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lundi 10 octobre 2011

ARTICLE 1

Ce blog de 5 articles réunit 3 blogs écrits pendant une grève de la faim, parfois dans un état d'épuisement, de surexcitation ou de désespoir, d'où son style ; les originaux bruts sont sur blog 1, blog 2 et blog 3 et le texte sans les images relooké formant un livre virtuel est en 13 parties (liens à droite)







CURRICULUM VITAE ET RÉSUMÉ DES FAITS

Pour Louis-Marie Horeau afin que ces choses soient sues, pour Nelly, comme idée de feuilleton d'été dans le style de la télé suisse romande qui excelle dans ces histoires rurales poétiques et sordides, pour Béatrice de Libé, pour tous...

Je suis née à Alès en 48 d'un père dijonnais qui travaillait à l'Est -journaliste- et d'une mère cévenole, instit de St-Ambroix retournés depuis peu au "pays", du moins celui de Lydie qui après un an à Dijon ne s'y adaptait pas. C'est donc à 8 km de St-Ambroix où vivait ma grand-mère que nous habitions, à Clé où mon père travailla à la mine 8 ans. Peu après ma naissance, Lydie tomba gravement malade et ma grand-mère me recueillit jusqu'à 3 ans, âge auquel ma mère, guérie, me reprit, mais tant que nous fûmes dans le midi, je retournais chez Marguerite toutes les vacances scolaires, jeudis et week end. J'avais 8 ans quand mes parents repartirent, mon père ayant repris son travail de journaliste qu'il quitta néanmoins, Lydie ne supportant ni le climat, ni l'exil et la solitude -reporter spécial, il était toujours absent-. Ce fut Marseille qu'ils quittèrent 5 ans après avec la gêne financière qui y avait été leur lot pour St-Ambroix où il fonda une petite affaire vite prospère. J'avais 16 ans et partis peu après en fac puis à Paris où je me mariai, eus 2 enfants et travaillai comme prof 25 ans. Bien qu'ayant hérité la maison familiale et une autre plus petite -louée à une "amie d'ami" pittoresque- je ne revins ensuite qu'à 58 ans après ma séparation avec Robin. D'abord à Anduze ville bénie, puis à St Ambroix où la petite maison se démolissait par les soins d'un promoteur dont le fils peu après devint maire (de "gauche") donc que je soutins. C'est là que l'histoire se situe.

Bienvenue au pays
           
A mon retour al païs, la Mairie de mon village -disons la "droite"- avait exigé de moi.. 4000 Euros! pour une facture d'eau de 2 mois ! d'une maison que je n'avais jamais habitée ! dont il s'avéra que le compteur ne marchait pas ! coupé l'eau -c'est toujours le cas, j'ai juste un filet peine-à-jouir mais parfois éjaculateur précoce- puis tenté d'en faire autant dans ma maison familiale où j'habite ! L'autre était vide, elle l'est toujours depuis 5 ans.. car le père du maire actuel, après des travaux un peu virils de démolition de la bâtisse adjacente, avait ébranlé le mur qui la soutenait -non ce n'est pas un gag- qui se décrochait dangereusement.. sur un parking (image)! ensuite, ce furent mes 3 planchers qui cédèrent (image). Peu avant, j'avais assigné l'étourdi en référé.. qui avait dû reconstruire à ses frais, ouf... Mais c'est alors que mon salaire a été partiellement saisi. J'allai évidemment protester maintes fois auprès de la nouvelle équipe.. où, virage à 180°, on me jeta fortement, très! que "cette facture serait payée un point c'est tout !" Précision: le nouveau maire avait été élu pour assainir la gestion "aléatoire" de la droite, mon cas -une piscine olympique en 2 mois- constituant un paradigme cocasse de cet "aléatoire".. 
En désespoir de cause, éreintée par cette série*, je me suis résolue à la porter en place publique par une grève de la faim.
* Car il y eut parallèlement un épisode bouffon (lien), un voisin m'assigna en référé pour, entre autre, une fresque -voir l'image-.. s'appuyant sur une lettre du maire.. lequel, après ma grève de la faim, lors de notre négociation "amiable" sur "ma" facture d'eau, sortit pour me menacer une pièce tirée du procès-fresque -il s'agissait d'une lettre que j'avais écrite à l'avocat.. du voisin-... Un autre épisode fut l'"interdiction" d'un chemin communal desservant des terres dont une familiale (lien) qui n'ont pas d'autre accès. Dans ces sortes d'affaires s'ouvrent parfois des fronts inattendus et burlesques; le hasard, des scories, soit [il se peut que certains braves profitent que la bête est dans l'arène pour lui lancer une pique en sus] mais il reste la chronologie des faits.

 En cinq images

Le mur se décroche comme un mille feuille                  mes trois planchers cèdent, j'ai eu du pot  
                          
la maison est reconstruite, ouf ! Voir à droite le panneau
"Les nymphéas", un peu tordu et rouillé


*Ma fresque "mise-en-cause", (Atlas portant la terre) "pas dans le style du village", dans une petite rue peu passante ; à droite, un panneau de publicité (5 à 6 m) là depuis 10 ans (?).. -depuis enlevé!- de qui? sur le Portalet (le grand -et unique- boulevard) visible aussi sur l'image du chantier -on peut difficilement y échapper-. Bien dans le style du village ? il faut croire..



And so on...

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 Pour ceux qui veulent atteindre la fin de l'article (!) presser en même temps sur "crtl" [en bas et à gauche] et sur "end" [en bas à droite] je ne me vexerai pas. Et pour ceux qui voudraient aller après le 14 août, cliquez ici et un diapo musical sur Anna Politkovskaia vous attend


Parce qu'il ne faut pas que le quotidien glauque ne bouche -trop- l'horizon, voici pour son anniversaire un blog pour Anna Politkovskaïa (lien) et un autre (lien)

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UNE FEMME DE TROP 
OU UN ÉTÉ PARTICULIER

Attention, ce blog dont la lecture a été ordonnée ou recommandée au conseil municipal a été égayé par quelques tableaux érotiques, softs, rassurez-vous -ou déplorez le- pour éviter qu'ils ne s'ennuient trop. Et comme à Saint-Ambroix, question parité, c'est léger, ce sont des femmes qui sont représentées. Merci qui?


Ces articles devenus "au jour le jour" une sorte de dazibao virtuel [les dazibaos étaient de grandes affiches au départ vierges apposées aux portes des usines par les ouvriers où chacun écrivait ses doléances au fur et à mesure, formant un cahier dont les décideurs se devaient de tenir compte] à l'origine purement saint-ambroisien, ayant imprévisiblement filé plus loin que prévu, cela oblige à des notes inutiles pour certains. 



 Hélène Larrivé in situ

Aujourd'hui mardi 22 juin 2010 à 18 heures

Je commence cette grève de la faim. Rien jusqu'à présent. Tout va bien. Les animaux sont en sécurité. Jo s'occupe de la galerie. J'ai retiré de l'argent. Payé quelques menues dettes. Installé la voiture plus ou moins confortablement. Ça devrait aller. Des messages d'encouragement. Mais un assez sec d'un ami qui me sape le moral, en vain. A-t-il peur et est-ce sa manière de me le dire ? "Ça ne sert à rien, tu vas pas crever pour ça, c'est idiot, les choses n'ont de l'importance que dans la mesure où on leur en accorde" etc... je lui réponds par la phrase de Cyrano ou de Shakespeare : les grandes injustices (parfois) font des unes même si ça ne donne pas grand chose. Mais les "minimes bassesses qui ne valent pas un regret et même pas un souvenir, tues donc acceptées font cependant qu'au soir de sa vie on ne peut sans dégoût se regarder en face. Je ne me bats pas pour ces 4000 Euros mais pour le juste. Ça vaut de mourir ? 1 je ne pense pas mourir. 2 Et puis merde." Ce que je vais vivre ne sera pas pire que ce que j'ai déjà vécu, renvoyée comme une balle par les uns et les autres parfois très violemment, au sujet d'une histoire burlesque mais claire que tous connaissent fort bien et que certains, les nouveaux élus, feignent d'ignorer.. et dont quelques uns (?) on profité.

Le poulet farci, c'est moi... et quelques autres
Par contre, un avis positif et circonstancié du bouquiniste au marché, qui a fait un an de prison militaire pour insoumission, je le connaissais de nom évidemment (Pélissier) mais ignorais que c'était lui, bien que le fréquentant souvent le mardi comme mon père avant moi. C'est Leclerc qui l'a défendu. C'était en 72, période creuse, la naissance de Maï-Linh, 9 tétées/24 h, pas au top de l'actu. Mais quand même je me souviens, on a dû signer quelques pétitions, faire quelques manif Bastille-République.. puis la vie, le boulot, le bébé... et voilà, pendant tout ce temps il croupissait en prison militaire. Un an, malgré le talent de Leclerc, ce qui est "bien" car il risquait plus.

La question essentielle, toujours : celle du suivi des événements de ce type, on se dédouane en signant, en effectuant la traditionnelle marche hygiénique et barka, ça baigne. De même lorsque les gens sont licenciés comme Pierre, Daniel, (ex élèves de Lydie ma mère) : bagarre, articles... puis quelques indemnités dans le meilleur des cas... et plus rien. Et peu après, les types, isolés, désespérés, parfois se suicident.




C'est comme lors de la mort d'un proche, sur le coup, il y a presque trop de monde, on n'en peut plus même si c'est bien, puis enterrement ou crémation... et chacun s'en retourne chez soi. Et parfois dix jours après, on vous lance sans y penser de joviaux "ça va?" J'ai beaucoup apprécié cet ex patron de bar (sulfureux dit-on) qui m'a abordée quinze jours après la mort de Lydie en me disant "je ne vous demande pas comment vous allez." Il venait de perdre son gendre d'un accident et à lui aussi, les joyeux "alors ça va?" quotidiens dans la rue lui semblaient une insulte. Le plus marrant fut cette dame charmante qui me demanda dix jours après comment allait ma mère. "Pas plus mal que ça finalement"... Elle m'avait confondue avec Frédérique, il est vrai qu'en vieillissant, on a un vague air de ressemblance ce qui n'était pas le cas autrefois.

SUBIR L'INJUSTICE, C'EST LA COMMETTRE

J'y vais. Etre devant la mairie m'angoisse autant sans doute qu'eux. Ca tourne dans ma tête, faire du mal aux gens, c'est s'en faire à soi-même... mais subir l'injustice, c'est aussi la commettre... Je n'ai donc pas le choix. Ce qui me manquera le plus est internet, les chiens et les experts. J'ai acheté des bouquins. Go ! Un peu gênée de me mettre en évidence et cependant il le faut et je l'ai voulu. Tant pis. C'est s'exposer... mais redite, subir l'injustice, c'est y consentir donc la commettre et la laisser commettre ensuite contre d'autres puisqu'on n'a pas réagi -même si la réaction est inaboutie, l'important est d'avoir porté l'affaire en place publique, ça encourage les "décidés" et fait réfléchir les décideurs-. C'est ainsi que s'installent et perdurent des systèmes totalitaires, par la peur et la passivité de ceux qu'ils broient ; plus ils sont broyés, plus ils seront passifs.. au point parfois de soutenir ceux qui les broient.. le principe étant qu'à la fin les pommes (je laisse le lapsus) se battent pour leur esclavage comme s'il s'agissait de leur liberté. Cela vaut pour n'importe quelle injustice, ça commence toujours comme ça.. Je me le répète, O Socrate. Ça me booste. Robin m'a appelée trois fois, le record. Pas trop négatif à présent que c'est parti même si au départ il l'était vigoureusement, comme Gérard. Il me bloque parfois. Amour, oui, mais il est des cas où pour aider l'autre, on lui scie les pattes. Jo aussi. Toujours gentil. Tout est réglé. Cela aussi me fait peur. Comme si j'avais organisé... passons.



L'UNION DES CLASSES SOCIALES DEVANT LE FOOT

Au troquet où j'écris et surtout consulte mes mails, ils n'arrêtent pas de crier après les buts, c'est pénible. Louis me dit que j'aurais dû choisir de faire ma grève après la coupe de foot qui mobilise toutes les énergies intellectuelles des mecs, il faut croire assez modestes. Tant pis. On ne peut penser à tout. Je n'avais pas pensé au foot. Ils sont scotchés. Il pourrait péter une bombe, ils ne bougeraient pas, toutes classes sociales confondues pour une fois, c'est touchant. Le suisse alémanique snob et son ami, le jeune coiffeur à queue de cheval, Polo un peu crade et ses béquilles, le vieux mineur intello qui a reconnu "mon" portail au Ranquet parce qu'il ressemblait à la galerie ici, le bel artiste anglais homo et son pote musico, des gitans debout d'excitation, des ouvriers encore en bleu de travail... tous vibrent à l'unisson devant le grand écran de Manu, rien d'autre, même pas le sexe, ne pourrait les réunir de la sorte. Je me sens en effet déplacée mais ils sont sympas. Il faut faire avec. Parfois, des motos s'arrêtent et le gus demande: "ils en sont où?" Un touriste parigot me demande comment je peux me concentrer, j'y arrive sauf quand ça crie trop, trois secondes. Pane et circense.

Mercredi 23 juin 2010

Frédéri
VOTAN, FORCE DE DISSUASION
Beny veut absolument rendre service, il tourne autour de moi et m'ennuie un peu. Il paraît qu'il n'est pas dangereux. Mais il est parfois armé et presque toujours saoul. Manu dit qu'il n'est pas tout seul dans sa tête, c'est une véritable colocation là dedans. Bon. Ce soir -je dors dans la voiture- j'irai peut-être chercher Vôtan, un gentil, mais la conscience professionnelle d'un berger allemand, c'est quelque chose. Un chien récemment recueilli pourtant, et un coup de foudre réciproque. Encore a-t-il donné une leçon de dissuasion au quidam/e qui m'avait agressée verbalement sur un chemin -pour faire simple, un anti-défricheur mécontent que l'on réouvre une voie communale qu'il eût aimé fermée, il y en a des comme ça- : il s'est seulement assis entre le râleur-rageur et son Dieu sans manifester autrement sa réprobation, mais un tank ne l'aurait pas déplacé, sa force et son poids suffisant pour dissuader l'énervé de m'agresser autrement. L'anti-défricheur parti, le regard du chien vers moi quêtant mon approbation "c'était bien comme ça ou il fallait faire plus?", inoubliable ! m'a montré son efficacité remarquable et non violente : il avait fait exactement ce que je voulais de lui, comme si un lien mystérieux entre nos deux cerveaux s'était établi, éternel -il lui est interdit de mordre et même de gronder comme à tous mes chiens, dressage destiné à leur faire "oublier" qu'ils ont des crocs.. et 150 kg de pression dans les mâchoires, ainsi que de tirer sur sa laisse mais là le résultat n'est pas 100%, je tolère -mais je proteste-, après tout un animal n'est pas une machine.- 
La copine de M. me suggère une pétition. En effet c'est la base. Le tract est trop long.
Publié par Hélène Larrivé à l'adresse 13:30 0 commentaires

Le coup de la zone bleue

La scène avec le garde qui a voulu me faire "déménager" m'a rappelé (messages pas dans l'ordre) celle de "Danton" où on voit un jeune soldat bafouillant arrêter un Danton très détendu qui le précède -"allons, on y va, dépêche toi !"- Me faire le coup de la "zone bleue" et du blocage du stationnement... à St Ambroix, c'est mignon, il fallait y penser, même à Paris on descend remettre un ticket de parcmètre lorsque le temps s'est écoulé... et là, il est vrai que c'est gênant. Je vais essayer de dormir. Mon moment de faiblesse venait sans doute de ce que je n'avais pas assez dormi, de la chaleur, et des discours à tenir et à écouter. 
C'est David qui m'a achevée avec son histoire d'entreprise qu'il veut fonder pour devenir enfin riche, ses multiples rebondissements complexes, futurs associés etc.. un mélange de copinage sincère, de mythomanie et de roublardise affairiste. C'est un syndrome d'asperger, pénible comme tous, des gens qui ne savent pas décrypter les émotions des autres et peuvent parler durant des heures de leurs passions sans aucunement réaliser qu'ils vous emmerdent... et qui adorent vous "expliquer" ce que vous savez, surtout s'ils sont comme lui autodidactes. Il m'a éreintée je lui en veux. Pas un mot sur mon affaire évidemment, sa disquette ne tient pas deux fichiers à la fois et le seul qui lui importe est l'argent qu'il va ou ne va pas gagner, ou que je vais ou ne vais pas gagner car il n'est pas fondamentalement égoïste, c'est sa "maladie" -reliée à l'autisme, un autisme soft- qui le rend ainsi. ,Je dois les attirer et je sais pourquoi hélas. 
Publié par HL

Printemps au parking (caduti massi) le mur décroche, des voitures dessous, 2 ans. Il n'y a pas eu de morts, le Dieu de la nature a veillé.

Sympa le magasin d'informatique m'a laissé la wifi lorsqu'ils sont partis, je redoutais d'être coupée à 19 heures. Je pourrai surfer toute la nuit assise sur les marches. De petits gestes comme ça, sans paroles... Il faut les pointer.
Publié par Hélène Larrivé à l'adresse 11:31 0 commentaires

MADAME BARRIER AIMABLE DINOSAURE
23 h
Mme Barrier, jolie vieille dame aux yeux lumineux, de cette classe ouvrière qui lit Lénine comme Dostoïevski, Gorki, Undset... et se délecte à revoir les cassettes d'Eisenstein ou de Ken Loach s'inquiète pour moi. La classe ouvrière qu'on dit parfois inculte ! Souvenirs des réunions à Clé où les mineurs devisaient théorie anarchiste, la fin justifie-t-elle les moyens, les espagnols, les anar, les communistes,  les polonais plutôt catho... Bakounine contre Lénine, Proudhon contre Stirner, et Jésus qui arrivait parfois dans la dialectique... et cette angoisse pour Julius et Ethel Rosemberg surtout dont la photo se trouvait partout... ce furent sans doutes les premières choses que j'aie dû entendre de mon lit juste à côté. Si ensuite j'ai fait philo, ce n'est pas à cause des Larrivé n'en déplaise à mes tantes... mais sans doute en raison de ces débats pointus de prolos qui ont bercé ma toute petite enfance. A Perpignan ensuite, dans la salle des profs, il n'était question que d'emprunt, de taux, de maçons et des côtes d'objets d'art. La chute.


Anic Darnault

Mercredi 23 Juin 2010, 1 h du matin

Trop envie de faire pipi, c'est idiot de ne pas y avoir pensé tout à l'heure lorsque le troquet était ouvert. Je suis rentrée, ce n'était pas supportable, pas moyen de dormir, être un mec a ses avantages.. J'en ai profité pour charger les deux portables, à plat tous deux (presque) et le téléphone. Une surprise rigolote : Cris a trop donné à manger aux chiens, il a l'habitude de ses 30 (?) chats nourris à volonté... si bien que je les ai retrouvés tous les deux affalés et complètement couffles comme on dit à Marseille, certes très calmes, ne demandant qu'à digérer, à peine levés -péniblement- en me voyant. Du jamais vu, d'habitude c'est un concert de jappements  surexcités, à qui me sautera dessus le plus violemment. Téléphone. J'y retourne. Je ne suis pas mécontente d'être partie une heure, il y avait Beny, un gitan souvent alcoolisé et paraît-il pas commode qui traînait... pas trop envie de l'avoir devant la voiture... Il est suicidaire et violent dit-on -mais jamais contre les femmes, à sa manière, c'est un bon type et un gentleman-. Mais imprévisible comme, tous les dipsomanes.

ENTERREMENT, UN CURE UN PEU GÂTEUX
A l'église, seul endroit frais où je suis allée dans l'après midi, (la chaleur! et puis je m'y concentre bien, il ne me manque qu'un café bien noir, il faudrait le suggérer au curé, ça lui ferait du blé pour ses pauvres) il y a un cahier avec des demandes écrites adressées à la Vierge, touchant, des pages et des pages mal écrites avec toujours les mêmes requêtes, faites que mon mari guérisse, que ma sœur aille mieux, que les analyses de mon gendre soient normales, que maman arrive à convertir notre mécréant de père, que ma femme revienne  (cela revient toujours beaucoup dans tous les termes) etc... Ou des évocations de morts avec prière d'intervenir auprès de Jésus pour leur épargner des années de purgatoire... C'est si triste et litanique qu'on n'a pas même envie de se moquer. Tous ces gens malheureux... tant de souffrances, sans doute énormes... cachées sous les apparences un peu arrogantes typiques du village, on découvre leur âme. 
Il y avait un enterrement, l'église était aux trois-quarts vide, ça devait être une personne très âgée, isolée, abandonnée de tous comme souvent... Pendant son oraison, le curé baissait les yeux pour lire à chaque fois le nom du défunt que visiblement il avait du mal à retenir. Il pourrait tout de même faire un effort de mémoire comme n'importe quel prof pour un seul client. Triste pour le peu de famille qui était là. "Nous accompagnons aujourd'hui notre ami ...euh... Marcel Du... Dibois... en cette journée bla bla bla..." 



 Les rabbins sont plus sérieux : celui de l'enterrement de Mamita savait tout sur elle... dit à mi-mot, -gênant, on aurait dit un psy- lorsqu'il m'a regardée pour que je m'avance vers le corps empaqueté de blanc brrr... jamais on ne m'avait fait ce coup. "Une sainte" avait-il martelé avec conviction, louchant vers moi.. raté, même Robin avait souri tant le terme lui allait comme des lunettes à un canard, il en faisait un peu trop le rabbi, mais on avait tout de même payé une bougie "éternelle" -qui devait brûler en Israël- quelque chose comme 1500 F et il fallait nous en mettre pour notre argent. Elle me manque ; ce sont les gens les plus emmerdants qui vous manquent le plus, on ne sait plus que faire lorsqu'ils disparaissent, le gilet pare-balles que vous avez pris l'habitude de vous tricoter vous semble soudain très lourd et pas moyen de l'enlever tout de suite. On n'a jamais vérifié si elle y est bien -la bougie, au mur des lamentations- il le faudra après cette histoire à la con, sinon service après vente comme chez Darty, 1500 balles tout de même. 

SOLITUDES EXTRÊMES 
Ici c'est la routine, pas de chichis, et hop au trou le vieux... euh... Marcel... euh... Dibois. Triste. Mais à Paris c'est pire : dix ou quinze personnes par jour, je ne me souviens plus, meurent sans qu'on ne sache rien sur elles, parfois même pas leur nom avec certitude et ce ne sont pas des SDF le plus souvent. Une assoc s'est donnée pour tâche de se charger de leurs funérailles afin d'éviter que le cercueil ne soit conduit au cimetière comme un encombrant. Quelqu'un fait un petit discours sur la tombe avant la fermeture définitive. Émouvant. "Madeline ou Milène ou Miléna, excusez-moi si je me trompe, vous avez vécu vingt ans au 2 rue de la Tour Maubourg, nous ne savons sur vous que peu de choses, que vous aimiez les croissants au chocolat, les marguerites et les romans d'Agatha Christie, vous veniez peut-être de Hongrie comme votre accent semblait l'indiquer, pardon de vous avoir envoyé un prêtre catholique si vous étiez d'une autre religion etc..." Des gens perdus, cachés, au passé inconnu, ayant peut-être fui quelque drame, avalés, disparus sans laisser d'autres traces en vingt ans de vie que leur goût pour le chocolat et les romans policiers, qui saluaient cependant leurs voisins, leur concierge ou les commerçants. Poignant. Ça s'est révélé pendant la canicule mais ça a toujours été.
Publié par Hélène Larrivé à l'adresse 16:58 0 commentaires




Mercredi 23 juin 2010, 22 heures, chez Manu

10 h
NUIT QUASI PARFAITE ! Le moral est revenu. Sauf un réveil très matinal par les éboueurs mais je me suis rendormie, il faut absolument que je dorme pour résister. Aucune sensation de faim ni même de fatigue, c'est normal, j'ai commencé bas puisque hier j'ai tout de même mangé une minuscule pizza.  (Message pas à sa place, bien antérieur...) J'ai cependant déjà maigri. Pour ceux qui voudraient faire une grève de la faim, une erreur à ne pas commettre est de se fatiguer la veille, de tout ranger chez soi, tout organiser. Ça sécurise mais on part sur de mauvaises bases : le plus dur est le premier jour, non pas à cause de l'absence alimentaire (dans mon cas, pas totale) mais psychologiquement... et si on commence fatigué, on part vaincu. Je n'ai pas encore fait mon panneau, ce n'est pas sérieux, ça fait confidentiel.. et au fond c'est sans doute ce que je veux, je n'arrive pas à me mettre en évidence, ça ne se fait pas en somme une mairie de gauche, zut ! je m'y colle.
 
Ce qui me manque le plus est de pouvoir me laver. Je mesure le courage qu'il faut aux SDF pour parler aux gens tout en étant sales. Je suis allée me doucher vite fait au Ranquet. Une fois propre, la vie revient, on est comme tout le monde, plus assuré vis à vis des gens que l'on suppose également propres eux aussi.

LA PEUR
Le problème lorsqu'on se lance dans ce genre de combat dans un village est non pas l'attaque frontale qui au fond crève l'abcès... mais les scories : les gens typiques qui sont mal à l'aise parfois parce qu'ils ont peur. (Il arrive même, le cas est rare et ici fut unique, que certains en profitent pour vous lancer une petite pique, on se sait jamais, le toro est dans l'arène et ça peut marcher.) Les gens donc parfois ont peur. Peur de vous. Peur à cause de vous. (Ou peur pour vous, les amis souvent, cas le plus fréquent). Peur on ne sait de quoi. Ridicule certes mais... Pendant la guerre, ce devait être le drame des juifs et des proscrits comme l'écrit Gustave Nouvel dans les lettres à Lydie -ma mère, qu'il aimait-, et les mêmes qui redoutent -quoi?  ici, rien ou si peu- devaient alors être littéralement terrorisés. Quoique la sensation de peur n'est souvent pas proportionnelle aux risques réels. Mais pour un pauvre, 50 E qu'on peut lui accorder au service social, c'est énorme. Comment auraient-ils réagi ? Comment aurais-je réagi ? Les gens du village, c'est moi, c'est tous. Plusieurs réactions, je cerne ainsi les gens : la solidarité active, souvent mais pas toujours le fait d'amis ou  plutôt de ceux que j'ai parfois dépannés -pas nécessairement idéologique- la gentillesse superficielle -le plus fréquent-, l'indifférence -rarissime-, ou parait-il, mais ce ne sont que des on-dit, pas forcément exacts ou exagérés, l'attaque indirecte. Il vaut mieux se trouver du bon côté en somme, et certains redoutent des retombées. Il y en a de plus avisés toutefois qui hésitent et redoutent un renversement ;  ils ne savent pas très bien comment ça va tourner. Comme l'écrit Gustau dans une de ses lettres à Lydie ma mère. "Les mêmes qui nous tirent dans le dos un jour viendront se recueillir sur nos tombes avec des fleurs"... J'y pense à chaque fois que je vais au Puits de Célas lors des cérémonies.


Tre de mayo

Paradoxalement mon histoire elle-même, la série qui m'a éreintée, bien qu'en grande partie fortuite, ce fut le hasard, puis la nécessité, dans sa démesure même, joue parfois contre moi : ce que je subis, peut-être le redoutent-ils pour eux-mêmes. J'apprendrai par la suite que mon cas n'est pas rare.
Peut-être aussi des gens en grande détresse, beaucoup, se disent-ils que ces histoires ne les concernent pas vraiment, ce sont des affaires dont ils se sentent éloignés. Il y a peu, une femme, nullement agressive m'a dit en d'autres termes que si on me pompait 4000 Euros, c'est que je les avais, ainsi qu'une maison et qu'au fond j'étais chanceuse. Exact. Mais elle ne réalisait sans doute pas que le même système arbitraire qui fait des lampistes et des lampeurs pourrait se retourner contre elle en pire et lui prendre par exemple son enfant. Quand on est dans la nécessité absolue, parfois, on ne se rend pas compte. Cela vaut pour moi. Je le savais, ce sont les scories obligatoires seulement plus visibles ici où tout le monde se connait et où les gens sont parfois "nature" et ça, tant mieux.
Publié par Hélène Larrivé à l'adresse 04:41 0 commentaires

Tous devant la télé, désabusés puisque la France a fait un bide dit-on. Il y avait des allemands ou hollandais. Le cœur n'y est pas. Plus. Peut-être aurais-je dû choisir un autre moment ? Tant pis.  J'aime ce café, Manu est le premier à avoir offert la wifi à ses clients, les autres ou plutôt un autre a suivi.  C'est sympa, et il y fait frais.

Publié par Hélène Larrivé à l'adresse 13:30 0 commentaires


Enée portant Anchise fuyant Troie en flammes
Mercredi 23 juin 2010

18 heures
Une jeune femme vient me demander des tracts à distribuer. Je suis touchée, elle s'étend sur sa situation sociale pénible, ses enfants lui ont été retirés etc... elle veut faire une grève de la faim elle aussi et se renseigne... Je ressens un peu de vague tout à coup... c'est curieux comme le moral monte et descend rapidement, un cycle extrêmement rapide qui passe de l'euphorie à la tristesse en quelques secondes. Une autre qui a été accidentée pour la deuxième fois sur le Portalet, le boulevard principal, passe, elle est nourrie par une sonde qu'elle garde en permanence et de surcroît, d'une maigreur épouvantable. Il faudrait absolument une déviation. Cela fait dix ans qu'on en parle et nous la promet.

Le pauvre pêcheur

Bien des gens ici sont contraints de requérir de l'aide au quotidien -maladies, infirmités, mal débrouillardise, marasme social-... si bien que les relations sont un peu faussées. Ils ne peuvent pas apporter grand chose ou le croient à tort, en sont blessés et se poser devant eux avec un panneau même si on ne les aborde pas, c'est leur faire violence. La démarche de l'affiche est faite, j'observe les gens. Par moment je me sens seule, l'instant d'après au contraire, portée sur un nuage.

NOUVEAUX RICHES ET NOUVEAUX PAUVRES

Une observation pénible. Il est incontestable que parmi certains amis ou relations, il en est qui sont gênés et même qui semblent avoir honte de moi. Nicole est passée en m'évitant soigneusement, l'air affairée d'une working woman qu'elle n'est pas. Ce que je fais n'est pas "classe", "on" est des bourgeois assez convenables ou elle le voudrait. Je déroge. Tant pis. Mon oncle Guy pourtant a fait trois mois de prison pendant les grèves des mineurs en 48 et "ils" n'en parlaient jamais, les uns parce qu'ils croyaient cela honteux, lui par modestie... un couple uni pourtant, aimant mais de deux bords différents, ça arrive. Ce n'est que sur sa tombe que j'ai levé publiquement l'omerta avec l'aval de Lydie -sa sœur- qui elle aussi déplorait ce silence... au plus grand étonnement de certains qui l'aimaient pour d'autres raisons car il y avait de multiples raisons de l'aimer... et qui ont regretté de ne rien avoir su. Les cévenols ! Drame familial, ici répercuté 50 ans après. Je ne me compare certes pas à Guy, mais comme lui, je fais "quelque chose d'inhabituel" et de public. De pas très convenable au fond. La prison politique, une grève de la faim devant la Mairie, un truc de louf..

RACHEL COHEN, MAMITA
Je dérange la tendance chic ou qui se veut telle -c'est plutôt l'inverse en fait- rien de pire contre les hors-norme que les anciens pauvres devenus riches. Les vrais bourges sont plus cools et au fond plus fréquentables.. je ris intérieurement, songeant soudain à Mamita qui avait eu le cran d'engueuler le rabbin voulant lui interdire -lui interdire ! à elle, une Cohenim! pour qui se prenait-il ce gueux?-.. l'accès à la salle de prière pour le kadish anniversaire de son mari. Princesse orientale avec son arrogance, ses "r" roulés.. et ses cuirs rigolos impavides : "Je l'ai toujours fait dans MA synagogue!".. "Oui Madame; mais ici, heu.. la synagogue ne vous appartient pas".. "Alors à Parrris, vous êtes contrrrre les femmes ?" Mamita dans le rôle d'Antigone, ça valait le voyage, pour une fois j'ai été fière d'être sa belle-fille et, intéressée par l'affaire qui à présent prenait un tour d'Action directe inattendu : "on fait le forcing, chiche?" lui ai-je chuchoté, prête à en découdre avec joie avec le vieux queutard onctueux. Elle n'a pas voulu mais est restée dans le hall, hautaine et méprisante, priant à voix haute et gênant le passage car de la place, elle en tenait, vison compris : "et dirrre que c'est moi qui finance et je ne peux même pas entrrer!" Robin était comme d'hab en retard, il en a pris pour son grade après. Je la regrette : une nouvelle pauvre qui avait conservé ses habitudes d'aristo avec ce que cela comprend de juste féminisme, elle était Rachel Cohen et rien ne pouvait la contraindre à déroger, même pas sa féminitude ni le manque d'argent à la fin. Un bloc. Ici, elle serait coiffée-maquillée impec à mes côtés et offrirait en souriant le thé aux gens venus s'informer.. "C'est insupporrrtable, n'est-ce pas?"

Ce mélange de plusieurs sentiments contradictoires et superposés parfois que je devine, moquerie, admiration, amitié, honte, solidarité, peur... je finis par l'éprouver aussi envers moi-même, ça explique ces hauts et bas. On est ce que l'autre voit de nous. J'ai sommeil. Ce serait bien de faire une sieste mais dans la voiture en plein soleil, il doit faire 40°. Tout à l'heure. Dans la nuit cependant, il fait froid, la couverture n'est pas de trop. Je suis allée boire. Il y avait un magnifique croissant sur la banque, j'ai failli l'arracher et le dévorer. La faim me tenaille depuis ; je n'y pensais pas une seconde avant. Je vais l'oublier dans cinq minutes. Je pense à Milena Jesenska à Ravensbrück et au café au lait que Margarethe lui apporta au risque de sa vie, au "revier" où elle se mourrait.
Publié par Hélène Larrivé à l'adresse 08:47 0 commentaires

Mercredi 4 heures
 Pure merveille, un petit magasin d'informatique m'a laissé la wifi. Il me manquait une aile, le net. Je l'ai à nouveau. Moral à la hausse du coup. Je vais faire l'affiche. Enfin ! Chaleur écrasante. Tant pis. Je crois que je me suis intoxiquée hier avec la peinture dans la voiture, le pot était mal fermé, maux de têtes léger dans la nuit et nausées, cette nuit je le sortirai. J'écris le soir sur les marches du magasin. Ça marche super, quatre barres. 
Publié par Hélène Larrivé à l'adresse 06:48 0 commentaires

JE CRAQUE
J'ai craqué : un café bien fort et j'ai dévoré le croissant. Failli m'étouffer. Samir n'a pas voulu que je paye. Trop gentil. Impensable, le moral est immédiatement revenu au beau fixe. Ne serions-nous qu'un assemblage biochimiques de réactions? L'énergie que coûtent le stress et parfois les gens est incommensurable. J'étais déjà restée sans manger plusieurs jours après la mort de Lydie, mais seule, enfermée volet clos dans la galerie écoutant en boucle Werther, et ça n'avait pas posé de problèmes, aucun. Je pensais qu'il en irait de même ici, ce n'est pas le cas.

Le garde est venu, le nouveau, un blond élégant surdimensionné, comment tiennent-il avec cette chaleur avec leur uniforme, c'est inhumain... il me dit qu'on est en zone bleue tout en regardant de côté, pas trop à l'aise semble-t-il, que je ne peux pas laisser ma voiture garée toute la journée. Je lui propose de la changer de temps en temps, reculer et avancer, il y a toujours des places libres à cet endroit, en plein soleil, ça ne se bouscule pas. Il a l'air emmerdé. Je lui demande de combien est la contravention. 11 euros. Je lui réponds que c'est OK. Il a l'air encore plus emmerdé. Sacrés élus ! J'imagine la scène. Virer une femme qui n'a quasiment rien mangé depuis deux jours, ce n'est pas avec de tels faits d'armes que ces jeunes costauds engagés par vocation de justice vont faire vibrer les belles, on leur casse la baraque. Je suppose qu'ils ont tiré à la courte paille. Je pense à cet élève de STT, brillant, rare dans ces sections, qui est devenu flic, motivé par l'ambiance de Vitry où les loubards font régner leur "loi" et quelle loi... désireux d'en découdre enfin avec eux, mais avec le pouvoir de l'état et de la justice. Je ne l'avais pas découragé, au contraire. Il avait une moyenne de 15 en philo -et partout- et a dû monter en grade assez vite. Qui sait ? s'il était ici, peut-être serions-nous face à face. Marrant. J'aimerais bien, il prendrait une belle engueulade.

Je préfère être à ma place qu'à la leur. Dans toute ma carrière, il faut le reconnaître, je n'ai jamais eu à faire quelque chose que je refusais moralement, merci à l'éducation nationale, qui paie mal mais préserve l'éthique de ses chevaux de combat, ses profs . Heureusement qu'il y avait le croissant. Sinon j'aurais éclaté en sanglots sans doute. Je m'affaiblis très vite.




Publié par Hélène Larrivé à l'adresse 10:54 0 commentaires

Une erreur à ne pas commettre pour les néophyte : il ne faut pas que ce soient les mêmes qui fassent la grève de la faim et qui parlent aux gens. C'est cela qui est dur; parler, parler... et surtout écouter -dans certains cas- épuise.
Publié par Hélène Larrivé à l'adresse 09:52 0 commentaires

Jeudi 24 juin, 6 h et demi
LA FAIM
Des gens m'ont demandé comment accéder au chemin de la Roque. Ils vont y aller. Se baigner ? Pas trop conseillé. Ils me soutiennent. Peut-être faudrait-il une pétition ? Je vais rédiger le texte.
Mais la faim à présent ! mon corps crie littéralement qu'il lui faut du carburant. Je ne pensais pas que ce serait si dur. 2 jours seulement. David est passé, costard trois pièces, ray ban... l'écouter encore parler de l'entreprise qu'il n'a pas.. Il est gras et jovial, content de lui. Mais au fond désespéré. Bien sûr, il me soutient. Il me tardait qu'il s'en aille. Bon, cette grève est un choix, pas de jérémiades... Peut-être aurait-il fallu une autre méthode ? Si je m'épuise, et ça a l'air d'aller plus vite que je ne pensais, je ne pourrai plus me défendre. Mais quoi ? J'ai peut-être eu tort finalement.
Publié par HL à l'adresse 09:35 0 commentaires

Le panneau est fait, minable (trop crevée) mais bien visible. Les gens s'arrêtent. Il suffisait de ça. Super.
Publié par Hélène Larrivé à l'adresse 07:09 0 commentaires




Le livre "Chants philosophiques" est en rupture de stock à la maison de la presse. Je m'en suis aperçue en allant en chercher un pour Milou.. J'ai dû réapprovisionner : c'est si dur, simplement de soulever vingt livres, monter une marche et faire 100 m à pied, pas plus. Plus dur encore de devoir me garer à nouveau, un créneau particulièrement serré. Les moindres gestes pèsent, je n'ai plus envie de bouger, même aller aux toilettes me paraît insurmontable. Monter les dix marches à la poste, juste en face du troquet et surtout cette horrible porte en fer qui pèse tant. C'est fait. Pas encore le courage d'aller poster un mandat pour Fred, la chaleur, la queue à faire.. Il le faudra pourtant. Où trouver la force? Mes relations avec les gens deviennent différentes, plus directes, sans doute la fatigue, c'est comme si j'étais droguée.  Plus de patience, je les rembarre parfois. Le vieux mineur par exemple, qui m'a dit que les gens se foutaient que je crève, que personne ne me plaindrait... en fait, c'était pour me dissuader parce qu'il m'aime bien, j'ai presque crié. "Mais je ne veux pas que l'on me plaigne, je veux que justice soit rendue !!!" Toute mon énergie est soudain revenue d'un bloc. Quant à dire que les gens se foutent de tout et de tous, c'est faux, certains en effet ont peur, les commerçants par exemple, qu'on leur refuse une terrasse, une prérogative quelconque, mais le peuple, lui, réagit. Il n'a rien ou pas autant à perdre. La preuve, presque tous signent. Il s'est excusé et a signé, deux fois s'il l'avait pu. Je vais mieux. Je le paierai sans doute ce soir par un petit malaise. La colère libère mais coûte.



