas sur moi!" -nous étions "amis" à l'époque et en un sens on l'est toujours- et à ma réponse hard "en ce cas, virez illico", il a changé de cap à 180°, sans se fâcher, j'avais des arguments, il fallait en tenir compte, profit et pertes, il devait juger que la perte ici excédait le profit. Que dire? Qu'est-ce dans sa vie qui l'a à ce point abîmé? Je sais, je devine. La prison mais autre chose sans doute. Cela ne l'empêche nullement de me parler de lui longuement, c'est intéressant, ce qui n'est pas le cas de tous, et vice versa du reste.. et d'éprouver pour moi une sincère amitié et vice versa aussi. Mais en 40, juive, je ne serais pas allée toquer à sa porte. Il faut seulement le savoir. Il a peur, c'est tout. Le cache parfois et puis finalement l'avoue car il est assez intello et n'éprouve pas la honte habituelle des mecs dans ces situations, ça doit être pour cela que je l'apprécie, en un sens, bizarre mais c'est ainsi. Comme on apprécie un beau chien dangereux et trouillard dont on se garde pourtant les soirs de pleine lune.
Génial, je récupère le panneau. J'ai donc ici des ''amis'' inconnus, discrets et efficaces car ce n'est pas la première fois que cela arrive. Ça me donne du courage.
La technique: de plus en plus, des gens sortent leur appareil photo pour prendre l'affiche et le blog avec. Plus de stylo, juste le numérique. Certains surfent directement. Plus de paroles non plus. En un sens, c'est bien. Ça repose.
Un peu triste aussi : la jeune et belle serveuse qui s'était souciée de moi -"où elle est la dame qui fait une grève de la faim?" avait-elle demandé un jour que je m'étais installée dans la petite salle où personne ne va- a quelques ennuis. Etre saisonnier n'est pas le pied. C'est la plus sympa, la plus ouverte et la plus intéressante de tous. C'est peut-être pour ça. 
Et une rencontre pour finir, le plus importante peut-être, le maire d'un village. Extraordinairement féconde à tous points de vue, tous les élus ne se ressemblent pas, je retire ce que j'avais écrit hâtivement. Sans doute décisive. Le moral soudain... Et la fatigue aussi.

Lundi 16 août

J'arrive tard, les blogs à corriger... vérif des visites, messages etc... Une rencontre avec deux femmes d'Arles qui signent la pétition. Que c'est facile avec ceux qui ont ''le net'' et combien les autres se sentent-ils et sont-ils exclus ! Deux ''castes'' se forment, ceux qui peuvent être informés au jour le jour, et ceux avec lesquels il faut passer par le direct, les discussions devant l'affiche, les explications parfois longuettes. Et encore ! Jeannot qui pourtant a le ''net'' -mais il le manipule mal- et me soutient depuis le début vient juste de ''découvrir'' l'affaire (!) en venant à la maison et en observant que le mur était REFAIT. Malgré nos discussions, il n'avait pas saisi, il faut à certains le réel, la vision directe de la chose pour que l'intellection se mette en marche et cependant c'est son village et c'est à un jet de pierre de chez lui. On est tous un peu ainsi, mais là tout de même. Cela explique qu'il ne s'intéresse pas à la Tchétchénie, ce n'est pas parce que ''c'est loin'' mais c'est parce qu'il ne la ''voit'' pas. La rue Désiré lui semble aussi éloignée de la place de la Mairie que Grozny et pas beaucoup moins distante que la Russie. La distance est dans la représentation réelle de la chose à partir de ce qui en est dit. Pour certains, la parole ne ''signifie'' pas [elle est insignifiante] ou plutôt ne ''représente'' pas [c'est une image vide]. Dire ''ma maison se démolit'' n'est rien ; la voir démolie est tout. C'est pour ceux-là qu'il faut une vidéo. Certes on est tous un peu ainsi mais là c'est extrême.