LES CASTES

En fait, les commerçants ou les riches disons, et les marginaux, sont ceux qui souvent ne signent pas, les premiers parce qu'ils ont trop à perdre, les seconds parce qu'ils n'ont rien et  n'imaginent même pas que leur avis vaille quelque chose.. ou a contrario parce qu'ils ont quelques miettes à perdre, des croûtes qu'on leur présente comme des tartelettes de chez Fauchon. Parfois ils se justifient de manière tordue.

Ainsi le marginalissime, un jeune gus sympa, intello, qui me dira plus tard qu'il vit en caravane. Il lit, me questionne, on est en phase sauf qu'il en rajoute un peu trop, il déteste les institutions, les administrations, le système, tous pourris, Kafka, il en fait beaucoup, il veut être libre, du reste il a fondé une micro entreprise de je ne sais quoi pour ne pas être salarié... puis il refuse de signer: par principe il ne signe rien avoir d'avoir bien mûri sa réflexion... et m'annonce qu'il est pressé car il file à la Mairie... où on doit lui établir son barème de taxe professionnelle. Vas y coco. Sans commentaires.

COMÉDIE HUMAINE

Ca se corse. Visite impromptue d'une adjointe, amie d'amie ou plutôt d'ex amie... qui m'a eue à la surprise, je fermais la voiture, elle était derrière moi. Visiblement peu impliquée bien qu'élue -elle milite ailleurs dit-elle et c'est sans doute vrai-.. elle a l'air de vouloir jouer les Kissinger et m'a abordée fort gentiment, apparemment elle ignore tout -et mes courriels auxquels elle n'avait jamais répondu? Mystère, il est vrai que le Sahel est plus important-. Se prévalant d'une amie commune Sylvie Barbe, la belle jeune femme très médiatisée, télé et tout et tout.. qui vit en yourte à Bessèges et qui, récemment expulsée du terrain où elle se trouvait, a eu le courage de la reconstruire un peu plus loin sur un lopin qu'elle a achetés.. Elle me la joue copine et... demande à s'asseoir à ma table où se trouvait déjà une amie. Je refuse : "tu fais partie de l'équipe qui a fait ça et ne t'y es jamais opposée, donc non.." A ce moment, le maire est passé, comme par hasard -c'était peut-être un hasard- et je lui dit que si, devant moi, elle allait dire ce qu'elle pensait à ce monsieur, on pourrait en effet discuter, pas avant. Elle a aussitôt sauté, l'a rattrapé, embrassé..  et ça a duré... duré... Puis elle est revenue et a demandé à signer la pétition, précisant qu'elle avait exigé une réunion du Conseil Municipal parce que l'affaire urgeait. Soit. Visiblement elle va agir. Sincère ? Peut-être, finalement, elle vient de réaliser tardivement ce qui se passait. Mais je préfère la jolie femme noire du préfet, plus nature et sans doute plus sincère récemment débarquée qui habite à la maison Sihol. (Message pas dans l'ordre).

"L'affaire Colonna"

Comédie humaine! Si ces mésaventures me sont arrivées, c'est sans doute parce que j'étais seule et sans fratrie, plus le hasard car notre petit promoteur local-père-de-maire- aurait pu démolir la maison d'un autre, il n'a pas spécialement choisi la mienne, rien de perso là dedans, c'est juste un étourdi... Mais aucun, je parle des élus, ne s'en soucié jusqu'à ce que je porte l'affaire en place publique. Et dans quelques temps, ceux qui s'approchent des canots de survie sans encore y sauter diront que c'est grâce à eux que tout baigne enfin. Ma foi, l'opportunisme, si ça en est, car je suis peut-être devenue parano, a du bon.

C'est la faim peut-être qui me tenaille trop et me rend dure. Un croissant, mon royaume pour un croissant. Je suis absolument certaine qu'il en reste un. Ce serait bien de dormir aussi... Mais le soleil ! J'ai envie de voler un biscuit dans le panier sur la banque et d'aller le dévorer aux WC discrétos.
Publié par Hélène Larrivé à l'adresse 08:24 0 commentaires

Jeudi 24 juin 8 h -20
J'attendais inconsciemment un croissant comme un chien son os, je me demande si je n'ai pas vécu toute cette journée uniquement dans cette perspective, il restait sur la banque du troquet. Je n'en avais pas cependant l'envie quasi incoercible d'hier, j'ai beaucoup bu et le corps s'habitue sans doute.. c'était juste une récompense que je m'accordais après avoir peiné. J'ai même pris un café avec ! Pas trop de honte tout de même... Je dois tenir... après tout, deux croissants en trois jours, c'est tout de même une grève de la faim. S'il y avait quelqu'un ça serait différent mais parler, argumenter, et ne pas manger est quasi impossible, les gens ne se rendent pas compte de l'effort que cela requiert, surtout ceux qui en profitent pour raconter des histoires perso répétitives. Si c'est une question sociale qui se raccroche à celle-ci, c'est bien, mais parfois ça n'a aucun intérêt..  et ça fait dépenser de l'énergie en vain... Normal en un sens de vouloir parler, je suis là, collée, c'est pratique, mais la fatigue... je manque d'énergie donc de patience. Avec un croissant tous les 2 jours ou tous les jours, je supporte tout, même les délires de Beny.
Publié par Hélène Larrivé à l'adresse 16:41 0 commentaires


Ange noir

Les gens sont tous entrain de manger chez eux ou devant le poste s'il y a un match. Plus personne. Ou presque. Soutien d'un jeune agent immobilier. Plus de fatigue. Il y a des gens qui donnent de l'énergie, d'autres qui en coûtent. Maïa va passer m'a-t-elle dit.

jeudi 24 juin 2010
5 heures et demi
UN PV, LES GARDES
J'ai eu un PV. Le garde était plus emmerdé que moi. Sympa. Il devait verbaliser m'a-t-il dit, et disait ne pas le pouvoir -car il ne voulait pas me verbaliser moi- et se faire engueuler. J'ai tenté de mettre la voiture à l'ombre, en face où ce n'est pas en zone bleue, il y avait une place que j'avais repérée mais le temps d'y aller, elle était prise. Je deviens terriblement lente et forcément les gens en profitent. Je suis donc revenue et ô stupeur, la meilleure place devant le troquet mais en zone bleue s'était libérée, juste devant la Mairie, je ne pouvais rêver mieux. Mais il m'a verbalisée, bien qu'à tout prendre, j'aie déplacé ma voiture. Emmerdé. Je lui ai dit que je n'étais pas fâchée du tout, ça l'a rassuré. Apparemment il a des ordres. Vive l'éducation nationale qui ne nous demande jamais d'agir contre l'éthique, du moins ne me l'a jamais demandé.

Je bois beaucoup. C'est important, je n'ai plus cette sensation de vertige permanente d'hier. Fuzia, une jeune femme toulonaise avec qui nous étions en train de parler longuement, m'a dit que je m'étais montrée d'un calme extraordinaire. (Message pas à sa place.) Je ne m'en suis pas aperçue. La fatigue -qui me ralentit- ou au contraire la "forme" ? Ça va bien. Je garde le PV juste à côté de l'affiche, ça fait classe. J'espère en avoir pour jusqu'à demain, qui sait ?
Publié par Hélène Larrivé à l'adresse 09:09 0 commentaires


Rue Désiré, l'appartement de la facture d'eau

6 Heures soir, Jeudi 24 juin 2010
Un gars qui hier avait lu attentivement le tract abominablement long est revenu exprès pour discuter, il a signé... et chose un peu honteuse, a même payé mes consommations (de l'eau!) sans que je ne le voie. L'écriture l'intéresse. Il est de l'Ardèche. Je lui ai envoyé mon blog répertoire par mail. Étranges relations côte à côte dans un troquet, cordiales, mais je suis un peu fatiguée de parler... et le net au milieu qui les simplifie, les prolonge et les démultiplie. Ça repose, économise les paroles et on respecte le désir de solitude des gens, ce qui n'est pas le cas lorsqu'on leur parle. Et balancer un blog, ça ne coûte qu'un clic. Faire subir à des gens ce que David impose à tous, une logorrhée épuisante, non. J'ai eu mon pseudo malaise lorsqu'il est parti. Si ça les emmerde, ils ferment et barka, personne n'est blessé.
Publié par Hélène Larrivé à l'adresse 08:56 0 commentaires 

Ça se dénoue. Une rencontre, Fuzia, qui est venue me parler... (message pas à sa place). Mystique, un peu, mais son pseudo panthéisme me va. Ce sera sans doute une relation au long cours, du moins l'espérai-je. Elle a tout de suite signé, la première, la pétition.


DU COTE DE CHEZ SWANN, LE TEMPS RETROUVE
Puis une dame que je savais connaître depuis longtemps sans pouvoir me souvenir d'où. En fait, sa mère a fait le ménage chez Marguerite -ma grand-mère- et m'a gardée quand j'étais bébé. J'avais moins de trois ans. C'est peut-être elle qui m'a appris à lire au fait ? elle était très intello, de cette classe d'ouvriers qui lisent et débattent... Un vieux mystère familial, je savais lire quand ma mère m'a récupérée et elle avait ressenti cet apprentissage intempestif comme une spoliation d'enfant. A l'époque, je n'ignorais pas qui m'avait appris, mais je n'ai pas parlé et à présent je ne le sais plus. J'avais une vague idée en effet d'une dame qui faisait le ménage -ou sa fille !- et quand j'ai vu cette femme -70 ans environ?- un souvenir a ressurgi, prégnant, le Ranquet,  Marguerite, et ce mini drame comme Lydie avait le chic parfois de faire... Ma grand-mère dans l'histoire ne s'était pas démontée devant les questions coléreuses de sa fille : "elle a dû apprendre toute seule"... avait-elle rétorqué avec l'aplomb et la mauvaise foi d'une politique, d'une commerçante ou d'un escroc. Fureur jupitérienne relativement compréhensible de ma mère, sanglots... "Vous en avez profité quand j'étais au sana..." Il ne fallait pas contrarier Lydie qui en effet revenait de loin... mais il faut reconnaître qu'elle a eu l'élégance de ne pas me torturer de questions, respectant mon silence : à trois ans, j'étais déjà "téléchargée", ne pas cafter, une question d'honneur etc... et il ne fallait pas me déformater.

C'était à Alès, on venait d'acheter des chaussures, on m'avait donné un ballon qui me réjouissait et j'ai épelé "B A ba... T A ta... bata".. elle s'était arrêtée au milieu de la rue d'Avéjan, suffoquée. "Tu sais lire ?" Euh... oui. La plupart aurait exulté, ce fut le drame. Normalement, j'aurais dû finir en échec scolaire.



Je la questionne avidement : est-ce vous ou votre maman qui m'auriez appris à lire par hasard ? Elle ne se souvient pas, elle avait douze ans et venait chercher sa mère le soir -donc mon souvenir était bien exact!- et ajoute que ça n'aurait rien eu d'étonnant. Du coup, j'oublie de lui parler de la pétition mais on va se voir tout à l'heure chez Manu. Réminiscences, ça revient avec son visage fin un peu hiératique... je crois à présent en effet que c'est elle, avec une autre, peut-être plusieurs... Sa frêle silhouette m'a fait redécouvrir un passé oublié, des baby sitters, Mireille Teissier, Mr Vialle l'instit, Mme Coté sa belle-mère dont le mari issu de la DDAS bichonnait ses enfants -et tous- pour leur éviter les drames qu'il avait vécus, la soupe de pâte rivoire-et-carré de Marguerite et de Josée, Germaine et l'oncle Fernand et leur voiture, de nos jours, il faut lire "leur avion", Madame Peyronnet et sa sœur servante de curé qui m'avaient à la bonne, selon elles j'étais le génie de la famille, Marguerite avait une opinion plus nuancée (!).. ça peut être n'importe qui.... Orpheline putative, toutes les dames -et aussi des messieurs- de mon entourage rivalisaient de gentillesse, de cadeaux, de ballades ; je n'ai pas eu une -petite- enfance malheureuse ! Grâce à Marguerite et à ce village qui m'a recueillie. Je leur dois tout, même d'avoir su lire à un âge où en principe les enfants jouent au nounours.    
Publié par HL à l'adresse 08:32 0 commentaires

LA GARDEN PARTY

Nicole passe... et comme hier, affecte de m'ignorer. Cette grève aura eu le mérite de filtrer les gens. Incommensurable. Le filtre l'a retenue. Comment peut-on fréquenter des gens quasiment tous les week ends, diner avec eux et les haïr sans que rien ne paraisse ? Je l'avais ressenti à la mort de Lydie, la soirée donnée dans le jardin une semaine après, l'insistance déplaisante avec laquelle elle m'avait dit "normalement ç'aurait dû être la semaine d'avant et ça aurait bien arrangé ma sœur qui avait pris ses jours, mais étant donné les circonstances... on s'est dit ce n'est pas possible alors on a reculé "... Devais-je m'excuser que Lydie fût morte au moment où la frangine avait posé ses congés?
La garden party, version saint ambroisienne, en somme.. [une famille bourgeoise anglaise invite des amis pour une fête champêtre dans leur cottage, fort attendue et préparée par les enfants avec une joyeuse excitation.. lorsqu'un jeune ouvrier agricole se tue juste à côté.. Malgré une jeune fille -elle sera la seule- qui est bouleversée par cette indécence, tout va se passer exactement comme prévu, à un jet de pierre de la famille du mort qui le veille... les invités sont déjà en route et on ne saurait les congédier etc. Mais à l'époque, il n'y avait pas de portables..]

On fréquente parfois tout le temps des gens dont on accepte l'éthique ou parfois disons la non-éthique en faisant comme si on ne le voyait pas -famille-famille- et parfois réellement on ne le voit pas alors que dans des groupes politiques on est prêt à s'étriper pour une virgule. C'est idiot. C'est quand il se passe quelque chose de lourd que ça se révèle et se dénoue. Rarement. Ainsi va-t-on diner tous les samedis avec quelqu'un qui vous hait sans que vous ne vous n'en sachiez rien et rompt-on radicalement avec le camarade dévoué qui vous admire parce qu'il n'a pas été d'accord sur un passage d'un tract ou d'un article. Anerie de militants.
Publié par HL à l'adresse 04:38 0 commentaires

Jeudi 24, 13 30 heures
Le net est revenu, ouf. Un monsieur type bourge distant, d'un certain âge, avec maman (ou madame) s'est assis à côté de moi. Comme il s'approchait de l'affiche, je lui ai donné un tract, il est allé à sa table, l'a lu posément... et l'a passé à sa femme en lui disant "c'est du bon français"! Apparemment, il fait le filtre orthographe/style/syntaxe avant de transmettre tel un goûteur de vins. Rigolo. A part ça, aucune réaction. Merci en tout cas d'apprécier... littérairement. On se contente de peu, de presque rien. 
Publié par HL à l'adresse 04:24 0 commentaires



12 h 40
LES KNOCKS DES LABOS, SURMÉDICAMENTATION DES "VIEUX"
Coup de fil du Kurdistan. Touchant, on pense à moi si loin. Tout va bien, il ne fait pas trop chaud. Une dame d'un certain âge, amie de Mme Barrier est passée. Sous tranquillisants comme beaucoup de veuves, seules et dépressives. Les toubibs ici s'en débarrassent-ils ainsi ? Il faut croire car il n'y en pas une qui ne soit sous lexomyl, témesta ou autre et parfois à doses massives. Elles ont un air vague et certaines semblent totalement refermées sur elles-mêmes, flottant. Celle-ci me parle de ses soucis, reliés aux médicaments du reste, elle ne cesse de tomber, a une grosse bosse à la tête... et sa fille refuse qu'elle  garde son petit-fils ou arrière-petit-fils … J'écoute mal et lui dis de voir un autre toubib qui l'aide à arrêter, elle acquiesce vaguement et s'en va en me disant "bon appétit." J'éclate de rire, elle se retourne et en repartant se cogne contre l'affiche de Samir.
Publié par HL à l'adresse 04:02 0 commentaires
24 juin, 11h 30


Anic

Le garde sympa, celui qui avant les élections a eu le courage de venir m'embrasser devant la mairie juste après mon "occupation" du service des eaux - il risquait ainsi sa place si la gauche n'était pas passée- a été diligenté pour me dire que samedi, il serait obligé de bloquer la place pour une cérémonie... chose extraordinaire, de remise de médailles à des anciens combattants de 40. Impensable la baraka. Ce sont pour beaucoup des gens que je connais, que j'ai interviewés pour les "Lettres à Lydie" et certains, des amis proches. Jean Castan viendra-t-il ? Pierre Clément ? Est-ce un hasard? Je suis folle de joie. Des copains invités à deux pas ! Et des gens hors classe. Et bien merde alors, je ne pouvais rêver mieux. Merci.
En fait ce fut un bide, ni Jean ni Pierre, ni Daniel qui boudent systématiquement ces cérémonies, ne viendront et les autres ne me verront même pas, j'étais restée volontairement discrète... mais il faut dire que certains, même pas Jacques qui, pour se dédouaner, m'apportera peu après l'argent des "Lettres à Lydie" que son assoc me doit, ne m'ont pas beaucoup cherchée. Au moins ai-je gagné ça.

AIDER L'AUTRE, C'EST D'ABORD S'AIDER SOI-MÊME
Un détail intéressant. Patrice, dont je supposais qu'il ne m'appréciait guère, malgré un minime service que je lui avais rendu autrefois, se montre à présent différent. A la réflexion, c'est normal. Quand on aide quelqu'un, si peu et si naturel que ce soit, on humilie les gens.. et quand ils peuvent vous restituer le service, ils se sentent mieux ; car c'est vous qui êtes dans la merde et ils peuvent se montrer généreux. Être parfait insupporte, je le ressens avec les gens du rézocitoyens par exemple ou autrefois Guy qui pourtant tentait de minimiser son rôle au maquis et tout ce qu'il avait fait de remarquable, en vain. La perfection écrase. Sans doute ai-je dû anéantir Patrice sans le vouloir. Aider valorise qui offre ses capacités, les révèle, les démontre et le pose en cador. Même lorsque ça coûte si peu. De fait, on s'attache davantage aux gens à qui on a rendu service qu'à ceux-ci qui ont offert de l'aide : les premiers donnent de nous une image top, les seconds, une image low... et évidemment de l'autre côté, c'est l'inverse. Je me suis donc fourvoyée sur lui -je me disais sottement qu'après ce que j'avais fait pour lui, il se posait là, le snob, de ne même plus me saluer-. A présent, il en fait presque trop comme s'il en avait conscience de rectifier le tir. Il est bon que je sois dans la merde, ça remet les choses à leur place et en certains cas, les inverse : Nicole me blackboule, Pat me bichonne.

Il me semble que Lydie me fait un clin d’œil depuis la mort. Elle m'aura aidée décidément autant morte que vivante en me donnant, en fait, en m'indiquant la place où elles étaient cachées, in extremis ces lettres de Gustave Nouvel. Elle avait les défauts de ses qualités en somme, on ne peut avoir le beurre, l'argent du beurre et le cul de la fermière. Sans doute n'aurais-je pas aimé quoique j'en aie dit, une mère popote, comme celle de Frédérique, que j'admirais mais bon...
Être impuissant ou le croire est sans doute la pire des choses. On ne se sent plus humain. Lorsqu'on aide trop ou trop souvent quelqu'un, il se sent impuissant, nul et parfois vous en veut... Ça me rappelle cette phrase (Proust? Peut-être) "il l'aimait tellement qu'il ne cessait de la précipiter dans le gouffre pour avoir le plaisir de l'en tirer", de mémoire. Sacré Proust !

Jeudi 24 juin 2010
Une femme au troquet, visiblement intello, lit le tract, avec attention me dit-elle mais elle a besoin de temps, elle semble anglophone. Le correspondant de Libé, j'ai appelé celui de Toulouse par erreur me remballe, genre je fais des choses plus importantes... d'autant plus qu'il n'est pas concerné géographiquement! Observation réitérée : ce sont les gens les moins importants -que j'écris mal à présent, tant pis- qui se la pètent le plus. Forcément, pour compenser. C'est comme les mecs, l'espèce ici est très répandue, qui se vantent de leurs exploits sexuels sans que jamais personne ne se soit décidé à en bénéficier. Henry au contraire est sympa, beaucoup plus simple d'abord. Par chance, c'est lui qui doit gérer le truc. Le hasard là aussi. Je serais à Toulouse je pourrais aller me rhabiller. Je leur ai proposé de devenir correspondante bénévole. Ici on est excentrés, le trou du cul du monde et il faudrait un œil.
Note après-coup. Je n'ai souvent pas été jusqu'au bout de mes projets, les meilleurs comme les pires. Pleutrerie? Épuisement? Découragement de Robin ? Quant-à-soi? Manque de détermination -une mairie de gauche-? Un peu tout ça sans doute. Ainsi ai-je raté de belles occasions. Tant pis.  

Je suis allée me doucher chez moi. Difficile de parler aux gens si on est sale. Sans doute à un moment le faudra-t-il pourtant. Je n'aurai plus la force de conduire -c'est dangereux, je vois trouble par moment.-

UN MILITANT
J'ai fait la pétition. Mais il faut que je me repose un peu. Je tremble mais ça ça m'arrive tout le temps quand je suis énervée, comme tous les Larrivé, ce n'est pas lié à la grève. Mme Barrier m'a saluée mais n'est pas venue. A-t-elle peur ? Je mets certains gauchos mal à l'aise, c'est une mairie de "gauche". L'ex équipe a bien autrefois essayé, timidement dois-je dire, de me recruter, comme tous. Sans succès. Du coup, je suis hors politique, enfin hors politique classique. Je n'intéresse personne... et tout le monde en même temps, d'autant plus.  Car les politiques ont mauvaise presse à juste titre. Observation  : certains militants sur ce coup n'ont pas été nickels, je m'y attendais... mais pas à ce point. Un contentieux dont j'ignore tout ? Ca se peut dans un village. Gilles est passé me voir, à ma demande, je voulais vérifier une info dont il m'avait déjà entretenue -promis serait excessif mais disons presque-, mais apparemment comme il était emmerdé d'être vu avec moi...  je lui ai donné rendez-vous derrière le kiosque. J'ai eu l'info ou plus exactement l'absence d'info... Mais cela m'a obligée à faire quelques pas sous le soleil,  une performance qui m'a donné le vertige pour un moment. A analyser. Peur? Désir électoral ? Il n'est pas bon pour lui de se positionner ainsi ? Ça me semble l'inverse, mais... Refus d'être derrière un écran? Il n'est pas mesquin, genre "j'ai un permis de construire en instance" donc ça doit être autre chose. Peut-être la simple vanité, les militants n'aiment pas être débordés. Ça m'a tout de même valu des vertiges tout l'après midi. Voulait-il que devant les ouvriers, je parusse demandeuse? Je l'étais certes, mais d'une info dont il m'avait déjà parlé.
 Voir l'analyse au Jeudi 29 juillet, sensiblement différente...("Lettre aux militants")


Et au septième coup les murailles tombèrent

Analphabétisme ou quasi
La jeune femme infirme qui promène son chien passe et repasse. Je l'avais amenée au super marché quelques fois, à sa demande, elle semble très isolée. C'est loin et pas facile avec les voitures sur la route. Rien n'est fait pour les piétons. Je réalise qu'elle doit être quasi analphabète et n'ose pas le dire. Le tract est trop long, trop intello. J'avais pris son hésitation hier à le saisir pour de l'agressivité, et lui avais dit que si elle ne le voulait pas, qu'elle ne le prenne pas, un peu sec sans doute, je n'ai plus de patience. Elle ne cesse à présent de me sourire. Elle a dû comprendre que je m'étais méprise et ne sait exprimer sa solidarité qu'en passant et souriant. Elle a raison. Quand on est dans cette situation, tout compte. Même un sourire. Étrange comme les émotions sont exacerbées à ces moments.

Notre après-coup. Durant toute cette grève, beaucoup de gens avoueront à mi mot -ou je m'en rendrai compte- leur quasi analphabétisme, parfois total. Un problème grave car on se fourvoie sur leur indifférence et rares sont ceux qui osent en faire mention. Malentendus. Après qu'ils aient eu le tract, les voir me demander de quoi il s'agissait m'a parfois exaspérée, à tort.
J'ai craqué tout à l'heure. Cris m'a engueulée car il a peur pour moi, je n'avais pas trop la force de répondre, je me suis sentie partir loin et finalement j'ai pleuré, rarissime. Il s'est excusé, il ne se rendait pas compte, je ne résiste plus. Mon Dieu, protégez-moi de mes amis, mes ennemis je m'en charge. Ça va mieux quand même. Mais l'énergie dépensée l'est. (Message pas à sa place)
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Vendredi 25 juin 2010

PASSE-DROIT
Maïa est passée avec plein de noms sur la pétition. Des femmes qui me connaissent me dit-elle, je ne me souviens pas toujours. Une femme super malgré ses ennuis. Ça ne l'empêche pas d'aider les autres tant et plus, c'est d'autant plus remarquable qu'elle en aurait grand besoin elle-même... ce qui prouve que même des gens dans l'embarras peuvent transcender leur situation. Elle a beaucoup d'idées et veut se consacrer à l'humanitaire mais manque de moyens pour les réaliser. Restons concret: avec 4000 euros, on peut faire des choses. Un gars qui a signé spontanément me dit qu'ici les employés municipaux ne paient pas l'eau ce qui est illégal. Je l'ignorais. Les coupures, ce n'est pas drôle à effectuer ; s'ils y consentent, est-ce relié à cet avantage ou à d'autres ? Accorder un passe droit, c'est toujours asservir qui le reçoit. 
Note après coup : il semble qu'on se soit servi de moi ensuite pour leur ôter cette gratuité ; or, je n'ai jamais rien demandé de tel, leurs minimes privilèges venant sans doute compenser un salaire très faible et parfois un boulot peu plaisant. Mais ceci peut expliquer leur désengagement et celui de Gilles par ricochet envers moi; ils auraient été briefés contre celle qui aurait milité pour leur faire enlever une prérogative. Gilles m'a rapporté des discussions entre eux que les profs aussi bénéficiaient d'avantages. Lesquels ? Il n'a rien trouvé que la Camif, un groupement d'achat -auquel je n'ai jamais eu recours-.. Il reste en effet la gratuité des musées -mais c'est dans le cadre du boulot, ce qu'on engrange, on le redonne ensuite- cela n'a rien à voir avec l'eau.. à moins d'imaginer que ceux qui bénéficient de sa gratuité n'aillent ensuite laver les autres avec des bidons et tous les jours! Il se peut aussi que simplement le fait de mettre en évidence un dysfonctionnement aussi magistral du service (les 4000 E) les ait inquiété quant à leurs propres affaires même si ce n'était pas le sujet de base ni assurément le but. Lorsqu'on ouvre une porte, on trouve parfois des choses inattendues et curieuses en effet, sans l'avoir cherché. Oui, un passe-droit enchaîne.


CHASSE OUVERTE
Annie me dit qu'elle a fait signer la pétition dans son immeuble. Une conseillère municipale, celle-là même qui m'avait dit -très fortement comme à son habitude- que "cette facture serait payée un point c'est tout", l'a lui a joué cool : cette grève de la faim, c'était plutôt folklo, rien de grave, j'étais seule.. sous-entendu que tout ce que je pouvais subir ne portait pas à conséquence. Au moins, pas d'hypocrisie, les "natures" sont des gens précieux. Mais Annie a joué la même partition... et lui a répondu que contrairement à ce qu'elle croyait, "j'avais quelqu'un et pas n'importe qui" (!) ... Blessant pour moi certes mais bon... il faut faire avec ça aussi.
Une femme seule est toujours, ici comme ailleurs chasse ouverte. Comme elles ont toujours assumé et porté le maximum des charges de la société et de la famille qui tiennent debout par elles, lorsqu'elles décrochent, tout fout le camp : les mecs cherchent alors à les intimider, soit à leur "compte" -les maris-, soit pour le compte de la société -les minimes notables- et là c'est plus hard car ne s'y mêle pas le seul paramètre qui parfois tempère l'exploitation des femmes, le désir sexuel des hommes envers elles... -encore que les deux peuvent aussi coexister, chez les macs professionnels par exemple qui en jouent-. Si une femme seule s'en sort bien voire mieux qu'avec un bonhomme, où va-t-on ? Mauvais exemple pour bobonne qui dès fois pourrait faire pareil. Haro sur la dissidente. Et puis c'est plus simple car elles sont moins habituées aux pinaillages, plus intelligentes certes -sans  forcer- mais aussi plus naïves...  (4000 euros, quoi, vous z allez pas en faire un flan ma bonne..)

C'est sans doute pareil ailleurs en effet mais comme ailleurs je ne suis pas seule, je ne le vois pas. Et il faut reconnaitre aussi que dans une ville importante, ces aléas sont moindres car les mouvements de femmes, notamment de lesbiennes, sont présents et vigilants. Ici, que dalle. Ou plus exactement, c'est moi (!) Bref, la copine a fait état de mon mari... Bien ? Pas bien ? Les deux. Et puis bof... je m'en fous. Oui j'ai un mari, certes à temps très partiel mais bon.. mais oui je peux aussi agir seule et après tout -pétons-nous la !- moi aussi je ne suis pas "rien". Merde.

Je suis tellement humiliée qu'à présent plus rien ne me touche : j'ai sans doute atteint le fond de ce qu'on peut atteindre dans ma situation sociale, je ne suis ni noire ni sur-exploitée dans un travail pénible involontaire, ni juive en 40 par exemple. Normalement, j'aurais dû être à l'abri de ces scories. Tant mieux que ce n'ait pas été le cas, finalement, je comprends mieux ainsi ceux pour qui cette situation est quotidienne, et ma -pauvre- victoire sera la leur. Triste cependant -mais inéluctable- que parfois ce soient des exploité/es qui se montrent en certains cas les plus virulent/es contre moi, comme s'ils avaient des comptes à régler avec les "favorisé/es" -ou les moins défavorisé/es- dont je suis. Frédérique parlait avec une componction professionnelle exaspérante du "complexe social majeur" (dixit) de certaines infirmières qui, disait-elle, l'exprimaient vis à vis des médecins-femmes les plus sympas et jamais ou rarement envers le patron odieux dont elles avaient peur. En avait-elle souffert? Sans doute, mais motus. Sur ça comme sur tout ce qui est politique.
Publié par HL à l'adresse 12:28 0 commentaires



LORELEIS ET SORCIÈRES, UNE TOUCHE AUSSI !

Une expérience en effet, et tout à l'heure, troublante -elle sera unique- vient corroborer cette réflexion. Une femme est venue m'insulter, tant de haine, c'est presque flatteur, d'autant que je ne la connais pas. En ces termes "elle a plein de maisons, elle a qu'à les vendre, ou vendre sa voiture".. elle n'a apparemment pas le sens de la valeur des choses, quand on voit ma voiture.. "elle en a trois (?) et trois maisons... Allez y"... à croire que les gendarmes devaient agir sur ses ordres... La malheureuse devait être instrumentalisée, elle venait juste de la Mairie. Les gendarmes, à deux comme d'habitude, un jeunot la jouant dominant, limite menaçant, j'ai même cru qu'il me disait de ne plus être sur la place, là ça a flambé, mon bled tout de même, si pourri soit-il, j'y tiens ! il paraît que j'ai mal compris, soit -je crains le ressac tout à l'heure, si ça se trouve je vais m'évanouir-... et puis un autre plus réfléchi, gentil, un jeu peut-être, peut-être pas. Comme ce sont souvent des comédiens hors pair, on le leur apprend  (?) on ne peut pas savoir.

Intéressant, de plus en plus. Certains prolos éprouvent une haine contre les bourgeois, légitime, mais associée par nécessité à une servilité proportionnelle vis à vis du pouvoir, qui  les fonde à tirer sur l'ambulance et non sur le chauffard. Je n'ai pas de pouvoir  mais je suis "bourgeoise" suppose-t-elle ou lui laisse-t-on supposer, et c'est le cas si on veut donc toute l'humiliation qu'elle a dû ressentir lorsqu'elle est venue quémander une aide pour payer sa facture d'eau, elle l'exprime contre moi qui suis, croit-elle, identiquement bourgeoise mais sans pouvoir... comme le loup attaque le plus faible d'une troupe de buffles puissants et inexpugnables qui l'ont blessé et le déchire à plaisir pour se venger... des autres, à leur demande. Une erreur, mais bon...

Les gens se battent pour leur esclavage comme s'il s'agissait de leur liberté. Il est intéressant d'être à la fois riche et pauvre -très pauvre- : on voit les choses de deux côtés et on comprend tout. Du coup, je suis à l'ombre (note, j'ai dû déplacer ma voiture) et ça c'est très bien. J'ai mis les panneaux devant la mairie, et les gens lisent bien mieux que sur la voiture. Plusieurs ont signé du reste depuis le happening (les gendrames et le clash, je laisse la coquille) y compris le vieil intello bien mis un peu arrogant qui avait lu et eu un geste de la main presque méprisant. Revirement à 180°, il m'a proposé un thé, j'ai refusé. Depuis il passe devant moi et me sourit à chaque fois, ça devient excessif dans l'autre sens, il n'a pas de mesure, je souris aussi bon... j'ai même l'impression qu'il est ébloui. Antigone je suis devenue, ça fait style il faut croire. Les gens sont bizarres au moins autant que moi, ça me rassure au fond, méchamment.

Bon il faut que je retrouve cette dame, urgent, Mme Barrier saura qui elle est, elle aussi est femme de mineur et elle aussi a peu pour vivre. Quoiqu'au fond elle sait certainement que je ne me bats pas pour l'argent, c'est juste une pose au bout de son angoisse.  

"Solitude" (Hélène Larrivé)

Il lui faut impérativement quelqu'un à haïr, elle ne peut se permettre de haïr ceux qui l'ont réduite à cette misère parce qu'il l'aident aussi à en sortir.  C'est classique, on exploite et on fait la charité. Ça permet de pouvoir continuer à exploiter. Cette femme me dit qu'elle va mourir. Elle est usée. Bon, soit. On est tous responsables. Je ne vais tout de même pas me vanter des grèves auxquelles Guy a participé voire menées... quoique... ou que mon intello de père ait  tout de même fait 8 ans de mine !!! -ô les lettres de sa sœur ! des morceaux de gentillesse bourgeoise éberluée, "un Larrivé ça ne le fait pas, retourne à Dijon je t'en supplie Jean, ce travail de galérien n'est pas pour toi, ta femme s'y fera à la longue, et Bernadette te trouveras une place au "Comtois"" etc...- Après l'Est Républicain, ça a dû lui faire un choc en effet, quoiqu'il qu'il  n'ait pas été seul dans le cas. Il y est retourné par la suite, à l'Est, drôle de cursus, avant de finir par gagner de l'argent, tardivement.. avec une auto école. Clé, (un village où ma mère enseignait), le ciné-club de la mine, le "Sel de la terre"... "Les raisins de la colère" dans la salle des mineurs... Enfance... Il lisait toujours les "Lettres française" cependant, la mine ne l'avait pas "eu". Au fond, c'était un personnage lui aussi, moins visible que Guy, moins charismatique (sauf pour les dames). Responsable donc je suis, comme tous.


Je suis plus jeune, en meilleure santé, sans doute mieux conservée physiquement, et j'ai plus de fric -enfin si on veut...- comment ne me haïrait-elle pas ? A sa place peut-être... mais justement, j'ai choisi et eu la chance de ne pas y être. J'ai du bol mais tout de même, mes études je les ai faites, nuits sans sommeil, angoisses devant les résultats des exams, des postes près de chez moi mais avec des loubards à cran d'arrêt, d'accord j'aimais ça, je me sentais utile... mais la séparation d'avec Robin, reliée ensuite à ces trajets d'une heure et demi et au boulot, ma vie affective foutue. Je l'ai payé assez cher aussi, pas autant qu'elle c'est sûr. On peut aussi dire que j'ai eu de la chance d'être relativement capable intellectuellement, mon seul atout... je ne sais pas. Inextricable. Porter toutes les misères ne se peut; j'ai presqu'envie de me suicider par moment, et ça ne me paraît même pas triste, juste la fin normale d'une existence mouvementée qui à présent est arrivée au bout... et me fatigue. Au fond, cette grève n'est-elle pas une ordalie ? Comme si je provoquais mon corps pour voir jusqu'où il peut aller. Idiot. Penser à Fred, il ne se remettrait pas de ma mort, malgré sa copine à présent. Marianne, si, elle m'a oubliée depuis longtemps avec Spinoza. Arrêtons ces conneries. ARRÊTE !!! Il me faudrait un café. Bien sucré. Et ça repartirait. Oui, on est un assemblage de molécules et pas grand chose d'autre en sus.
Publié par HL à l'adresse 12:17 0 commentaires

La fraîcheur est tombée enfin. Ça va mieux. Je vais aller dormir. Qu'au moins je dorme. Finalement, cette  femme m'a aidée sans le vouloir ou en voulant l'inverse. Ça arrive. Seigneur, protège moi de mes amis, et laisse mes ennemis fondre sur moi car ils me portent. Le vieil intello repasse encore, il s'y croit ou quoi ? Rigolo. C'est peut-être un type bien finalement, on ne peut pas ainsi me regarder avec tant d'admiration sans être un type bien, non mais... "Belle dame" m'a-t-il dit, ça fait très chanson de geste et ma foi j'apprécie. Le moral est revenu. En dent de scie. Dormir. Rêver, de croissants exclusivement, pardon aux amis/amoureux/enfants, je n'ai que ça en tête. Pour parodier Marie Tudor dite bloody -et ci-devant reine d'Angleterre d'assez mauvaise réput ma foi- "si on m'ouvrait le corps, on trouverait gravée sur mon cœur l'image" non pas "de Calais" mais pour moi, tout bêtement, d'un croissant bien gras. Il est vrai que je ne suis pas reine d'Angleterre ni timbrée à ce point, celle-là était gratinée.


LA PRÉSENTATION DE MARIE
Sans doute les inégalités sociales sont-elles plus visibles dans un village et génèrent-elles plus de rancunes ? Je comprends aussi à présent pourquoi Frédérique ne sort jamais au point que l'élagueur saint ambroisien lui a demandé "d'où elle était", elle qui a toujours vécu ici attachée à son rocher comme une moule. Sans doute sa fortune l'éloigne-t-elle des gens ou plus exactement s'éloigne-t-elle d'eux pour éviter d'être prise pour cible ?  Mon problème est que je ne m'éloigne pas, que je ne me la "joue" pas. Facile de me tacler. Paradoxalement on ne lui reproche jamais d'être friquée et snob -ou du moins l'ignorais-je mais comme nous fûmes amies ou plutôt quasiment sœurs ce qui n'est pas la même chose, peut-être ne l'ai-je jamais su- mais cette femme de mineur me le reproche.. à moi, une inversion encore une fois des rôles. Pour vivre heureux, vivons caché en somme. Peut-être aussi le fait d'être catho, "Présentation de Marie" -la boîte qui se veut choc, je laisse la coquille, du bled- et tout et tout? Cela inspire confiance, plus que les hussards noirs de la République dont je suis et que je fus aussi? Toujours un peu emmerdants, donneurs de leçons, ces parfaits? Mystère. Sans doute y a-t-il aussi le fait qu'elle "sait se tenir" en public, du moins selon les critères d'ici -très étonnants- et moi pas, déracinée que je suis, ou plus exactement enracinée en deux endroits extrêmes. Adoptant le comportement normal de l'un, adapté -mal- à l'autre et vice versa, je dérange et déroge. Lorsque l'on voit mes tantes Larrivé et qu'on les compare à Marguerite, Josée ou à sa famille, on se dit en effet que le résultat d'un improbable croisement entre ces deux lignées doit forcément donner un être au sein duquel les gênes se combattent... ou s'atténuent. Mal ? Bien ? Les croisements en principe sont plutôt génétiquement favorables. Admettons. Mais les "croisés" le paient cher. Parfois. Ici, je l'ai payé d'une/plusieurs amitiés. Profit et pertes. Cela peut-être aussi est bien finalement, voilà que je deviens stoïcienne.

Et cependant, elle et sa mère ont été bien avec mon père lorsque Lydie est morte : elles l'invitaient à déjeuner régulièrement et ces repas où il se sapait mylord (deux dames! pour ce vieux Don Juan encore bien fait c'était la vie qui renaissait) furent sans doute ses dernières joies. Les gens sont différents, pour le meilleur, là.

Bon, ici, il faut être caché si on est riche pour ne pas susciter l'envie.. et si on est pauvre pour ne pas susciter la commisération, seules les classes moyennes peuvent sortir ou les marginaux qui s'en foutent... mais même celles-ci -dont je suis- peuvent abusivement être catégorisées, tout est relatif, comme trop riches ou trop pauvres, à l'exemple de Jeanne Dibruc -Présentation de Marie et deux échecs au bac- qui me mettait à l'écart parce que je ne faisais pas suffisamment "classe" pour elle -dont le père était charcutier cependant-.. au point que, lassée des avanies qu'elle me faisait subir pour le peu de temps que je venais en vacances, j'avais dû pour la seule fois imposer un ultimatum à Frédérique : "c'est elle ou moi", à peu près sûre de mon coup...

Et ici, dire que cette femme parlait de ma voiture comme d'une fortune. Émouvant. Et au fond c'en est une car j'y tiens, c'est le souvenir de ma mère. Mais elle ne doit pas valoir 200 euros (?)


Fort Vauban Alès
Triste ce soir, je ne vois pas de solution, et.....
je mesure la torture qu'est la faim pour les gens qui en souffrent  sans l'avoir choisi, eux. Une mort assez horrible, l'obsession de manger, manger, manger, on ne pense littéralement qu'à ça, on devient animal, et on parle aux gens en se disant, eux ils vont manger après, moi pas, on leur en voudrait presque d'aller au restaurant comme nous avant. On se sent dans une telle solitude surtout et par moment, littéralement mourir. Ça peut rendre cruel. Abîmer, je n'ai pas fait exception : on verra au fil de ce blog mes facultés intellectuelles se dégrader de plus en plus, agressivité, méchanceté, cruauté etc..  Quand il ne faudrait qu'un croissant pour résister et redevenir "moi". Si peu. Héroïque.

On craint de plus en plus que si les pluies attendues dans la Corne de l'Afrique n'arrivent pas rapidement, la situation pourrait s'avérer encore plus catastrophique que la famine de 1984/85. Une alerte spéciale diffusée par le Système mondial d'information et d'alerte rapide de la FAO (SMIAR) avertit que 16 millions de personnes sont menacées de famine pour cause de sécheresses à répétition, non seulement en Ethiopie, mais aussi à Djibouti, en Erythrée, au Kenya, en Ouganda, en Somalie, au Soudan et en Tanzanie."La crise humanitaire dans la Corne de l'Afrique a atteint de graves proportions et nécessite une intervention rapide et adéquate de la part de la communauté internationale", a souligné M. Jacques Diouf, le Directeur général de la FAO, qui a récemment été nommé par le Secrétaire général de l'ONU, M. Kofi Annan, à la présidence de l'Equipe spéciale pour la sécurité alimentaire et le développement agricole à long terme dans la Corne de l'Afrique. Les pénuries alimentaires se font particulièrement sentir dans l'est et le sud de l'Ethiopie, où l'on signale de plus en plus de décès dús à la famine. Là, et dans certaines parties de l'Erythrée, de l'Ouganda, de la Somalie et du Soudan, l'insécurité et les troubles civils ne font qu'aggraver l'urgence alimentaire. L'effet de la sécheresse sur la production céréalière a porté à une augmentation record des besoins d'importations céréalières, désormais estimés à plus de 6 millions de tonnes. Dans le même temps, les pays touchés gagnent moins de devises étrangères pour payer les importations, étant donné les bas niveaux des cours mondiaux des denrées d'exportation comme le café. En conséquence, les besoins d'aide alimentaire, qui ont déjà atteint un record sans précédent en 15 ans, devraient continuer à augmenter. .....

LA MINE, ENFANCE
 Bon, il y en a qui vivent avec 500 euros par mois et dont le mari a fait 30 ans de mine, c'est une réalité. Je ne comprends pas : à Molières les mineurs gagnaient relativement bien leur vie, des seigneurs disait-on parfois. La plupart de leurs enfants ont fait des études et d'excellentes, Mathilde est devenue médecin, Myriam, dirige l'EN sup de Pointe à Pitre etc... Sans doute des différences mais de quoi ? A l'arrachage et au travers-banc, ils étaient payés au rendement, sans doute les plus robustes gagnaient-ils davantage, encore des différences entre eux sûrement et des jalousies. Un monde à l'état de nature -ô Rousseau- où les mâles les plus forts font mieux vivre leurs familles et les fragiles, réduits à la misère. En fait, Mme Barrier me dit que c'est une question de silicose : certains sont "reconnus", d'où pension, et d'autres, les engagés, les lutteurs, non, d'où pas de pension. Simple, mon cher, et les toubibs sont complices. Salopards.

J'ai en effet eu de la chance d'avoir de la culture à domicile, et qu'on m'ait inculqué des valeurs qui n'étaient pas celle de la réussite et de l'argent, même si on en avait -très peu- ! Ni de la jalousie. Guy aimait tout le monde, mais c'était un être d'exception qui avait réussi à traverser la vie, après les grèves des mineurs, la prison, le chômage ensuite, sans en être aigri, en conservant son sens de l'humour, sa bonté et sa beauté physique aussi. Le top, il avait même réussi socialement.. grâce à son rejet de la mine! Car cette épouvantable sanction qui l'avait conduit au bord du suicide l'avait ensuite imprévisiblement "forcé" à réussir. Mais même devenu bourgeois, il était resté prolétaire, amical, aimé, toujours prêt à aider qui en avait besoin, porte monnaie largement ouvert, et comme ça venait de lui, ce n'était pas humiliant. Jamais je n'avais vu tant de monde à un enterrement, la version saint ambroisienne de celui de Sartre à Montparnasse.
Publié par HL à l'adresse 11:56 0 commentaires


Anic

Je me demande si je n'ai pas été trop dure avec les gendarmes. Quoique... je vais peut être aller leur offrir les Chants -il y en a un qui est philosophe- avec un petit mot. Non, finalement, s'ils le veulent, ils peuvent l'acheter, j'ai tiré les prix au max. Finalement, si.
Publié par HL à l'adresse 14:05 0 commentaires


Samedi 26 juin 
 L'article est paru. Bien sauf que sur la photo, j'ai l'air d'un cadavre, les seins complètement, non pas en code mais en veilleuse, sous la ligne de flottaison, un indice comme les oreilles d'un berger allemand. Normal. Les anciens combattants sont venus. Ni Jacques ni Pierre n'ont eu le cran de venir me voir, ce n'était pas l'ordre du jour. Ça confirme : les gens sont à deux ou trois niveaux. Excellents syndicalistes, militants dévoués, à l'écoute des autres, et aussi à la recherche d'un pouvoir, minime mais bon, militer est tellement ingrat qu'il faut bien une compensation... ce qui les conduit à ne pas se mouiller parfois -même si c'est idiot car ce n'est pas ça qui l'aurait gêné dans son ascension, au contraire-. Décevant ? Même pas, après l'euphorie de l'annonce, je m'y attendais. Il n'a pas la carrure de Joël qui serait venu tout de même, éthique ou intelligence, sans doute les deux. Les gens simples, sans idées politiques préformées sont infiniment plus réactifs car ils n'ont pas l'esprit embrumé de scories ... et les vrais politiques à l'assise intellectuelle solide, eux, agissent à bon escient. Au milieu, on a ceux qui, devant presque n'importe quelle histoire, avant de s'engager, se demandent toujours "qu'est-ce que ça va nous apporter? ou qu'en pensera le Parti ? ou le chef?" Chez les gens de gauche, l'éthique prévaut certes mais ce sont presque toujours les exploités directs -ou même l'individu en le cas- qui spontanément réagissent : eux, les pro, réfléchissent. Lorsqu'ils ont pris leur décision, l'histoire est souvent terminée, ce n'est pas forcément de l'opportunisme mais relié à leur statut : comme les riches qui copinent avec des pauvres, ils redoutent toujours -et cela doit arriver parfois- d'être utilisés. Distance, réflexion..


En fait, j'apprendrai plus tard qu'ils ne m'ont même pas vue ! Je n'étais pas en évidence, ne voulant pas profiter de... mon pseudo statut d'auteur sur ce thème précisément (les Lettres). Mais s'ils m'avaient cherchée, je n'étais pas loin. Il faut dire que ces cérémonies impressionnent toujours et qu'on essaie de voir X ou Y ou de se cacher de Z bref, on perd l'essentiel. 

Personne décidément ne sait qui est la dame qui m'a agressée hier, impensable, étant donné son gabarit, son allure, sa posture, que dans un village, elle ne soit pas connue. Une actrice réaliste, il en faut ? Diligentée pour une prestation originale ? Incroyable mais ça ne peut être que cela puisque je ne la connaissais pas -mais je ne connais pas tout le monde- mais Mme Barrier non plus, ni Cris, ni personne. En ce cas, quel talent, quelle hubris ! J'y ai cru à 100%. Ça explique aussi sa réaction étrange à un moment où ses yeux disaient littéralement autre chose que ses paroles, j'ai cru l'avoir touchée, peut-être était-ce l'actrice qui faiblissait devant une réplique inattendue ?




Les prolos au chômage ou bossant durement à présent : la mère de Jean a eu une réaction de rejet lorsque je l'ai abordée pour lui donner le livre -dont son fils est le héros- enfin sorti. Juste un sourire lorsqu'elle a compris que je ne lui réclamais rien. Elle a élevé seule ses enfants et a l'air d'une gamine frêle et encore belle. Certains sont ultra fragiles et pas tous tirés au cordeau. Bonne mère, harcelée de soucis, jugeant que rien d'autre n'importe, soit. Père discutable, peut-être égoïste et tout de même intéressé par autre chose que son pré carré, aussi ! C'est le pire: parfois la vie dégrade. Et on ne peut même pas en vouloir à ceux qui, le nez dans le guidon, vous blackboulent. Sais-je ce qui se passe en Iran ? Oui par les courriels, je lis à peine, je réponds vite fait et c'est marre.

ADRIEN
Côté commerçants ou entrepreneurs à présent, la "haute" ! Adrien, sapé ministre, sortant de la cérémonie, a affecté de ne pas me voir. Il a peur pour son entreprise et souffre, je l'avais déjà subodoré, de timidité paradoxale. Étonnant chez ce colosse plein d'humour, fort en gueule, bourreau de travail, d'humeur égale, généreux et d'une intelligence cynique hors pair qui affecte une obédience anarchiste pure et dure. Un constat: aucun de mes amis d'enfance ou même la plupart de mes amis "anciens" tout court ne m'a aidée, soutenue certes je le suppose dans les propos, mais personne n'a osé venir me voir ni signer. Ça doit vouloir dire quelque chose. Ceux qui l'ont fait ne sont pas des amis d'origine. Choisis-je si mal mes amis? Sans doute. Dans un village, on ne choisit pas toujours :  l'ami, c'est le voisin, celui qui prend le car tous les jours avec soi, qui a le même banc à l'église, un arbre mitoyen, ou un caveau proche au cimetière..  Un peu ridicule: j'aime bien X. parce que son caveau jouxte le mien, nos ancêtres pourrissent côte à côte, ça crée des liens (!) Petit à petit, on force l'amitié, c'est pratique, surtout à l'époque où il n'y avait ni téléphone ni autos. Mais ce sont des relations à la fois proches et malgré tout superficielles, qui éclatent -enfin, provisoirement- au moindre choc inattendu. Ma grève portera plus loin que ces quatre jours d'horreur. Il y aura les shadoks et les gibies. Ça fera -en minuscule- comme au temps où certains se sont engagés, si peu que ce soit, pour les maquis, et d'autres, collaboré ou fait semblant de ne pas voir : des années après, les enfants portent encore la gloire... ou la honte. Madame Tardieu ne m'avait-elle pas dit, scandalisée, après avoir lu la tract : "faire ça à une famille comme la tienne, c'est odieux"? Une femme brillante pourtant.

Et puis, à force de se fréquenter par nécessité, la haine survient aussi. Dans une plus grande ville, on change de quartier et on oublie. Rideau.



UN SOUFFLE D'AIR QUI VIENT DE LOIN
12 h
Comme si un bon génie voulait me faire passer la -petite- gifle que j'ai reçue, une rencontre qui le vaut bien -il y en a eu quatre, décisives, lors de cette grève- Marje. Elle est hollandaise, a vécu en Angleterre et sa thèse de sociologie portait sur les femmes en prison et les centres de rétention pour les sans-papiers. Elle a aussi vécu aux States et s'est installée, sommairement dit-elle, à St julien, un village apparemment qui draine des intellos de tous pays très pointus... et très engagés. Elle est artiste aussi et se sent parfois, malgré son réseau, assez seule. Comme moi. Elle m'a tout de suite dit que les officiels étaient très "limités", elle venait de la cérémonie et avait été apparemment surprise par l'inanité de certains discours... que répondre ? Mais ils ne le sont pas tous tout de même, elle a dû tomber sur les mauvais, peut-être le maire qui sait.. Elle a pris ses distances avec une  famille bourgeoise à la fois humaniste et plutôt à droite, qui pendant la guerre a tout de même connu des privations... et pointe le décalage entre l'engagement social efficace de certains hiérarques dont elle est issue et le réel qu'ils n'aperçoivent pas... bien qu'ils s'en occupent parfois magistralement !


Alfredo Tale-Yax et Jérôme Kerviel, des deux, qui connaissons-nous le mieux ?


Pèche melba
Ca m'a rappelé en soft ce directeur de magazine très bien vendu et diffusé y compris parmi un public de gauche ou même coco... qui voulait un article sur la question kurde, sincèrement effaré par ce que je lui avais relaté... mais qui, dans la conversation, avait parlé des "pêche melbas" (?!)... Pêche melba ? C'était "Peshmerga" qu'il voulait dire ! -en kurdmanji, "ceux qui regardent la mort en face"- j'ai cru à de l'humour, ça n'en était pas. N'empêche, ses articles étaient bien lus et c'est grâce à lui que j'ai rencontré Monsieur Sarazin, un des rarissimes résistants vivants ayant assisté à la remontée des corps au puits de Célas, par qui j'ai enfin connu la fille d'Aimé Crégut. Pêche melba ! Un bon vivant, grand amateur de glaces, de vins fins, et de femmes, nobody is perfect. Pêche melba, depuis, c'est ainsi qu'on l'appelle... Pardon Sahar.


5 h PM Samedi
Apparemment le maire veut négocier, je serais plus à l'aise si Robin était là, je suis mauvaise en négociation. Sauf pour les autres. -Un pitt-. Plus du genre activiste que politique. L'inverse de lui. Cris me dit qu'il faut me démerder seule, que ça sera un exemple que les femmes peuvent faire mieux que les hommes. Ça fait lourd.

Gary est passé, il a eu le courage de venir ouvertement me soutenir, apparemment il s'est mis dans les panneaux solaires et ça fonctionne. Pourquoi pas ? Je vais y penser. Pour le Ranquet, ça sera moins prenant que les locataires -jusqu'à six chiens à un moment, ça ne me gêne pas trop mais bon-. Bien si on a un grand terrain... Je vais peut-être louer cet été, c'est souvent sympa, disons quatre fois sur cinq. Étrange, Gary, que je ne connais que depuis un an, vient me donner des idées intéressantes, positives et Adrien, ami de toujours, affecte de ne pas me voir à la sortie de la mairie. C'est ainsi. Gary a même badiné sur le vieil intello parisien arrogant... Je ne l'ai vu qu'une fois aujourd'hui. Finalement il me manque. Gilles non plus n'est pas venu. Un signe mais de quoi ? Peut-être tout simplement a-t-il des ennuis avec sa petite amie. Peut-être ne veut-il pas se mouiller ? Il veut se présenter aux élections; mais il est trop psychorigide pour passer, bien que tout le monde l'aime car c'est un chic type. N'est-il pas un peu jaloux de mon hubris -toute relative-? Je ferais paradoxalement trop de volume bien que la moitié de lui dans tous les sens. Les mecs !



J'ai enfin vu la dame furieuse, elle existe ! Non, ce n'est pas une actrice, on a parlé... en effet, 500 euros par mois c'est dérisoire. Et 400 de loyer ! Plus l'eau... Comment faire ? Elle demande des délais. Bien sûr. Et du coup... j'ai essayé de lui dire que ma bagarre était surtout celle d'une femme -pour des femmes- et que si j'étais un homme, ça ne serait pas arrivé, ça a l'air d'avoir passé puisqu'en effet c'est en tant que femme qu'elle n'a droit qu'à cette réversion minime de la retraite de son mari. Une femme, c'est plus frugal, ça ne boit pas, ça ne sort pas au troquet et en principe ça ne fume pas. Comme si elles étaient des vieux chiens qui ont perdu leur maître, SPA, fourrière, on n'est pas loin de la piqûre. Je lui ai dit que presque tous mes livres étaient sur le net -pour preuve que je n'étais pas âpre au gain- ce qui était idiot car elle m'a répondu qu'elle n'avait bien sûr pas le net, je lui ai parlé de la wifi, elle m'a rétorqué -évidemment- qu'elle ne pouvait pas s'acheter un ordinateur. Soit. Il faudrait un service informatique ouvert à tous à la mairie et des cours sommaires. Celle-ci qui semble instruite se régalerait de dire du mal de moi, ce serait bien, après elle ne m'emmerderait plus.


Anic

On était -presque copines- à la fin. Je lui ai surtout expliqué que j'avais fait le procès parce que je redoutais que le mur ne tombe sur des gens, et de ça, elle a convenu -elle a été témoin de l'histoire de bout en bout et ne pouvait nier le danger, ouf, ce fut dur mais ça a été compris.-

MADAME VIGUIER
Madame Viguier est passée, j'ai réussi à l'attraper car elle n'est plus très rapide -je marche lentement pour économiser mes forces- elle m'a engueulée et du coup je l'ai tutoyée (!) elle m'a répondu qu'elle m'y autorisait, -quand on doit économiser son énergie ou face à un danger, on tutoie spontanément, ça va plus vite- elle m'a alors dit que c'était pour moi qu'elle avait peur et qu'elle me plaignait, ça m'a mis en fureur, "jamais ! je ne veux pas qu'on me plaigne... ni qu'on m'engueule", finalement ça s'est arrangé. Elle se sent un peu ma gardienne ou ma responsable devant Lydie, étant donné ses rapports avec elle autrefois -elle faisait le ménage et était devenue une amie, son amie la plus proche dans le village: à son départ, ma mère a fait une sorte de dépression-. Elle m'a dit qu'ils -toute sa famille- me soutenaient. Ouf. Son estime m'importe beaucoup, elle représente celle de  Lydie. Sur le chemin saccagé, c'est aussi à elle que j'ai pensé lorsque je l'ai défriché la "zone rouge". Son gendre a eu le courage -voire l'héroïsme- autrefois de s'interposer entre des chiens hargneux, mordeurs plusieurs fois! et une petite fille... mais sont-ils allés se promener dans la "zone rouge" enfin mise à plat ? J'espère. Moi, j'aurais sûrement laissé dévorer la petite-fille... mais j'ai franchi sans un battement de cœur la fameuse "zone" tous les jours, sécateur en mains et walk man pour éviter d'entendre  les piaillements des anti-défricheurs -en fait un seul -je haussais le son,  puis très vite ça s'est calmé, ce fut juste le début qui fut duraille. Ils sont trop bien élevés en somme. Chacun a des "courages" différents. Le mien est minime. Et on en parle davantage cependant, les médias ne sont pas toujours équitables.


Un détail: si je suis allée mieux paradoxalement le troisième jour c'est que je buvais du Vitel, des litres, je viens de voir sur le net que ça contient pas mal de magnésium, de calcium etc... Je vais boire encore, me forcer. C'est une sorte de nourriture, avis à ceux qui voudraient se lancer.


Régis me dit que je regrette qu'il ne s'implique pas assez. Non! je le regrette de la part d'amis militants dévoués parce qu'alors je suppose qu'ils ont quelques motivations gênantes... ou un désaccord dont ils ne me font pas part, mais pour Régis, ça n'aurait pas de sens : on ne va pas demander à un canard de miauler. Un militaire grand bourgeois catholique intello, d'une bonté sans défaut associée à une sagacité pleine d'humour -il me rappelle Guy-... il faut prendre les gens comme ils sont et mes amis sont très divers, de Sahar le chef peshmerga angliciste (!) à Totophe avec au milieu pas mal de monde dont Régis. De droite et de gauche -la majorité- et ceux qui sont où on les pose -quelques uns- et les atypiques comme Frédérique qui milite ou se lâche... au Vietnam ou partout où on ne la connait pas... et ici file droit ou se cache par crainte de déroger, des palestiniens etc...




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Dimanche 27 juin 2010
Je me suis couchée trop tard, pour parler avec Cris. Du coup, je me suis réveillée à 10 heures malgré l'agitation sans doute autour de la voiture. Peut-être Régis est-il passé vers 8 heures -discret!- comme il me l'avait dit et n'a-t-il pas osé me réveiller ? Dommage, quoiqu'il faut toute mon énergie, tant pis pour les copains.

Au téléphone, il me dit que lui ne ferait jamais ça parce qu'il se fout complètement de ce que les gens pensent de lui. Il me semble que c'est l'inverse. Pour faire une grève de la faim, se mettre en évidence, il faut passer outre l'humiliation de se présenter aux gens de manière un peu forcée et déplaisante. C'est "mal élevé" en somme, on les viole un peu. Il faut subir au départ la crainte d'être regardé, moqué, humilié même, de devoir parler, plus ou moins se justifier, sentir ce mélange de mépris et d'admiration qui vous pèse... le stress. Plus la douleur PHYSIQUE, cette sensation atroce de voir sa vie s'enfuir, de peiner à respirer alors qu'il en faudrait si peu pour qu'elle revienne, le bruit aussi de l'estomac qui se tord le soir et gêne le sommeil, et l'obsession de manger... Comment a fait Bobby Sands qui est allé jusqu'à la mort ? L'horreur pure. Je ne cesse de penser à lui et à Holgers Meins qui à la fin ne pesait que 40 kilos pour un mètre quatre vingt huit et à tant d'autres...? Oui, j'ai de la chance. Mon histoire est minime ? Justement, sa résolution aussi. Je m'entraîne pour d'autres.

Mais en forme ce matin. Le garde municipal sympa était à une table avec d'autres, en civil. Sur le coup, je dormais encore et n'ai pas percuté, je lui ai souri, en fait j'ai répondu à son demi-sourire discret puis je me suis reprise, mais trop tard. J'ai réalisé ensuite : attendaient-ils mon réveil ? Voulaient-ils vérifier que je dormais bien dans ma voiture ? Étaient-ils diligentés pour cela ? Ils sont partis peu après. 
 
LES RACISME A FRONT DE TORO
Rencontré un jeune type arabe -juriste?- qui me dit comme tous d'attaquer en justice, je lui explique que j'en ai assez après trois procès certes gagnés.. mais raz le bol. Il est très "typé" comme on dit sottement -car moi aussi je suis très typée après tout- et pour la suite cela a de l'importance.
Une de mes 2 œuvres d'art les mieux réussies

Il me raconte ses déboires lorsqu'il a voulu être pris à la mairie pour diverses tâches, des postes étaient à pourvoir, urgent, il a des antennes et le savait... Mais lorsqu'il s'est présenté, malgré un CV impeccable -il s'exprime parfaitement, est sportif, instruit et de surcroît très vif d'esprit- c'était à chaque fois trop tard ; il a alors envoyé un copain blond aux yeux bleus... qui a été engagé tout de suite. Ceci deux fois ! Il me parle du racisme ici -je m'en étais bien aperçue avec un voisin, celui-là même qui parlant de Fred, m'avait dit en croyant me faire plaisir que "ça ne se voyait pas trop" !!! "Ca" désignant l'orientalité de son père, à demi égyptien... qui justement se "voit" beaucoup chez son fils- mais je ne pensais pas qu'une telle attitude était aussi commune, les gens semblent si sympa. Le fond de la question viendrait-il de là ? Non, je ne crois pas:  car un ex cadre sup des télécom n'est pas perçu comme séfarade. Il n'entre pas dans le schéma.

 Azzedine Kalak représentant de l'OLP et ami, assassiné en Août 78 à Paris

Dans un autre ordre d'idées, Ahmed me dit que beaucoup de gens ici ont acheté des maisons pour 1 Euro symbolique grâce à l'ancienne mairie, ils ont parfois obtenu des subventions pour certaines réparations lourdes, -toitures-... les ont retapées eux-mêmes ensuite vite fait puis louées à bon prix... Certains se seraient faits des fortunes ainsi. C'est plausible puisque autrefois en effet, lorsque le maire désirait que je loge son nouveau garde - le snob venu pour exécuter les basses œuvres dont les autres ne voulaient pas, qui exigeait quatre ou cinq pièces et un hectare plus piscine pour madame qui ne pouvait s'en passer- ça m'avait été proposé en effet et deux fois de suite. A condition sans doute que je garde le Monsieur?

J'ai l'impression d'un monde clos -où je n'ai pas su ni voulu pénétrer- peut-être est-ce inéluctable, d'une famille -parfois au sens strict du terme- propice à toute dérive... Ahmed ajoute un imprévu: le sexe. Je le subodorais -il faut dire que Frank insistait beaucoup là dessus, à chaque fois je changeais de sujet-... sans y penser trop, Frank est comme ça, un peu trop branché-cul.. et ces "choses", on les shunte toujours chez "nous" et chez les cocos en général. Ça m'est venu après, en écoutant dans les rues, avec un peu de gêne... Cas isolés pensais-je. Non, apparemment selon Ahmed. L'info est donc croisée. Normal?
 
Dans une certaine mesure, on peut presque comprendre. Tout est question de mesure et de manière. Mais cela semble tellement institutionnalisé ici que certains se plaignent ouvertement aux terrasses, devant tous... de l'ingratitude d'"élus" qui n'auraient pas voulu les embaucher alors qu'ils sont reliés à bla bla... En somme, ils leur reprochent presque de ne pas avoir fait de passe-droit pour eux. Ou d'en avoir fait, mais pour d'autres -je ne sais pas- !!! Nature, quoi. Les loups ne se mangent pas entre eux ? Si. De petits loups, n'exagérons pas, rien à voir avec Bettancourt. C'est plutôt mignon, quoique la dame aux 500 euros par mois ne serait sûrement pas d'accord. Tout est miniaturisé mais c'est pareil. Sauf que de nous, les médias se fichent un peu -pas toujours cependant.- Louis-Marie H. m'a dit qu'ils ne pouvaient venir partout, le voyage, le séjour etc.. Soit. Une telle histoire à Paris aurait depuis longtemps fait la "une" du Parisien, la "deux" de Libé, et la "trois" du Monde, et un article saignant de Louis-Marie dans le Canard. Ici, ils attendent que je sois plus mal en point sans doute ou plus originale, comme José qui m'a conseillé...  autre chose de plus porteur et de moins cruel vis à vis de moi même. Et zut, pourquoi pas ? 


La fin justifie-t-elle les moyens ? Pas n'importe quelle fin, ni n'importe quels moyens, mais celui-là, si. Même si ça doit me coûter une minime garde à vue, et encore, pas sûr, ça ne sera pas la première fois et j'espère pas la dernière. OK, "it's the price to pay "comme dirait l'autre affreuse (Madeleine Allbright). Oui, finalement.
Note après coup : je n'aurais pas le cran, un zeste de conformisme sans doute ou tout simplement de lâcheté.. un manque de pugnacité, Robin, et c'est une mairie de gauche en somme. je m'en veux.

Le Dugas au 16ème siècle avant JC ?

Ahmed s'en va. Entre temps, Noellie est arrivée, on se croirait chez un psy, elle attend son tour à la table d'à côté... je lui parle à mi-mot de certaines magouilles sans donner de détails, elle comprend d'où je les tiens et me dit qu'elle se méfie de ce type qui n'a pas l'air "très net". Ce regard légèrement voilé, soudain distant, l'éclat de ses yeux qui change, le déplacement imperceptible de la tête qui se relève, les épaules qui reculent et la bouche qui se pince à peine, ces micros attitudes qu'une caméra au ralenti peut pointer en détail, on les connait bien : c'est le mouvement du mépris et en le cas du racisme. CQFD.

LE MAXIMALISTE
Un type genre petit intello -ou "pseudo"- passe, lit distraitement et me demande où il y a un restaurant et un distributeur du crédit agricole, il y tient car c'est moins cher. Bon, passons, je le lui indique, il croit sans doute que je suis serveuse, à son ton.. Je lui dis que je suis juste la gréviste de la faim et lui tends un tract, il le lit, me demande si c'est moi qui suis passée à la télé... et s'étend sur le tout va mal -on va dans le mur, c'est horrible- partout etc... Je lui réponds que oui, que je m'y intéresserai lorsque ça ira mieux ICI... Il repart pour un tour sans pudeur -ça m'épuise-, je le coupe -ce genre de gars veut éviter de s'engager et noie le poisson et ce sont eux qui vous pompent le plus d'énergie-. Je le coupe donc sans aucune politesse "oui Monsieur, tout va mal mais pour l'heure c'est ICI que ça va mal, vous me permettrez de m'intéresser au reste lorsque je serai plus à même de le faire." Et je le plante au milieu d'une phrase bouche ouverte. Avant je l'aurais écouté et j'aurais tenté de le convaincre d'agir, parfois au cas par cas etc... ça m'aurait épuisée, en vain puisque comme Frédérique, il ne cherchait qu'à se justifier sur le mode "c'est trop petit pour moi, il y a bien plus grave !"... dont il ne se soucie évidemment pas davantage. Les gens engagés, on le voit dans ce bloc-note au fil des jours sont aussi ceux qui spontanément ont réagi et signé et même m'ont donné quelques idées. Un vrai humaniste ne trouve jamais une cause trop petite pour "lui". Comme ceux qui reprochent à certains de s'occuper des animaux et non de la famine en Afrique -ou l'inverse-... et qui ne s'occupent ni de l'un ni de l'autre. Cette grève m'a mûrie. Il le fallait, à 62 ans.

Je préfère ceux qui disent carrément qu'ils s'en foutent. C'est pour éviter ceux-là que je ne distribue pas aux gens, j'attends qu'ils lisent -derrière la barrière vitrée de la terrasse, assise, je les vois : certains s'en vont tout de suite, d'autres restent, c'est à ceux-là que je donne le tract-. Là, le gus m'a prise de court en me demandant le distributeur... et un bon restaurant, il y a des questions qui tuent, quoique je le comprends, je ne suis sans doute pas encore si esquintée et me voyant debout lorsqu'il s'est avancé -après avoir lu- il a cru que j'étais la serveuse ou l'hôtesse et au fond c'est presque flatteur. La barmaid, une petite égyptienne qui ressemble à ma fille -normal Robin est à demi égyptien, Fred en pagne ressemble tout à fait à un bas relief de Fayoun- s'est étonnée que j'aie 62 ans, elle voudrait bien m'a-t-elle dit que sa mère soit comme moi. Elle est un peu forte, les enfants trop nombreux sans doute. Trop gentil. Les moindres gentillesses... Moi je maigris.



Chemin de St Victor, le point essentiel de cette grève

En parlant avec Ahmed, j'ai oublié d'aller acheter des cigarettes et on est dimanche, il faudra attendre. Ça ouvre à 5 heures. Fumer me manque. Le fils de la serveuse apprend à faire des blogs, il en a fait un -en fait on l'a fait ensemble sur le Mali et la famine.- Je lui explique au fur et à mesure. Bien qu'il pige vite, ça me fatigue. Je manque de patience.

VOIR OU NE PAS VOIR. MARIE-RENÉE

Les gens passent, certains voient, d'autre non. Ce n'est pas qu'ils soient odieux, c'est juste qu'ils ne voient pas. C'est dans le regard que tout se joue. De même Marie-Renée alors qu'Erdal lui avait pourtant parlé comme à moi de ce que vivaient les kurdes en Turquie et en Irak -un quasi génocide dont Halabja fut le point médiatisé- n'a-t-elle pas compris, vu. Lorsque j'en ai fait mention, elle m'a dit avec cet air légèrement condescendant de la bourgeoise élégante cultivée et sympa qu'elle est : "tout de même, tu exagères!" Nous avions cependant entendu les mêmes histoires, mais j'avais écouté, elle pas. De même en 40 certains n'ont-ils pas vu qu'on embarquait les juifs. Et même sur place, qu'on les gazait. Je crois qu'ils pouvaient être sincères comme Marie-Renée vis à vis des kurdes. Presque. 

5 h et demi Dimanche
Je consulte mes mails, miracle le net est revenu. Stupeur, une copine m'invite à une soirée caritative du Lion's club et, pour m'allécher sans doute, me donne le menu. En fait on s'est connues par l'assoc pour le Fort Vauban. Il y a aussi des mails qui tuent. Elle a des excuses, elle ne lit pas la Mars et se montre très dévouée pour l'assos. Mais zut. J'ai pu acheter des clops. Ça plus le net, c'est bien.


Mr Dugas entrepreneur, est passé hier, je l'ai interpelé pour lui rendre le DVD sur le Puits de Célas, ça m'évitait de faire 300 mètres pour le lui apporter, dans mon état de faiblesse, ça compte. Il a eu un geste agacé.
Ou me suis-je trompée ? Je deviens parano, peut-être avait-il tout simplement envie de faire pipi et était-il pressé? je lui avais fait une attestation, justice et non faveur, soit, mais semble-t-il, j'ai été la première et cependant tous le pouvaient, intéressant, cette pusillanimité. Les jeunes sont différents de ce que nous étions au même âge. Sans doute la vie est-elle plus dure pour eux. 
 


Des messages de soutien d'une collègue de l'école des mines, Lise. Enfin quelqu'un sans a priori, sans calcul plus ou moins conscient. Ça rafraîchit. Joie... En plus elle est marrante. Elle me dit que je suis courageuse. Non. Mais je n'ai peut-être pas les mêmes peurs que d'autres. Par exemple, dans notre immeuble à Paris, j'avais terriblement peur de la concierge, femme parfaite qui, comme tous les parfaits, écrasait les autres sous le poids de sa perfection, levée à cinq heures, trois enfants nickels, ménage impec.. Un jour j'ai attendu Robin trois heures à un troquet parce que je n'ai pas osé lui avouer que j'avais perdu mes clefs et lui demander de m'ouvrir.


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18h
La chaleur est tombée. On dirait même qu'il va pleuvoir, Dieu ou la nature soient bénis. Le petit Daniel a pris mon autre ordinateur, il se débrouille très bien. Il fait son blog avec acharnement. Sa mère ne semble pas totalement consciente de ses capacités. Dommage. Parfois, les parents ne stimulent pas assez leurs enfants qui stagnent lorsqu'ils ont tant à apprendre. Ce qui est perdu l'est. "Il a bien le temps". Non. Mais il est aussi désolant de voir d'autres les cravacher alors qu'ils n'en peuvent plus. Il faudrait qu'un enfant ait le même niveau que ses parents. Ceux qu'on appelle faute d'un autre terme "surdoués" vivent souvent un enfer, littéralement, moqués, racisés, ostracisés, humiliés, haïs, jalousés. 



SATAR
Je pense à Satar, futur prix Nobel j'en suis sûre (!) mon ancien élève, à bout de souffrance dans ce lycée moyen où tous l'avaient mis à l'écart : afghan, issu de la guerre, en deux ans il avait appris le français presque parfaitement et, balancé en terminale S, obtenait sans efforts 19 de moyenne partout. On ne m'avait rien dit lorsque j'étais arrivée, c'était un "test". Je le revois, si maigre, un fil, toute sa vie intense tendue dans des yeux noirs perçants, soudain me demander posément.