C'est peut-être la raison pour laquelle ''on'' répète beaucoup [une chose dite une seule fois ne compte pas] ou que les gens parlent parfois un ton trop haut [un événement exposé à plat n'est pas réel et ne saurait être dramatique] ou gesticulent, le geste est parfois déclencheur de la représentation donc de l'idée. Il faut donc y aller à coup de marteau. Cause ou conséquence ? ce sont les gens les plus démunis à qui il ''en'' faut le plus. Et justement Jeannot est dans une situation très difficile. En fait, il m'a soutenue par simple et directe amitié, de confiance; ceux pour qui la parole ne dit rien remplacent la réflexion par la foi. Ils ne ''pensent'' pas, ils s'alignent. Ça peut tomber bien ou mal. Une simple question de hasard ? Non, pas pour lui, il juge par les actes, signe d'une certaine sagesse. Je n'ai jamais forfait, je n'ai pas de casseroles = je suis ''bien'', dans un combat, il sera ''avec'' moi et fera ''siens'' mes ''ennemis''. Malaise tout de même. Certains peuvent aussi ''juger'' par la famille ce qui est profondément injuste. Ma famille est ''bien'' donc je suis ''bien''.

Qu'il est confortable de voir quelqu'un surfer directement et venir déjà informé signer. Du coup, on privilégie forcément ceux-là et on blesse injustement les autres. Les deux jeunes femmes me disent que j'ai du courage, sympa -mais inexact-. L'une d'entre elles a vécu [mais au travail] une situation qui hélas me parle et me touche : ayant aidé une collègue à attaquer le patron aux prudhommes [elle a gagné] elle a ensuite été harcelée par celui-ci avec l'aide de la femme pour qui elle avait ferraillé, liguée avec le boss qui tentait de la faire virer pour ''faute''. Ca me rappelle quelque chose (lien)

TRANSMISSION DE PENSÉE

Un couple toulonnais, ils lisent, lui surtout, fort attentivement, j'ai cru qu'il était prof, mais non... La conversation est si longue que je leur propose la pétition, mais ils veulent surfer avant. Puis, lui me dit avoir une sciatique, je lui indique le truc de la planche et leur parle des blogs et du succès de certains, en précisant qu'il faut ''enlever'' les visites -en masse- du Kurdistan... 
Et là, un événement stupéfiant, la conversation dérive sur ma visite et la manière émouvante dont j'ai été reçue, mon épuisement après l'avion de devoir répondre aux questions de tous accourus pour me voir, et en anglais etc... et la réflexion comique de Sathar qui demande à sa femme [la douce Sohar observe que je suis claquée et leur demande de me laisser enfin aller dormir] de ''me faire un café bien fort'' [mes yeux se ferment par moment] il avait tant à me dire encore sur ses combats etc (!) ... ET EXACTEMENT AU MEME MOMENT, LE TELEPHONE SONNE : C'EST LUI qui, à 1000 km, a l'air de vouloir s'introduire dans la conversation !!! Ca arrive parfois, surtout avec lui. Un signe sans doute, de quoi ? Je suis sa "sœur" officielle et chez les kurdes, ce n'est pas de la blague [il n'eût pas été convenable de voyager avec lui sinon]. J'avais souri de cette "proposition" [en fait, cet "ordre"] mais il faut croire  que ça a l'air de marcher. Transmission de pensée ? Les blogs? Quel est ce lien mystérieux qui le fonde à m'appeler juste à ce moment ?  
Toujours les mêmes histoires aux troquets, des saisonniers exploités, tout le temps renouvelés, des heures sup non payées etc... mauvaise ambiance, on le sent. Déçue de la part de certains, quoique j'ai eu quelques info significatives à ce sujet, mais issues de gens assez peu fiables. Sauf que là, l'info est en train de se croiser. 
Le monsieur au "respect" [voir au début] passe, sourit, et me dit: "respect", justement ! Je râle un peu : "qu'est ce que ça veut dire ? Dire je vous respecte c'est dire une évidence* etc..." Mais visiblement il a lu mon post-réponse (?) et il rectifie : "ça veut juste dire que vous vous débrouillez bien avec l'ordi." Donc "félicitations" OK. Décidément, je ne "parle" pas pour rien parfois -ni lui- et ça c'est bien. Rare aussi !
* Il m'avait reproché un passage du blog, depuis enlevé, en me disant "je vous respecte, moi... -sous-entendu je devais en faire autant-" et j'avais observé que préciser une chose aussi évidente était hautement suspect : c'était supposer qu'il pourrait ne pas le faire ou en tout cas se placer dans une position telle qu'il m'accordait OU NON le "respect"... C'était comme dire "je vous laisse la vie" etc...     
Il n'y a pas grand monde au fond si je compare avec mes souvenirs d'enfant -je ne vais jamais à la fête depuis la mort de Marguerite qui ne l'aurait ratée pour rien au monde...- à moins qu'à présent, j'évalue différemment le nombre de gens? 