"Madame, vous posez la question de savoir si ma liberté est incompatible avec l'existence de Dieu. Mais tout à l'heure vous nous avez dit que selon... je ne sais plus qui, ma liberté est reliée à la liberté des autres et ne s'y oppose pas, au contraire comme on le croit parfois..." Un ange passait. "Oui... alors ?" Et il continua doucement, avec son petit accent afghan... "Et bien alors je me demande moi si ma liberté n'est pas de la même façon... reliée à celle de Dieu -s'il existe- et non pas incompatible... Or Dieu est forcément libre, voyons... A moins de supposer que Dieu n'est pas un être mais un.... comment avez-vous dit, un concept. En fait, ce n'est pas le problème de la liberté que vous posez mais celui de l'existence et de la nature de Dieu... Peut-il, s'il est, être vu comme un homme ou non?" 

Soufflée. Il avait découvert en un clin d’œil Saint-Anselme, les pères de l'église,  leurs contradicteurs, Rousseau, Kant et sans jamais les avoir lus, surfait sur leurs thèses à 17 ans avec une aisance de sorbonnard pour son premier cours de philo... Un cerveau-soucoupe volante, mécanique parfaite aux rouages qui tournaient à plein régime, bondissant au quart de tour à une infime pression et se propulsant à 1000 km d'un seul élan sans à-coups... Jamais vu. En sortant de la classe, les collègues attendaient avec impatience. J'ai toujours dit que la philo est une matière comme une autre, ils en avaient là la preuve. 



Seulement voilà, quelques élèves en sortant, devant mon émotion -je crois même que j'avais les larmes aux yeux- se sont exclamés "tu vas voir, même en philo, il aura 20 !" sur un ton rien moins qu'amène. En fait, Satar vivait un enfer. Il refusait d'aller à Louis le Grand qui l'aurait accueilli avec tapis rouge. "Je suis de la banlieue, j'y reste, je suis comme tout le monde." Comme tout le monde, il le voulait désespérément mais ce n'était pas vraiment le cas. C'est moi qui lui ai conseillé de faire médecine -de la recherche- alors qu'il préférait la philo -"les maths, c'est bien mais c'est tout de même limité, il faut bien en sortir un jour, la philo, c'est autre chose" m'avait-il dit.- "De la philo, tu en feras de toutes manières tout seul, tu n'as besoin de personne, et là tu pourras mieux aider les tiens"... Il l'a fait, avec ce mélange de modestie et d'arrogance -en fait, de lucidité- qui le caractérisait : "la médecine, je crois Madame malgré tout que je vaux mieux que ça, mais bon, soit..." Satar! Au bord du suicide cependant dans sa banlieue grise où il était si seul. 



Rachel Corrie, écrasée par un bulldozer israélien à Gaza


MA FIABILITÉ

19 heures
Didier est passé avec un salut rapide, amical certes. Je l'ai interpelé tout de même.
--  Tu te souviens de l'article de La Mars que j'ai fait sur toi ? Tout était exact, n'est-ce pas ?
-- Oui, parfaitement. 
-- Et celui sur Pascal ? 
-- Tout à fait." Je lui ai alors tendu le tract un peu théâtralement, version longue, c'est un ancien élève de Lydie, brillant littéraire qui n'a pas pu faire d'études, a travaillé en usine et s'est retrouvé au chômage après la fermeture due à un patron véreux. 
-- Et bien c'est la même chose pour celui-là." 
-- Mais on le sait bien Hélène, on connait ta fiabilité !"
Ouf. Ça m'a fait un immense plaisir. Il a à présent un travail d'animateur ; un article, ça booste les gens, ils se sentent exister, ça vaut pour moi comme pour tous. Bon, il a tout de même eu le courage de m'embrasser devant la terrasse pleine du café d'en face c'est à dire devant la Mairie. Lydie regrettait toujours à 80 ans qu'il n'ait pas fait les études de lettres qu'il aurait brillamment réussies. Devant ses anciens élèves, j'ai l'impression de devoir prendre la suite d'une tache inachevée par la force des choses et non par la sienne. Complexe de Pygmalion. 
Observation après-coup : les copinages sont parfois inextricables dans un village, ainsi Franck, ami proche et courageux signataire de la pétition -un cas à souligner- fut-il autrefois aussi un copain de l'un de ceux qui... un pote qui l'aurait aidé à l'école où il avait parfois du mal à suivre.. Cornélien. La justice ou l'amitié etc.. Redite: les gens ne sont pas tirés au cordeau, le hasard et la nécessité changent parfois les gens.. et le même qui fait saisir mon compte s'est peut-être parfois montré bon camarade envers des amis défavorisés. Panta rei.

Téléphone de  Bertrand Brémont, un ami de Sylvie Barbe qui vit en yourte et a été expulsée récemment... mais l'a reconstruite à cent mètres sur un terrain qu'elle a acheté- des "objecteurs de croissance": génial, ils me soutiennent et sont prêts à venir devant la mairie. Décidément, la balle est dans mon camp. Chaud au cœur. La vie est belle soudain. Ça va marcher.. je me demande si je ne vais pas manger un repas normal. Merci Bertrand, Sylvie.
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Note après coup : il ne se passera rien. Hasard? Opportunisme? Là aussi les militants toutes tendances confondues peuvent décevoir. Les anars de quartier ne font pas exception. Pas grave.



Le Guatemala, pays d'Alfredo Tale-Yax, le SDF 
qui est mort après s'être interposé entre 
une femme et son agresseur, à New York

Un peu de vague à l'âme ce soir. Juste au moment où il faudrait booster, classique, le syndrome de la solitude du coureur de fond. J'ai pourtant rompu la grève en partie pour être claire demain car je dois négocier et ça sera sûrement dur. 


Une rencontre extraordinaire de jeunes d'Avignon installés ici, ils ont lu et... se sont littéralement écroulés de rire ! Ils n'en pouvaient plus, effectivement l'affaire est marrante vue du ciel. Ca m'a bien détendue. Finalement, j'ai autant ri qu'eux. Ils n'en revenaient pas. C'est un roman? Des gags en série ? Une caméra cachée ? Non.


Lundi 28 matin, avant la concertation !!!
Toute la nuit sans dormir, normal car re manger -deux croissants et du café au lait, trois cafés noirs sucrés et quelques câpres- m'a littéralement surexcitée. A moins que ce ne soit le fait de voir l'issue. 
LE ROI EST NU
 Élément imprévu, certains employés municipaux semblent avec moi, clairement. L'équipe ou plutôt celui ou celle qui les dirige? -ce n'est pas clair, prudence, l'amalgame est risqué- semble autoritaire, arrogante, n'acceptant aucune discussion, contrôlant tout, méprisante envers le peuple etc... "ce ne sont pas des gens de gauche" est l'opinion qui prévaut. Beaucoup viennent et me disent bravo mais ne le dites pas.. sauf que tous font pareil. Signe d'une mauvaise ambiance que ces petits "secrets" -qui sont les mêmes- entre ceux qui se côtoient tous les jours, cela rappelle le conte d'Andersen, "Le roi est nu"... en fait, que le roi soit nu, tout le monde le voit mais personne n'ose l'avouer, croyant être seul à ne pouvoir apercevoir les vêtements soi-disant visibles uniquement par les gens de bien.. jusqu'à ce qu'un enfant s'exclame "mais le roi est nu" ce qui soulage tout le monde. Ici personne n'ose le dire, sauf mais sur un point minime, moi.  Malsain.
 


Tommie Smith, 68 jeux olympiques,
un geste qui leur coûta leur carrière

Ça, ça change la donne et me met la pèche. Une femme  d'un certain âge est passée et s'est écriée en me voyant arriver : "des gens comme ça, il en faudrait plus, c'était jamais arrivé encore et c'est une femme qui l'a fait, et on serait moins dans la merde." Le plus drôle est qu'elle avait l'air tellement agressive que sur le coup j'ai cru qu'elle m'insultait. Cette foutue grève aura eu l'immense avantage de mettre en lumière ce qui était latent, des on-dit auxquels au fond je ne prêtais pas foi, croyant malgré tout que j'étais la seule à qui c'était arrivé. C'est toujours ce qu'on vous martèle. L'illusion banale des victimes d'être seules, suscitée par ceux qui les exploitent afin qu'elles se sentent coupables ou marginales et ne bronchent pas. Ce n'est pas le cas, ce que j'ai subi, renvoi de l'un à l'autre avec chaque fois les mêmes questions, la même suspicion jouée ou sincère, usure, cris d'une adjointe -pénible!- et congédiement par un autre, puis la mauvaise foi de celui qui a "oublié" ce qu'il a entendu etc...- ils l'ont subi aussi parfois en pire, ça ne m'était pas réservé en tant que femme, je me suis trompée. Faudrait-il tenir un peu plus ? En profiter pour faire éclater ça, une conférence de presse ? C'est dur tout de même mais apparemment ça vaut le coup. En tout cas, je ne vais pas négocier du tout. C'est à prendre ou à laisser.


Tout ceci explique leur indifférence devant mes requêtes insistantes, et même devant mon avertissement de grève dont je pensais qu'il suffirait à tout débloquer. Rien risque pensaient-ils sans doute puisque pour d'autres "ça" avait passé sans vagues. Je pensais à une certaine lenteur d'esprit car ici tout va lentement, moi aussi, je m'adapte au mouvement, c'était sans doute de l'arrogance qui est une autre forme de lenteur, un défaut d'ajustement à une situation cette fois différente. Car quoiqu'il arrivât ensuite, le premier round est gagné: tout le monde sait à présent, ce qui était mon but primordial. Jusqu'alors, j'étais la femme qui va expliquer re et re et re qu'elle n'était pas là... donner son contrat de location et re et re et re etc.. demander qu'on refasse le mur bla bla, presque suppliant -ce que je n'aurais pas fait avec l'équipe adverse mais là on était entre "gens-du-même-bord".- Foutaise, j'ai changé, sans la justice pour les faire céder, je pleurerais encore sur ma chaise devant ma maison effondrée aussi ruineuse à démolir qu'à reconstruire... Oui, Seigneur, gardez-moi de mes amis.  



Quelque chose de ce désastre

Lundi 28 juin
LES GOUTTES
Jour J. Réunion avec le maire et quelques membres du conseil. Des heures ! Craqué un peu. Heureusement il y avait Michel et Robin arrivé droit du train, direct Montparnasse- Saint-Ambroix, ça fait un décalage, il a tenu le coup, il est solide en un sens. J'ai pris les papiers, ces damnés papiers que je garde dans une chemise toujours sur moi. Sans jamais l'ouvrir. Ils avaient les doubles évidemment, mais ceux qui m'étaient favorables, les rats les avaient mangés, et moi je n'avais plus certains. Les rats font un tri sélectif il faut croire, c'est des rats écolo. Epuisée. 

Re démontrer que je n'étais pas là -ce que tout le monde sait- que c'est bien Maguy qui... que les factures étaient bien en son nom, il y avait un truc, les numéros des factures, 224 c'était avec assainissement donc bon mais 222, c'était sans assainissement donc pas bon, par chance Robert a trouvé des 224, sauvée par le 224.
Note après-coup, ils prétendaient que les factures de Maguy concernaient un autre endroit, non raccordé où elle avait habité -donc sans assainissement- et là, on s'est fait avoir car, on l'apprendra ensuite par hasard, les factures sont en deux volets, il y en a d'abord une avec assainissement et ensuite l'assainissement, si bien qu'en fait toutes étaient parfaitement valables. 

Puis une date de départ de Maguy, je ne vois pas ce que ça change mais bon.. Ca c'est pour demain, la CAF. Démontrer donc ce que l'on sait -et que j'ai déjà démontré du reste-. Michel dit que c'est normal, l'administration doit rendre des comptes. Tout de même, tout ce temps perdu. Ne peuvent-ils tout simplement dire qu'ils ont fait une boulette si c'en est une ? Les profs le font bien. Et la rectifier fissa?


Et il y avait le jeune diligenté pour moi ou pour cas difficiles en général ? que j'appelle ED -employé aux cas difficiles-.. et de chercher tel document, de demander, de calculer le volume d'une goutte multiplié par le temps puis le coût multiplié par etc... de donner des chiffres définitifs, une pastille doit laisser passer 1 litre... en fait c'est 30 mais bon... je croyais qu'il avait fait sciences po ou l'ENA parce que, comme disait Coluche, "un technocrate, c'est quelqu'un que, lorsqu'il vous a répondu, on comprend même plus la question qu'on a posée". La fatigue ? Peut-être aussi, dès qu'il parlait, je décrochais. Je lui ai demandé combien il gagnait il m'a dit 1600 Euros je crois, ça tourne autour de ça. Je lui ai reproché d'enculer les mouches, ce n'était pas aimable certes, mais l'absence de nourriture agit comme une drogue, les anorexiques en jouent et jouent, ça libère, on n'a plus la retenue sociale naturelle chevillée au corps, enfin, pas si naturelle, la preuve, culturo-naturelle. Cela aussi n'est pas mal car cette retenue c'est ce qui permet la tolérance à l'injustice. Les femmes l'ont plus que les hommes mais sur ce coup, je dois avoir un bout de chromosome Y qui traîne, Vinh me l'avait dit du reste lors de notre premier cours de Vôh, ayant été la plus réactive lorsqu'il nous avait ordonné de l'attaquer au plus efficace et de toutes nos forces, aucune n'osait, il n'arrêtait pas de gueuler "mais j'ai dit efficace et de toutes vos forces!" et lorsque mon tour est venu, pas trop envie de me faire attraper, je lui ai lancé violemment un coup de pied aux couilles qui l'avait littéralement charmé -et évidemment il m'avait mise à terre au même moment en me retenant pour que je ne me brise pas le dos-. "Très très bien! voilà ce que je voulais."


A adopter


Et l'employé releveur venu rue Désiré de répondre à la question de Robin "qui payait l'eau ?"... "Mr Ruche, évidemment, même qu'il rouspétait parce que ça faisait beaucoup." Mr Ruche, c'est à dire le compagnon de Maguy, ouf, ça se dénoue. Il y avait deux (?) adjoints présents plus le jeune technocrate aux gouttes-multipliées-par-le temps-multiplié-par-l'argent-plus-l'assainissement-égale-un-paquet-de-fric. On a eu un document ensuite, une sorte de compte-rendu.


Kafka tout de même : tous reconnaissent que je n'y étais pas mais encore faut-il l'attester. Plus exactement le re et re attester. Un alibi de six ans.. ou de deux qu'il me faut, alors même que la maison et même le quartier étaient -à ma demande ou plutôt à celle de l'expert que j'avais diligenté- déclarées en péril par le conseil municipal, ce fut le dernier arrêté de l'ancien maire du reste. C'est pour cela qu'on peut haïr les administrations, le principe même de ces hydres qui dévorent et érodent les gens étant d'user la bête, de complexifier une affaire à plaisir et de lancer au milieu de donnes évidentes et connues -mon histoire étant une sorte de paradigme de la gestion "aléatoire" des anciens élus...- un jeune qui n'y connait rien ou fait comme si et, avec le sourire, vous fait tout reprendre à zéro pour la nième fois et vous annonce, suave qu' "on a un relevé fait en votre présence en 2005 donc..." (?!?) sous entendu vous y étiez, faux, -relevé de toutes manières issu d'un gus disons lui-même très "aléatoire" détail connu de tous mais pas de lui -ou il fait comme si- et de vous demander de prouver que vous n'y étiez pas, c'était déjà fait mais donc les rats avaient bouffé certains documents n'en laissant même plus une miette.. Epuisant.


J'avais redemandé le dossier à Ralph Blindauer -avocat et ami-... puis l'avais laissé dans son enveloppe, dans la voiture, il ne me quitte pas. J'étais allée le chercher et était revenue avec... en vain. Même le fait que la maison se cassât la gueule, là on était dans un cas de figure exceptionnel et relativement rare je l'espère n'étant pas suffisant pour prouver que je n'y étais pas..  et tout cela à quelques mètres du bureau de celui avec lequel nous avions devisé autrefois de l'histoire de ma facture en rigolant.. c'est à dire son chef.


Comment ne pas hurler ? Sans doute est-ce le but, conscient ou non. Si je gueule, je me disqualifie. Il fallait tenir.  



[Mardi 29 juin, post perdu en remettant les messages dans l'ordre]

 Mercredi 30 juin
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KAFKA
Ces papiers, je les garde soigneusement comme des objets précieux mais je n'ouvre même plus le dossier, je n'en peux plus de ces attestations, contrat de location, relevés d'estimation au nom de Maguy qui m'ont coûté plusieurs jours de recherche et de poirautage devant chez elle.. et enfin, la cerise au dessus du gâteau, car à toute chose malheur est bon... une jolie histoire pour distraire le lecteur, que voici toilettée...



ANNE DE RAURE
Une voisine sympa type assistante sociale bénévole qui me prend en pitié -je poiraute tous les jours-, me fait enfin entrer chez elle et… s'avère être la fille d'Hélène, la cousine dont m'avait parlé Lydie... les riches de la famille, ces nobles et paysans à la fois qu'à la fin Marguerite aidait probablement car elle avait "réussi" avec son restaurant-épicerie et eux étaient ruinés après le drame. Elle le prit à la rigolade et, avec une certaine classe me fit visiter son deux-pièces plus que modeste : "voyez ce qui reste de la dernière des de Raure" et enfin Maguy, sans doute briefée -c'est ma cousine, tu peux pas lui faire ça-.. et voilà les papiers. J'aurais dû la revoir, je le ferai après que tout sera fini. Tout s'est passé par sous-entendus, timidité de part et d'autre et au fond je n'ai rien su de la suite : comment a-t-elle été élevée? Lui a-t-on parlé ? Aussi étrange que ce soit, une parente rencontrée à la galerie par hasard soit ignorait le drame, soit le niait et s'offusqua -"c'était un accident voyons"...-



Cris et chuchotements

Les paysans, les vrais, les miens directs, sans doute plus robustes, plus intelligents, plus nature et surtout dotés d'un patrimoine génétique plus diversifié, s'en sont mieux sortis. Et cependant, au départ, les cartes semblaient autrement distribuées. Lydie admirait beaucoup cette cousine si élégante, si jolie et était navrée qu'elle ait laissé derrière elle une petite fille de quelques mois et des parents qui jamais ne se remirent du drame. Les villages, le sens de l'honneur, les miens en un sens même si cette branche -de droite extrême, un cas et de surcroît pas trop "culture"- était si éloignée idéologiquement de la nôtre que, une génération après, je ne savais même plus s'ils existaient encore et vice versa. Bon, ces papiers, je les ai sans doute obtenus grâce à elle... Merci.

Mercredi 30 juin, chez Manu, 10 h 30
Ca se corse. La CAF ne peut pas donner de relevés avant 2006, et c'est là la question. Seulement il y a un hic; Maguy serait partie en 2005 ! Notons que ça ne change rien à la question mais je suis perdue, ça doit être le but, je ne comprends pas. La facture extraordinaire de 4000 euros -pour deux mois!- date bien de 2007 et c'était juste après son départ. Me semble-t-il. A moins que je ne me trompe. Ou que ce ne soit un duplicata d'une facture a posteriori que l'on m'aurait donnée alors que je protestais. Il faut dire que l'affaire, au départ m'était apparue tellement absurde que je ne m'y étais pas intéressée moi-même, juste une rouspétance de principe, ça ne se pouvait pas PUISQUE JE N'Y ÉTAIS PAS, CA ALLAIT DONC FORCEMENT S'ARRANGER.  J'avais confiance en la justice de mon bled, en somme, arrogance naïve, ça ne pouvait pas m'arriver puisque ce n'était pas juste. Tu parles. Après coup, on m'aurait donné une facture -la même- mais postdatée ? Je ne sais plus.


Il reste un élément positif, le compteur ne marche pas. Ca devrait suffire. On me réclame 4000 Euros sur la base d'un compteur qui ne marche pas. Aberrant. Reste la question : il ne marche pas en plus ou en moins ? On saura plus tard grâce au rézocitoyen -un groupe écolo soft- qu'un compteur de plus de 15 ans -et celui-là a bien son demi siècle- n'est plus fiable, il peut s'arrêter, ou filer comme un zèbre, voire tourner à l'envers, bref il est gogol. Mais ce n'est pas important : il ne marche pas. Il  faudrait le faire expertiser, mais ça coûte 175 euros. Or le compteur appartient au service des eaux. Pourquoi devrait-ce être à moi de payer ? De toutes manières, l'employé dit que ça n'aurait pas de valeur, il aurait fallu un huissier qui assiste au démontage...





Autrement dit, voilà une maison qui n'est pas occupée de 2005 à 2007 et qui affiche une consommation de 4000 E pendant une période finale de quelques mois, deux seulement d'après la facture. Je m'interroge : il faudrait un contrôleur des contrôleurs car ce sont les mêmes qui installent, relèvent les compteurs, et encaissent et le mélange des genres, ça ne le fait pas. Situation difficile sans doute pour les employés municipaux, roule-t-on contre son boss? Hypothèse romanesque, c'est un vrai scénar. A cette époque, un élu avait voulu acheter ma maison... inélégant peu après la mort de mon père, je l'avais envoyé sur les roses sec. Simple concomitance bien sûr. J'en ai marre. Je me dis que c'était sans doute le but, inconscient ou non. Peut-être exagérai-je.


On s'est même engueulés avec Robin... Signe de notre épuisement, on perd tout, il avait laissé son portable au Ranquet, puis ne retrouvait plus le chargeur, ensuite il avait mis les clefs dans sa poche et je les ai cherchées une heure, et pour finir, pour être sympa, il était allé chercher des croissants, j'attendais en double file sous les klaxons... et quand il est arrivé j'ai hurlé. Nous sommes à bout. Je crois qu'on s'est fait laissée piéger par leurs exigences de recherche de papiers, que ça nous a épuisé et comme les rats de labos, on se venge l'un sur l'autre. L’œuf du serpent.


J'aurais dû faire comme Scipion à qui on demandait des comptes pour la gestion du forum... qui les avait sortis... brandis... et brûlés immédiatement. Cette exigence était humiliante et surtout politique dit-il. Dans mon cas, elle est blessante car vaine car ce qu'on me demande d'attester, on le sait et du reste ce n'est pas nié car c'est indéniable. Ubuesque.

Fleur bleue (Robin Eddi)


Savaient-ils que la CAF ne pourrait remonter aussi loin... et de toutes manières que Maguy -s'ils ne se trompent pas- était partie en 2006 ? Mais ça change quoi? Rien. Robin est un peu déprimé par moment. Je n'aurais pas dû accepter. Mais Michel, fidèle à son rôle de médiateur -suscité par le Maire- pense que tout ceci est un hasard, l'ordre de saisie serait passé tout seul sans que le maire même ne le voie. Contradictoire avec ce qui m'avait été dit ailleurs -passons sur mes sources mais elles sont fiables- ai-je mal compris? Il avait presque fini par me convaincre. Ce qui du reste ne change rien -boulette ou rétorsion délibérée? c'est la seule différence- le fait basique demeurant intact. Et pourtant, l'adjoint et ses propos "tu paieras et c'est tout", l'adjointe -idem mais dix crans plus haut-... On oublie vite. Je vacille, un peu. Basta. Hasta siempre.





J'ai peut-être été dure : Robin est d'accord avec Michel, l'ordre de saisie provient de l'ancienne équipe. Bon, mais il a été donné par la nouvelle, car ça ne se passe pas si vite, il y a le "jugement" -si l'on peut dire puisque je n'ai pas été avertie- l'ordre de saisie, mais celui-ci reste sans être forcément exécuté car il faut un autre ordre pour qu'il le soit.. bref, il y a plusieurs étapes avant la guillotine. Se peut-il que le maire n'ait pas été au courant? Restons dans cette hypothèse, c'est tout de même une erreur. Ne faisons pas comme le petit peuple affamé qui naïvement demandait au Roi à Versailles... de le délivrer des fermiers généraux collecteurs d'impôts... diligentés par lui.. Je ne sais pas. Qui se moque de moi? Et puis je m'en fous, de toutes manières, je n'étais pas là, et basta. 

Les discussions oiseuses même entre nous épuisent. Négligence? Qu'il la répare alors. Il me semble que si j'avais été à sa place, ne serait-ce que pour l'honneur, j'aurais fait en sorte qu'une telle concomitance ne pût avoir lieu. Il est vrai qu'il y a d'autres héritages des anciens peut-être plus lourds encore question injustice.. et que mon affaire peut sembler secondaire. Ouais, sauf que la maison d'un administré démolie par les soins de son père, ça ne se voit pas tous les jours enfin j'espère. Les deux "incidents" mis ensemble sont fâcheux. Et puis je râle, cessez d'enculer les mouches, si c'est une erreur, on la rattrape fissa, ou alors ce n'est plus une erreur. Et le peu d'empressement à la corriger ne plaide pas pour la boulette. Question de logique. Si vous vous garez par mégarde sur les clous et qu'on vous le fait remarquer, ou vous vous enlevez illico ou alors etc..

Les gens se taisent aussi, comme s'ils avaient honte d'être humiliés. Oser le dire c'est s'exposer au rire croit-on -en fait, ce n'est pas vrai-. C'est comme les femmes violées ou battues. Et lorsqu'un parle, tous s'y mettent... C'est pour ça que je gêne sans doute.






Jeudi 1 juillet 
Boulimie
Une vie presque normale, je mange comme quatre en prévision d'un de re départ. La solidarité de tous, différemment exprimée, Jacques qui vient m'apporter 400 Euros pour des livres avec ses excuses pour le retard et beaucoup d'encouragements! Enfin. Une grosse affaire pour un militant coco de 60 ans... qui en principe s'intéresse à du plus lourd, en effet, c'est un peu léger pour lui mais mis bout à bout, ça fait tout de même la vie de gens. J'ai perdu deux ans pour cette affaire deux ans mis à la suite, en partie l'amitié  de Michel J. -mon meilleur ami- que je n'ai pas vu depuis un an, on s'est éloignés et le projet de livre commun a été remis aux calendes, peut-être ne verra-t-il jamais jour -plusieurs livres, mon travail dans une certaine mesure, pas totalement, et pas mal de confiance en moi et dans les autres, en certains du moins, ainsi que plusieurs autres amis proches, l'amitié ça se cultive, mais j'en ai gagnés d'autres, aussi. 50 ans d'illusions éclatées dans certains cas, dans le meilleur mais aussi dans le pire, il le fallait et ça c'est plutôt bien. Mais aux forceps. La caverne, je suis née au forceps.


La vie des pauvres gens et des poètes

La vie des gens, le chemin effondré... des gens qui se sentent exploités et laissés pour compte tels ceux qui depuis un an font des acrobaties pour aller chez eux avec tronçonneuses et brouettes, faisable mais pas facile... pourquoi? pour entretenir la vallée !!! pour tous, y compris pour le voisin d'en face, un gros propriétaire qui a aussi des chambres d'hôtes. Mais celui-là est du genre sympa, je me suis payée le culot d'aller chez lui, il m'a reçue fort aimablement -fort satisfait du nettoyage ?- car de chez lui on voit -de très loin- les "trois pins" devenus une véritable décharge-.. Du nettoyage de la montagne, un an de boulot, s'est chargé celui-là même qui passe en faisant des acrobaties à présent, un sportif et un costaud, qui n'a pas économisé son temps et n'a pas le vertige, un poète aussi pour avoir accompli cette performance tout en travaillant juste pour que ce soit beau, juste parce que cet endroit, il y tient autant que moi et quelques autres... et tous en fait. A présent, de la belle terrasse de ce gris proprio, on voit la montagne comme avant... 


Saccage au Mali

et ici : écoulements d'eaux "usées" dans un talweg,
vers la Cèze... en amont d'une baignade...


Voilà l'aberration de nos édiles: notre patrimoine jeté aux orties, tapis rouge pour ceux qui l'abîment par intérêt perso -et à courte vue- et haro sur ceux qui ont peiné à le restaurer. Au cours de la "négociation" Robin a mentionné le défrichage, je n'y aurais pas même pensé et un élu -que Jo sans aucune malice, n'arrive pas à appeler autrement que "guenille" malgré mes reprises à chaque fois-  m'a accusée de n'avoir cherché qu'à "valoriser" mon terrain -1000 Euros?- Il faut dire que celui-là, venu de l'Est, n'a pas tout saisi de l'âpreté des cévenols à préserver et maintenir "leur" nature, en effet hors-norme et hors compréhension pour un pragmatique francomtois qui n'y a vu que... désir de profit. Tout le monde n'a pas les qualités de mon père, d'origine identique mais qui s'est intégré en un an. Ici -je l'écris sans trop de gêne car c'est le berceau de ma famille paternelle- on n'est pas dans l'Est acculturé, pragmatique et simpliste mais chez les romantiques cinglés de l'Epervier de Maheux, un roman terrible, d'une immense cruauté, à côté "Noces kurdes" est une historiette rose! mais à lire absolument pour tout out sider qui prétend gérer nos affaires, ça évitera bien des impairs, des clashs et de cruelles moqueries-. Trois mois de boulot défrichage, de combien ai-je revalorisé mon terrain? Combien aurais-je gagné en écrivant des piges durant ces trois mois ? Ces bons comtois sérieux, bosseurs, fiables, on leur demande un papier on l'a le lendemain, germaniques quoi comme Ralph, casque à pointe, mais question comprenette, un peu lourds, j'en suis à demi. "Mademoiselle Larrivé, vous pensez comme on laboure avec un cheval poussif, c'est long c'est long c'est pénible, mais finalement au bout il y a parfois quelque chose" disait de moi l'affreux Courès, dans sa bouche, c'était un compliment rare. J'ai essayé de lui expliquer -mais tout le monde parlait en même temps- que je/nous ne nous étions pas arrêtés au petit tronçon débouchant chez moi qui ne représente même pas 1/10 ème du travail, mais que nous avions poursuivi jusqu'à Saint-Victor, c'est à dire sur 4 km environ...  et là, je n'allais nulle part qui m'appartienne. C'était en fait exactement l'inverse, nous tenions à acheter une terre en bout -l'ancien jardin de la maison de retraite, saccagée par l'eau car le lit de la rivière a bougé, aléa naturel sans doute aggravé ou suscité par un propriétaire en amont qui avait drastiquement rasé la vigère,les arbres en bord d'un cours d'eau, on dit aussi ripisylve- justement pour éviter que le chemin ne soit perdu. 


Note après coup : on y est arrivés, mais au bout de deux ans, tout est long redite, le proprio -la maison de retraite dont le maire est membre du conseil d'administration- ayant perdu les papiers, ne les retrouvant pas, il fallait un conseil d'administration, puis un autre etc.. et entre temps les frais de notaire avaient doublés.

Et là, il avait fallu une tronçonneuse! il y avait des arbres morts abattus en travers, merci aux copains... la fois où, dent serrées, après dix essais, j'avais réussi à démarrer celle que Erdal m'avait achetée, j'avais ressenti une curieuse douleur dont je n'ai pas tenu compte, toute à ma joie de l'avoir "eue", en fait c'est "elle" qui m'avait eue, je m'étais pété la clavicule et j'ai souffert une semaine.. Engin de mecs, les constructeurs devraient y penser, c'est juste le démarrage qui pèche pour qui n'est pas trop sportive... je ne suis pas Frédérique qui fait ça au chiqué sans éteindre son clop... 


 F. S. et H au milieu bien sûr, nous étions trois amies...

Visiblement l'élu estois n'est pas allé jusqu'à Saint-Victor, ni physiquement ni intellectuellement. Nous supposer des motivations perso affairistes, aucun autre ne l'aurait imaginé. Il a ensuite rectifié, c'est pour vous valoriser. Ça, peut-être car ça m'a mis la pèche même physiquement, toutes nos motivations ne sont pas entièrement écolos ou altruistes, l'ego s'y mêle toujours, soit ; une intello dont on se moque mais qui défriche un pan certes minime de montagne, sûr, ça pose sa femme -mais une sciatique ensuite, ça pose beaucoup moins.- 


Le gus des chambres d'hôtes, m'avait donc reçue gentiment... même lorsque je lui avais demandé d'aller sur sa terrasse pour "voir ce que l'on voyait"... Car Lydie avait fait une piscine, c'était à une époque où il n'y avait pas une telle pénurie d'eau et le puits la remplit aux trois quarts, où nous nous baignions Robin et moi, lorsque nous étions seuls, parfois sans maillot, la flemme de retourner à la maison sous le cagnard en chercher un, hop un plongeon et barka... mais j'avais un doute sur cette terrasse chic, certes très loin de l'autre côté de la Cèze... Robin me disait "ils ne peuvent rien voir, sois pas parano" et bien j'avais raison, on nous voit évidemment. A l'œil nu, rien de  précis, une minuscule silhouette floue mais avec une jumelle, ses amateurs de vins/touristes à X ? euros/jour déjeunant ou sirotant leur café sur la terrasse ont pu apercevoir nos culs. Tant pis, c'est fait. Et à présent, la piscine est devenue marre à grenouilles ou plus exactement réservoir d'eau récupérée de la toiture donc rien risque.



Puits de mine, la gueule ouverte

Avec quel inénarrable mépris, Cris, qui s'est échiné comme moi, ou Jojo dans une moindre mesure et d'autres... sommes-nous traités, au moment où on l'a défriché, le chemin est interdit, une baffe dans la figure.. une curieuse en fait car c'est à eux que nos élus se l'envoient en premier. D'autre part, c'est illégal. Et si j'ai honte, si nous avons honte, c'est ici de ceux qui sont censés nous représenter. Je mesure à la réaction -des copains- presqu'excessive -ils sont toujours là à me demander "alors le chemin?"- la profondeur de leur blessure comme de la mienne. Décidément, de cette histoire, il faut aussi faire un paradigme. Ca vaut encore trois jours de souffrances et même plus. A la relecture : ou simplement des panneaux en tee shirt, c'est moins cruel et plus porteur, comment parler, penser, disserter lorsqu'on voit trouble, avec des vertiges, épuisée, le souffle court... ?


LA SOLITUDE DU MAIRE DE FOND

Question légale à présent. Les maires il est vrai sont dans la merde. S'ils réparent, s'ils entretiennent le chemin, ils sont responsables en cas de chute d'avoir favorisé une promenade vers un lieu dangereux -jusque chez Cris, il n'y a aucun risque, mais après, la falaise en effet est quasi à pic.. et soyons honnête, mon aïeul Marin Brahic s'y est tué -à cheval il est vrai et encore n'est-on pas sûr de l'endroit exact où il a chut.- Ils peuvent donc être attaqués pour négligence. Soit. Mais si ceux qui y vont tous les jours -moi par exemple ou surtout Cris- tombent avec leur brouette, tronçonneuse -et pas une petite !- etc... à l'endroit où le mur s'est effondré, ils sont également responsables. Responsables dans les deux cas, être maire n'est pas une sinécure. La solution -foireuse- serait de mettre le panneau qui annonce glorieusement que "ce chemin est dangereux.. interdit"... bien plus loin, juste avant l'endroit la falaise, car jusque là, il y a moins de danger qu'en traversant le Portalet -combien d'écrasés jusqu'à présent ? et on en parle à peine.- Ca pourrait être un modus vivendi équitable. Valable légalement ? Je l'ignore. Mais si le panneau tel qu'il est à présent l'est, placé ailleurs, il l'est aussi. Et s'il ne l'est pas, ce que je crois, il ne l'est pas davantage là où notre bon estois l'a installé. Observation, mis à part quelques cas burlesques -qui ne concernent pas la mairie ou indirectement- ici, les gens ne sont pas procéduriers, pour preuve le nombre d'accidentés sur le Portalet ou ailleurs sans aucune plainte -aux States ou à Paris, ça aurait chauffé pour le maire-.


Il faudrait aussi un écriteau pour signaler que la Cèze n'est pas baignable surtout après des pluies. Il existe ce panneau me dit-on, mais... devant le pont de Saint-Victor, à 3 km. -A la relecture, non, il n'existe pas ou si secret qu'on ne l'a pas vu.- On est à la Roque, l'eau est en apparence claire, profonde, il fait chaud, on veut se baigner... et on file interroger le panneau de Saint-Victor?  Etonnant comme en certains cas, les maires sont tatillons et en d'autres, laxistes. Celui qui a laissé sans broncher des voitures garées sous le mur décroché un an ou plus -risque majeur, attesté hélas, on a vu le résultat, à un poil près j'y laissais ma peau- s'inquiète pour les promeneurs sur un chemin... qu'il renâcle à réparer, pour qu'ils l'évitent et donc ne tombent pas... au mépris d'administrés qui eux le prennent de toutes manières tout le temps parce qu'il n'ont pas le choix pour accéder chez eux. Dégourdis, les cévenols ? Mais qu'importe, la commune a obligation d'entretien. Vont-ils réagir, ces riverains traités avec un tel mépris ? Oui, mais après, après, toujours après. Ici, peut-être au bout de deux jours d'une grève de la faim lorsque les caméras de TV seront là ou lorsque je serais en mauvais état. La chaleur pour moi complique les choses, ç'aurait été mieux l'hiver, le froid ne me gêne pas.


Note après coup. Le can't sans doute, chevillé au corps, je n'ai pas -trop- insisté, en d'autres termes, je me suis mal défendue, plus ou moins volontairement. Les réticences -parfois- de Robin y sont sans doute pour quelque chose. Et puis le but essentiel était que les gens d'ici sachent. Ce point a été gagné, et même plus que je ne pensais.



Jean Cabanne
 
Michel est sans doute en train de négocier. Ils prennent la météo là bas comme si j'étais un orage électrique de montagne. N'empêche, le copain, doux, calme mais tenace, a effectué un vrai travail de psychothérapeute envers moi. Ma foi... Il m'a même fait vaciller à un moment, le maire, n'aurait rien décidé... Bon sang mais quelle coïncidence, OK ça arrive, je la ferme. Mais alors qu'il le prouve. Des boulettes, tout le monde en fait; et plus on a de pouvoir, plus on en pond, c'est logique "il n'y a que ceux qui ne font rien qui ne se trompent pas" comme dit la sagesse populaire. Mais alors il faut les réparer, vite: cette lenteur apporte plutôt de l'eau à mon moulin. Mais il est vrai que tout est lent ici. Je ne sais plus. J'ai quand même vaguement l'impression de me faire avoir.


Michel aurait pu être prof de fac, le regrette-t-il, je ne sais pas mais je pense moi qu'être journaliste est sans comparaison : sans eux, je pourrais crever dans ma voiture. Si ça bouge un peu, c'est uniquement grâce à eux et au soutien populaire, l'un entraînant l'autre, je ne me fais aucune illusion. Et pour ma maison effondrée, c'est grâce à la justice que je m'en suis sortie. Oui : Seigneur, protégez-moi de mes amis. Ça vaut pour eux du reste.


UN RÉSEAU DANS TOUS LES SENS DU TERME

Réunion ce soir du rézocitoyen. Des spécialistes pointus de l'eau, de la pollution, etc... Dommage que certains d'entre eux -en fait, deux seulement- soient peu ouverts et je suis sympa mais baste, on est sérieux ou on ne l'est pas, ceux-là sont jeunes, ils en font juste un petit peu trop, c'est eux les spécialistes etc. Pour pénétrer dans ce rézo, c'est plus compliqué que  pour le Lions's -franchement très aimables, honte à moi mais c'est ainsi-, il faut... je ne sais quoi. Ils m'ont dit quelque chose comme "on vous écrira", j'ai cru que ma tête ou ma connotation ultra leur déplaisait, pas du tout, Adrien, commerçant anar -qu'il dit- prospère, généreux, marrant et aimable que tous adorent... même des gens de droite, Adrien pote du gratinissime, ne citons personne, disons d'un maire de droite député d'une grande ville proche, picoleur bon vivant et dynamique, bref, Adrien lui-même s'est fait blackbouler comme un malpropre tout comme moi. Ils se satisfont entre eux, il faut croire, comme une famille nombreuse aimable mais qui se méfie un peu de l'extérieur. Dommage. Mais ils sont au sens du terme irremplaçables. Avec eux, il suffit de se tenir à sa place, dans les rangs et de ne pas déborder du cadre, même en croyant bien faire. J'ai du mal mais j'y arrive. Je dois leur faire un peu peur, comme Adrien, mais d'une autre manière.

  
On va y aller et poser la question de fond ici : le contrôle des contrôleurs. Un truc : que tout le monde demande le contrôle de son compteur, tout le monde à la fois, oui, et régulièrement -le genre parano- et au fond il y a de quoi lorsqu'on voit un compteur QUI NE MARCHE PAS vous facturer 4000 euros en un ou deux mois... au moment même où tous reconnaissent que vous n'étiez pas dans les lieux.. et scénar catastrophe où vous êtes en bisbille etc...


Un femme seule, pensez, une petite retraite -ils se sont étonnés de sa modicité, et oui, une cadre sup.. il faut dire que j'ai encore loupé des papiers qui m'attribueraient ce qui m'est dû, Robin va s'en occuper, et que la militance et des années de dispo pour me livrer à des activités vitales et bénévoles, ça ne se pardonne pas, sauf si on est Régis Debray et condamné à mort, à propos, salut et fraternité, bref, une femme seule mal dégourdie (OK) sans fratrie, (hélas), sonnez trompettes pour l'hallali. 

L'histoire a peut-être un début comique j'y songe. Une dette de 50 Euros, et le gus "releveur de compteurs", huissier de son état qu'on dit de justice et tout et tout, n'imaginant même pas que c'était un oubli vu mes fringues ce jour-là, il faut dire qu'il ne s'était pas annoncé comme un gentleman se doit de le faire chez une dame, et hop, proposition -discrète- de vente "ça vous libèrera", ma réponse du genre "allez vous faire mettre" ou l'équivalent, je n'étais pas encore redevenue une vraie Saint Ambroisienne... et ces foutus 4000 euros qui sortent d'un chapeau. Peut-être encore un hasard évidemment. A ce propos, cher couillon par qui tout peut-être est advenu, envoie-moi z'en un autre plus rock and roll la prochaine fois, tiens, celui  venu pour les contraventions de Fred -le sagouin, je parle de mon fils-... beau, souriant, mince, un brun à lunettes comme je les aime, même Tess l'a fort bien accueilli, les frêles elle juge que ça ne vaut pas un coup de dent, un signe qui ne trompe pas. Celui-là, ma foi, si j'avais dix ans de moins, peut-être aurais-je tenté. Passons.

Mais peut-être deviens-je parano, hypothèse à envisager, que ce compteur déconnait réellement -à la hausse, car il aurait aussi pu déconner à la baisse... ne supportant pas la solitude après le départ de Maguy et de sa nichée, il se serait mis à "boire" et à facturer, sur facturer et sur sur facturer comme un petit fou, ça se peut, un compteur dépressif, ça s'est vu, un compteur qui se suicide- et que personne n'y était pour rien. Ca se peut. 


 UN OPTICIEN QUI FAIT OUKI OUKI
D'ailleurs Mr Loubet sérieux en diable, opticien, pignon sur rue et tout et tout, expliqua un jour à mon père estomaqué que "les objets avaient une âme et réagissaient parfois avec passion, se cachant par exemple lorsqu'il leur en prenait fantaisie (!) puis réapparaissant etc..." Il appelait ça faire "ouki ouki" -sérieux!- bon, il y a ici des gens encore plus curieux que moi et à celui-là, je ne confierais pas mes yeux, quoiqu'après tout, si, Jean en était satisfait, c'était un excellent opticien... Un compteur donc qui fait "ouki ouki", ça se peut. Ici, tout se peut. 


J'attends le résultat du travail de Michel. Un chic type qui prend du temps pour cette farce. Il dit que ça le vaut. Réunion tout à l'heure avec lui. Je suis redevenue en forme. Robin est en train de peindre les murs abîmés par le chantier, ils ont fait au minimum. Il s'y est fait enfin et veut ou plutôt consent à rester... Ailleurs les gens en poste ne sont pas mieux certes mais comme il y en a plus, dans le tas, forcément... Ceux comme mon scorieur -une pique pour le toro déjà dans l'arène- on ne les voit pas. Mais ici, quand je me lève et sirote un café au troquet de Samir en regardant mes mails, ou lorsque nous parlons avec Claude de son livre en préparation.. il arrive que ce soit la première personne qui passe devant moi... bien beau lorsqu'il ne m'aborde pas en copine -après m'avoir assignée pour un petit local dont il me contestait la propriété, raté pour ce coup-.

SCENE MATINALE DE COMÉDIE
Voilà ce que ça donne. "Je pense que tu devrais insister davantage sur le personnage de Léa, plus porteur que celui de Pierre qui rase un peu, une femme c'est toujours littérairement ce qui fait un texte, regarde Katherine Mansfield dans "La servante", les Goncourt dans "Emilie Lacerteux" ou Flaubert dans "L'éducation sentimentale", tout tourne autour des héroïnes et la sexualité, les bonnes, décalage entre le "monde" et les serviteurs, l'adolescent pauvre pour Frédéric Moreau fasciné par la femme d'un gros bourge, sans elles, il n'y a même pas d'histoire..".. "Mais tu es une gauchiste et moi je fais plutôt dans le roman rural, ça se vend mieux..".. "Rien n'empêche, ça élargirait ton public et.." .. Et soudain, ce fut comme une apparition là aussi, mais on n'est pas chez Flaubert et ce n'est pas Madame Arnoux :
"Madame Larrivé, pour la porte, je vous préviens qu'il vous faut absolument la réparer car sinon mon avocat a dit que.." 
Non, ce n'est pas la belle créole qui éblouit Frédéric Moreau, c'est le voisin. 

Des compteurs dans la tête

Vendredi 2 juillet, le réseau citoyen
Réunion hier. Ils ont changé. Toujours un peu élitiste-calé mais plus ouverts et on y apprend beaucoup. Ils informent mais ne s'engagent pas, c'est leur truc... cependant, avec l'info, d'autres le peuvent. Ca fait toujours très conférence pédagogique genre aimable mais où les absents sont tout de même tancés. On se sent près de devoir donner un billet d'excuse... Seulement voilà, triple zut, il y avait un autre écriteau annonçant une réunion sur l'eau (bigre!) pour le 8... et tout le monde s'y est trompé, nous les premiers... jusqu'à ce que je sois allée vérifier. Encore les gens du troquet d'à côté m'ont-ils rappelée pour me crier "non, c'est pas aujourd'hui, c'est le 8, regardez, c'est écrit"... même après que je sois revenue leur dire qu'il ne s'agissait pas la même réunion. J'ai eu du mal à les convaincre. Magie des affiches et du pouvoir : c'est écrit par la Mairie donc c'est vrai. N'empêche, la plupart sont restés rencognés devant leur demi à râler sur le prix de l'eau, inacceptable etc... mais sans lever leur cul et traverser. "Mais venez, c'est en face!" Sans succès. Ils "savent" et n'ont nul besoin de s'entendre dire que ça fait cher pour le bas peuple. Soit. Mais ils n'ont même pas l'idée pour certains qu'ils pourraient changer les choses, EUX. Ce n'est pas leur faute mais celle des militants qui n'ont pas su les brancher.

Un échec -relatif- donc pour ce rézo, il faudrait être moins élitiste calé, plus marrant, plus proche des gens.. quoique pour en décrocher certains de leur querencia, c'est peut-être mission impossible ou alors il faudrait  carrément un strip tease. Des réunions dehors par exemple, quasi à l'impro, comme à Londres dans Times square, ce serait plus porteur. Mais ça ne se fait pas. Le ferais-je un jour? peut-être.


Le public : ils sont très sympas, instructifs. Apparemment des chemins saccagés il y en a plein, certains réagissent,  passent tout de même comme moi, malgré insultes et/ou menaces, d'autres s'en retournent, on ne va pas se balader comme on va au combat. Ca coupe tout de la magie des lieux. Quoique c'est exactement ce que je faisais... j'allais à la Roque comme on monte au feu, au début du moins, sans trop d'émotion certes, j'ai un passé, mais... invraisemblable, dans mon bled et chez "moi" particulièrement. Ces réunions devraient se doubler d'autres ensuite entre des gens spécifiquement intéressés par une question, en prévision d'actions collectives, ne serait-ce que passer sur un chemin accaparé, mazette quel geste héroïque. Ce rézo est un tampon indispensable. C'est ce qu'il y a de mieux pour s'informer, base nécessaire à tout acte. L'eau intéresse tout le monde et l'affaire de ma facture a porté, surprenant, certains ignoraient l'histoire ou pensaient qu'elle était réglée depuis longtemps, il y a des gens qui même d'ici, s'absentent régulièrement et longtemps et après tout on les comprend. 

Un monsieur, professionnel des compteurs pointu, nous assure qu'un compteur peut délirer au bout de 15 ans, tourner n'importe comment, à la hausse, à l'envers, s'arrêter etc... Il est intarissable sur les compteurs, c'est son truc.  Un matheux du compteur. Il faudra qu'on aille le voir.



Le lutrin et l'art poétique

Pas de nouvelles de Michel.. Bonnes nouvelles dit Robin. Je suis plus circonspecte. On verra. Je mange en prévision, quoique peut-être n'est-ce pas une chose à faire, il vaut mieux y aller progressivement si on veut tenir. Cris et Frank viennent tous les jours ! "Alors le chemin?" c'est devenu le cri de ralliement le "Delida carthago est". Ici ça donne "alors le chemin?" et après tout la restauration de ce chemin vaut mieux que la destruction de Carthage, ô Cicéron.

"JE LE DIS ET A TOUS, LA PROF DE
PHILO EST UNE ENCULÉE"
Un petit happening tout à l'heure, identique -en moindre- à celui de la dame aux 500 Euros pour vivre, femme de mineur de fond pourtant et qui exigeait que les gendarmes m'embarquassent (!) moi qui étais riche etc.. Une conseillère municipale -"beaucoup de bruit pour rien" ô Shakespeare- est venu clasher alors que j'étais au troquet en train de bosser, avec menaces etc... 
La même aurait dit de moi que personne ne me prenait au sérieux, ne m'aidait ni ne me soutenait sous-entendu elle peut toujours crever dans sa voiture, car j'étais seule, sous-entendu sans mec-... en fait évidemment ce n'est pas de cela qu'il s'agit comme toujours! mais de tout autre chose. Quelqu'un l'aurait-il aiguillonnée en lui pointant un passage de ce blog comme un foulard rouge à un toro -je vois fort bien lequel après coup et du reste l'avais chanfreiné de moi-même au nettoyage car il n'a pas d'intérêt tel que-... ô les politiques de tout niveau qu'ils soient, qu'ils sont trognons..- Résultat prévu: faena. En un sens sa réaction est excellente si on l'analyse à plat : briefée -pour tout autre chose que ces propos- elle s'est sentie ulcérée, soit de les avoir tenus, soit de les avoir sous-entendus, on est sur le fil du rasoir, soit qu'on le croie ou que je le croie, soit tout simplement de les voir écrits, dire est une chose, l'écrire ou la voir écrite, une toute autre. Il est toutefois possible que l'écriture modifie légèrement des propos, il suffit parfois d'une virgule et je ne suis pas un magnétophone. Cela montre au moins qu'elle en a saisi la portée.
 Ca m'a rappelé cet élève qui m'avait insultée en termes... disons virils, à qui j'avais tendu un papier et dit "écris-le" -il se vantait de le "dire devant n'importe qui, même devant moi et le prouvait !"-... "puisque tu assures pouvoir le dire à tous, écris-le, c'est le seul moyen." Ce caïd s'était montré soudain tout chose, ça ne marchait pas comme prévu. "ECRIS-LE !" Un silence de plomb. Les autres attendaient, c'était comique, il ne pouvait reculer sans perdre la face et avait pris son stylo, commencé "la prof de philo est une en..." puis l'avait lâché en colère... et jeté au sol. Il n'y arrivait littéralement pas. J'avais alors moi-même écrit au tableau ses paroles, sous les rires déchaînés de tous -il avait tourné la tête- avec un peu de trouille qu'un inspecteur ne passât par là. "Lorsqu'on dit quelque chose à quelqu'un, il faut toujours pouvoir l'écrire ou le voir écrit, sinon c'est une ânerie et on est un peu minable". Puis j'avais effacé, rien n'avait été dit par conséquent. Happy end.




Pour certains, le discours a une simple fonction de clôture, de défoulement et ne porte pas. Mais lorsqu'il est relaté publiquement, et par exemple écrit, soudain, ce que l'on a dit apparaît d'un bloc... et on peut en avoir honte, que les paroles aient été prononcées ou seulement sous-entendues, voire pas dites du tout, ça ne change rien sauf de mériter des excuses. C'est pour cela que les journalistes, les écrivains ou les intellos en général, c'est à dire en fait tout le monde, sont parfois haïs, et que ce blog cependant régulièrement balayé inquiète. Donc on va dire que rien n'a été dit -je parle évidemment surtout du passage shunté- et barka.

L'ARGUMENT "CRIC DE MANIVELLE"
J'aurais compris ce que je redoutais tout de même avec une certaine pertinence puisque, après que tous reconnaissent que je n'étais pas là, il en est, celle-ci par exemple, sortis d'un chapeau, pour me dire encore -et avec quelle vigueur, là aussi je suis sympa-  que je dois le re re re  prouver ! Parce qu'il y a ici des cas célèbres pagnolesques où un gus -petit entrepreneur, bourreau de travail, et pas un intello, ça c'est sûr- a montré qu'il avait des arguments extrêmement dissuasifs pour que justice lui soit rendue, et encore, "justice" ce n'est pas certain. C'est ce que nous appellerons l'argument "cric de manivelle", ça le fait aussi bien qu'un blog ou un procès, ça use moins et prend moins de temps. Mais je suis une femme et de toutes manières, cet argument, je n'en veux pas, et je n'ai pas moi une nombreuse fratrie prête à en découdre en rang serrés au cas où. Et Robin n'est pas du genre. Vae Victis si l'on veut. Si on ne devient pas parano avec ça, on ne le deviendra jamais. Laissons tomber.


Forces de l'ordre


Mais le pire est que ça a marché. Je suis partie et j'ai craqué, juste 5 minutes mais je me croyais plus forte, je suis fragilisée comme jamais et surtout j'ai perdu l'habitude d'être insultée depuis que je ne suis plus en banlieue, c'est à dire depuis 20 ans tout de même, le lycée Carnot, ce n'était pas du boulot mais de la détente. Je suis devenue chochotte ; autrefois, à Vitry, je ne me serais même pas interrompue de mon ordinateur. Merde. Il faut me reprendre.


Ce sont souvent les gens les plus mal en point socialement -je m'inclus malgré tout, de part mon inaptitude à certaines choses, même si elle est compensée par une aptitude pour d'autres- qui parfois sont les pires -je ne m'inclus pas- par défaut de réflexion. Les gens se battent pour leur esclavage comme s'il s'agissait de leur liberté, redite, mais les femmes surtout. On l'appelle à présent le syndrome de Stockholm.


EXCISION
Souvenir de combats sur l'excision, de cette conférence à Martigues sur les droits de l'homme où on m'avait invitée pour "Noces kurdes" et du bottage en touche de cette belle femme noire, ministre de la santé et médecin, arrogante, qui refusa de donner sa position sur la "question" -j'étais blanche et spécialiste (!) de la question kurde, je débordais du sujet, de mon sujet-... pour gloser, elle, presque une heure sur l'injustice impensable qu'il y avait à ne pas considérer l'Ecole Normale Supérieure de Bamako au même titre que celle de la rue d'Ulm ou même de Cachan voire Fontenay, pur scandale etc... Une vague envie de lui répondre que s'il n'y avait pas d'équivalence, c'était parce qu'elles n'étaient effectivement pas équivalentes, mais là, j'aurais aggravé mon cas. N'empêche, lorsque je suis partie en colère, des femmes noires m'ont suivie discrètement et sont venues dénoncer l'excision et parler de leurs luttes à mon stand : aucune pourtant n'avait osé répondre à la place de leur ministre qui résolument refusait même de me voir, moi la toubab contestataire. Les "politiques", toutes couleurs confondues de Bamako à Saint-Ambroix, se ressemblent. Excisées, elles l'étaient, ces femmes, comme leur ministre sans doute, comme 90 % des femmes maliennes, mais motus. Plus de plaisir, des accouchements mortels très souvent, les tissus trop rigides, des bébés morts au passage de temps en temps etc... mais motus. Ici, le peu de pouvoir qu'on a concédé à "beaucoup-de-bruit-pour-rien" la met au rang de la belle ministre africaine qui défendait ceux-là même qui l'avaient excisée.

Le hic est -mais peut-être est-ce encore une illusion funeste- que Manu semble gêné à présent avec moi, c'était sans doute le but. Le problème est là : lorsqu'il y a dérangement ou même agression -là, verbale, mais c'était limite- l'agressé est souvent responsabilisé dans l'affaire au même titre que l'agresseur. Le terme consacré, "celui qui cause des histoires"... est révélateur, on ne cherche pas ce que sont ces histoires et si par hasard il n'en est pas victime... si bien que l'on peut en arriver à mettre à l'écart l'agressé autant voire plus que l'agresseur. Les gens n'aiment pas se trouver dans une tourmente qui risque de les contraindre à prendre parti. Surtout lorsqu'on est commerçant. Son salut me semble à présent moins cordial, peut-être est-il simplement harassé de travail. Tant pis. Lorsque je m'assois pour bosser, il doit sans doute comme moi redouter que "beaucoup-de-bruit" ne surgisse et ne clashe à nouveau. Peut-être me fais-je des idées.





Trois heures, vendredi 2 juillet
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Un copain récent, Frédéric, car cette histoire m'a reliée à pas mal de gens nouveaux, parfois plus efficaces pour l'affaire que les amis de toujours, emmerdés jusqu'à l'os entre le copinage, les menus services rendus ou offerts, la famille... et la même chose pour des gens de l'équipe... ou encore l'intérêt trivial, rarement.. Frédéric donc survient à la terrasse, on devise aimablement comme si de rien n'était... puis je lui relate sans insister la sortie de "beaucoup-de-bruit"... que je viens d'analyser comme positive. Apparemment pas la seule sortie, mais... je n'ai pas croisé l'info, restons prudent.

Et c'est la chute. "Qu'attendre d'une arabe ?" Malaise. Il y a des jours comme ça. Me voilà contrainte de défendre par principe celle qui m'a agonie il y a une heure et ne rêve que de me faire raquer ce que je ne dois pas en le sachant fort bien -pour se payer une prof de philo, ou peut-être se dit-elle que j'ai les moyens? Jalousie de femme qui sait ça arrive.- Tout est embrouillé. Je n'ai même pas eu le réflexe de lui répondre que Robin était sépharade donc mes enfants idem à demi. 


Mais c'est sûr, comme Frank, il m'aurait répondu que "lui, ce n'était pas pareil." Pourquoi ? Parce qu'il est cultivé et faisait partie des classes ultra favorisées de son pays. A un certain niveau social et même dans la déconfiture complète -la guerre- on n'est plus arabe ni même juif. On est comme "tout le monde" comme dit Coluche. Il faut donc à un arabe, à un juif ou à un noir beaucoup plus de prestance sociale, d'études, de beauté, d'intelligence, de générosité ... pour arriver au niveau normal d'un franco français pur jus depuis des générations 100% garanti NF estampillé d'ici en plus, le top. Je deviens odieuse... par amour aussi mais pas seulement. Ce ne sont pas les arabes ou les juifs qu'ils haïssent, mais les pauvres dont ils sont, donc eux-mêmes. Fanon l'a magistralement analysé  dans "Peau noire".

Michel appelle. Réunion du Conseil Municipal (non, du bureau -?-) lundi à mon sujet. Bigre... Finalement, si dure fût-elle, la grève de la faim m'avait mise à l'abri -plus ou moins- de ces scories. Tout compte en effet : Manu est parti tout de suite après le petit happening. Sans intérêt évidemment. Il semble que certains qui ont le "pouvoir" savent parfaitement signifier sans les mots ce qu'il faut être et où. Banal. C'est sans doute pour cela que je ne veux pas vraiment être commerçante même si la galerie, les gens, faire plaisir, les écouter, et parfois aussi gagner un peu d'argent est plaisant... je ne pourrais jamais vendre mon âme au diable. En fait ce que je dis est idiot car tous ne le font pas, Guy ne l'a jamais vendue et il a fort bien réussi, mais c'était un être d'exception.  




Jean Cabanne


Régis va venir. On va pouvoir peut-être parler de Stendhal et de la sexualité de Julien Sorel car j'ai mon idée là dessus. Ca va mettre un peu d'air. Pour une fois, je voudrais qu'il mette ses décorations dont j'ai honte la plupart du temps, je deviens de plus en plus conne.


Je voulais aller à la Mairie voir "cette-facture-devra-être-payée-un point-c'est-tout". Robin me l'a déconseillé. Lui, peut-être dit-il, mais là c'est moi qui n'ai pas voulu. Elle pourrait croire affirme-t-il à une allégeance et comme elle m'a menacée et qu'elle a le pouvoir et moi pas, les relations sont faussées à présent. Et puis sa façon de dire d'une femme "je suis allée la chercher, je te l'ai amenée, la voici"...  On ne parle pas des gens ainsi. Les gens défavorisés par l'existence ayant acquis un minime pouvoir, parfois, se comportent avec une arrogance plus outrée encore que les princes qu'ils ne sont pas et qu'ils taclent comme pour compenser. Ils vilipendent et copient à la hausse. Même Laurence et Mamita n'auraient jamais osé parler ainsi de quelqu'un et pourtant ! J'hésite tout de même, il me semble que je le dois après la sortie de Frédéric. Restons concret. Il faut revoir la plomberie avec Robin. Chiant mais nécessaire.


Note après coup : des passages de ce blog ont été revus a minima, censure si l'on veut, auto-censure en fait, inutile de mettre de l'huile sur le feu et d'en faire porter les conséquences à des gens qui n'y sont pour rien -et qui parfois m'ont aidée-. Je ne fais pas exception par certaines postures qu'il m'arrive d'adopter aussi en partie, au consensus que je critique par ailleurs, understatement, parler à la baisse, ne pas attiger, enlever tout ce qui n'a qu'un rapport indirect avec l'affaire etc.. Primo non nocere. (D'abord ne pas nuire.)
 
Il est trop tard. Nos histoires de plomberie -tout est bouché par le chantier, les écoulements sont pleins de ciment, ça coule de partout, on ne sait où et cloque dramatiquement les murs en bas impeccables hélas! m'ont retardée. Pas simple de déboucher, quasi impossible car je ne veux pas utiliser de toxiques, la Cèze est déjà assez polluée. Même Pat n'a pas pu. Il va falloir refaire des canalisations, percer la voûte, le merdier absolu. Soit. Mais on pourra peut-être se doucher normalement, enfin, quand on aura l'eau. Tant pis. Les canalisations avant tout.





 Samedi 3 juillet
16 heures. On a gratté, gratté le plafond abîmé. Un peu de repos. On est à la terrasse de Manu, on a mangé comme des couillons chacun sur le net. Je n'ai pas trouvé le site du cabinet d'urbanisme diligenté par la mairie qui s'occupe de St-Ambroix pour 90 000 euros ou plus, Sylvie, du rézocitoyen ne savait pas précisément le coût, sans doute supérieur... ce rapport dont un des scoops est qu'il faut "restituer la magie des lieux", certes certes... Touchée, le terme, même s'il n'a rien d'original, est de moi dans le blog sur le chemin. OK mais pour 90 000 euros? c'est cher, moi je l'ai fait gratos. Impossible de trouver leur projet noir sur blanc sur le site de la Mairie qu'on nous a indiqué, c'est très planqué il faut croire, 1 heure en vain, je n'avais jamais autant merdé. Et cependant c'est avec notre argent. 


Vu enfin Sylvie sur le boulevard. Le site est "mairie overblog". On va voir. Robin est tout à fait en phase avec elle, elle est politique, posée,  informée -et jolie- bref elle assure, rassure et convainc me dit-il, épaté. Moi, je fais plutôt activiste ultra etc... Soit. Mais il en faut des comme moi, comme on dit des gendarmes lorsqu'on ne les aime pas. Et je n'ai pas le choix. Je serai parfaite après. Querelle, légère. Tu as honte de moi ma parole. Non tu es super mais... et c'est reparti mon kiki comme en 14..


11 heures, samedi 3 juillet
Grâce à elle, on a enfin pu voir l'étude d'urbanisme diligenté par la mairie de ce fameux cabinet Nicaya, assez peu signalé sur le net dois-je dire, qui sont-ils vraiment ? Deux ou trois gus apparemment et tha's all, il me semble que pour 90 000 euros, on aurait pu avoir de plus jolies pointures... Ce ne fut pas facile à trouver, c'est en bout de blog dans les archives, et pourtant ça ne date que d'un mois, après un article pas du tout sur le sujet qu'il faut ouvrir avant, qui y songerait?... c'est comme si on n'avait pas voulu qu'elle soit lue. 
Et ce n'est pas tout, au bout d'une heure d'efforts, je n'ai jamais autant bataillé, c'était ultra protégé, j'ai enfin pu l'uploader dans un blog où on peut accéder d'un clic. http://nicaia.blogspot.com. Je vous la laisse savourer.
 Note après coup: attention, toutes mes manip un peu sioux m'ont par la même occase collé un virus, dont je me débarrasserai ensuite sans trop de mal mais gaffe !

On y apprend que le village n'est pas à la mesure de son potentiel, qu'il faut dynamiser des quartiers et l'événementiel, moderniser nos équipements sportifs, aménager la circulation en fonction des horaires scolaires ! (on n'y aurait pas pensé tellement on est cons il faut croire, éviter par conséquent de prévoir une visite au moment de la sortie des classes), "restaurer la magie des lieux" donc et de notre patrimoine -ça, OK, commençons par le chemin- et identifier nos richesses -sans précision-... De la période  mithriaque probable au Dugas dont parle -gratos- Rodier dans sa thèse, 15 siècles avant les romains, exceptionnelle s'il a raison, nulle mention. Il paraît aussi que 70 personnes (qui?) auraient été consultées. Pas moi en tout cas. J'ai envie de hurler.

Le paradigme de la gestion technocratique est là : nous faire raquer 90 000 E pour s'entendre préconiser de "restaurer la magie des lieux" et ne plus avoir ensuite les moyens d'en payer 2000 pour suivre ces injonctions, restaurer par exemple un chemin conduisant précisément à un paysage superbe et poétique... ça rappelle le gus qui vend son râtelier pour pouvoir manger mais qui alors ne peut plus rien avaler parce qu'il n'a plus de dents. Et ils me pompent 4000 euros pour de l'eau que je n'ai pas consommée. Ca m'a requinquée.

Dimanche 4 juillet
Le compte à rebours. Moins peur que lors de la première grève, je sais ce qu'il faut faire à présent, boire boire boire et surtout de l'eau minérale + un café sucré par jour et on peut tenir au moins 3 jours sans trop de vertiges, après je ne sais pas, ça doit dépendre de l'état physique et psychique.. et puis les gens connaissent aussi l'affaire, je n'ai plus besoin de répondre à chaque fois aux mêmes questions. Tous ne lisent pas.


NICAYA

Robin a lu le rapport Nicaya et s'est même endormi dessus, au moins a-t-il des vertus soporifiques, moins dangereux que le gardénal certes mais beaucoup plus cher. Lui n'est pas si offusqué par la somme exigée, habitué aux budgets pharamineux des télécom et des télé-opérateurs. Il ne se rend pas compte, on est à St-Ambroix, pas à Montpar et il ne s'agit pas de contrats avec SFR ou Free... Le style technico administratif cuistre, vide et pompeux m'insupporte, même si au milieu de ce fatras répétitif-roboratif qui énonce souvent des évidences, il a parfois une perle. Au fond, le coût représente à peu près 20 couillons comme moi  à qui on a escompté 4000 E indus, et ils doivent bien y être sans doute dans le village (90000/4000)... d'où mon ire.





Le Seigneur du Dugas -un type qui habite haut perché- m'a dit qu'il se prépare de grandes choses (?) il n'a pas voulu préciser... un personnage étonnant, un peu procédurier, après tout il a raison, être "cool" ne paie pas, j'en suis un vivant exemple... autrefois en bisbille avec l'ancienne mairie, lesquels avaient tout bêtement accaparé un terrain sien au Dugas, "tu t'endors, tu es mort" alors qu'il était loin... Il avait certes eu gain de cause... et en avait profité pour me lâcher illico, "il y a des choses possibles et d'autres qui ne le sont pas"... mais ô stupeur, avait signé la pétition, j'avais hésité à lui proposer mon tract, c'est lui qui était venu le prendre sans hésitation. Sans doute doit-il avoir une fuite ou quelque chose du genre. Un homme de poids cependant, à tout point de vue, intelligent, tenace, presque retors sous ses dehors bonasses, il se bat exclusivement pour lui certes, mais aussi, contre l'arbitraire et peut faire jurisprudence. Personnage à ne pas négliger et qui ne parle jamais en vain, pour ce que j'en ai vu. Que mijote-t-il ? Que se passe-t-il dont il veut avoir la primeur ? Suspense. 
Suite au prochain épisode...

Note après coup, il devait s'agir du procès diligenté contre la Mairie en raison de l'augmentation excessive du prix de l'eau, apparemment décidée en quelques jours sans aucune concertation ni au sein de l'équipe ni évidemment avec le bas peuple, qu'ils ont perdu, les gens ont été remboursés du trop perçu.



Jour J. demain. Cris est passé comme d'hab : "alors le chemin". J'ai eu le tort de lui répondre qu'à mon avis, ils cherchaient à pinailler pour  me/nous le faire "oublier"... et en ce cas ce n'est même pas la peine qu'ils s'emmerdent dans des négociations foireuses car je n'arrêterai pas. Il semble découragé. Comme Robin. Il a même eu l'idée d'un truc oiseux de réunion des propriétaires qui à présent n'ont plus accès à leur terrain, je vois ça comme une affaire sans fin, ça va encore fatiguer la bête pour rien... Les propriétaires, Cris et Jo, soit, mais aller chercher Mme Andieu (80 ans), Mme Salèle (idem) ou son fils, Mr Attier (ou son frère), Mr Laneau (injoignable) et les réunir, ça va prendre un an et d'ici là le chemin sera fichu. Et puis, pourquoi les proprios ? les autres n'auraient-ils pas le droit d'aller se promener à St-Victor?


Affaire dans l'affaire

Ce chemin est évidemment plus important que ces 4000 euros que je ne dois pas. C'est pour tous, pour, comme ils disent dans le rapport à 90000 euros, préserver notre patrimoine et sa magie etc... 4000 Euros, ce n'est que 4000 Euros que j'eusse pu gagner autrement. Mais c'est une question de justice. Le reste aussi d'ailleurs outre que la promesse nous en a été faite. "Alors, le chemin?" Il me contraint x fois à répéter répéter répéter. Il doit avoir peur que je ne me sacrifie, ce n'est pas le cas, ce serait si je ne fais rien que je me sacrifierais.


 Lundi, jour J. Il paraît que c'est pour ce soir. Robin a enfin changé, j'ai raison, il ne faut pas baisser les bras. Nuit quasi normale et tout est différent en somme, c'est comme le croissant. Un croissant et la déprime cesse illico, on se sent comme tout le monde soudain. Modestie, nous ne sommes qu'un mixte de phéromones, atomes, hormones et de liaisons moléculaires, ce que nous croyons le logos, l'entendement n'est que le résultat de ces réactions aléatoires parfois déficientes, surtout si on ne mange pas, s'il fait trop chaud, si on ne peut pas se laver correctement -toujours pas d'écoulement et évidemment un simple filet d'eau froide-, si le moral est bas, cercle vicieux. Se laver est sportif ! on se "douche" au dessus des WC, ma foi ça marche mais il faut de l'équilibre -que je n'ai pas-. Robin rigole et me dit que si je me casse la gueule, il les attaquera. Je préfère ne pas me la casser, j'ai un peu trop tiré sur la corde en ce moment. Ou on va au Ranquet qui semble le luxe absolu en comparaison. Mais il en est qui font 15 km pour trouver de l'eau à peu près potable en Afrique, à côté, ils seraient au paradis, même avec un robinet peine à jouir, cessons de jouer les chochottes. Le confort du reste est culpabilisant, ça doit être la raison de mon pseudo-stoïcisme, pseudo car sans le net je suis perdue.  


Compteur farceur

Cris a tenté de déboucher. Une manière sans doute de m'aider et de se faire pardonner son vague à l'âme d'hier. Ca a l'air de marcher faiblement, mais il en est sûr, il n'y a pas de ciment dans les tuyaux, ouf. Le maçon a fait du bon boulot sur ce coup. Ce ne sont que des débris organiques. Son produit soi-disant bio pique drôlement la gorge, bio, ma foi, avec des enzymes et les enzymes, ce n'est pas forcément excellent pour les poissons. Va pour les enzymes. Gloutons. (A la relecture, je rectifie, c'est hélas du ciment et le maçon a bel et bien TOUT  bouché, on s'est simplement trompés de tuyau.)



SYLVETTE
Toujours rien du Palais. Les nerfs. Ca doit causer. Heureusement il y a eu Sylvette Elle me dit sa solidarité... et ici, elle compte beaucoup, sa gentillesse, son courage au travail, son humour et sa bonne humeur l'ont fait apprécier de tous, surtout des messieurs dois-je dire. Elle détonne un peu, mais elle, c'est accepté, c'est une des quelques personnes avec laquelle on peut parler normalement, sans sous-entendus, sans se censurer et même en rigolant. Elle connaît tout des tenants et aboutissants mais ne m'en dit pas plus d'autant que je ne le lui demande pas et ne veux pas le savoir, les histoires parallèles pourraient obérer mon jugement, je reste sur ma position, facture indue et chemin dû. Point. Les dessous de ça, je ne veux rien en savoir.

Mais il semble que j'aie soulevé des lièvres que j'ignore moi-même, comme une caméra branchée un peu partout qui filme sans aucun parti pris... D'autres ensuite en visionnant comprennent mieux sans que je ne le sache, et se marrent. Pourquoi ? Comment ? je m'en fous. Je "filme". D'où mon obsessionnalité du détail. Mais rectifie si besoin est au fur et à mesure.

Il est sans doute inéluctable que dans un village tout soit intriqué, que tel personnage soit aussi le tonton de celui qui a fait le chantier de tel autre et le cousin d'un troisième qui lui doit de l'argent etc... Pas moyen d'y échapper... sauf que l'outsider isolé, même du bled comme moi, peut devenir chasse ouverte, surtout s'il l'ouvre trop. Je me demande comment font les vrais outsiders, à moins de s'écraser ou de se relier fissa à une coterie à tout prix. Ce doit être cela que j'ai raté, pas seulement par idéologie, par naïveté surtout, je me suis crue chez moi en somme, j'ai cru à la justice toute simple. On m'a fait des propositions cependant -les ex- que j'ai déclinées, pas uniquement par scrupule mais parce que je redoutais que cela ne m'entrainât trop loin. Ca doit être banal et explique que les gens se montrent parfois un peu pusillanimes. Je dérange.

Certes je fais  faisais devrais-je dire, exemple le chemin, tout ce que je peux pour aider, la gauche, pensez il fallait se retrousser les manches, mais c'est sans doute justement pour cela que je gêne.

Par définition, ceux que l'on aide n'ont parfois pas le pouvoir ni même l'idée de se défendre eux-même ou a fortiori les autres, y compris ceux qui les ont tirés d'affaire -du reste ce n'est même pas la peine de le leur demander-... par contre ceux contre lesquels il a fallu ferrailler ne ratent pas l'occasion de nous pousser dans le ravin lorsqu'on le frôle. Il y a bien sûr de multiples exceptions à cette théorie générale.

Le pire est que, si ça vaut pour les gens en détresse - là c'est normal, banal-... ça vaut dans certains cas aussi pour les élus et à cela on ne s'attendait pas. Sur le chemin enfin défriché, "on voit que la mairie a changé" a-t-on entendu plusieurs fois de la part de promeneurs qui au départ m'ont crue diligentée.. Mais le panneau d'interdiction ensuite a tout foutu en l'air.. avec la "justification" lamentable d'un élu : "c'est qu'il y a des œuvres de prix qui pourraient être volées !"... ou "ça valorise la village"... 

Navrant : qui valorise le village ? Un syndicaliste paysan qui va en Afrique greffer des oliviers ? Un viticulteur qui fait renaître des plans anciens résistants au phylloxéra ? Un auteur-défricheur-tronçonneur-blogueur? Oui. Pas ceux qui fondent à interdire et qui persuadent des persuadables qu'ils les promeuvent quand ils se promeuvent eux et les écrasent. Honteux que ces persuadables soient nos élus.
 Regardez le net, c'est un flic redoutable. Un clic, merde !


La colonisation qui apporte la civilisation aux indigènes.. et leur vole leur pétrole ou leurs terres, c'est banal, mais... la trouver chez soi, ça interpelle. C'est drôle aussi, d'entendre un désespéré me dire : "Mais pourquoi es-tu revenue ? On ne t'avait jamais vue avant et on était bien tranquilles.." Et oui. Immigrée en somme, je gagnais ma vie ailleurs puisque ici ce n'était pas possible et puis quoi ? La gauche est passée, avec des écolos calés en poste non ?... la nature, notre patrimoine qui doivent être préservés etc... Là je me gourais, si j'ose, mais bon... Naïveté de ceux qui pourtant nous représentent. 

Comme disait Nadine : "T'avais qu'à te présenter et faire en sorte de passer un point c'est tout." Mea culpa ? Bertrand est horrifié, plus anar y a pas, mais il vit tout de même de l'argent de sa femme. Son maximalisme m'agace ainsi que sa mauvaise foi. De toutes manières il n'est pas sûr que je plaise, quoique... ça se pourrait par défaut, pas d'illusion... ça rappelle Jacques qui me disait au sujet des "Les lettres à Lydie": tu comprends, sur le Puits de Célas, ON N'A PAS AUTRE CHOSE (!)
 