Saint Thomas

Un cas: un St-Thomas, la cinquantaine sonnée, arrogant -ingénieur des mines me dira-t-il lorsque je le lui demande-... qui ''ne croit pas'' mon histoire, ''c'est trop énorme, voyons''. Le fait est. Je lui montre la facture, par chance, je l'ai. Il le ''croit'' puisqu'il le ''voit'' mais ''voyons, c'est une erreur''... Ca oui ! ''Et que dit le Maire?"  Je ne réponds pas, tanquée. "Parce que tout de même, le Maire est une personne morale, pas un quidam comme vous etc"... Il suffit de... en somme... Car vraiment, "il ne comprend pas et ne peut croire... etc... une erreur, vite réparée.. voyons noyons..." -je laisse la coquille-... Je me suis énervée. C'était sans doute son but, abruti à ce point, ça ne se peut pas. Il part en riant bizarrement. Un "asperger" borderline obsessionnel de l'ordre et de la hiérarchie ? Ca peut se trouver parfois chez les matheux, les juristes ou les policiers. Ou un homo refoulé viré misogyne intégriste ? Plus rare, et rien à voir avec les matheux, mais... Ou les deux? Mystère. Rare, unique tout de même. Malaise. Il est parti ne pouvant pas croire -ou le feignant-... en précisant "400 Euros, mmm..." J'ai rectifié "non, 4000" [discalculique? ça se trouve même chez des matheux] et il m'a répondu dans une veine très kantienne que "ça  ne changeait rien" en quoi il n'a pas tort.
Et puis à nouveau, une autre face de la vie : un copain retrouvé que je n'avais pas vu depuis 30 ans. Il ne vit pas ici et ne vient que très peu, deux jours par an, le 15 août. Il n'a pas changé, il est exactement le même, sympa, agréable, positif et snob. Je ressens devant lui exactement le même malaise -léger mais durable, disons après-coup- qu'autrefois. Le temps s'est arrêté. 

Pas une très bonne journée en somme malgré les deux arlésiennes. Ça arrive. Je pars vers 1 heure après le feu d'artifice -qui coûte combien?- et arrivée chez moi, trouve ma serrure bloquée. Quelqu'un a-t-il essayé de la forcer en vain ? culotté, avec les chiens derrière. Je tente de la débloquer, impossible. Je passe par l'autre porte mais le couloir est fermé et la clef est engagée. Impossible de la faire tomber. Démontage, un jeu d'enfant mais repousser cette foutue clef, niet... sauf que le bout apparaît au fond, très visible et après une dizaine d'essai avec une petite pince coupante pointue, miracle, un clac et la porte s'ouvre. Tout va bien. J'y ai mis 2 heures, et avec les phares pour la partie extérieure du boulot. J'avais appelé José et Frank mais ils étaient à la fête sans doute. Pas mécontente finalement d'y être arrivée seule. 
Cris me dit ce matin que "j'aurais dû l'appeler", je le rembarre, les discours "taraf" [mot iranien qui signifie "formels" ou "qui proposent quelque chose que l'on sait impossible"] raz le bol, il encaisse, le pauvre, je suis dure car ce n'est pas sa faute.
 

Mardi 17 août
LES LIAISONS GANGEREUSES

C'est mardi. Dans la boîte, une lettre retransmise par l'avocat de mon voisin, celui qui m'a assignée pour une affaire bouffonne juste au moment où je m'attaque à la mairie. C'est une amie d'ami, Micheline, que j'avais un peu aidée autrefois et qui, briefée, me tacle, un téloignage, je laisse la coquille, totalement hors-sujet, il fait avec ce qu'il a. Ce poulet n'a aucune importance pratique mais psychologique, une immense. Elle a donc cru ceux qui l'ont briefée et le dit naïvement [on voit ainsi comment ça s'est passé et ça la dédouane un peu.] En gros, tout ce qu'elle écrit est vrai, il y a juste une inversion des répliques dans la conversation qui lui a été rapportée. Un transfert impec, il est "moi" et me fait "lui". Le processus est banal, à quelqu'un de fragile, on relate des soi-disant propos d'une tiers à son sujet afin de le persuader d'écrire un poulet contre lui pour un procès qu'on lui a intenté... qui du reste n'a rien à voir avec les griefs suscités.
Vais-je devenir comme Frédérique qui tient à bonne distance ''ces gens-là'' tout en maintenant avec eux des relations polies, dosées a minima, petit sourire rapide lorsqu'elle les rencontre au supermarché et salut car Frédérique, malgré tout, mange et l'inconvénient de devoir faire ses courses est d'avoir parfois à côtoyer la gentuzza [encore qu'en général elle ne se serve pas aux mêmes endroits.] 

Après-coup, je comprends ce qui s'est passé pour Micheline et ne lui en veux même pas. On lui a retiré la garde de ses gosses, à mon sens injustement car elle n'est pas une mauvaise mère, juste une mère "addict" qui n'a pu s'empêcher d'avoir sept ou huit gosses et malgré un courage au travail énorme, n'a pu assumer perfect, personne ne l'aurait pu, ce qui n'empêche que ses enfants, elle les aimait. Mais voilà un ex sincèrement inquiet ou opportuniste, des assistants sociaux qui s'en mêlent -on savait bien qu'elle et ses gamins vivaient bohème, qui l'ignorait? mais tous avaient l'air heureux- et qui pointent les lessives en retard, du linge mouillé un peu moisi oublié dans la buanderie, des souris parait-il, les petits parfois pieds nus, pizza et au lit les soirs de fatigue ou devant la télé à minuit, la dernière-née légèrement malade etc, et soudain se dessine le portrait d'une mère infantile et incompétente. Lui présentait de meilleures garanties, forcément, il avait de la réserve. Du coup, elle cherchait des attestations -je lui en avais d'ailleurs fait une, comme à lui-. Une mère à qui on a retiré la garde de ses enfants est une proie facile.  