Et puis il y a aussi et surtout le hasard, ce foutu hasard qui a fait s'effondrer ma maison.



On est allés à la Roque hier. Stupeur, le panneau d'interdiction était remis certes en biais ! Mais remis tout de même... et des travaux dans la propriété que le chemin longe se préparent, clim peut-être? dépassant donc sur la voie publique, c'est reparti, dès qu'on a le dos tourné... Cris et Jo n'y étaient pas allés depuis une semaine, par ma faute aussi, ils ne peuvent être partout et voilà. Des câbles bizarres descendent sur le mur et des espèces de grosses boîtes moches dépassant semblent prévues. Plusieurs, électriques, non branchés, du moins faut-il l'espérer, courent sur le chemin. Une gaine blanche jusqu'au sol. Empiètement de la voie publique, c'est clair. Qui s'en soucie ? En la circonstance cela semble une provocation. Et go, ils vont encore dire que c'est dangereux, et ça le sera, forcément, puisqu'ils l'ont rendu tel dans l'indifférence de tous. Rien de tel qu'un câble électrique qui balade au sol pour décourager les gens, je m'en serais retournée en d'autres circonstances. Voilà selon nos édiles des gens aimables et ceux qui ont peiné à restaurer "la magie des lieux", des suspects. "Ils" font venir des touristes de temps en temps? ma foi, j'ai par curiosité demandé aux restaurateurs, commerçants et troquets du bled l'an dernier s'ils avaient noté une augmentation de fréquentation depuis la fameuse expo. Réponse de tous "c'est quoi?" J'explique. R.A.S. Pas d'augmentation de chiffre. Il est possible toutefois que les chalands aient été dans d'autres restau ailleurs plus chics... mais on a plutôt l'impression qu'il n'y a pas de mélange avec l'aborigène sauf un ou deux pour faire genre malgré une amabilité superficielle pendant l'expo, là, tout le monde est parfaitement aimable même ceux qui vous ont agoni juste avant pendant que vous piochiez, business oblige...  Je joue -presque- le jeu. A quoi bon?


Il faudrait une étude rapport/coût, en comptant les subventions. Mais de toutes manières, comme disait une femme lors de la réunion du rézocitoyen, nous devons nous soucier de nous qui demeurons ici en premier et non des touristes si "porteurs" soient-ils... Et consentir à fermer un chemin communal pour complaire à quelques uns sous prétexte qu'ils font venir des chalands est une forme de prostitution, de plus mal avisée, c'est se vendre pour des clopinettes en risquant le sida. 

De surcroît, une terre en bout du chemin était le jardin de l'hôpital, où autrefois les vieux allaient chercher les légumes le soir. J'ai honte. 

 UN PEU DE BUSINESS A PRÉSENT
De fait, le prix du terrain a dramatiquement baissé, c'est donc une mauvaise politique. A Gordes où la nature a été respectée, il est du double ou plus: le pays est intact, magnifique, si on met un kairon sur son mur, on va en taule ou quasiment... Ici, je verrai pendant ma grève plusieurs personnes désireuses de s'installer, d'acheter, des gens dont la profession leur permet de vivre où ils veulent, attirés par les prix assez bas... et malgré tout repartir ensuite. Nous avons bradé notre seule richesse, notre nature et en crevons.


L'histoire de la goutte d'eau

Souvenir de Gordes, merci Vincent, où les piscines doivent être invisibles, les maisons, les murs des chemins, en pierres sèches, la forêt, intacte, et des gardes municipaux, des femmes, à cheval qui patrouillent tout le temps pour vérifier, et ils n'ont pas choisi les plus moches, c'est poétique le matin lorsqu'on se réveille de voir ces belles amazones qui mis à part leur chemisier marqué au dos "police municipale" ont l'air de princesses faisant une chevauchée dans les bois pour se faire admirer du peuple. Pas de pub de supermarché, pas de câbles qui passent sur les maisons, tout est restauré au fur et à mesure... et surveillé car ces amazones souriantes sont aussi impitoyables même si on s'appelle Mitterand.

 Saint Ambroix pourrait ressembler à cela si...

Ici, tout est saccagé dans l'indifférence des édiles sauf à Barjac, cas exceptionnel "ça fait marcher le commerce"! non ou à très court terme... la route d'Alès avec ces maisons qui ont poussé tout le long, la plupart hideuses, les zones industrielles... Et tout près de chez nous, ce chemin... 


Il faut se battre au cas par cas, rien ne sert comme Bertrand de faire de grands tracts généraux, il faut monter au feu, ce n'est pas difficile si on s'y prend au début. Mais ensuite, lorsque le pli est pris, quel boulot... Car plus les gens sont dans l'illégalité, et plus ils s'accrochent, c'est normal, aux prérogatives qu'ils se sont octroyées : celui qui a eu le culot de fermer un chemin commun aura aussi celui de menacer qui le réouvre. Il n'y a rien de plus "légalistes" que ceux qui sont dans l'illégalité, rien de plus formaliste que les petits loubards de banlieue -toi tu as le droit de.... toi pas, le chef l'a dit, si tu renâcles, on te met la tête au carré.- De même, en plus soft, un qui a eu le toupet de mettre un panneau de pub plus ou moins sur la voie publique aura aussi celui de tancer qui a fait une fresque purement déco dans une rue adjacente peu fréquentée. J'en ai marre. Dire que le Canard ne peut pas, en principe, venir dans nos contrées... Il va falloir insister, à ça je suis prête. Après tout il y a le soleil, faute d'autre chose et cela ne peut être usucapté. Les journalistes aiment bien ces cieux ensoleillés.  Mais évidemment ils préfèrent Gordes.


Une énorme fuite d'eau sur la rue, ça coule comme un petit ruisseau sur la terrasse de Manu. Dommage. Mais ça fait frais. Ils vont sans doute venir réparer, urgent. J'attends. Il fait si chaud que j'ai envie de me vautrer au sol.  


Un détail : Sylevtte me dit en rigolant qu'elle est "bien" avec "cette- facture-sera-payée-un-point-c'est-tout", très sympa en réalité, je hausse le sourcil... et elle ajoute toujours en riant qu'il vaut mieux être bien avec elle que pas bien. Ca, j'ai vu. Et bien tant pis, je ne le suis pas. On a l'impression qu'il règne ici, surtout parmi les gens fragiles, une ambiance bizarre, délétère et autocratique, inquiétante, une sorte de loi du plus fort ou du qui-crie-plus-fort. Tout s'y mêle, amis, amis d'amis, ennemis, ennemis d'amis, jalousies, rivalités, rétorsions, allégeance... bon je m'en foutrais si au bout du compte ça ne générait de telles injustices, quasi tolérées, on en parle comme de la météo, "et oui c'est comme ça, on fait pas toujours ce qu'on veut dans la vie"... soudain pointées par tous au delà même de ce qu'on pensait lorsqu'on a donné le premier coup de pioche ou d'envoi sur le clavier. Tout est là : dans le premier coup de pioche ou "publier le message" sur l'ordi. Mais qu'il est dur, ce premier coup de pioche. Reste qu'il est donné et que si je repars pour un tour, une bonne chose de faite. 


Fayoun ! (Robin ?)

SCRUPULES 
Un peu culpabilisée par moment, brefs, fugaces... une Mairie de gauche que l'on attendait depuis si longtemps. J'avais tant regretté la mort de Lydie ce jour-là particulièrement. Ils n'auront pas fait florès et l'histoire ne les retiendra pas... ou les retiendra peut-être, mais pas comme on aurait voulu. Gênant pour tous. Et puis, comme dirait Lénine "seule la vérité est révolutionnaire" et à cela je crois. Tant pis. Etre de gauche finalement ne veut pas dire grand chose. Mais la vérité, si.


Car Mme Sautet m'a dit quelque chose d'important qui depuis m'interpelle: elle aide tout le monde bénévolement depuis des années, bibliothèque, elle a même mes livres, a tenu à les acheter, et, plus rare, je crois bien qu'elle les a lus... Et lorsque je lui ai demandé pourquoi elle était de droite, elle m'a répondu en substance que c'était justement pour cela -qu'elle aidait les autres-. Autrement dit, elle était de droite pour les raisons qui font que je suis de gauche. Soit. A l'inverse, Mme Sormiou qui décidément ne vieillit pas, belle, toujours élégante, me regardait avec une certaine commisération lors de la fête pour les élections. Devant elle, j'ai toujours l'impression d'avoir une merde de chien sur la tête. Elle m'a un peu traitée d'andouille et au fond elle a tout à fait raison.

POLITIQUEMENT PAS CORRECT ? A VOIR

Note après-coup. Elle m'a tirée d'affaire autrefois, à 16 ans, pendant un voyage au cours duquel son mari, excellent homme mais un peu candide, avait suggéré, comme j'étais en surnombre, de me faire dormir avec une personne étonnante sur laquelle je ne m'étendrais pas car il ne pouvait "décemment me mettre avec les garçons de 14 ans" avait-il observé ennuyé.. "Si si, ça ne fait rien!!" avais-je rétorqué un peu trop fort et trop vite. Avec un demi-sourire vers moi, elle avait coupé : "elle aura une chambre à elle."
Une question ici m'a toujours troublée, le conformisme le plus navrant s'associe parfois dans un village ou chez des gens au dessus de tout soupçon -Lydie en faisait partie- à une tolérance ou un aveuglement saisissant envers quelques traits de comportements hors-normes assez peu conformes à ce qui est exigé de l'étique d'un enseignant ou enseignante, ici on était dans un cas remarquable qui apparemment n'interpelait personne, pas plus Mr Sormiou que Lydie -ensuite, si, mais au bout de combien de temps.- 

Cela corrobore, mais ici pas pour le meilleur, que chez les cévenols -et peut-être ailleurs- pour tout ce qui est grave, on se tait, les "bavardages" même un peu méchants, n'ont trait qu'à du futile et on respecte ce qui est important, toujours, parfois à tort. Les mêmes qui gloseront sur la couleur d'un vêtement ou d'une voiture se tairont en 40 sur des juifs cachés par Yvette, fort bien... mais ici sur des attitudes qu'il eût tout de même fallu pointer. St-Ambroix, un mixte de l'Angoulême de Balzac ou de Mauriac.. et du Marais en un sens. 


LA DROITE DE GAUCHE, UN MIXTE PEU BANAL

Revenons à nos moutons. Mme Sautet veut-elle dire que lorsqu'on a "réussi", à la mesure de St-Ambroix, il faut être parfait envers ceux qui n'ont pas eu cette chance ? Une sorte de conscience malheureuse, droite et gauche confondues ? Soit. Ca fait un peu "charité" mais elle l'appelle solidarité, ce qui change tout. Elle est de gauche sans le savoir à mon sens. Sans doute dirait-elle de moi que je suis une femme "de droite qui s'ignore". Ici, même les mots changent de sens.

Lorsque par exemple des gens de gauche se comportent en exploiteurs et d'autres de droite s'échinent pour tous, les valeurs sont un peu bousculées. On ne sait plus. Mieux vaut alors ceux de droite. Je crois qu'ils n'ont pas compris tout à fait... ou c'est moi. Ou c'est l'idéologie qui fausse tout. Exemple, certains militants purs et durs n'osent pas venir me voir et des gens de droite grand teint me manifestent leur sympathie sans aucune arrière-pensée... A analyser plus tard. Simple question de gueule peut-être. Pourquoi aime-t-on les gens ou les hait-on ? Pour les mêmes raisons souvent. Pour des choses inconnues de nous-mêmes. Frustration ? Inélégance ?

Et puis, j'écris à plat ce que tous disent. A voix basse. Malpolie en somme, je dérange -et j'arrange à la fois, l'un entraînant l'autre-; dans les familles, et le village est une grande famille, ceci se tait si on est nickel : silence et discrétion, c'est bien cloisonné. C'est ce qui a fait dire à mon voisin "je fais ce que je veux chez moi"... et s'étouffer de stupéfaction rageuse lorsque je lui ai répondu "non !" Lorsqu'on est dans un navire et qu'on a loué sa cabine, on n'a pas pour autant le droit de percer la coque "juste de son côté". Fatiguée.  

Fayoun !
JEANINE
Janine est passée, short et chemisier moulant, jambes bronzées de star elle le sait et en joue, toujours le sourire, un seul mot -elle travaille, elle est pressée- mais scandé : "ça va  mar-cher"... et elle file. Ca suffit à me faire rire. Cette vamp a une tête bien faite et sait se faire respecter, on peut regarder, admirer, éventuellement "en" parler, mais pas plus. Marrante, elle met de la couleur. Elle lit aussi, on s'est connues par la "bibliothèque" que j'avais installée dans le couloir. Hélas, elle va partir, elle s'ennuie trop. "Même pas de mecs intéressants ici" dit-elle, dépitée "et question boulot, j'en trouverai ailleurs mieux payé". Chacun ses critères. Zut et triple zut. Ne pourrait-on retenir de gens comme elle, un peu hors-norme mais pour le meilleur, créatifs, cultivés et bosseurs -belle en plus- ? St-Ambroix semble sécréter de la morosité à tous points de vues, même sexuel en le cas. 

Une idée: que des gamins, bien encadrés évidemment, refassent le chemin. Une sorte de groupe. Il y a eu pas mal de cambriolages. La nouvelle pizzaïola s'est fait piquer sa voiture. Le travail physique, ça détend aussi. Ca me manque. Ces baignades le soir avec les chiens. 


Dommage, ce staphylo  (note: j'ai attrapé un staphylo en allant me baigner à la Roque, situé à une endroit extrêmement peu visité de ma personne mais enfin..) La restriction de nourriture (?) l'a fait diminuer encore; il n'est plus que du volume d'un demi oeuf de caille. Peut-être l'exérèse ne sera-t-elle pas nécessaire. Mal placé, cependant, juste à l'aine, l'endroit le plus embêtant si je me souviens de ce que disait Jean sur la saphène interne ou les ganglions  lymphatiques, une grosse veine, peut-être la plus importante, pas sûr, la blessure mortelle classique des matadors, mais bon... C'est un peu de ma faute aussi, je ne me suis pas douchée immédiatement malgré la petite douleur ; j'en ai "profité" pour élaguer encore et encore ce foutu chemin, les ronces poussent à toute vitesse.. Décidément, il m'aura valu une forme olympique, puis une sciatique, et à présent, ce truc. Et le soir, c'était sans doute trop tard. Ca piquait de plus en plus... fièvre et un œuf carrément, de poule, aussi dur, avait "poussé"... je l'ai exprimé : du sang rouge vif, une bonne quantité, et ensuite des peaux blanchâtres, pas mal de liquide séreux clair et... ? des filaments noirs, comme des cheveux... le "trou"  en cône, assez profond, pas trop engageant... Soulagement immédiat, plus de fièvre, j'allais continuer lorsque j'ai regardé sur le net... où il est dit que c'est la chose à ne pas faire -oyez oyez- parce qu'on peut envoyer le staphylo dans le sang. J'ai arrêté -sinon je l'aurais tout eu- et il est resté cette petite boule enkystée. Peut-être va-t-elle se résorber si je recommence la grève. 


Toujours rien du Palais. Ils doivent causer. Ou ne pas causer et s'en ficher, ne rêvons pas. Je ne suis qu'un atome, 70000 signalements ou pas comme dit Michel J... Quoique... Eli eli labat sabat'ahni !!!  Pas de parano

Femme en rose (HL)

Chose imprévue, Wanda et Maï-Linh s'enquièrent de moi. Touchée. Je ne savais pas qu'elle savait -Maï-Linh- et ne le voulais pas. Sans doute Fred a-t-il cafté. Wanda un peu abrupte, est la meilleure finalement de mes belles-soeurs. Oui, touchée je suis : je pensais qu'elle m'avait oubliée depuis 10 ans. En fait, c'est celle qui a un engagement politique le plus constant et le plus sincère, sans aucun doute la tête de bélier de la famille. Robin préfère toujours la "petite" Monique douce, brillante et un peu inconsistante. Il a tort. En fait, toutes ont leurs prégnances, mais c'est dans une situation comme celle-ci que l'on mesure lesquelles sont les plus importantes. E cosi. 

UN MACHIAVEL A L’ŒUVRE ?

19 heures 31 Toujours rien. L'affaire est entendue; à moins que ça ne discute et discute encore à l'infini. J'imagine la position de Dany une amie (ex amie devrais-je dire). J'aime mieux être à ma place qu'à la sienne. Une question tout de même : si vraiment cette saisie à ce moment précis est une erreur (OK) alors pourquoi ces réticences, c'est le moins que l'on puisse dire, à la réparer? Là, Michel, Robin, désolée, je marque un point. Il me semble que si j'avais fait une telle boulette, je l'aurais rectifiée illico avec des excuses. Autre anomalie: le maire dit que la saisie a suivi son cours sans son avis -est-ce un adjoint qui aurait confirmé l'ordre sans qu'il ne le sache?- Soit. Mais que par ailleurs il ne peut prendre sur lui d'annuler. Là, ça devient louf. On peut donc saisir un compte sans qu'il ne soit même au courant (OK)... mais il ne peut a contrario prendre la décision inverse sans en référer à tous ? Y a comme un défaut dans le raisonnement.  -3 en philo à l'oral du bac.

Deux poids, deux mesures ? Un adjoint, mettons Yago, décide comme ça, en se levant le matin, de me faire saisir... juste un ordre, pardon, une "mainlevée" puisque la procédure est déjà en cours du fait des "anciens"... le maire n'est pas au courant, une broutille, soit, on ne va pas l'embêter pour si peu. Et soudain, mis devant l'affaire, gênante tout de même, à ce moment là surtout, il aurait les mains liées pour rectifier? Ce n'est pas dans l'esprit de hiérarchie. Autre hypothèse plus subtile qui m'a été soufflée: quelqu'un -un/e adjoint/e ambitieux et/ou mécontent de sa minable position ça se peut- aurait volontairement envoyé l'ordre... pour générer le clash prévisible et disqualifier le maire ? L'ambition si futile soit-elle, parfois fait faire des choses un peu limites. Les prochaines élections... Juste une idée. Mais même et surtout en ce cas, on prend ses distances avec le Machiavel et on rectifie. Et si c'est un fusible, on le fait sauter. Possible du reste que certains, qui sait, "cette-facture-sera-payée-un-point-c'est-tout" en joue le rôle, le milieu est rien moins que féministe et les femmes, sans aucun poids dans une équipe de mecs bien homogène, endossent souvent en ces cas des rôles d'utilité peu enviables et peu glorieux. Petit mystère, sans intérêt réel si ce n'est romanesque -et l'info n'est pas certaine- mais l'idée m'intéresse.


Œuvre de Jean Larrivé, prix de Rome de sculpture 1904, parc de la tête d'or.
Ceci est codé, désolé pour les non saint ambroisiens.

Minuit. Je me prépare. Rien évidemment, je me suis fait avoir, ils voulaient que j'arrête cette grève qui faisait trop désordre sous prétexte de concertation entre eux histoire de gagner du temps.. avant la fameuse réunion sur l'eau... mais par contre des gendarmes devant la mairie, des voitures et des voitures. Que s'est-il passé ? Bizarre. Et les municipaux qui tournent devant chez moi... Plus de batterie. Je dois lâcher. Il se passe quoi ? Je n'ose imaginer qu'ils ont peur de moi tout de même. Mais si c'est le cas, j'en suis flattée. Qu'on se rassure ici, ma seule arme est ce clavier, je suis non violente en principe et c'est justement l'origine de mes ennuis: si j'avais dès le départ sorti mon cric de camion pour "me" rétablir l'eau à la Mimile -"viens me couper coco, Killer et moi on t'attend de patte ferme"- tout baignerait, c'est le cas de le dire -pour moi-.


Mardi 6 juillet
MAIN LEVÉE ET MAIN BASSE !
Rien n'a filtré mais je saurai bien dans un moment. Aux impôts, j'ai cette fois un son sensiblement différent. Un ordre de saisie donné  peut être exécuté bien plus tard, il y a des relances, re re lances etc... sans que la Mairie qui pourtant a lancé l'affaire n'y soit pour rien. Tiens tiens... mais ça change tout.. Sauf que, admet la guichetière à regret, il peut y avoir "empêchement" à cet ordre de saisie puis "levée de l'empêchement", mainlevée qu'on dit (!) ô que c'est beau, que c'est chou, en somme, c'est exactement ce qui m'avait été dit mais exprimé d'une autre manière. Quand je pense qu'on prétend que les philosophes et les toubibs jargonnent abscons pour entortiller le chaland. L'administration et ses délices sophistiques, un vrai régal pour le Canard enchaîné. Pour leurrer les gens, il n'y a pas mieux, il faut au moins une licence de philo pour s'y retrouver et encore. Même Robin au départ n'a pas pigé.


Sylvie Barbe ("Danse avec les yourtes")

L'article sur les "Chants philosophiques" est paru. Lisette s'est surpassée. C'est de loin le meilleur qu'elle ait fait, sur moi en tout cas. En fait, malgré elle, elle est plus philosophe que littéraire, comme moi. Elle devrait tourner carrément sa veste. Sauf qu'il n'y a pas beaucoup de livres de philo régionaux, un mixte assez improbable qu'elle dit réussi. Joie. Je l'avoue, je redoutais le pire -qu'elle s'endorme ferme sur le bouquin sans pouvoir jamais se réveiller.- Elle m'étonnera toujours.


Et surtout, coup de fil de Bertrand Brémont lui-même, en phase, avec moi. En fait, et c'est là le truc intéressant et stimulant, tout le monde est en phase, même ici, pour des raisons qui ne me sont pas toujours dites, que je devine, et qui me touchent infiniment. Mais personne ne le sentait clairement avant cette grève.


LES MESSIEURS DE L’HÔPITAL
On part du quotidien, du minime, c'est à dire presque de l'un, et au bout du chemin, on atteint l'idée de déconstruction et du sentiment collectif de préservation de la nature et de nous-même, de notre dignité sans laquelle rien ne se peut. On va du microcosme au macrocosme, c'est comme une autopsie in vivo. Les gens parlent, glissent, je ne suis qu'une caméra qui restitue, parfois je ne saisis pas tout ou pas tout à fait, c'est ce qui est bien dans l'affaire. Ce blog dépassant donc à présent le cadre purement saint ambroisien, il me faut souligner ce que ici tous savent : le chemin qui a été massacré conduit entre autre à une terre très fertile, facilement irrigable, qui était autrefois le JARDIN de l'hôpital-hospice dit de charité, les bonnes sœurs qui le dirigeaient ayant nourri leurs pensionnaires avec ses produits durant des années. Les "vieux" encore valides passaient et repassaient avec des brouettes le soir pour aller chercher les légumes frais de la soupe, une activité saine et agréable à laquelle ils ne renâclaient pas, escortés par des aides soignantes ou des religieuses. 

Il y en a une, la première à avoir signé la première pétition, qui s'en souvenait encore avec émotion. Une femme extraordinaire, qui adorait son métier -depuis toujours d'ici-, qui semblait avoir 40 ans et qui devait forcément en avoir... beaucoup plus. A l'époque, les "vieux" étaient des paysans qui, ne pouvant plus assumer le travail éreintant de leur terre, l'avaient vendue ou laissée à leurs enfants, et s'étaient retrouvés là soit par souci d'indépendance -il y avait le confort moderne-, soit déposés comme des encombrants. Mais certains étaient encore très valides, plus que bien des jeunes de nos jours, et la campagne leur manquait terriblement; ils ne demandaient qu'à travailler encore modérément, mais modérément, pour eux, c'était déjà beaucoup. 
Marguerite engageait l'après-midi "des messieurs de l'hôpital" disait-elle, pour qu'ils lui coupent du bois, sous la tonnelle, ce dont ils s'acquittaient parfaitement, elle faisait le café au lait avec quelques gâteaux, îles flottantes.. dont elle avait le secret -elle avait été restauratrice- et attablés, ils bavardaient toute l'après-midi jusqu'à l'heure où ils devaient rentrer pour le repas du soir. Le bois était "avancé", bien rangé, ils avaient papoté du bon vieux temps, rigolé, chaleur humaine et solidarité qui devait leur manquer dans l'établissement plus confort mais un peu triste où ils étaient relégués, gagné quelqu'argent, tout le monde était content, moi aussi. "Qu'est-ce que je vais faire à mes papés?" se demandait-elle le matin car le quatre-heures pour elle, n'était pas de la rigolade. Et on les attendait avec impatience, plus pour la compagnie que pour le bois dont Guy ou mon père lorsqu'ils venaient auraient pu se charger. Mais elle répugnait à réclamer, une hôtesse parfaite et "ses papés" étaient son indépendance comme elle était un peu la leur. Souvenir..  

L'absurdité est là : on est en quasi pénurie alimentaire et on laisse abourir des terres parce qu'un gus tente d'empêcher leur accès. Abattant au passage des arbres qui tiennent la sienne -et celle d'autres- transformant un verger en pelouse et se targuant ensuite de la gêne -on "voit" en effet à présent chez lui- pour prétendre "interdire" le chemin etc... Société du spectacle où l'inessentiel ou le funeste priment sur l'essentiel et le vital. Nostalgie, j'ai du vague à l'âme soudain, lorsque je pense aux "messieurs" de Marguerite, son platonique harem, que sont-ils devenus? Ceux qui vivent à présent à l'hôpital ont-ils quelque dérivement pour rompre la monotonie d'une existence où ils se sentent inutiles?



En attendant Godot


Marre d'attendre. Je vais devant la Mairie. J'ai fait mon panneau, cette fois très bien. C'est un coup à prendre en somme. La chaleur ! Un peu de spleen, ça va passer, c'est le premier moment qui est le plus dur, comme le premier coup de pioche. Après, tout va... 


Mercredi 7 juillet
Juste pour que Robin se rende compte
Robin a téléphoné à la Mairie. Rien évidemment. Je le savais. Mais c'est excellent tout de même qu'il l'ait "vu" comme on dit, de ses propres yeux. Ca m'a rappelé le mur de la maison, les atermoiements successifs épuisants-angoissants lorsque je suppliais littéralement le démolisseur de reconstruire ou au moins de le consolider, le danger étant maximum... tout ce que j'obtenais étant, "la semaine prochaine, je dois avant voir X"... "je ne l'ai pas vu, il est en vacances"... "dans un mois au maximum"... "dans trois mois, quand je vais pouvoir construire, tout sera réglé"... et pour finir, la phrase historique juste avant l'effondrement de mes trois sols voûte comprise : "ne vous en faites pas Madame Larrivé, le mur, il a pris sa place (!) il risque plus rien"... à laquelle je n'ai évidemment pas cru une seconde, l'expert avait averti du drame imminent. Et pendant ce temps, des gens -j'ignorais que ce fût moi ou pire, Fred en premier- risquaient leur vie, bricolant tranquillement leur bagnole à l'ombre du mur, place très courue le mardi... User la bête, toujours... et ce pauvre voisin à bout qui n'en dormait plus, aussi terrorisé par le mur que par celui qui l'avait fait se décrocher, des deux écueils, il ne savait lequel était le plus inquiétant pour sa santé et ses affaires, sa maison qui foutait le camp ou se coltiner un si gros personnage, et ça coûte en plus etc...


Donc si devant un danger majeur, attesté par experts -était-il besoin d'experts pour prévoir que ce mur allait s'abattre, encore se sont-ils trompés puisqu'il ne s'est pas abattu comme prévu, le coquin, sur le parking, mais sur moi..- certains atermoient sans souci de la vie des gens, comment s'étonner que devant un autre bien moindre, le même processus se mette en œuvre? Reste, Michel et Robin, c'est à vous que je m'adresse ici (!) que cela apporte de l'eau à mon moulin, bons militants qui aviez réellement cru au coup du hasard et de la nécessité et m'en aviez presque convaincue, puisque des gens aussi calés le pensaient, ça devait être vrai, deux contre un, je m'incline, même si une petite voix au fond de moi renâclait. Isn'it? la philo, quoi, je me laisse facilement convaincre, en fait persuader, par le logos. Et puis c'est toujours plus confortable d'agonir le hasard que des copains ou amis et y en a, plus exactement y en avait dans cette équipe. Qu'est-ce qu'elle disait la parano, mes choux?  


Le hasard

BEYROUTH
Bon ça veut dire qu'il faut que je m'y re colle, à présent, il y a trop de choses en jeu, dussais-je y laisser des plumes. J'en laisserais moins que si je lâchais et partait avec Robin à Beyrouth, projet récent, Ham'ra, le rue de phénicie, le vieux druze sur la montagne, biblique avec sa gandoura, qui nous a conduit chez lui alors que nous nous étions perdus -des coups de feu nous avaient déviés-... la peur aussi, légère, il avait une sublime tête de berger de l'ancien testament certes, mais... il y avait aussi la voiture au nom de Misrahi -autant dire Dreyfus-... et on était bien paumés dans la montagne, quoi de plus simple de nous kidnapper et rançonner, ça se voyait tous les jours, et des juifs, ça n'aurait pas fait un entrefilet dans l' "Orient le jour"... Robin m'avait dit "il n'y a pas de risque, c'est un druze"... et, le scoop si longtemps après, c'est qu'il m'a avoué hier qu'il avait eu peur lui aussi, druze ou pas druze, sans rien me montrer. Des as de la dissimulation, les libanais, et après tout c'est confortable aussi... 

 On a eu tort d'avoir peur, mais en temps de guerre, comment savoir ce qui s'abrite derrière la tête la plus photogénique? Cette réception improvisée dans la pièce blanchie à la chaux, aux banquettes tendues de tissus rayé rouge et noir, cette ferme pauvre et belle et ce couple isolé agréablement surpris de voir débouler des "parisiens" avec une petite-fille qui avait dévoré abricots sur abricots, la honte quand on avait vu le petit tas de noyaux à ses côtés... Que sont-ils devenus ? La femme, non voilée, parfaitement belle, je crois qu'elle était même légèrement maquillée, semblait beaucoup plus jeune que le mari. Elle vit sans doute encore si la guerre l'a épargnée. Ce sera pour plus tard, toujours plus tard..

DEVOIR DE VACANCES

Rigolo, il parait que le conseil doit lire mon blog avant toute décision. Des devoirs de vacances ? Du coup, il me faut reprendre question orthographe, pas question de laisser des coquilles, noblesse oblige, zut triple zut... Je n'ai pas sur le net mon garde-fou, Huguette qui trouve des fautes comme un chien des truffes, ni hélas Lydie, moins pointue mais plus rapide.



Rebelote à la Mairie. Le jeune employé aux cas difficiles qu'on appellera ED, employé cas difficile, a fait son rapport, dans lequel il a omis de mentionner que d'après l'employé releveur des compteurs qu'on appellera RC, les factures étaient bien payées par "Mr Ruche" le compagnon de Maguy. Finalement, Mr Ruche n'est plus sûr... et l'adjoint l'Est qui était présent lors de la déclaration fatidique ne se souvient plus très bien... bigre, ça date de la veille pourtant, "faï pas buon s'es faïre vieil" puis ça lui revient doucemanette mais il affirme finalement qu'en fait, RC voulait parler... de la rue des Cigales (?!!) et rebelote... sauf que ça se passait rue Désiré et que c'était bien sûr de cet appartement-là dont il était question. RC confirmera d'ailleurs peu après à Robin, ouf, lui se souvient et est clair. Sa théorie la plus évidente est que le compteur dysfonctionne comme beaucoup. Soit. Finalement ED est d'accord pour marquer -c'est à dire rajouter- dans son rapport les propos de RC, bien qu'il affirme que ça n'ait aucune importance... sauf de corroborer mes dires. Il semble de bonne foi. RC aussi, surtout.


Il me dit aussi que j'écris bien mais qu'il faut que je me méfie car on reconnait les gens sur le blog. OK mais ça, c'est mon job et toiletter, je sais faire, au fur et à mesure, parfois le jour d'après. Des faits seulement, au fil des jours. Des coïncidences aussi, enfin toute la vie d'un village qui me dépasse de beaucoup. Une autopsie in vivo filmée sans commentaires souvent. Mais analysée, ça oui, parfois. Cela voulait-il dire que sans le blog ça s'arrangerait mieux et plus vite? Je n'ose l'imaginer. Toiletter donc encore, primo non nocere, comme toujours.


Essayé de discuter avec "cette-facture-sera-payée...", une erreur, sa rage semble hors de portée. Finalement, devant certains, il vaut mieux garder son quant-à-soi. Mais elle s'occupe du "social", et ça, zut... Ca explique certains propos, certaines attitudes "je te fais ça à toi..." Elle parle comme si elle tenait la place divine à elle seule, distributrice de la manne, peu habituée de fait aux rapports d'égalité semble-t-il. Le social ou la charité est une activité suspecte parfois qui requiert un talent tare. Il est malsain de la mêler au pouvoir.


TOTOPHE
Hypothèse, et si au fond je lui faisais concurrence? Les fringues pour certains, les "remontage de moral" le soir pendant que je faisais la fresque?.. quelques articles aussi? Une réminiscence déplaisante soudain: un certain X du secours populaire qui, après l'article sur Totophe, m'avait giflée dans la rue. L'article ne l'incriminait pas, il relatait simplement dans la veine soft très Midi-Libre, l'aventure de Totophe, SDF gentil mais alcoolo depuis toujours, quatre ans d'âge mental, un soir où il gelait à pierre fendre, qui, en chemise, complètement bourré, était venu s'effondrer devant mon portail, seul endroit éclairé sans doute à 10 heures à Anduze, par cette nuit d'hiver glacée..  



Embrouillaminis (Robin Eddi)

...Puis la suite, comique: je le rentre laborieusement, on se casse la figure dans le jardin, il s'effondre sur le lit dans la pièce de la chaudière et ronfle aussitôt, bien couvert.. Et go : mes appels successifs, 10 ? 20 ? je ne sais plus, au terme desquels tout le monde m'envoie bouler, le secours populaire sur répondeur, renvoi à un autre numéro, identiquement sur répondeur, le curé gâteux, le pasteur sur répondeur aussi, un autre pasteur mais sourd comme un pot qui me renvoie à un troisième, absent, le SAMU, l'hôpital, la police, etc... Seuls, les gendarmes sont venus, mais pas tout de suite, il a fallu passer par Nîmes, pas trop contents pour l'un d'être tiré du lit à 11 h par ce temps. "S'il a un malaise, vous êtes responsable." Soit, mais dehors, il serait mort. La loi est bizarre sur ce point : si je le laisse, il meurt et bien sûr c'est de la non assistance à personne en danger, mais si je le rentre, alors plus personne n'en veut car il ne cause plus de trouble à l'ordre public, mais j'en suis responsable, au cas où il lui arrive un truc, c'est de ma faute, que faire? S'en foutre... 

J'ai donc gardé Totophe un an, pas de problème certes, sa passion étant de ramasser les feuilles une à une -il les guettait du fond du jardin, assis sur sa chaise, me faisant part de ses prises lorsqu'elles valaient le coup, ajoutant parfois "qu'est-ce que tu ferais sans moi, hein?" à quoi je répondais invariablement "ça c'est vrai, tu es bien brave", ça ne me perturbait pas, c'était comme un disque... et le jardin n'avait jamais été aussi nickel. Il m'a manqué lorsqu'il fut enfin admis dans un HP adapté... dont il s'est échappé plusieurs fois pour revenir chez moi, il aimait mieux être libre évidemment.

Mais voilà, l'article de Thierry Dubourg avait eu un succès mahousse et tout le monde venait apporter des objets divers à la galerie, c'était le must, on venait voir Totophe comme au zoo un animal rare avec des croûtes, des couvertures -nul besoin à présent mais bon- télé, neuve! frigo, tapis, vêtements, Anduze et ses environs sont riches... En somme, par culpabilité d'avoir failli le laisser périr, les gens rivalisaient de générosité parfois inappropriée et dans l'appentis de la chaudière, clair, ensoleillé, avec son entrée séparée sur le jardin aux bambous, il était logé plus confortablement que moi. Ca s'était donc "arrangé" -si l'on peut dire- sauf que dans le village pourtant civilisé, j'avais croisé quelques jours après un quidam... qui m'avait mis une baffe sans prévenir -"salope"-. J'ai compris ensuite, le responsable d'Emaüs m'avait expliqué, "vous lui avez "volé" un pauvre, vous l'avez mis en cause indirectement et de cela il ne se remettra pas, vous avez pointé une défaillance chez un parfait, il pense avoir raté sa carrière etc... On a souvent le cas." Fais-je de même ici? Est-ce que je "vole" des pauvres à qui de droit?

Le social est affaire ambiguë: le meilleur et le pire. Qui est mieux de Mme Batty femme de notable par ailleurs impliqué dans quelques affaires pas très claires -ou plutôt, si, très claires- ou de celle-ci ? Si j'étais dans la misère, je crois que je préfèrerai la bourgeoise retenue à une ex consoeur de pauvreté qui m'engueule et "va" me chercher pour "me" confronter en gueulant comme si j'étais un chien etc... 


Pas dans le style du village

Conclusion : mieux vaut ne jamais avoir affaire à ces services et à ces gens-là quels qu'ils soient. Je dois sentir le chien: Vôtan inquiet, exhalant une odeur assez pénible, malgré la chaleur, se colle à moi dès que j'arrive. Je lui manque. Du coup, dans la rue, les cabots me reniflent avec intérêt. De fait, "cette-facture-sera-payée" a affecté tout le temps que je lui parlais de partir dans les pommes, s'éventant vigoureusement, l'attitude de certains jeunes de banlieue... à l'instar de Christine H. autrefois -elle est devenue maire de V. au fait... je crains le pire, c'était une des plus perverses de tous les élèves que j'aie jamais eus.- Un peu d'excès sans doute ici ... mais sur une base réelle. Il faudrait que je tonde Vôtan... Quand on n'a rien à dire des gens, on dit qu'ils puent. Ou qu'ils sont fous. L'olfaction est le plus labile de nos sens, et la santé mentale est difficile à apprécier, c'est facile. Là, j'ai eu les deux. C'est ce que font les racistes. Et aussi les racisés. -Mais dans mon cas c'est peut-être vrai. Tess et ses oreilles purulentes, aussi.- Tant pis, je ne la ferai pas piquer pour ça, je parle de la chienne évidemment. 

LE SOCIAL, CA PAIE BIEN
Je croise l'info une fois de plus. C'est fait, des clashes, il y en a eu au moins deux autres. Bon boulot de journaliste. "Ne te vante pas, voyons, tu n'es qu'un cas. Ne deviens pas mégalomaniaque" m'a dit Gilberte en riant. Rire fait du bien. Honte à moi, je n'aurais pas aimé être la seule à subir ça et cependant ç'aurait été mieux pour tous. Soit. J'ai encore dû voler des pauvres à qui de droit doit s'en charger. Qu'est-ce qu'on devient si tout le monde est solidaire ? Les pro du social, profession pas inintéressante et assez valorisée, n'ont qu'à aller se rhabiller. La Rochefoucauld, le salaud, n'a pas tort. Toutes nos motivations sont égoïsme. Ca vaut pour moi, évidemment. 