Au fond, l'éducation nationale protège. Ou est-ce ma famille? Les intellos, du moins les profs, formeraient-il un monde à part fait de gens dont la dignité morale qui me semblait naturelle [puisque je n'avais jamais rien vu d'autre autour de moi] serait en fait hors norme? Deux ''cas'' me sont tombés dessus il y a peu, le voisin que l'on sort du merdier et qui vous tire dessus juste après avec l'aide, -une lettre- de ceux qui l'y ont plongé [un marché de dupes car supposer que celui pour lequel on forfait n'agira pas de même contre soi lorsque vous aurez le vent contraire est d'une émouvante candeur.] Ça n'existait donc pas seulement dans des séries TV ou chez Shakespeare, ces figures. Ici, on a deux cas impressionnants, le voisin et ensuite, plus intéressant encore, la minime séide recrutée par lui contre moi, à qui j'ai aussi rendu un service -mais ici, un petit, juste un peu d'argent pour acheter une auto-. Ce qui est passionnant est que les propos méprisants que la recrutée me prête sur elle ont bien été tenus en effet... mais par celui pour lequel elle roule, qui l'a persuadée qu'ils étaient "miens" quand je me suis au contraire violemment insurgée lorsqu'il les a proférés devant moi à son sujet [une "caraque" etc..] On est bien dans le transfert. Autrement dit, le racisé inconscient épaule le raciste pour éreinter celui qui l'a défendu, tout comme le dolé soutient le doleur contre celui qui l'a tiré du pétrin. Deux fois de suite en somme, par ricochets successifs. Syndrome de Stockholm. Et en peu de temps. 

Qu'est-ce à dire? Le concept d'honneur ou simplement de justice se trouvant défaillant chez certains, il est alors remplacé par l'intérêt ou parfois la courtisanerie. Dans ma famille comme chez beaucoup de cocos, de vrais cathos ou d'intellos de gauche, la morale -qui ne disait même pas son nom tant elle allait de soi- sous tendant tous nos actes, on en était si pétris que je la croyais naturelle, commune. Les exceptions rarissimes que l'on ne pouvait éviter, les faits-divers, n'existaient pas vraiment, on ne s'y intéressait pas, "ça" se passait ailleurs, leurs sujets étaient eux aussi ailleurs, en prison sans doute ou en n'importe quel lieu où on n'avait pas accès et qui au fond lui non plus n'existait pas vraiment. A 62 ans, aussi invraisemblable que cela paraisse, j'ignorais qu'il existât couramment de tels personnages sauf dans la littérature -les liaisons dangereuses, par exemple mais il s'agissait de passion amoureuse, seule entorse envisageable dans certains cas rarissimes à l'honneur, et d'aristo dégénérés-. Erdal le kurde, amusé, "tu es une petite fille" (!) me l'avait appris. Le voisin et à présent Micheline aussi, mais là, en acte. Intéressant. 

Nulle méchanceté réelle ici, juste la souffrance et la peur de l'autre, surtout s'il possède un petit pouvoir, ainsi sans doute que le désir passionné de se hisser à une caste toujours inassouvi d'où frustration et haine. Cela part d'une fascination et au fond c'est poignant. Ainsi ai-je parfois haï mon père après l'avoir tant aimé en vain.
Volontairement, je ne veux pas aller devant la mairie ce matin. Il y aura sans doute P., que j'aime bien pourtant et je veux me débrouiller seule, comme pour la serrure. Orgueil mal placé ? peut-être. Mais où le placer au fait ? Ainsi n'aurais-je pas à remercier un politique. Je commence à m'endurcir. Est-ce un bien ? Peut-être. 

J'ai vu Mme Barrier qui m'a saluée comme d'hab. Au point où ça en est avec les ''mimitants'', je m'attendais presque à ce qu'elle m'ignore. Peut-être ne s'agit-il que du déchirement de quelqu'un qui a espéré une mairie de ''gauche'' depuis 64 ans. Il est difficile de consentir à perdre ses illusions à 78 ans. Ou elle a peur, elle semble sous l'influence d'une fille compliquée qui a eu quelques ennuis avec son ex, je ne sais pas tout et qui la briefe contre tout engagement non prévu, non conforme. Et cependant, mon histoire ne dit rien de précis sur la ''gauche'', seulement que certains qui se disent tels ne le sont pas, et ceux qui se disent de ''droite'', non plus parfois. Mais on préfère toujours avoir des amis que des ennemis évidemment, surtout s'ils sont maires. Je deviens de plus en plus dure c'est à dire lucide tout simplement, mais sans -trop- d'amertume.

CE QUI IMPORTE DANS LE DISCOURS, 
C'EST CE QU'IL NE DIT PAS

Une rencontre aussi, intéressante, un Monsieur qui me dit que mon attitude lui semble démesurée. Une grève de la faim pour ça ? Il ne comprend pas. Sans doute n'est-ce pas compréhensible ; il me cite Bobby Sands et là, j'embraye : Bobby a fait la grève de la faim parce qu'on les obligeait à vivre dans leurs cellules comme des bêtes et notamment qu'on les empêchait de se laver. On peut aussi dire -peut-être- que c'était démesuré, après tout, on peut vivre sale... Je crois que là aussi c'était -en bien plus grave bien sûr- une question de dignité. De justice aussi, comme pour moi. Pour quoi est-il légitime de faire une grève de la faim? Difficile à apprécier de l'extérieur. En gros, c'est lorsque l'on juge avoir été gravement bafoué dans son être quelle que soit la manière dont on l'a été et qu'on n'a aucun autre moyen autre de se défendre, du moins dans l'immédiat. En effet, j'ai jugé que mon affaire le méritait, à tort peut-être. Il me dit que lui effectivement a la chance de ne pas avoir de problèmes, il vit dans une maison isolée, n'a pas de voisins, une retraite et avec la mairie -les Mages- tout baigne. OK. Sans doute les didascalies pourraient-elles être inversées, je pourrais être lui et lui, moi. Le hasard, un ''bob'' -je laisse la coquille- hasard.

Ici, tout ne baigne pas et on est dans la zone. Il repasse et me dit qu'il n'a pas le temps aujourd'hui, la conversation l'a intéressé lui aussi et il reviendra demain. Je lui donne les blogs. Une observation : ce qu'il me dit et que j'admets tout à fait, m'a déjà été dit mais d'une autre manière mais inacceptable. Réflexion de qui cherche réellement à comprendre d'un côté et de l'autre, malveillance et tentative de culpabilisation et de déstabilisation, ça fait toute la différence. Mais peut-être est-ce simplement relié au fait qu'il est intello -donc a les mots et le ton- tandis que l'autre, qui m'avait accablée ne l'était pas... N'est-il pas injuste que j'aie accepté d'un ''pair'' ce que j'ai violemment rejeté d'une autre? Ce qui est important dans le discours, c'est ce qu'il ne dit pas : d'un côté j'ai "entendu" une certaine estime troublée et interrogative ne demandant qu'à être éclairée, de l'autre, la rage et presque la haine. Je ne sais pas, peut-être me suis-je trompée. Je m'en veux a posteriori vis à vis de certains.

DU COTE DE CHEZ MARCO

Marco légèrement handicapé, me dit qu'il est fou amoureux; bien ! C'est une femme qu'il a rencontrée dans un magasin, celle qu'il cherchait depuis toujours. Quelques secondes à peine. "Ça m'a fait comme un choc électrique -dit-il- comme si dans ma tête tout éclatait, comme si je me régénérais".. Il est si heureux, son visage s'éclaire. "Alors, tu la vois à présent?" ..."Non, je ne l'ai vue qu'une fois mais ça a changé toute ma vie"... "Mais tu ne l'as jamais revue?" ... "Non, jamais depuis"... "Et ça fait longtemps?"... "Oh, six ans"...  Je songe qu'elle ne doit même pas savoir ce qu'elle a déclenché, qu'elle ne l'a sans doute même pas "vu", lui... Quelques secondes... 

Manu ferme, je termine. Journée moyenne en somme... Les manèges sont partis d'un coup : comment trouvent-ils l'énergie de tout déménager constamment ? Plus personne soudain. Quand j'étais gosse, devant la tristesse et le vide qui suivaient leur départ, je rêvais de les suivre -je voulais être trapéziste et m'entraînais pour cela-. Au fond, à Paris, j'ai trouvé un ''15 août'' permanent, ça doit être ça...