Et je le dis ici clairement : Totophe m'a beaucoup apporté, quelques ennuis évidemment -dont la baffe- mais dans l'ensemble, il faut le souligner, la "charité" paie bien ; le nombre de gens qui me disaient "vous êtes formidable"... à qui je répondais invariablement "pas du tout, il était devant ma porte -je travaille la nuit- je ne pouvais pas ne pas le voir, c'est juste le hasard..." et qui ajoutaient parfois : "et en plus vous êtes modeste", on n'en sort pas. Une bonne affaire, "Le petit garçon derrière un taxi" a flambé à ce moment-là, 70% à cause du talent de Suzanne, 30% de l'affaire Totophe, et les feuilles, corvée quotidienne n'avaient qu'à bien se tenir. 
Cet hiver-là, sa présence silencieuse derrière la galerie, dans sa querencia où il regardait le foot à la télé me plaisait -je me sentais moins seule-... Moins les réveils à six heures -car c'était un matinal- "t'as pas un café dis ?" mais cela aussi n'était pas si mal car je n'avais pas de réveil. Il le buvait avec moi, je me mettais au travail et lui s'en retournait guetter les feuilles, inquiet d'en avoir laissé passer car c'était un consciencieux. Il me manque un peu.


Robin, lui, veut attaquer en justice. Cette grève de la faim lui fout la trouille, il sait ma détermination et s'en désole. Ca le rend presqu'agressif par moments. Il dit que le délai de forclusion dans le domaine civil est de 4 ans. Je le croyais de beaucoup moins. Ca se peut donc. Il s'y colle. Moi, je n'ai pas la force. Trois procès en deux ans, déclinaison en fait de la même histoire car celui du milieu n'est que scorie, même gagnés -plus ou moins- ça fait beaucoup, je n'avais jamais esté jusqu'alors, du moins directement. Mais les deux ne sont pas incompatibles. J'y retourne. La fraîcheur ici... ca va mieux. Ouf.  
 
Opale
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Pendant ce temps, Robin a fait une lettre à la fois claire et désopilante qui résume assez bien les faits...

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Robin Eddi à Monsieur le Maire de Saint-Ambroix,

Depuis 2007 nous contestons la facture d'eau de 4000 euros du 2 rue D où nous n'avons jamais habité, sans résultat. Ma femme dont le compte a été saisi, excédée, s'est finalement résolue à faire une grève de la faim devant la Mairie pour attirer l'attention sur l'injustice commise. Vous avez proposé à Michel Pernet journaliste à la Marseillaise de servir de médiateur.. Elle a accepté de faire une pause dans sa grève en attendant le résultat des négociations, preuve de sa bonne volonté. Résultat ? Néant. Elle est donc décidée à la reprendre ce jour le 8 juillet 2010.

Lors de l'entrevue du lundi 28 Juin 2010, vous avez déclaré que vous n'aviez pas de preuve que c'était Mme A. qui payait l'eau au titre de locataire et que le compteur était au nom de ma femme.
1/ Nous vous avons fourni une attestation de sa part confirmant qu'elle payait bien l'eau et une facture en son nom.

Vous avez rejeté ces preuves en disant que celle-ci concernait sans doute la rue des c (!) où réside son ex-compagnon. Et surtout disiez-vous, la facture ne comportait pas la part assainissement en vigueur dans le centre ville -où se trouve la rue D-.
Le lendemain, j'ai apporté à M B, employé au service des eaux une facture avec assainissement (214) au nom de Mme A. rue D. Un point important selon ses dires qui devait aider fortement à la solution du problème. Puisque nous savons maintenant au nom de qui était le compteur et à qui les factures étaient envoyées, le problème est réglé. Non.

Car vous avez alors soulevé un nouvel argument :
Une fuite d'eau éventuelle se serait produite entre février 2005 et 2007.
Impossible car Mme A. est partie suite au danger de l'affaissement du mur mitoyen avec M P, mur dont nous sommes allés souvent vérifier l'état nous-mêmes et avec des maçons. Si c'était le cas nous l'aurions constatée -elle aurait été très importante.-
Vous avez néanmoins voulu vérifier. Nous nous sommes rendu avec M. B et M. K, adjoint, à la maison pour vérifier qu'il n'y avait pas de fuite qui pouvait expliquer cette facture exorbitante, une piscine olympique: le rapport établi montre clairement qu'il n'y en a pas
M. B a alors voulu s'assurer que le compteur respectait le règlement c'est à dire était en état de fonctionnement. Vérification pertinente car il est apparu qu'il était en panne. Depuis quand ? Nul ne sait.

Au cours de cette enquête nous avons recueilli les déclarations de M. B. -releveur des compteurs- assurant que le paiement de l'eau de Mme A -donc de la rue D- était effectué par M. E. son  compagnon, confirmant ainsi les déclarations de celle-ci, de ma femme, et les factures produites.
 Tout est donc réglé ? pas encore.

Vous avez d'autre part reconnu que depuis le départ de Mme A., confirmé par la CAF en octobre 2005, la maison n'a pas été habitée. Il est vrai que ce point, vous l'avez admis sans preuve écrite. Le problème est réglé ? toujours pas.
Quelles explications peuvent être avancées ?
– La gestion de la société des eaux à cette époque.
– Le dysfonctionnement du compteur.*

Vous avez demandé un contrôle du compteur par un laboratoire, indépendant, à nos frais, bien que dans toutes ces hypothèses, nous soyions hors de cause. Mais au labo, on nous affirme  que tout ce qui pourra être démontré, c'est que le compteur ne marche pas, et qu'en aucun cas on ne pourra  savoir ce qu'il a bien pu faire pendant son arrêt, le coquin. Inutile donc de payer 100 euros pour qu'on nous réaffirme ce que nous savons. Mais M. B a une autre idée : il propose de le faire contrôler par son fabriquant lui-même, ce qui nous semble spécieux.



De plus, le règlement de la compagnie des eaux précise :
Article 7 L'abonné ne doit payer que la quantité réellement consommée. Ma femme n'étant pas présente et ne pouvant l'être, elle n'a rien consommé.

Par ailleurs le règlement précise qu'en cas de panne de compteur la consommation qui doit servir de référence est celle de la période antérieure similaire (article X).
Pour évaluer la consommation de février à octobre 2005, la période de référence doit être 2003-2005. Or la facture de cette époque où Mme A. vivait rue D avec ses enfants est très faible, puisque pour 10 mois, du 15/6/2003 au 27/4/2004 elle accuse seulement 50 m3 tout ronds, soient 74,96 euros, ce qui fait 7,50 euros/mois... ce qui appliqué de février à octobre 2005 (9 mois) donne 60,5 euros.

Ensuite, seule la location du compteur doit être prise en compte... encore qu'on peut se poser légitimement la question du montant de l'abonnement d'un compteur de plus de 30 ans donc largement amorti... et de plus hors d'état de service ou plus exactement qui vous rend des services de de type dont on se passerait bien. 

Depuis octobre 2008 (date du début de la saisie du compte) jusqu'à ce jour, 2337 E ont déjà été prélevés que nous vous demandons de nous rembourser au plus tôt.

      Veuillez agréer, Monsieur...                             Robin Eddi
 
*Bien que l'on puisse s'étonner d'un compteur -en quelque sorte en multipropriété- dont la consommation, très faible du reste, surtout pour une famille de 9 personnes, a été payée, à un moment par M. Larrivé alors âgé et récemment veuf puis par M E. compagnon de la locataire et dont à présent on exige le "solde" (4000 euros)... à ma femme parce qu'il serait resté en son nom tout ce temps
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Rencontre avec une conseillère municipale P.C. de Roanne, et son mari, on a parlé, ils ont évidemment signé. Intéressante : des histoires comme ça il n'y en a pas chez eux. Le PC est-il particulièrement vertueux ? Ou l'ignore-t-elle ?

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Jeudi 8 juillet 3 heures
Robin a enfin eu le laboratoire indépendant où on lui a répondu que toute expertise ne pourrait que confirmer que le compteur était arrêté sans plus de précision. Inutile donc de payer 100 Euros ou davantage pour s'entendre dire qu'il est cuit. Sympas, ils auraient pu nous faire l'article. Il est allé apporter la lettre avec ce rajout, de taille. Perso je n'aurais même pas tenté le coup, subodorant qu'on nous amusait encore, le dernier round peut-être mais... c'est bien tout de même qu'il l'ait fait. Cercle bouclé. On a les factures de Maguy avec le 224 fatidique, l'assertion de l'employé assurant que son compagnon payait, le compteur naze qui surfacture durant une période où il n'y a personne et où il ne peut y avoir personne puisque la maison est en péril... ça doit aller. C'est un roman politiquement incorrect anti administration, anti bureaucratie et technocratie, anti gestion aléatoire et si on est de mauvaise foi, anti gauche mais bon...





18 heures 

L'ORAL DU BAC

Réunion sur "l'eau"
On sent qu'ils se préparent comme à un oral de bac, fébriles, têtes un peu fermées, soucieuses, en rang serrés. Houleux, à la manière de St-Ambroix. Question parité, toujours pas terrible: il y a le maire, son second, le jeune employé aux cas difficiles, ED, et un autre personnage-clef comme nous le verrons qui s'agite et fera passer le micro. Quant aux femmes, elles sont sagement assises, groupées, immobiles, tout en bas à droite de l'estrade et aucune ne l'ouvrira, les yeux baissés, les genoux serrés, comme dans la chanson..

 Naissance de la parité

D'abord, on a une suite de diapo peu lisibles sur un grand écran et ED aux côtés du maire qu'il semble ne plus quitter de lire ce qui est écrit au fur et à mesure, des chiffres, des chiffres, toujours plus désespérants les uns que les autres... et les exigences de la DDASS, la station d'épuration à replâtrer avant casse, la nouvelle qui ne sera pas écolo comme on voulait, ça sera plus cher en fonctionnement, tant pis -ça a été refusé... par qui?- le prix du terrain exorbitant.. etc 

Le Maire semble aussi enjoué qu'un conducteur de bus sur la ligne Vitry-Balzac... le forage qui a raté, rien ne va plus, je décroche un peu mais j'ai l'impression qu'ils ont sorti autre chose de pas prévu, de l'eau minérale ? des truffes ? une tombe pharaonique? Ca peut être intéressant aussi. Pourquoi pas ? l'eau pure de vos cellules, ça le fait bien, bon, mais ça ne colle pas. Ca dure un peu beaucoup, on a l'impression que tout ça est fait pour retarder l'orgasme. Mais ça va venir, je le sens bien.

"Ils nous embrouillent avec leurs chiffres" dit une dame à mes côtés. C'est ce exactement que je pense. 

Donc on apprend ou re apprend que St-Ambroix a peu de réserves en eau, il va falloir re forer, des canalisations "fuyardes", le terme est joli, qui font perdre 65% de l'eau pompée, à croire que c'est les shadoks... qu'au centre ville il faut séparer les eaux du tout-à-l'égout de celles du pluvial ce que n'ont pas fait les anciens... bien qu'ayant découvert les canalisations pour de menus travaux, très menus en fait, le genre de coup par coup dont parait-il ils étaient coutumiers, j'ouvre, je bricole, je rebouche, je réouvre, je re bricole, je rebouche etc... ce qui contribue à la saturation de la station d'épuration qui dégorge dans la Cèze -d'où sans doute mon staphylo- station qui n'est plus conforme depuis 2005... Le maire annonce qu'à présent on sera dans la légalité mais ce sera cher. Il fallait trouver un terrain inondable, le mas C. était le seul disponible, cela génèrera des dépenses d'investissement énormes d'où le prix de l'eau augmenté: 1,67 euros le m3, là, je ne suis plus, ces chiffres me donnent le tournis.

On découvre ou re découvre aussi que les canalisations en plomb sont à remplacer sur toute la commune d'ici 3 ans, très "fuyardes" donc -toxiques aussi, ce qui n'est pas dit-, elles perdent + de 6 m3 d'eau à l'heure. 3,8 euros le m3 ? La moyenne étant de 3,40 euros, on serait en dessous, en Europe ou je ne sais où, elle serait encore plus chère parce que blabla.. quelqu'un s'exclame qu'elle s'en fout. Il a le nez dans ses papiers, récite, bref c'est aussi folâtre qu'un compte d'exploitation, je décroche.



Racines

On dirait qu'il s'agit de préliminaires pour occuper la place afin d'éviter quelque suite fâcheuse. C'est ce que je ressens, peut-être à tort. Une lapsus intéressant du placeur de micro, un collègue mais du privé, celui qui donnera la parole au bas-peuple : "on va vous concerter sur ce qui a été décidé", j'éclate de rire tant c'est chou. 

Bon, et puis il faut y aller tout de même. Les questions. J'ai une vague idée qu'il y en a qu'ils redoutent. Moi.

Ça commence, des factures qui bondissent comme des cabris surexcités, doublent ou triplent, un gus qui se voit comme moi -mais au moins lui habite-t-il au lieu dit- taxé d'un monument, 5000 Euros ou plus, je ne me souviens pas, il subodore qu'on aurait mélangé les tuyaux  lors de travaux de voirie importants près de chez lui, il a l'air d'avoir bon caractère et le prend bien... il faut dire que moi aussi au début, j'avais même ri de bon coeur, et pour lui c'est le premier round, mais on ne sait pas dans quel état il sera dans un an si comme moi on le saisit impromptu... Plusieurs femmes surtout que l'on sent énervées-désespérées disent qu'elles n'ont pas prévu une telle dépense et ne pourront l'assumer, le "placeur du micro" qui arpente la salle comme Dieu distribuant la manne -la parole- lui assure, rassurant, qu'il est prévu avec les impôts un étalement sans relance ni frais si elle se manifeste -aïe, les leçons de morale en prime, je crains le pire, et étalement jusqu'à quand ?- Il s'étend un peu beaucoup sur cet "avantage"... "Soit -rétorquera un autre- mais il faudra tout de même payer et les gens qui n'en ont pas les moyens ne le pourront pas davantage d'ici un mois, deux ou trois".. Une évidence.


Une dame ensuite à l'accent étranger demande ironiquement des éclaircissements sur sa facture qu'elle cherche en vain à comprendre, il y a d'abord l'abonnement + l'assainissement... et ensuite une autre facture avec la consommation plus, rebelote, l'assainissement. 

Note après coup. Intéressant pourtant car on m'avait assuré que les factures de Maguy où n'était indiqué que l'abonnement, les 222 ne pouvaient concerner la rue D qui bénéficie de l'assainissement et on a perdu pas mal de temps à trouver les fameuses 224 qui correspondaient à l'eau+assainissement! En fait, les deux séries étaient valables.

Les explications semblent embrouillées. On nous propose aussi la mensualisation en option sur 10 mois. Horreur ! Le technicien parle ensuite de télé relève des compteurs individuels... qui sera en option en nov déc 2010. Impossible qu'ils tombent en panne ceux-là qu'il dit, tu parles si j'y crois. 


Dans le style du village

Puis un scoop, un monsieur pointu parle de certains compteurs à hélice (?) qui parfois avec le vent auraient tendance à s'emballer, le technicien en convient. Bigre, des éoliennes ? Le nôtre était-il du genre envolée lyrique avec le vent d'autant ?

Note après coup : c'est sans doute le cas et personne ne nous l'avait signalé.

Une autre déplore une énorme fuite régulière coule route d'Uzès, gros comme un bras assurent les riverains...



Il y a aussi une assoc fondée par une petite femme énergique et jolie qui a attaqué ni plus ni moins la Mairie au tribunal administratif pour sa hâte à avoir pris cette décision d'augmentation si impopulaire -apparemment 2 ou 3 jours ?- sans en référer au conseil municipal voire aux payeurs, le mot vache à eau a même été prononcé... Au passage le maire annonce qu'à présent les employés du service des eaux payent leurs factures comme tout le monde. En jetant un regard sur moi comme si c'avait été une de mes revendications.

Note après coup. J'ai sans doute été utilisée sans m'en douter.

Je demande alors à parler et le meneur de jeu me dit qu'il l'a vu mais que ça doit se faire dans l'ordre, OK. Arrive mon tour, il me tend le micro "invitus" -mais pas "invitam"- semble-t-il en me disant à mi-voix, ses gros yeux fixés sur moi comme en confidence (!) "succinct!"... ça met tout de suite à l'aise.. Pendant que je parle, il s'assied juste en face de moi, carrément retourné vers moi comme si je ne m'adressais qu'à lui, mains tendues vers le micro pour le reprendre, attendant comme Tess son sucre pendant que je fais le café, attitude qu'il n'a eue avec aucun autre intervenant... bref, il me déconcentre, me gêne ostensiblement, fait un geste avec la main comme pour dire "allez allez on n'a pas le temps", ça me rappelle Vitry où certains élèves, se plaçant exprès tout devant l'estrade, affectaient pour troubler le prof agacement, ennui profond, exaspération, ricanements. De fait, je bafouille lamentablement, je le sens ce qui me fait cafouiller encore plus, cercle vicieux... et là il s'y croit puisqu'il a aussitôt le geste de me demander de booster, pensant le poisson frit, mauvaise pioche... "certes on ne se fait pas putain comme on se fait nonne" comme chante Brassens, le toro n'était pas estourbi, la colère me fait immédiatement me reprendre, je me lève, me retourne vers les gens et je peux enfin m'exprimer normalement. Quelques mots sur mon affaire soudain clairs, bien articulés, sonnant normalement. Je mets les deux équipes dos à dos. Pas de fine politique certes, mais c'est ainsi. On applaudit. Parano ? Non, là il était clair, il voulait m'empêcher de parler. Ca s'est finalement retourné contre lui et les gens ont ri.




A nouveau la litanie de ceux qui ne peuvent pas ou très difficilement payer puis quelqu'une, Madeleine, une collègue de collège, proteste vigoureusement parce qu'elle ne pourra pas être raccordée à la station d'épuration bien qu'elle soit juste à côté et ait prévu tuyaux et canalisations ad hoc. Silence un peu gêné, puis propos vagues et rassurants ensuite. 
Note à la relecture : elle sera remboursée de ses travaux.

Ensuite, c'est la prestation d'une belle jeune femme énervée, tout au fond qui attaque très fort, elle a une entreprise, ou deux, je ne suis pas, elle paie son eau, le coût est exorbitant... et ajoute-t-elle, cette augmentation de 100% va forcément générer des impayés... -elle a raison, c'est obligé-... mais la voilà qui finit en beauté sa sortie par "et moi je ne veux pas payer pour la racaille." Mouvements divers. Le malheur est qu'elle est applaudie. Je hurle littéralement "le mot racaille est de trop"... et ma voisine me dit gentiment "mais ce n'est pour vous, voyons" (!)


Et sur ces paroles définitives, la belle jeune femme en rage contre la "racaille" quitte la salle... et on la voit sur le seuil discuter avec une souriante "cette-facture-sera-payée-un-point-c'est-tout", celle qui en charge la noble tâche d'aider les pauvres devisant copine avec "Je-veux-pas-payer-pour-la-racaille", tout baigne...



Salvator me répondra, docte -j'ai essayé de dire tout le mal que je pensais des services socieux, je laisse la faute de frappe, qui parfois briefent les petits bourgeois besogneux ou dégourdis contre les  pauvres, ou pire, les pauvres les uns contre les autres -la "racaille" comme dit cette jeune femme-, il faut qu'on se serre les coudes et ne pas se laisser aller à  nous entre déchirer, Salvator donc me répondra en ponctuant simplement une formule qui doit lui plaire: "c'est une réalité économique". Je réitère que le mot "racaille qui désigne souvent des immigrés pauvres -mais oui mon cher- est odieux et que de la réalité économique, je m'en fiche." Affligeant, "Peau noire, masque blanc" in situ, on recule d'un demi-siècle. Des mis-en-cause directement soutenant la belle dame-qui-veut-pas-payer-pour-la-racaille copine de "cette-facture-sera-payée-un-point-c'est-tout" en charge du social, ça baigne aussi. Les gens se haïssent-ils, eux ou leur lignée, à ce point ? Oui. Comme Nicole en somme, peut-on en demander plus à qui n'a ni son intelligence ni son instruction? Non.


CEUX QUI SE PRENNENT POUR LA VIERGE MARIE

Ca finit par la prestation claire et écolo d'un spécialiste de l'hydrologie, on va devoir pomper sous peu, vers Meyrannes peut-être, puisque le premier forage a raté mais il faudrait penser à économiser l'eau et à réparer les fuites d'abord -et il y aura des subventions-. A quoi Sylvie répond que si on consomme moins, comme les investissements sont de toutes manières les mêmes, l'eau qui tient en compte ces coûts... va augmenter. -Robin n'est pas d'accord avec cette théorie qu'il trouve simpliste mais il ne dit rien, dommage.- Exemple, la station étant prévue de grande capacité, il faudra donc beaucoup chier pour l'amortir, et comme, malgré tout notre sens civique, on fait ce qu'on peut, il faudra trouver ailleurs de la merde pour la nourrir. Une idée géniale : le nettoyage des fosses septiques, le "grattage" dit-on et l'envoi dans la station de la "chose" obtenue, à nos frais of course. Totalement inutile ce grattage mais ça nourrit les bêtes d'une station surdimensionnée et ça nous fait encore raquer. On n'en sort pas. Vache à eau, vache à merde.



Les gens s'en vont, devisent... et nous nous avançons vers l'hydro géologue, on veut lui parler de l'eau de la Cèze à la Roque qui apparemment semble dangereuse, du coup, un vieux monsieur me dit au passage qu'il prenait souvent le chemin de St Victor pour aller se baigner, il faudra le contacter... 

Mais voilà, lorsque je m'approche du spécialiste, il m'annonce d'emblée qu'il ne peut pas prendre parti pour mon affaire.. ce que je n'avais jamais eu la moindre intention de lui demander. L'eau de la Roque n'est pas bonne répond-il, étant donné l'emplacement, du moins tant que la station à indigestion sera en fonction. Un merci sec et je file. Il en est, sans aucune malice pourtant, qui n'ont parfois pas même l'idée que l'on puisse se battre pour autre chose que son pré carré et/ou qui se surestiment légèrement, exemple l'hydrogéologue sympa qui me voyant arriver vers lui, me dit d'emblée -en substance- qu'il ne peut rien pour moi comme si j'allais lui demander un euro... l'adjoint qui affirme qu'on a défriché le chemin pour valoriser notre terrain etc. Ils me donnent parfois l'impression d'être une mendiante ou que certains me voient comme telle. A cela aussi il faut résister. Robin s'est marré de ma réaction volontairement impolie, partir -merci- sans saluer, immédiatement après l'aimable réponse, mais pour une fois, il l'a comprise.  

RETENEZ MOI OU JE FAIS UN MALHEUR


Gilles ? pas un mot. Timidité de ce militant hors-pair ? En privé cependant, sur le Portalet, qu'est-ce qu'il se lâche! Pas dans la ligne? Une amie à lui qui s'enquiert de ma santé et du soutien des gens a... refusé de signer, le cas jusqu'à présent est unique (note après-coup, et le demeurera)... Les politiques, quels qu'ils soient, je crois que je ne les regarderai plus jamais de la même manière. Tonitruants à vide parfois, plus maximaliste, tu meurs, et devant un parti à prendre, même minime, la fuite ; ou alors sincèrement (?) indignés devant une injustice... qu'ils renforcent une fois élus comme si c'était tout naturel. Essayant d'empêcher les gens de parler aussi...

Vendredi  9 juillet
Coup de blues, et pourtant tout va bien. Le fait de recommencer est plus dur que je ne pensais. Car j'avais attaqué avec une certaine inconscience, je ne savais pas où j'allais... et à présent je le sais. Me faire arrêter sous prétexte de négociations n'était pas si mal calculé  finalement. Je rentre au Ranquet me laver. Sonia m'a dit son soutien -elle ne s'était pas manifestée jusqu'alors et j'avais cru à une sorte de désaveu... en fait elle était tout simplement malade, je suis tellement "dans" cette histoire que je m'imagine que tout tourne autour.- La plus belle fille de Clé, blonde et fine, que nous admirions tant, nous les "petites" à nattes ! Elle le demeure pour moi, quarante ans après. Blues blues pourtant...


Bruno Manser

Un bon génie pourtant veille, Gérald m'appelle, coup de bol de me trouver puisque je ne suis jamais au Ranquet. Il va venir, joie. Il a déjà gagné pour Colonna, sacré Gérald, il n'a plus qu'à faire un roman en y rajoutant du plus vendeur tout de même, "L'affaire Larrivé". Ce blog bien relooké-toiletté-mixé-clean afin qu'on n'y comprenne rien, replacé à Meaux version thriller réaliste France profonde, ça peut le faire... encore une chance que j'aie tout noté au fur et à mesure, on oublie si vite lorsque ça se bouscule. Il m'a remis la pèche, quoique ces histoires ne l'intéressent que par moi c'est à dire très peu.. Inattendue, après une vie de militance héroïque et de souffrances, cette embellie. Talent et humour pour une fois ont payé, à 60 ans. Et Michel J. qui disait et répétait qu'au delà de 40 ans on ne pouvait jamais percer littérairement, faux, archi faux, Gérald le démontre ici magistralement. Peut-être est-ce exact en littérature classique ou pour des romances, mais pas dans le domaine essai politique. Il me tarde de le voir, Michel J. aussi. Toujours le blues pourtant, par moment. Souvarine, en somme.  

Le coup de blues est passé mais j'ai perdu la journée. Je me demande si je ne suis pas un peu droguée au café. Il faudrait une grève avec café et ça irait au poil. Après tout, why not? Il faut innover. 

 DES CHIFFRES, L'ANGOISSE
Les chiffres qu'a calculés Robin m'ont accablée. Ils m'ont déjà pompée de 2337 E. Ce n'est que de l'argent mais aussi le symbole de.. je ne sais pas, de quelque chose en tout cas. J'y retourne requinquée mais cette journée qui est perdue l'est... 

Samedi 10 juillet

DJAMIL ET MONTE CASSINO

L'affaire commence à se connaitre bien, on m'aborde dans la rue pour me demander où ça en est... Et comme d'hab, d'autres histoires, poignantes ou drôles. Un monsieur dont la facture a doublé bien qu'il n'ait rien fait de particulier... et qui par ailleurs tente depuis 20 ans d'obtenir la nationalité française, en vain, il y a toujours un papier qui manque ou qui, à force de traîner dans des tiroirs, est périmé, ça fait comme les yaourts. Son père est cependant ancien combattant de 40 couvert de décorations, de ces soldats du corps expéditionnaire de Leclerc qui ont vaincu Monte-Cassino auquel les amerlocks avaient renoncé, considérant la forteresse comme inexpugnable... et ainsi fait sauter le verrou alpin pour libérer ensuite Rome en deux ou trois marches, on en parle si peu... Un exploit, lorsqu'on voit les lieux, monter chargé sur la falaise presqu'à pic, sous le feu des tours, tenter l'abordage.. tant de fois en vain, jusqu'au moment où enfin la défense fut percée... Le nombre de morts fut effarant et lorsqu'on lit leurs noms, ce sont presque tous des tirailleurs kabyles marocains habitués aux escalades de l'Atlas. 

Il y a quelque temps, dans un troquet en face la Mairie, devant des propos de comptoir anti arabes pénibles, j'avais fini par lever la truffe de mon manus... et avais mentionné -sans agressivité- le sacrifice de ces soldats marocains qui a accéléré la fin du fascisme et en partie évité les bombardements dont les amerlocks étaient fans et ils arrosaient large ! Silence gêné, puis une réflexion d'un gus emmerdé qui fera date dans l'histoire de la connerie:
-- Bon... oui, d'accord mais c'est pas d'eux qu'on parle puisqu'ils sont morts !" 
Il ne faut pas en faire un cas général certes mais ça porte un coup tout de même.




Bref, ce monsieur qui vit en France depuis 40 ans, qui y a travaillé tout le temps, élevé ses enfants qui tous ont fait des études n'arrive toujours pas à obtenir la nationalité française. Un article à faire tant c'est burlesque. C'est son but, il y tient, le racisme qui le touche de plein fouet le révolte mais sans colère pourtant. Cette nationalité, il y a droit et la veut. 

Il insiste sur l'impeccabilité de son cursus, celui de sa famille et de ses enfants ensuite, ce qui ne change rien pour les fonctionnaires zélés de la sous préf. Si on en demandait autant à bien des français, peu mériteraient de l'être.


MÉDIATEUR? NUL BESOIN, TOUT BAIGNE

Il propose qu'il y ait à la Mairie un médiateur avec des permanences régulières, il en connait un excellent qui autrefois l'a tiré d'affaire pour une histoire d'emprunt bancaire à taux variable -augmentant  bien sûr- qu'il avait signé sans lire car il ne lit pas très bien le français. C'est un ancien de la CGT. Il s'est proposé autrefois à St-Ambroix et a été blackboulé par les anciens. Un médiateur ? Ce n'est pas utile voyons, ici, tout baigne, c'est connu. On lui avait proposé, on l'a appris ensuite, une minuscule pièce sous la verrière -de la grandeur de mes chiottes- et il avait évidemment refusé.  


Note après coup : il sera également blackboulé par la nouvelle équipe. Redite, tout baigne, pas besoin.

Au restaurant, on parlait de moi tout à l'heure, j'ai cru à des moqueries, ce n'était pas le cas. Au contraire. 

Midi-Libre a fait paraitre une excellente photo où on voit parfaitement l'adjoint tenter de me perturber pendant que je parle. Il est à 50 cm de moi, tourné vers moi et semble attendre impatiemment son tour comme à la poste. La distance cependant semble plus grande, fâcheux effet de perspective, dommage, en fait il est à me toucher. Demain l'article, parleront-il de la grogne ? De moi ? On verra.

Note après coup. Ils ne parleront de rien... mais d'un de mes livres, Chants philosophiques, qui n'a rien à voir évidemment.

Bruno Manser

Dimanche 11 juillet

Happening habituel, ça n'arrange rien. Midi Libre n'a pas parlé de mon affaire... ce n'était pas mal calculé de m'avoir conduite sous prétexte de négociations foireuses à arrêter "provisoirement" ma grève. Je voulais par principe rester devant la Mairie, Robin m'en a dissuadé, il voudrait feindre que les choses soient normales, on est en vacances, la vie est belle etc... j'ai eu le tort de céder, du coup, le journaliste qui parait-il m'est favorable ne m'a pas trouvée, n'a pu m'interviewer, d'où la même chose pour Henry etc...

Tout est donc à reprendre presqu'à zéro. Le fait est, si je ne me défend pas ou mal, ce qui est le cas depuis le début, une mairie de "gauche", pensez, ça bloque, ce n'est pas Midi-Libre ou Libé qui me défendront. Conséquence évidente, ce que Gérald me dit depuis le début, passer à la vitesse supérieure. Robin est contre mais à présent je suis en roue libre et les événements ont hélas montré que j'avais raison. Comment ai-je pu me laisser persuader d'arrêter, que tout ceci ne provenait que du hasard?

MA CLÉ
Un événement marrant enfin moyennement au milieu de ce bazar : j'ai perdu ma clé d'ordi avec en sauvegarde, car je sauvegarde tout deux fois, disquette + clé, des textes bruts. Sans doute sur la plage de St-Victor avant-hier soir, Robin m'avait reproché la saleté du cordon, je l'avais enlevé et... aucun souvenir d'après. On est allés dans la nuit la chercher, en vain, impossible de passer, là aussi les bords de la rivière sont à demi privatisés puisqu'il y a une barrière et un écriteau dès que la guinguette est fermée, encore et encore. J'ai mal dormi. On y est retournés le matin, rien. Si quelqu'un la trouve, deux cas de figure, le plus probable, il efface et s'en sert perso. Ou il a la curiosité de la lire, deux hypothèses encore, ou c'est un jeune qui s'en fout, ou c'est un gus d'ici qui se bidonne, et là, deux cas encore, ou il le montre à ses copains pour se marrer et c'est tout... ou il l'uploade sur un site et c'est la merde. Acte manqué ?  Robin rit, moi pas. Je prie le Dieu du micocoulier que ce soit un touriste non francophone si possible... ou un honnête citoyen qui avec mes coordonnées me la rapporte. C'est arrivé à Robin à Paris, c'est comme ça qu'on a connu Mick et Tania. Mal dormi, presque pas.  




Le Dieu du micocoulier m'a entendue, j'ai retrouvé ma clef, elle était dehors sur un fauteuil, Tess veillait à côté, c'est du sérieux, personne n'a pu y toucher, je vais envoyer à Gérald pour son étude et effacer.

DES GENS SIMPLES

Et puis triste, infiniment. Des enfants du quartier sont venus pour que je les ramène chez eux, ils revenaient de la rivière, étaient passés par le chemin de St Victor celui qu'on a défriché mais dont un tronçon demeure abattu, chemin qu'un riverain a tenté d'interdire.. mais ensuite tout à fait officiellement par la Mairie -bien qu'il n'y ait pas d'arrêté municipal qui serait illégal juste le fameux panneau foireux "chemin dangereux"-. 
L'un d'entre eux s'était blessé à l'œil. Le scoop, pour aller se baigner, ce qui n'est pas sans danger étant donné l'état de l'eau, ils étaient passés... par la propriété même du riverain "interdicteur" qui les y avait "autorisés"...! le seul accès facile de la rivière est cette propriété, les bords de la Cèze étant, là comme ailleurs privatisés et là me disant-ils, il y a des travaux, qu'est-ce que c'est encore ? 
 " Des fois il veut, dès fois, quand y a le maçon, il veut pas" m'a dit innocemment un petit, précisant, "aujourd'hui, ils ont bien voulu, c'était gentil quand même!" De tout ce qui s'est passé aujourd'hui, cette réflexion candide a été le pire. On nous vole la baguette et de temps en temps nous octroie des miettes, encore cet enfant bien élevé a-t-il remercié.

Note après coup. On peut en fait passer, l'interdiction à laquelle les gosses n'ont pas osé désobéir était provisoire, le temps de travaux sur la façade arrière de la bâtisse qui empiètent sur la voie publique -et définitivement-. Voir plus loin.

Il faut trouver un autre type d'action. Lequel ? Je subodore que lundi il n'y aura rien... aucune illusion là dessus, Robin en convient presque à présent, au moins cette grève aura-t-elle eu pour résultat de lui/leur avoir montré que je n'exagérais pas... et même que j'étais au dessous de la réalité. Le procès ne m'emballe pas, malgré tout les atouts qu'il a engrangés. Ca va encore davantage m'user, je sais.

Note après coup. C'est ce qui s'est passé mais ça ne m'a pas usée ou du moins pas trop, j'ai même appris beaucoup finalement -mais ça a pris plus d'un an- durant lequel j'ai été dans une gêne financière assez grave, juste de quoi me nourrir ainsi que -en premier- mes animaux. Robin et des copains m'ont aidée aussi. Et ça m'a appris à vivre autrement, d'un côté, ce n'est pas si mal (lien). 

Vu Gérald trois minutes, une conférence à Marseille, une autre à Aix etc... Déçue, plutôt. Il me dit pareil. On verra après avoir réglé ça. Il y a des gens qui comptent sur moi à présent et je ne peux plus reculer sans déroger, décevoir. Tant pis si je perds provisoirement des amis.



LE PAIN ET LES MIETTES
 Comme si de rien n'était, on est allés à la Roque. Et là on a compris la raison de la générosité inattendue du riverain. Empiétant sur la voie publique, des tuyaux, équerres, câbles électriques encombrent ... Il ne convenait sans doute pas que les gosses le voient ou ne se blessent et le disent à leur parents avant que ce soit fini. En revenant, un bruit d'eau soudain : de l'eau mousseuse venant de la maison se déversait dans le thalweg, est-ce la raison de la tentative d'interdiction, tout bêtement, c'est dans cette eau que nous nous baignions, quelques mètres en aval. Robin a pris une photo. Voir sur ce blog.

Note après coup. Ce n'est pas un cas unique, c'est même relativement fréquent, partout, mais il est rare que le ruisseau donne aussi directement dans la rivière et aussi directement sur un endroit profond de baignade.

Lundi 12 juillet 2010
Moral revenu d'un bloc, étrange, cette grève m'a laissé dans un drôle d'état. Le fait d'avoir dormi dans une pièce fraîche voûtée, celle de Marguerite, son âme doit flotter quelque part ici ou tout bêtement d'avoir désépaissi mes cheveux qui me faisaient chaud... Redite, nous sommes un assemblage biochimique de molécules. A savoir pour ceux qui voudraient faire la même chose, une  grève de la faim n'est pas anodine -ce que je croyais-, même trois jours et pas totale.  A moins qu'il ne s'agisse pas de cela mais de tout ce qui va avec, l'accumulation de stress, les discussions oiseuses etc..

 Appelé les notaires pour la parcelle dont on a signé -et en partie payé- la promesse de vente, l'acte devant être prêt un mois après, dix mois d'attente, décidément, pour acheter une terre qui a coûté 50 Euros, c'est plus complexe que pour Malakoff - réglé en une heure, accord, signature, les vendeurs étaient aussi satisfaits de s'en débarrasser que nous de l'acquérir, convocation une semaine après et barka.- C'est peut-être normal. Redite: ce qui prend un mois ailleurs en prend dix ici : le temps à St-Ambroix n'est pas une grandeur mesurable avec les mêmes outils qu'en physique classique, il varie avec, non pas la vitesse mais avec beaucoup de paramètres vraiment très sophistiqués... théorie de la relativité à revoir ici.  Je ne vais certes pas leur reprocher d'avoir perdu des papiers, mais tout de même, une administration, des pro sérieux largement payés, on ne s'y attendrait pas... Ca me rassure presque si c'est le cas.





LES GRENOUILLES
Ce soir donc le happening à la Mairie, on va parler de mon cas. Marrant, il y a des gens qui sont à eux seuls des baromètres des rapport de force variables, toujours placés dans le sens du vent, mais parfois ils se trompent. Ils sont plus précieux que des grenouilles, surtout lorsqu'ils sont un peu au courant des événements. Exemple, René, toujours distant envers la plèbe... devenu à un moment amical, et j'écrivais magnifiquement, et j'avais un humour décapant, et on ne pouvait lâcher tel livre de toute la nuit... bon, on m'offre un sucre, je donne la patte... bien qu'Adrien m'ait avertie avec son cynisme habituel : "c'est parce que la gauche va passer, ils prennent leur parque - je laisse la faute de frappe- avec des braves couillons comme toi." Fî! quel vilain sentiment ! 


Et il avait raison comme toujours. Dès que j'ai été en bisbille à nouveau, mais avec la "gauche" cette fois, il a recommencé à ne plus me "voir" sur le Portalet. En fait, j'ai de la chance, ma situation variable me permettant de cerner sans erreur l'opportunisme de la bonne foi, la pleutrerie -rare mais tout de même- de la simplicité -l'engagement est si minime, goddamned-, le bon grain de l'ivraie, parfois on est surpris, dans les deux sens. Dont acte.



Pour bien faire, il me faudrait traîner sur le Portalet afin de débusquer quelques grenouilles qui sautent et voir leurs réactions, car il en faut plusieurs pour être sûre. J'ai fait un tract plus court, en vitesse. 

Pour tous ceux qui ont subi des injustices aussi importantes et qui n'ont pu ou voulu les écrire et les publier et pour tous 
1 Un compteur d'eau qui ne marche pas -attesté- et vous facture 4000 E pour 2 mois -voir la facture- à une période où ma maison n'était pas et ne pouvait être habitée -voir photo, le mur qui se décrochait-. D'où la saisie de mon compte.
2 Un relevé pour une famille nombreuse (9) de 74 Euros pour 12 mois...
QUELQUE CHOSE DYSFONCTIONNE DANS LE SERVICE DES EAUX. QUOI ? JE NE SAIS PAS.

3 Un chemin desservant des propriétés -et que nous avons défriché- abattu sur un tronçon... d'où privatisation de la Cèze, la promesse de la mairie de le reconstruire... et depuis un an, toujours rien, pire à présent, on n'est plus très sûr d'avoir promis etc... QUELQUE CHOSE DYSFONCTIONNE DANS LE SERVICE MUNICIPAL. QUOI? JE NE SAIS PAS.
Si les deux situations ne sont pas réglées, je referai une action du même type ou autre. Car cela n'est pas acceptable. JE NE ME BATS PAS POUR L'ARGENT MAIS POUR LA JUSTICE ET NOTRE PATRIMOINE, c'est à dire tous.
Hélène Larrivé
Et go !

Pas mal de succès tout à l'heure, quand on a la pèche, c'est toujours ainsi, que ce soit à la galerie ou dans une action militante. Il faut dire que mon second tract est meilleur, plus court et le panneau assez explicite. Une femme qui revient de la piscine avec ses enfants signe immédiatement, une jeune mère, qui appelle une autre, également, qui signe aussi etc... Un peu triste, elle me dit qu'elle va devoir déménager, étant donné le prix de l'eau, elle ne pourra pas rester. Elle ne pourra pas payer sans d'énormes difficultés, que ce soit par mensualités ou non, ça ne changera rien...
Elle propose de fonder une assoc et que l'on se regroupe pour refuser cette augmentation, on a été prévenus trop tard, et dans son budget comme dans celui de beaucoup, équilibré au plus juste, un écart de 200, 300, 500 Euros et tout bascule. Le hic est qu'il n'y a plus grand monde précise-t-elle, les vacances et c'est sans doute voulu. Je lui donne mon site. Une autre propose une action plus spectaculaire et marrante avec les journaux à l'appui. Décidément, les gens réagissent, les cas sont un peu différents mais tous reliés à une gestion autocratique inacceptable qui fait litière des difficultés des pauvres... juste plus burlesque pour moi qui n'habitais même pas au lieu du "délit", c'est tout. J'ai honte de cette "gauche" que nous avons portée au pouvoir et sur laquelle nous avions fondé tant d'espoirs. Un monsieur vient exprès pour le tract, apparemment il me cherche depuis quelques jours c'est à dire depuis mes "vacances" en attendant les diktats du Palais, et à la Mairie on lui a dit qu'ils n'étaient pas au courant, une grève de la faim, non, ils ne voient vraiment pas, c'est un commerçant qui l'a renseigné. Déçue par certains mais bon. Redite, j'ai de la chance de n'avoir jamais eu dans mon boulot à forfaire donc ne pas jeter la pierre à ceux qui ne l'ont pas.



Un couac, rare en principe et unique ce jour. Une jeune femme me dit d'un air un peu condescendant qu'elle est tout à fait au courant.. et ajoute doctement "les fuites après compteur, que voulez-vous, ça arrive"... "Mais il n'y avait pas de fuite!" Elle ne se démonte pas, elle est tout-à-fait-au-courant répète-t-elle (!) "mais comme c'est de l'eau qui a été consommée, évidemment, on ne peut rien faire." Vertiges... qu'est-ce qu'elle me raconte avec son air pincé? Je perds patience "aucune eau n'a été consommée puisque je n'étais pas dans les lieux, si vous êtes au courant, vous devez le savoir." Elle était allée se renseigner ? Oui. Elle repart un peu perplexe avec un geste vague et une sortie digne d'un procureur, elle ne peut en aucun cas prendre position parce qu'elle a eu un son de cloche complètement différent et que devant deux histoires n'est-ce pas. On sent parfaitement qu'elle jubile à plein orgasme de se sentir pour une fois importante et escompte monnayer cher son approbation circonspecte.. pour une histoire dont en réalité elle se fout complètement. Il y a des gens comme ça, rares ici, en principe ce sont plutôt des politiques citadins frustrés. 



Une autre me dira la même chose, on lui a parlé de fuites, de robinets laissés ouverts, une piscine olympique, et assuré que tout cela allait s'arranger. Mais celle-là, sincère, a regardé ma facture et ahurie a signé aussitôt. Moralité, rester et demeurer. Déçue tout de même, qui raconte ces histoires de fuites ? 

HADES DEVANT L'ACHERON

Jane, Maïa passent et un petit coup de klaxon discret, geste de la main, ça fait chaud au cœur. Une bonne journée. Je n'aurais pas pu faire ça sans manger. Adeline me dit qu'il y a dans un village des intrications infinies qui fondent ce type de problèmes. Je ne suis pas intriquée, ou pas intriquée comme il faut. De temps en temps, "cette-facture-sera-payée" se plante devant le perron, scrutant alentours, poings sur les hanches, belle image de Hadès devant l'Achéron. Et là il se passe un phénomène extraordinaire, les gens qui passent s'écartent légèrement, c'est un curieux mouvement d'évitement, léger mais bien chorégraphié, plusieurs fois. Ou est-ce une idée? "Les rites d'interaction" (Goffman) en quelque sorte. Il faudrait plus de cas pour analyser. J'aurais dû avoir le culot d'aborder les contourneurs, je ne l'ai pas fait pour ne pas les mettre en porte à faux. Le social est aussi un moyen de tenir le peuple. La pire saloperie qui soit parfois, c'est leur âme qu'on leur suce avec les miettes qu'on leur concède. On n'en sort pas, même individuellement, pas plus moi que d'autres mais plus soft. Totophe, qui curieusement avait le droit de vote, une erreur administrative sans doute, était allé voter Ségolène après m'avoir demandé qui il fallait choisir. Abus de faiblesse de ma part certes. Mais pour me faire plaisir, il avait bourré son enveloppe de bulletins, c'est pas plus cher et me l'avait annoncé triomphalement juste après.






Les "cocus" selon (...)
Un truc marrant : un gus, relié à la Mairie a lu un de mes blogs, lequel? et m'a reproché, je le cite de "traiter les gens de cocus" (?!?) Je me marre. "Non, c'est impossible, c'est un mot que je n'emploie jamais..."... "Si! Je l'ai vu !" ... "Où ? Je vous dis que ce n'est pas possible..."... "Dans un blog, on s'est bien reconnus vous savez..." (!?!) Qu'est-ce que c'est que ce délire, mot vulgaire, sens et signification confondus, peu euphonique, pas dans mon vocabulaire. Et soudain c'est l'illumination, je me plie de rire. J'avais en effet parlé des "cocus" de la gauche ou quelque chose dans ce style, et du reste c'était de moi qu'il s'agissait. Il a fallu expliquer, un peu gênée. Brrr... sur les (20?) pages du blog, c'est ce mot seul qui l'a fait tilter. Bigre, le sexe, il n'y a que ça de porteur littérairement. A savoir. Je vais l'enlever -mais dans quel blog, ça ne va pas être simple-. Le second degré passe mal pour certains, erreur pédagogique et philosophique. Mea culpa.
  Demain, le marché.


Dimanche 14 juillet 
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LE MARCHE
La plupart des gens "du matin" viennent dans l'intention d'acheter, qui des saucisses, qui les ingrédients du repas du jour ou de la semaine, voire des gadgets à bas prix parfois perdus ou hors service dans la journée... La chaleur, écrasante. C'est cela qui fait hésiter. J'ai arrêté, je suis chez Samir. Des signatures, beaucoup, évidemment. Et un mini drame: j'apprends que de mon affaire, il n'a en fait jamais été question, en Conseil du moins, peut-être dans les couloirs mais top secret et encore n'est-ce pas sûr. Ca s'appelle se faire avoir en beauté. Dire qu'on attendait comme des couillons devant la porte, décidément, je me crois  plus importante que je ne suis... en fait, je le suis mais pour les gens, pas pour nos élus qui font litière de ce qui doit cependant être actuellement dans le bled l'injustice majeure de leur fait, du moins reconnue et un peu médiatisée. Le cul sur le chaudron, ils attendent que le feu s'arrête tout seul. 
Et même entre eux, il semble que l'ambiance ne soit pas franchement à la concertation. Ni au féminisme. Une seule personne dirigerait, avec un collaborateur qui n'est même pas élu, point barre.. Quant au reste de la troupe, elle suivrait sagement assise yeux baissés-genoux serrés à faire de la dentelle comme pendant la réunion. Qui sait ?
C'est toujours comme ça au marché, on rencontre dix personnes intéressantes -très- et une masse de chalands chargés-harassés qui ne pensent qu'au rapport qualité/prix des poulets, des légumes et des fromages. Parfois pénibles. Normal. Mais parfois une seule personne est malheureusement plus importante que dix, ça joue dans les deux sens. 

Une femme -juriste- à l'esprit clair, rapide, efficace, me dit de faire un référé, Robin sera aux anges, elle semble sûre de son coup. J'aimerais la contacter ensuite, elle semble OK. C'est un cas typique dit-elle, mais le référé est le jugement de l'urgence et là j'ai tout de même un doute, un mur qui s'abat, soit, mais de l'argent, est-ce une urgence ? Oui si on meurt de faim, ce qui n'est pas tout à fait mon cas... A voir. Il y a aussi le préjudice psychologique certes, non négligeable.




Je m'amuse de deviner à la tête des gens leurs réactions, cette dame de 50 ans, belle et simple, en noir, sans cabas, qui vient d'arriver, en retard, c'est sûr, elle lira et signera. Bingo. Celui-ci, rouge, épuisé, avec poussette et des cabas accrochés, consultant accablé sa liste, ce n'est pas la peine, il n'en peut plus... Mais si c'est une femme, elle s'arrêtera tout de même. 

Parfois les gens me font un geste de lassitude, les tracts, ils n'en veulent pas, raz le bol, mais lorsque je dis qu'il s'agit de l'eau, soudain, les voilà qui pilent et se retournent en tendant la main "il faut l'ajouter systématiquement!" m'a dit l'une. Succès garanti. Ca me gêne un peu car il s'agit surtout de justice. Mais bon, l'eau est la base et mon histoire un paradigme. Va pour l'eau.


TRIUM OU "DUUMVIRAT"

Donc si je résume, le calcul des intérêts de l'emprunt auquel la Mairie a dû se résoudre et l'épongement de la dette par l'augmentation du prix de l'eau demeurent obscurs, personne n'aurait été même concerté-avisé, y compris dans l'équipe... et nul n'a pu obtenir les chiffres exacts, le détail de la stratégie sur le long terme etc... pas plus ceux du rézocitoyen que d'autres. Robin -ou tant d'autres économistes, ça doit se trouver- dont ce fut le boulot aurait pu établir le truc gratos.. l'économie, la gestion d'une dette, la stratégie de remboursement ne s'improvisent pas  et se lancer dans un tel emprunt -un acte grave- qu'il nous faudra bien honorer ensuite nous, le bas-peuple générant un tel mécontentement, le mot est faible, c'est du culot, surtout au chiqué. Le comptable de la Mairie, un certain Trichet, non ce n'est -presque- pas un gag (!) également donneur de micro, apparemment n'en saurait sur ce point crucial pas plus que n'importe qui, une décision qui aurait été prise même pas en triumvirat mais en duumvirat voire unumvirat et fissa, d'où le procès de la jolie dame en colère qui ne "voulait pas payer pour la racaille" pendant la réunion. 

Note après coup, elle le gagnera et ils devront nous rembourser, à part le mot racaille, elle est parfaite.

La rapidité n'est pas un défaut mais tout de même, aucun de nos deux supposés trium ou duumvirs ne semble assez qualifié seuls pour nous engager ainsi durablement. 



De fait, l'équipe semble unanimement désavouée, une litote. J'arrive à point nommé en somme, bien que mon histoire au fond soit particulière -mais toutes le sont.-
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Mais des scories aussi. Il y a l'inévitable qui me dit: "mais Madame, il faut ab-so-lu-ment faire opposition aux prélèvements!" Passons. Il insiste, il est du genre coriace. "Si, je vous assure, c'est faisable, je l'ai fait moi même avec Aquaboulevard, ils m'avaient…" Et de se lancer dans une interminable saga de 100 E. qu'il a trop envie de distiller point par point dans toutes ses péripéties, c'est sa gloire et sa victoire, pas moyen d'y couper... Il est si fier de lui qu'il empêche les gens de lire. Je parviens quand même à lui dire pendant qu'il reprend son souffle que le fisc n'est pas Aquaboulevard mais il faut le lui répéter car il repart comme un yoyo arrivé en bout. Puis hélas il a une autre idée. "Mais alors, il suffit de dire à la banque de.." Apparemment il ne sait pas ce que prélèvement sur salaire veut dire, il n'est pas fonctionnaire, tant mieux pour lui. "Parce que moi j'aurais immédiatement séché mon compte et barka, d'ailleurs, j'ai un copain qui..." Non, c'est une autre saga qui se prépare mais avec Darty cette fois. 

Cette fois je coupe et ça ne lui plaît pas du tout. Il devient agressif. "Vous êtes en train de vous griller au soleil pour rien, à quoi ça rime tout ça, je vous le dis, une grève de la faim, mais ça ne changera rien, c'est perdu d'avance, vous êtes conne ou quoi" -sans agressivité pourtant-... Il est rare à ce point tout de même, unique en le cas. Seigneur, qui va me délivrer de lui ? 


Sexy 

Robin arrive à point nommé, je le lui refile... et je l'entends repartir sur l'affaire "Aquaboulevard" dont il n'a pas encore pu bénéficier, sauf que Robin sait se débarrasser de ce genre de gus sans hausser le ton, ce que Fred appelle la jouer suisse alémanique "notre cas est autre, excusez-moi" et il le plante bouche ouverte au milieu d'un suspense palpitant... Coït interrompu, le gars cherche quelqu'un pour éjaculer, il n'y a personne car le soleil et lui ont fait fuir tout le monde et il s'en va alors mécontent en maugréant, "les gens sont égoïstes, ingrats (!) et cons, ils se fichent de tout, faut pas s'étonner après si tout va si mal" etc... Ouf. 

Une solution pour dégager ces scorieurs est de leur donner la pétition, comme leur but n'est que de gloser sur leurs histoires qui ont toujours fini en happy end grâce à leur sagacité et qu'ils cherchent à les assimiler même si elles n'ont rien à voir, orgasme coupé, ils filent aussitôt. Ça repose. Il faut y penser.

Dans le genre plus sympa, quoique... il y a la dame BCBG de 50 (?) ans au moins, brushing impec malgré la chaleur qui me questionne net et clair au fil des idées, pas idiotes certes: "Avez-vous vu l'association des consommateurs?" Oui. Résultat : zéro, j'ai juste payé mon inscription. Il aurait peut-être fallu insister (?) "Un médiateur ?" Il n'y en a pas. "Mais il en faut un!" Certes, mais il n'y en a pas ici, le seul que l'on m'ait indiqué est à Alès et il n'est pas compétant territorialement. Je lui ai téléphoné. Résultat ? Un coup de fil. Ce n'était pas son secteur. Peut-être aurait-il fallu là aussi insister (?)"Et un avocat ? vous savez Madame, vous pouvez demander l'aide juridictionnelle et quelqu'un pour vous aider dans vos lettres, je sais que ce n'est pas simple pour certains !"  dit avec juste ce qu'il faut de condescendance et de gentillesse mêlées, exaspérant. Oui. Merci. Elle m'"explique" aussi dans la foulée, sans que je puisse y couper, que la pétition ne sert à rien et une grève de la faim encore moins.


Ce n'est pas la première fois que ce genre-là se méprend, c'est même classique... ainsi à Clamart, au petit supermarché chic, une rombière énervée, pendant que je rangeais péniblement mes emplettes dans un sac à dos s'était exclamée très fort, avec ce même ton auto satisfait qui s'adresse en principe aux domestiques "moi, quand ça m'arrive, au moins je dis "je m'excuse!""... et à ma réponse "en ce cas vous êtes deux fois impolie", s'était immédiatement justifiée après une seconde de stupéfaction, là aussi ça ne marchait pas comme attendu : "oui je sais... ça ne se dit pas, mais parfois il arrive qu'on ne parle pas exactement comme on le devrait, c'est bien excusable..." donneuse de leçons devenue élève tancée sur sa syntaxe en une seconde. 

L'autre était plus lente, lorsqu'elle comprit que les lettres n'étaient pas la question et que je n'avais pas droit à l'aide juridictionnelle, elle partit perplexe, là aussi élan coupé, ça ne collait pas au schéma habituel... Oui ma belle et tant mieux.

Des gens sympa aussi. Surtout à la fin du marché. Signatures et idées mais réelles et originales, échange de téléphones et d'adresses mail, ça remonte le moral après le héros d'Aquaboulevard et la charitable douairière. Par contre, Nicole est passée, mais cette fois à un mètre et a glissé comme d'habitude, sauf que normalement c'est de l'autre côté de la rue... Ca ou le soleil ? Dormi comme une masse l'après-midi. 



Jojo est passé juste avant, pour une lettre, rien de mirobolant, quelques secondes à peine, il en avait grand besoin...


Mais Robin s'énerve, tous m'accaparent dit-il, la soude que Cris a mis pour déboucher a coulé partout dans la galerie, ça empeste, le jeune n'a pas su lisser le mur, il y a des vagues partout, des vacances à plâtrer, à traiter, négocier et à attendre le résultat de décisions du Palais, ce n'est pas génial, il en a marre. 

LA VIE PAR AILLEURS, L'ESSENTIEL EN FILIGRANE
Catherine? peut-être aussi -mais ça il ne le dira jamais-. Depuis qu'elle existe, présence silencieuse et discrète entre nous, rien n'est pareil, chaque réflexion, chaque mot me semblent porteurs de sous-entendus qui la concernent, bien que ce ne soit sans doute pas le cas, ou du moins pas toujours, mais au fond, qu'en sais-je. C'est sans doute cela qui, bien que nous n'en parlions quasiment jamais et jamais violemment, nous ruine à bas bruit. C'est le pire, une vraie scène crèverait l'abcès. Cela aussi il faudrait le régler, sortir de ma léthargie, m'exprimer. Quant-à-soi maudit, je suis bien par certains côté une hypocrite c'est à dire une Larrivé, Cris aurait viré sec le bonhomme, Lydie sans soute aussi si elle l'avait su, moi je serre les dents et fuis dans l'écriture, la littérature et la philo, je ne veux pas le savoir ou du moins le mentionner, c'est, ce serait mesquin. Certes je gueule mais jamais pour ce qui m'importe. Tout se passe en dessous. Pas trop fière de moi. Je le regarde et par moment, il est pour moi un étranger indéchiffrable, est-il venu par amour ou par peur, c'est à dire un peu par pitié, St Ambroix l'insupporte mais après tout, je suis la mère de ses enfants et pour lui ce n'est pas de la rigolade. Je ne le saurai jamais. Je n'aime pas y penser, me voir ou me supposer ainsi dans ses yeux, la mère de Frédéri et de Maï-Linh, poulinière efficace qui a fait perdurer la lignée. Merde. Se taire. Aurais-je le courage de l'écrire? Oui. C'est plus facile que de le dire.  
Il est vrai. Cette grève m'a entraînée plus loin que prévu. Dévoilant d'autres affaires, plus graves souvent et d'un autre ordre. Jo et le saccage de son terrain, et à présent Djamil qui veut devenir français et vit une saga dont le résumé sous forme d'article est en fin de blog, une détente, penser à autre chose de plus important, ça me fait revivre...

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Vu Paul. A la mairie, il semble que certains soient un peu choqués tout de même... à voix basse, quoique de moins en moins basse...  et qu'il y ait des mouvements souterrains. Merci aux courageux. Drôle d'ambiance. Ca rappelle des souvenirs. On vous dit bla bla mais il ne faut pas dire et cela tant de fois. Appel du Kurdistan encore. Miracle du net. Diarbakhir la ville martyre que j'aimerais tant revoir à présent...



Mercredi 14 juillet
LE TEMPS D'UN SOUPIR
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Robin est au Ranquet, il est parti alors qu'il venait me rejoindre chez Manu où j'envoyais des mails, dès qu'il m'a vue entourée de gens, me demandant que je l'appelle si je voulais qu'il revienne me chercher. Il  devait se doucher, étant plein de plâtre.

A présent il est deux heures et demi, j'ai essayé de lui téléphoner en vain, il doit dormir à poings fermés. Il y a pas mal de types saouls en ce 14 juillet et rentrer à pied... niet.




Ce que je lui fais subir est pénible, il oscille d'une seconde à l'autre entre joie romantique et indifférence agacée. C'est normal. Venu me voir, il se trouve propulsé au front et ne me voit même pas... Et les gens d'ici, même mes amis, le fatiguent parfois. Moi, non. Cette affaire nous éloigne et nous rapproche aussi. 
Note après-coup, il s'y fera plus loin et ses réflexes de militant efficace joueront à plein, mais ensuite, entre temps, les dégâts sont faits.

Il vient de m'appeler et me demande pourquoi je ne suis pas venue. Il n'a pas entendu le téléphone et propose de venir me chercher, en fait il a dû s'endormir sans s'en rendre compte. Je refuse.



Cela ne regarde que nous ? En un sens, mais il n'est pas mal de souligner a minima les conséquences les plus graves des injustices sociales dont on ne parle jamais, divorces après licenciement, banal ; violence conjugale après surendettement, banal aussi hélas; drames familiaux après une erreur judiciaire, exemple l'affaire Clövers; traumatisme de guerre affectant les relations amoureuses, exemple "Noces kurdes" ; racisme ou ostracisme obérant définitivement la sexualité, "La plus haute des solitudes"* etc... Nous ne sommes pas des machines et, de ces "artefacts" inchiffrables bien plus importants que les préjudices matériels, mais jamais soulignés, il faut aussi faire mention. 

* Tahar Ben Jelloun fut le premier à parler de la sexualité problématique des immigrés réduits à l'abstinence pendant des années ou à avoir recours à la prostitution ce qui est une autre forme d'abstinence... et des conséquences de ces vies hachées anti naturelles... immédiates et à long terme définitives  parfois, sur leurs affects et leur socialité... dont la majeure est évidemment le manque de confiance en soi et l'impuissance... Priver un homme ou une femme de sa sexualité, le/la castrer symboliquement est sans doute la blessure la pire que l'on puisse lui infliger. J'avais été en effet gênée à l'époque par certains regards -pourtant très soft- sur Marie-Jo lors de réunions dans des foyers sonacotra où il était clair que devant cette superbe walkyrie blonde prêchant le marxisme, certains pensaient à tout autre chose qu'à la lutte des classes...  


Les copains faisaient la bouche en cul de poule, tout de même, parler de "ça", ce n'était pas politique, et quel rapport avec le combat social.. Tu rigoles ? Le sexe, ça compte pour toi comme pour eux. Mise à feu immédiate, anarchiste ! Stirnérienne -insulte suprême-.. Reichiste -un cran en dessous-... à quoi je répondais : Stal! etc etc..

Rien de plus cul-bénit qu'un gauchiste toutes tendances confondues, et les cocos sont souvent pires, pardon Jacques, Pierre, Christiane... on se demande même s'ils font pipi caca. Dans les Cévennes, c'est encore plus marqué, Louis n'osait mentionner le cancer du sein d'une camarade et à ma question "y a-t-il atteinte ganglionnaire?" devenu rouge, me répondit, mal à l'aise, qu'il ne savait pas. Ils n'en parlaient pas, "c'est gênant pour un homme". Si brillant en public qu'il enflammerait un auditoire en récitant le bottin, il n'ose demander à une amie côtoyée professionnellement depuis 20 ans l'état de ses aisselles. Sacré cocos. A ce propos, il n'y a pas d'atteinte ganglionnaire, guérison quasi certaine.    


Mercredi 14 juillet 5 h et demi PM
  
LES MOUCHES
Nouveauté détestable : j'ai trouvé un ruban attrape-mouches au Ranquet, j'ai les cheveux pleins de glue... et une vingtaine de petites bêtes les ailes dans la colle, les pattes s'agitant, la tête tendue, semblant supplier qu'on les sorte de cet enfer de mort lente. Elles m'évoquent les femmes qu'on a vues lors de la réunion engluées dans des factures qu'elles ne pourront honorer (moi également.) Je les ai décollées délicatement et n'ai pu en sauver de façon sûre qu'une, les autres sont sur les marches mi ombre à sécher après un bain de lessive et rinçage mais la plupart ont une aile arrachée et sont condamnées. Je me suis mise à pleurer. Foldingue? Les bouddhistes trouveraient ça normal. Sauf que je ne suis pas bouddhiste



A moins comme dit Eva que je ne le sois sans le savoir, comme Monsieur Joudain faisait de la prose.
Plus probable: cette grève m'a laissé quelque déséquilibre biochimique qui va se résoudre... inch'allah. 



Jeudi 15 juillet
Forme revenue et cependant... Il faut trouver une autre stratégie. Je la tiens. L'imagination au pouvoir...




Vendredi 16 juillet
C'est reparti. Vu Bertrand, contact de poids... il m'attendait devant la Mairie et s'était renseigné... et on lui avait dit à lui aussi que l'affaire était réglée. Discussion intéressante avec Robin sur l'économie, comment se passer de l'argent... Sylvie Barbe va appeler les abjecteurs de croissance, je laisse la coquille et un sitting devant la mairie avec FR3, ça le fait aussi tout à fait... 


UNE CURIEUSE RECRUE

 Je recommence bas, un coca ce soir et sans doute demain un café, et plus rien. Beny, complètement saoul comme d'hab me surveille attentivement, je l'ai vu fouiller derrière les panneaux, comme il le faisait lors de mes trois premiers jours de grève de la faim... Je l'ai engueulé... il est si fier de deviser amicalement avec la "haute"... "J'ai vu Monsieur le Maire" m'annonça-t-il d'un ton d'importance un soir que je peignais la fresque "et je peux te dire qu'il aime pas du tout ce que tu fais, ta fresque par exemple"... Passons. Mais il m'aime bien pourtant. "Cache-toi simplement si tu manges" m'a-t-il rétorqué. Un piège? Personnage à facettes, comme tous. De temps en temps, je crois qu'il "surveille", un jour, il s'était saisi d'un tube de peinture entouré de papier qui de loin ressemblait à un sandwich. Va-t-il ensuite rapporter le résultat de ses pioches, pas terrible du reste? Je ne jurerais pas que non. Je suis devenue bizarre.


En vrac... Des femmes qui ont demandé l'étalement de leur facture... qui a été refusé aux impôts, "impossible pour une si petite somme" aurait-on rétorqué à l'une, seule avec son gamin, pour laquelle 10 euros comptent ! du coup elles veulent lancer un mouvement de contestation... et ne pas payer! Soit pour celles qui le "peuvent", ça risque de les marginaliser un peu mais peut-être ont-elles ont raison au fond... Mais pour celles qui ont un salaire, si petit soit-il, ce n'est même pas la peine d'y penser, elles seront comme moi directement ponctionnées et hop. Ca n'encourage pas les gens à travailler, surtout au SMIG.





 Des gitans aussi viennent me dire qu'ils ont reçu une facture énorme alors qu'ils viennent juste d'arriver, on leur a conseillé de venir me voir.. (!) Ils veulent aller protester -une jeune femme est assez agressive- et... me demandent de venir avec eux. OK. 
 



Le soir les gens sont "mieux". Un couple avec lequel nous avons parlé presqu'une heure, ils vivent en Suisse, le mari, qui travaille avec le net, voulait acheter une maison ici, les prix sont abordables dit-il mais cette affaire ne l'encourage pas... la jeune femme, passionnée de littérature, observe que St-Ambroix est surnommé Sainte Ambrouilles et que ce n'est pas pour rien... Cette réput du village s'étend donc jusqu'en Suisse fait un peu honte. Elle a vécu ici un temps et en est partie à cause d'histoires semblables qu'elle ne précise pas. Mais les noms de certains "héros" de cette saga, elle les connait fort bien. Brrr... jusqu'à Genève, on fait florès !

Un hollandais parlant anglais qui s'enquiert de la fiabilité de nos compteurs, je crois comprendre qu'en Hollande ils les changent tous les trois ans... 

Un monsieur âgé de Gagnières qui écoute attentivement, comprend immédiatement... et signe avec ses encouragements.  Un collègue sans doute, dommage, il n'a pas le net.
 

RACISME, ENCORE

Un couac, évidemment, la jeune femme élégante des HLM qui vient me faire part de sa facture exorbitante, elle est allée protester aux impôts... où on lui aurait dit qu'elle était bien habillée et coiffée (!)  ce qui est exact d'ailleurs; demander des délais c'est s'exposer à de délicates observations... Mais elle ajoute hélas, inconsciente du comique de sa formule, "Ici, il faut s'appeler Mohamed ou Fatima  pour obtenir un étalement et surtout pas Dipietro comme moi."  Et re et re et re... Je n'ai même plus eu le courage de relever... C'est grave en fait, il ne faut pas s'habituer, j'aurais dû gueuler... Plus la force.


Donc contrairement à ce qui a été dit, beaucoup se voient refuser de payer en plusieurs fois et examinés-scrutés de manière inacceptable, faudra-t-il aussi que ces dames montrent leurs sous-vêtements pour démontrer qu'ils viennent de monoprix et non d'une boutique sexy ?

Je vais dormir. Le panneau est une simple toile, plus explicative... lisible aussi. Je l'utiliserai ensuite pour peindre par dessus. Crevée. Parler fatigue. Mme Dipietro m'a achevée.

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Samedi 17 juillet
Nuit excellente quoique courte : malgré les apparences, cette voiture est aussi confortable qu'un lit, du moins le mien. Travaillé un peu le soir... Le matin, Robin vient me réveiller, café, petit bonheur matinal, j'ai décidé d'une grève avec café, obligatoire car je vais devoir parler, parler, parler... Mon panneau, une simple toile mais cette fois bien écrite, est très lisible et, sans que je ne m'en sois aperçue, beaucoup de gens stationnent ou ont stationné devant, discuté... pendant que je dormais, non visible du moins je l'espère. Depuis quand et depuis combien de temps? Peu ont osé se servir du tract placé sous la lettre en pile... Toilette rapide aux WC de chez Samir. Pas l'idéal mais bon...

Djamil arrive immédiatement au troquet, sans doute attend-il depuis  un moment, ça devient le bureau. Le public du marché aux puces n'est pas le même que celui du mardi. Les gens flânent, chinent, il y a de pauvres étals mais parfois avec des trésors mal présentés... et surtout ils lisent, prennent le temps. Presque tous signent. Une belle jeune femme à qui on a escompté une "location de compteur" pour un appartement qu'elle avait quitté depuis (1?) an... même cas que moi en moindre, s'est  vue répondre : "prouvez-le -que vous êtes partie-, pour nous ce compteur est toujours en votre nom et vous nous devez 28,56 E. que multiplie 23,45 divisé par multiplié par pour la taxe de égale.. bla bla"... Fritage, elle n'est pas du genre à se laisser marcher sur les pieds et si j'ai bien compris -mais il y avait beaucoup de gens et tous voulaient jouer leur partition- soudain son garage n'est plus accepté, re fritage et on lui répond que deux adjoints ne sont pas d'accord, parmi ces deux, celui que Jo appelle "guenille"dans le rôle de l'homme fort, je le croyais même un pro, militaire ou truc du genre mais non, de droite m'a-t-il dit, là je comprends mieux, ça cadre. Bref elle s'en va... et voit son garage resurgir sous son nez peu après.

Une autre à qui on a refusé l'étalement de sa facture d'eau... je lui dis qu'elle a un droit de réponse dans Midi-Libre, même si le journaliste n'y est pour rien, il n'a fait que relater les promesses de l'adjoint-donneur-de-micro, qui si j'ose, s'est gouré. Une autre encore à qui on a fait une "estimation" catastrophique alors qu'elle n'était pas dans les lieux... prélevée puis remboursée mais longtemps après etc... Les cas ne sont pas tous identiques, je ne sais ce qui est juste ou non, parfois cependant c'est évident mais il m'est arrivé -avant hier- de refuser qu'un gus ne signât la pétition : il avait lui-même apposé une pastille à un locataire récalcitrant sur la base qu'il payait à sa place, et il râlait après que le service de l'eau l'ait contraint à l'enlever. Ne pas tout mélanger.





UNE PSEUDO SANS DOUTE
Puis le mini drame – et cependant je n'en suis qu'à mon deuxième jour-, une femme qui m'a ''eue'', je m'en veux encore. Haut fonctionnaire aux impôts à Nîmes (?) annonce-t-elle tout de go, peu amène, l'air de celle qui va définitivement trancher mais exige preuves sur preuves... et surtout allégeance, c'est Saint-Louis à elle seule, et cependant je ne la vois pas venir car elle est minuscule et semble fatiguée, une fonctionnaire des impôts aussi, pensez, quelle tache. Elle commence par la litanie habituelle, comme si elle constituait un dossier à étudier ensuite... Pourquoi n'ai-je pas... etc ? Et me questionne en salve serrées. Notamment elle doute de manière assertorique déplaisante de ma facture ''ce que vous dites est impossible Madame, faites attention vous vous discréditez''... me regardant comme si je voulais lui vendre du poisson pas frais... je la lui montre, mais elle continue avec ses questions.



Je joue le jeu, après tout, c'est vrai que l'histoire est loufoque. Mais elle me reprend sur un terme qu'elle feint de ne pas comprendre et me recommande, limite menaçante, d'éviter de dire ce qui n'est pas ''vrai'', confondant intentionnellement mensonge et vocabulaire inapproprié, en fait je dis la même chose mais autrement... et elle s'enquiert soudain d'un ton de procureur de qui m'aurait dit que... sous entendu ''je vais voir ça de près, ça va chauffer''. Puis la stroumpissine ajoute, méprisante, ''le concierge je suppose?" Je réalise soudain que je ne sais pas réellement à qui j'ai à faire, peut-être une mythomane déséquilibrée, avec le recul cela semble plausible, les ''vrais'', modelés par des études et concours, se montrent en général modestes, polis et naturels, comme Albin mais dans le doute, je lui réponds en rigolant que c'est en effet la femme de ménage... Elle lève les bras au ciel et m'assure qu'elle ne ''voit pas ce qu'elle peut faire pour moi'', et je la plante enfin en rétorquant qu'elle ne fasse surtout rien... Et elle s'en va satisfaite -elle a obtenu ce qu'elle voulait, me faire craquer, en me lançant que "mon agressivité ne joue pas en ma faveur, du reste elle va se renseigner elle-même car de mon fatras tendancieux, on ne peut absolument rien tirer, il n'est pas sûr que cela joue en ma faveur.." Se renseigner ... sur moi ? Mauvaise foi, tentative d'esbroufe, ''je vous dis que ce n'est pas possible'', harcèlement ''pourquoi ? Non ça ne se peut pas. Comment ? Je vous dit que c'est impossible'', mégalomanie, ''je ne peux rien faire pour vous'', c'est bien une administrative en effet... mais de quel grade, les subalternes savent parfois à merveille copier leurs chefs avec juste un peu plus d'outrance odieuse comme la mère Riquet au rectorat que tout le monde prenait pour la chef quant elle n'était que secrétaire et encore. Un jeu de rôle ici peut-être.
AIMEZ-VOUS FAIRE DU MAL AUX AUTRES?

Je retourne à la table, il y a Djamil et Robin, et je craque. Il y a des gens qui jubilent d'une souffrance ou d'un simple embarras chez l'autre et l'accentuent encore parfois sous prétexte de les pallier, frustration, tempérament particulier..
Lorsque j'avais été contrainte de passer l'entretien préalable au stage de proviseur -en fait je l'étais déjà malgré moi et m'ennuyais comme un rat mort- on avait tous subi d'étonnantes questions d'un aréopage fermé en une série rapide: ''aimez-vous l'autorité? humilier les gens ? Le détestez-vous ? Quel effet cela vous fait-t-il de refuser quelque chose ? Rien ? Plaisir ? Honte ? Tristesse ? Appréciez-vous que les gens insistent ? Cela vous fait-il perdre vos moyens ou au contraire vous stimule?... Seriez-vous capable volontairement de militer pour une injustice ? Comment ? Jusqu'où iriez-vous?'' Je n'ai jamais su quelles étaient les bonne réponses mais on pouvait deviner le pire et ça m'avait laissé un goût amer. Comment peut-on même poser de telles questions, j'avais fini par me marrer ouvertement, ce qui avait eu l'air paradoxalement de séduire un des mecs, mais de rendre furax une femme. "Au fond, vous voulez échouer?" m'avait-elle demandé sec. "S'il faut répondre comme je le pense à ce type de questions, le problème ne se pose même pas: oui.".. "Mais comment savez-vous ce qu'il faut répondre?".. "Le fait même de les poser représente une insulte, ou c'est une plaisanterie, je ne sais pas.." etc.. Elle avait voulu me faire sortir mais le gus s'y était opposé et lui avait parlé à mi voix, j'ai eu peur d'avoir été "reçue", mais non, heureusement.


Sans doute cette dame a-t-elle subi avec succès ce genre d'épreuve ? La joie d'abaisser l'autre ou pire, de feindre qu'il s'abaisse... de le voir se dépêtrer dans des difficultés insurmontables en restant sur la berge tout en haut au sec, de faire comme s'il requérait un service perso -à examiner- quand ce n'est pas le cas, est-ce naturel ?  Il y a environ une personne par jour de ce type sur cinquante ou davantage. Nietzsche parlerait de frustration sexuelle mais c'est un obsédé. N'empêche, me voilà fragilisée en une journée seulement. L'absence de nourriture, évidemment.
 

Puis le reste est OK. La plupart des gens contrairement à la stroumpissime des impôts pigent vite, ahuris tout de même de la démesure de mon affaire (4000 euros, merde).
Suite sur article 2 (lien)

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